Kingsman : le film et le comics, critique croisée

Les adaptations de comics au cinéma sont nombreuses, mais il n’y avait pas à ma connaissance encore eu d’histoire développée en parallèle pour le grand écran et pour le média des comics. Avec Kingsman, Matthew Vaughn et Mark Millar ont osé le faire ! Le comics comme le film sont des hommages aux histoires d’espionnage comme la série des James Bond. Alors, on regarde le film ou on lit le comics ? Pour vous aider à choisir, je vous ai écrit une critique croisée du film et du comics Kingsman !

Ce n’est pas la première fois que Matthew Vaugn et Mark Millar travaillent ensemble : c’est d’ailleurs pendant qu’ils travaillaient tous les deux sur l’adaptation cinématographique du comics de Millar, Kick-Ass, qu’ils ont eu l’idée de Kingsman. Tous les deux grands fans de James Bond et des films d’espionnage à l’ancienne, ils constatent qu’on ne voit jamais la formation de James Bond. C’est alors qu’ils imaginent une histoire qui rend hommage à l’espionnage qu’ils apprécient… Ils imaginent les grandes lignes, quelques scènes-clef ensemble, puis travaillent sur le projet chacun de leur côté. Ce sont donc deux projets originaux qu’on peut voir, et pas une adaptation !

Kingsman, le film

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Synopsis : Durant une mission au Moyen-Orient, l’espion Harry Hart ne peut empêcher la mort de l’un de ses agents. Se sentant responsable, il tient à annoncer la nouvelle à sa veuve et donne à son jeune fils un moyen de la contacter en cas de problème. 17 ans plus tard, un espion de l’agence secrète Kingsman, collègue de Harry Hart, est tué en voulant secourir un professeur kidnappé. L’agence doit donc lui trouver un remplaçant. C’est alors que Harry Hart est appelé à l’aide par le fils de l’espion mort 17 ans plus tôt. Voyant en lui les mêmes capacités que son père malgré ses fréquentations douteuses, il propose « Eggsy » comme remplaçant. Celui-ci intègre donc un programme d’entrainement intensif, alors que les Kingsmen doivent déjouer un complot mondial…

Matthew Vaughn nous a habitués à faire des bons films, entre autres Kick-Ass et X-Men : Le commencement. Et avant d’être réalisateur, il a produit les excellents Arnaques, Crimes et Botanique et Snatch de Guy Ritchie. Une partie de ma cinématographie préférée, en fait. Avec Kingsman, il remonte encore plus dans mon estime ! Matthew Vaughn a un don pour créer des films de pur divertissement totalement décomplexés. Kingsman est un excellent film d’action mêlant classe british, technologie à la manière de James Bond et humour politiquement incorrect. Il me semble que c’est la formule parfaite !

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Le casting de luxe fait beaucoup pour le film : Colin Firth interprète parfaitement un espion tiré à 4 épingles qui envoie du lourd dans les bagarres. Les scènes d’action sont incroyables, d’ailleurs il a effectué toutes les cascades lui-même, la grande classe ! Le grand méchant, Richmond Valentine, est joué par Samuel L. Jackson, qui est à la limite de l’auto-parodie dans ce rôle, avec ce look de folie… Bon, j’avoue que je l’ai trouvé un peu too much par moment, mais apparemment je suis la seule car les critiques sont unanimes sur son interprétation autour de moi ! Le jeune héros « Eggsy » est joué par le quasi inconnu Taron Egerton, qu’on va à mon avis retrouver dans d’autres films vu la qualité de sa prestation. Mark Strong et Michael Caine sont comme à leur habitude excellentissimes en espions flegmatiques à la tête des Kingsmen. Mention spéciale à Sofia Boutella, qui joue Gazelle, l’assistante-combattante de Richmond Valentine. Elle se bat grâce à ses prothèses de jambe qui se terminent par une lame super aiguisée : visuellement c’est vraiment impressionnant !

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Le scénario est assez classique, puisque c’est un film hommage à l’espionnage, on retrouve les mêmes ficelles scénaristiques : un grand méchant qui veut tuer une grande partie de la planète, les espions qui se battent seuls contre tous pour les arrêter. Malgré tout, le sujet de la « lutte des classes » est bien traité. Eggsy, le jeune héros, vient d’un quartier défavorisé, et les autres apprentis de Kingman, tous issus de familles aisées, ne se privent pas de lui rappeler… Et pourtant, le film montre que l’origine sociale n’a rien à voir avec le potentiel qu’une personne peut avoir. C’est subtil, souvent très drôle, et ça vient contrebalancer le reste du film, qui est assez cynique.

