Michel Rabagliati raconte les mois, les semaines et les jours qui ont précédé le décès de son beau-père atteint d’un cancer du pancréas incurable. De l’insouciance des moments passés en famille avant que la maladie se déclare, de l’annonce du diagnostic à la perte progressive d’autonomie jusqu’au dernier séjour dans un centre de soins palliatifs, le parcours de Roland est décrit sans aucune dramaturgie excessive et avec une pudeur bouleversante.
Pas de super héros ici mais plutôt la vie ordinaire de gens ordinaires. L’épouse qui craque devant la lourdeur des soins à administrer et les humeurs de plus en plus instables du malade, les trois sœurs qui, jusqu’au bout, resteront au chevet de leur père et respecteront sa volonté de mettre fin à son calvaire en demandant à un médecin de « lui donner quelque chose pour passer à travers cette épreuve ultime », la petite fille qui se demande où grand-papa va aller après… Humains, terriblement humains. Et pendant ce temps, l’auteur n’oublie pas de préciser que la vie continue avec les petites joies et les petites peines du quotidien.
Un bijou d’album, donc. Incroyable de voir à quel point la simplicité peut atteindre un tel degré de subtilité et de naturel. Pas la peine d’en dire davantage, le sujet n’est pas joyeux, je vous l’accorde, mais franchement, c'est une lecture incontournable. Un énormissime coup de cœur, comme ceux que j'ai connu dernièrement avec Toulmé et Maus.
Paul à Québec de Paul Rabagliati. La Pastèque, 2015. 188 pages. 23,00 euros.