Airboy #1

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James Robinson est réputé pour ses histoires de super-héros du Golden Age à tel point qu'on ne lui propose plus que ça et il en a marre. Et, en plus, on lui propose d'adapter Airboy, un personnage qu'il déteste. C'est sur ce postulat que le scénariste créé, avec l'aide de Greg Hinkle aux dessins, un récit entre mise en abyme et allégorie. Le résultat est incroyable.

Tout commence avec Eric Stephenson, l'éditeur d'Image Comics, qui appelle James Robinson pour qu'il écrive Airboy, série dont les droits viennent de tomber dans le domaine public. Peu motivé, le scénariste accepte quand même mais ne trouve aucune idée mais un dessinateur, Greg Hinkle. Mais les idées ne viennent toujours pas alors Robinson pousse son partenaire à sortir faire la fête. Alcool, drogues et sexe s'enchaînent mais toujours aucune idée pour lancer une nouvelle série Airboy...

Airboy n'est donc pas une série sur le héros mais une fausse biographie de James Robinson - apparemment à l'époque durant laquelle il travaillait chez DC. Il y a une part de vraie dans ce qu'il nous montre mais il y en a autant de faux, de caricature et de vrais semblants. Et c'est pour ça que ce premier épisode est fun parce que Robinson - et Hinkle - ne s'interdit rien. Autant le dessinateur est préservé par la caricature subissant l'histoire, autant le scénariste n'a aucune pitié envers lui-même pas en se montrant comme un vieux con aigri se laissant bercer par l'alcool et la drogue. Tout cela sur un ton très drôle, pas si éloigné de celui Daniel Clowes qu'il présente de manière péjorative dans le récit comme "hipster".

Le travail du scénariste me rappelle beaucoup Adaptation de Spike Jonze, le film écrit par Charlie Kaufman qui parlait de son après Dans La Peau de John Malkovich. Dans le film, il se représentait - sous les traits de Nicolas Cage - devoir écrire l'adaptation en film d'un livre sur les orchidées. Tout comme dans Airboy, Kauffman s'inventait des histoires mais dans lesquelles se mêlaient les choses qu'il avait vécues après le succès inattendu de Dans La Peau de John Malkovich. Et comme Robinson, il était face à une page blanche et il essayait d'intellectualiser toutes ses idées.

Robinson est plus frontal. Les personnes ont des noms. Les critiques sur lui-même, sur l'industrie et sur les gens qu'il croise sont sans concessions mais toujours avec humour. On rigole beaucoup d'ailleurs.

Le scénariste ne s'interdit rien. Absolument rien. Nous avons le droit à une scène de sexe presque grotesque avant que les personnages masculins se trouvent à poil exhibant au lecteur leur (gros) pénis. C'est assez rare pour être noté et, en plus, c'est drôle.

Je ne connaissais pas Greg Hinkle, à part qu'il a illustré deux pages de Glory #32. Eh bien, après ce premier épisode, je pense que je vais suivre farouchement la carrière du dessinateur tellement son trait est appréciable. En tout cas, j'ai hâte de lire le prochain numéro et apprécier son art à nouveau.

Airboy-001-CoverAirboy #1

Image Comics • Par James Robinson & Greg Hinkle • $3.50
Airboy n'est pas une série de super-héros à proprement parler. Il s'agit d'une allégorie mêlée à une critique acerbe et drôle sur l'inspiration, l’enlisement créatif et l'industrie des comics. Robinson n'hésite pas à se mettre en scène avec comme principal témoin le dessinateur de la série. C'est très très bon ! Des histoires comme ça, j'en redemande !