Peu original, certes, mais excellent de bout en bout. Il y a quelques retournements de situation très surprenants, et certains passages m’ont vraiment marqué ! La scène au pub, la scène avec le petit chien, celle avec l’église, ou le « feu d’artifice » ou de la princesse… Il y a quelques images instantanément cultes ! Je vous mets celle du pub puisqu’on la voit dans la bande-annonce.

Matthew Vaughn nous offre des scènes parfois très violentes, à l’image de celles de Kick-Ass, mais avant tout tellement cool et fun ! Visuellement, il y a de vraies trouvailles, comme la bataille finale complètement folle ou la scène dans l’église que je ne vous spoilerai pas parce que la surprise est trop belle, qui emprunte beaucoup à l’esthétique des jeux vidéos. Le mot que j’ai le plus entendu par rapport à ça c’est : jouissif !

En bref, l’hommage aux James Bond est réussi : le genre est plus que dépoussiéré, en oubliant le côté trop sérieux de ces films. On peut résumer ce film à une scène où les protagonistes boivent un grand vin en l’accompagnant d’un Big Mac : Matthew Vaughn a créé un grand cru en alliant le classique à la modernité !

Kingsman : le comics

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Résumé : L’espion britannique Jack London travaille sur l’affaire la plus importante de sa carrière. Mais il doit aussi s’occuper de son neveu, Gary qui se retrouve souvent en prison. Jack décide de le former au métier d’agent secret. Ils vont enquêter sur la disparition de nombreuses célébrités (Ridley Scott, Pierce Brosnan, Patrick Stewart, David Beckham, …)

Comme vous venez de le constater, les histoires sont finalement assez différentes. Le personnage de l’espion senior s’appelle Jack London et travaille pour le MI6, et l’espion junior est son neveu délinquant. Le fait que ce soit le MI6 rend l’histoire tout de suite banale, l’introduction d’une agence en dehors de tout gouvernement, avec des codes aussi particuliers dans le film est un vrai plus !

Le lien de parenté entre les espions a été voulu par Mark Millar parce qu’il trouvait qu’un adolescent serait plus susceptible d’être inspiré par quelqu’un de sa famille. Pour moi, ça souligne surtout le côté connard de Jack London qui a abandonné sa famille lorsqu’il a réussi. La version incarnée par Colin Firth est différente et bien supérieure. Le personnage de l’espion perd ici toute subtilité et n’est qu’une copie de James Bond version vintage, qui « peut réussir à coucher avec une une femme plus vite qu’un plombier dans les films porno ». Classe. il perd même son sens du style lorsqu’il porte une chemise hawaïenne !

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Le méchant est assez intéressant, c’est un genre de Mark Zuckerberg, un jeune milliardaire grâce à internet, qui est aussi très geek. Personnellement, j’aurais préféré le retrouver dans le film, plutôt que le personnage de Samuel L. Jackson. C’est lui qui décide d’enlever tous les acteurs et réalisateurs des plus grands films de science-fiction ! Je trouve que c’est une idée très drôle, on retrouve énormément de références à la pop culture dans ce comics et des « cameos » assez sympa, comme Mark Hamill qui est enlevé au début (dans le film, c’est un autre personnage, joué quand même par Mark Hamill !) ou encore Pierce Brosnan pour souligner un peu plus l’hommage à James Bond.

On retrouve la même idée qu’une personne issue d’un milieu défavorisé peut s’en sortir grâce à ses capacités, qu’en travaillant on peut atteindre son but peut importe d’où on vient. Mais ce message de foi en l’être humain est noyé dans le cynisme un peu lourd du reste du bouquin. Trop d’ironie tue le message… J’aurais aimé pouvoir parler de manière positive d’une oeuvre dessinée par le légendaire Dave Gibbons, connu surtout pour Watchmen et pour avoir dessiné tous les super-héros les plus connus. Mais le scénario n’est pas à la hauteur. Mark Millar m’avait déjà complètement perdue avec Nemesis, même chose ici. C’est la première fois que je lis un livre avant sa version cinématographique et que je préfère cette dernière ! 

En résumé, Kingsman, le comics est un comics assez mineur qui se laisse vite oublier. Le film, par contre, est une vraie réussite à ne pas louper ! Encore une fois, un de mes coups de cœur est Anglais… Voilà pourquoi j’aime autant les british : ils ne rentrent pas dans le moule. Ils regardent le monde avec dérision, s’adaptent à tout. Mieux, ils dépassent sans cesse nos attentes tout en gardant cet esprit anticonformiste que j’aime tant ! Allez, filez vite regarder Kingsman les enfants !


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