Chronique : « Sex criminals (T1) »
Scénario de Matt Fraction, dessin de Chip Zdarsky,
Public conseillé : Adultes / Grands adolescents
Style : Polar fantastique
Paru aux éditions Glénat, le 10 avril 2015, 144 pages couleur, 19.95 euros
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L’Histoire
Suzanne et John sont dans les toilettes publiques. Vite désapés, ils font l’amour quand un vigile frappe à la porte…
28 octobre 1997, la jeune Suzie est sur les bancs du collège. A la suite d’un crash boursier, un type a pété les plombs et a débarqué au siège de la BankCorp pour y régler ses comptes…Ce jour-là, c’est son père qui est passé par la fenêtre.
Sa mère ne se remet pas de ce drame. Pour arrêter de l ‘entendre pleurer, Suzie s’enferme dans la salle de bain. Dans l’eau tiède et apaisante, elle se caresse. Quand elle attend l’orgasme… le temps s’arrête…
Terrorisé par son état, Suzanne cherche des réponses. Mais ni les “cochonnes” du collège, ni le corps médical, ni sa mère ne semblent connaître ces sensations…
Pour sauver sa chère bibliothèque d’une reprise sauvage par la banque, Suzanne organise une soirée de charité. C’est là qu’elle rencontre John. Barman, acteur, secrétaire, instruit, brillant, marrant, c’est l’homme idéal… Quand ces deux-la font l’amour, le feux d’artifice se renouvelle, et les deux amants se retrouvent dans ce monde figé…
Ce que j’en pense
Je ne suis pas un grand lecteur de “Comic books”, pourtant le retour de Glénat sur ce segment avec la toute fraîche collection “Glenat Comics” m’a interpellé. Il faut dire qu’ils frapent fort. Dans les trois premiers titres parus, la série “Sex criminals” a été récompensé par le “Eisner Awards de la meilleure nouvelle série”, la “meilleure nouvelle série” par le quotidien “USA Today” et le “comics de l’année” par le “Time Magazine” ! De quoi attiser ma curiosité…
Aux manettes, Matt Fraction, scénariste reconnu et plutôt “mainstream” (X-Men, Fantastic four…), s’offre une comédie déjantée souvent drôle, au ton sexy et très libre.
Editée à l’origine en V.O. chez “Image”, la série part sur un “pitch” qui dépote : un couple se découvre un super pouvoir pas banal : figer le temps quand ils atteignent l’orgasme. Avec un point de départ pareil, Matt Fraction s’en donne à coeur joie. Écrit à la première personne, tantôt via Suzie, tantôt via John, il nous embarque dans un fantastique barré et sexy qui m’a autant surpris qu’amusé.
Après la découverte du pouvoir par Suzie et l’arrivée du “partenaire de jeu idéal” en la personne de John, l’histoire glisse vers l’absurde. Que faire pendant ce temps suspendu ? Foutre le bordel ? Jouer une comédie musicale dans la rue en “Live” ? Faire ce qu’on n’ose pas faire devant les autres ? Violer la loi ? Tout est possible et Matt Friction l’a parfaitement intégré. Sa fable drôle et savoureuse flirte avec le mauvais esprit et les gros délires.
Mais rassurez-vous, “Sex Criminals” est loin d’être une série pour ado pré-pubère en recherche d’excitation. Surfant sur la découverte du plaisir et l’intimité du couple, la série est plus “profonde” qu’il n’y parait. L’ambiance érotique très soft évite de tomber dans le graveleux et l’explicite.
Coté dessin, Chip Zardsky nous offre un dessin assez étonnant. Très “cartoon”, son trait semi-réaliste assez rond exagère les expressions et les postures. Le ton léger du récit est bien accompagné par ce type de dessin très simple (un peu trop à mon goût) qui flirte quelquefois avec le genre “Manga”.
Les couleurs des moments figés sont particulièrement travaillées. Colorés, flashy, elles contrastent bien avec les scènes “normales”.
Pour résumer, “Sex Criminals” est une nouvelle série coquine et drôle, mettant en scènes des super-héros très “nornaux”, sur une idée très culottée. C’est une vraie bonne surprise qui mérite largement son accueil et ses récompenses.
