J’ai eu du mal au départ. Le rythme est assez lent, il y a pas mal de digressions, de retours en arrière pas forcément passionnants, de réflexions un peu cucul. La caricature est poussée à l’extrême entre les blancs-becs de la côte pensant tout savoir et prenant tout le monde de haut, et les cul-terreux du bush, authentiques cow-boys australiens à l’ancienne, amoureux d’un environnement sauvage que les premiers nommés ne pourront jamais comprendre. Et puis je n’aime pas du tout ce procédé consistant à annoncer l’air de rien des événements à venir, du genre « si j’avais su alors que... » ou « je ne pouvais pas me douter à ce moment là que... ». J’ai toujours l’impression que l’auteur essaie de relancer notre attention avec ces tics d’écriture et je vois cela comme un aveu de faiblesse, comme s’il nous disait, « bon, là, tu t'ennuies un peu, mais ne te sauve pas, tu vas voir, des choses géniales vont arriver ! ».
En gros, j’ai peiné, me demandant même si j’allais aller jusqu’au bout. Mais au moment où la tragédie se déploie (dans les 75 dernières pages), où les faits s’enchaînent sans temps mort, cela devient excellent. C’est douloureux, plein d’émotion contenue et surtout on va à l’essentiel. Rien que pour ça je ne regrette pas d’avoir découvert cet auteur dont j’avais beaucoup entendu parler au moment de la sortie en France de son premier roman il y a deux ou trois ans (« Lovesong »). Et puis je fréquente trop peu la littérature australienne, c’est un plaisir de m’y plonger de temps en temps.
Coal Creek d’Alex Miller. Phébus, 2015. 245 pages. 20,00 euros.