O.m.a.c.

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S'il est un auteur qu'il est bien inutile de présenter, tant son travail est acclamé continuellement, c'est Jack Kirby. Le King des comics a laissé en héritage de nombreuses histoires célèbres à plus d'un titre, certaines restent plus obscures et moins fameuses que d'autres. O.M.A.C., série en 8 épisodes, fait partie de ceux-là.

Un peu de contexte avant d'entrer dans la critique. O.M.A.C. était, au départ, une des séries créées par Kirby lors de son passage chez DC Comics. À l'époque, son contrat exigeait de lui la réalisation de 15 pages par semaine de bandes dessinées. Une exigence effarante quand on sait qu'hier comme aujourd'hui certains artistes mettent un mois voire plus pour y arriver. C'est dans ces conditions qu'il créa Kamandi, The Demon ou encore Mister Miracle. Cependant, la plupart de ses inventions ne rencontrèrent pas le succès. Il lui fallait donc trouver de nouvelles idées.

O.M.A.C. (One Man Army Corps ou Organisme Modifié en Armée Condensée en VF) est un des ces projets éphémères qui, faute de ventes, se concluait brutalement au bout de 8 numéros. Cette série, commencée en octobre 1974, s'appuyait sur des idées rejetées par Marvel sur Captain America. L'Homme Hors du Temps qu'était Steve Rogers était projeté dans un futur plus lointain que Kirby appelait dans son imaginaire le Monde de Demain. N'ayant pu écrire ces histoires, il les adapta à l'univers de DC, créant donc à partir de presque rien des concepts comme l'Oeil, le satellite qui veille sur O.M.A.C. ou l'Agence Planétaire de la Paix et ses hommes et femmes continuellement masqués.

Question scénario, la mini-série se décompose en 5 chapitres, deux d'un numéro et trois de deux numéros. Le premier numéro, introductif, a en plus le parti-pris de présenter le héros directement en action, avant de revenir en quelques pages sur la transformation du très ordinaire Buddy Blank (Otto Ordinaire) en O.M.A.C. Sans certitude, il me semble bien que c'était la première fois que je lisais du Kirby en ouvrant cette BD et ce premier numéro m'en a plus appris sur lui que des dizaines de pages d'articles sur lui.

Tout y est : son sens du découpage, ses idées à la fin révolutionnaires et ancrées dans des craintes présentes (les femmes en kit, le marché de corps jeunes, le vol de l'eau, etc.) et ses dessins si caractéristiques de son style (dynamique, imparfait). Si vous n'avez jamais lu du Jack Kirby, vous le découvrirez et l'apprécierez en un rien de temps. Si vous connaissez déjà tout ou partie de ses travaux, vous ajouterez à votre bibliothèque une œuvre atypique et fondatrice.

Côté édition, Urban Comics a ajouté un bon nombre de bonus utiles, qui en apprennent beaucoup sur le contexte créatif qui a mené le King a réalisé cette mini-série. La préface est signée Mark Evanier, ancien apprenti de Jack Kirby et auteur de Kirby : King of Comics, biographie publiée également chez Urban. La postface quant à elle est inédite et réalisée pour la traduction française par Jérôme Wicky, qui assure d'ailleurs une excellente adaptation dans la langue de Molière, sans aucune faute. Le lecteur trouvera aussi la note d'intention de l'auteur à la fin du premier numéro et quelques crayonnés d'intérieurs et de couvertures.

o-m-a-cO.M.A.C.

Urban Comics • Par Jack Kirby • 17€50
Malgré sa fin abrupte, O.M.A.C. paraît aujourd'hui un récit autant nécessaire que d'autres piliers de l'oeuvre de Kirby. Les ambiances proposées, le découpage et les intrigues développées préludent bon nombre des récits de la fin du Silver Age, sans parler de son influence future (Infinite Crisis, Future Ends). Bel ouvrage, un véritable cadeau que fait Urban a tous les amoureux de la bande dessinée, et à un prix plus qu'abordable pour le format proposé.