84, Charing Cross Road d’Helene Hanff : une correspondance pas comme les autres…

 Chronique #77

Février 2015

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Titre : 84, Charing Cross Road
Auteur : Helene Hanff
Editeur : Le livre de poche
Parution : 2003 (1970)
Nombre de pages : 156 pages
Genre : Littérature – autobiographie

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Résumé éditeur

Par un beau jour d’octobre 1949, Helene Hanff s’adresse depuis New York à la librairie Marks & Co., sise 84, Charing Cross Road à Londres. Passionnée, maniaque, un peu fauchée, extravagante, Miss Hanff réclame à Frank Doel les livres introuvables qui assouviront son insatiable soif de découvertes. Vingt ans plus tard, ils s’écrivent toujours et la familiarité a laissé place à l’intime, presque à l’amour. Drôle et pleine de charme, cette correspondance est un petit joyau qui rappelle avec une délicatesse infinie toute la place que prennent, dans notre vie, les livres et les librairies. Livre inattendu et jamais traduit, 84, Charing Cross Road fait l’objet, depuis les années 1970, d’un véritable culte des deux côtés de l’Atlantique


Mon avis

Helene Hanff est une femme que j’aurais adoré rencontrer. Ecrivaine américaine et rédactrice de scripts pour des séries TV, elle fut une femme littérairement très accomplie. Son livre 84, Charing Cross Road fut un énorme succès lors de sa publication et a d’ailleurs été adapté en pièce de théâtre et en film ! Ce livre, dont le titre correspond à une adresse (vous l’aviez bien compris) en Angleterre, cache en réalité une très longue correspondance. L’histoire qu’elle raconte (ou plutôt les lettres échangées) est tirée de sa propre expérience. Pendant deux décennies, Helene Hanff (résidente américaine) a maintenu une correspondance avec une petite librairie se situant de l’autre côté de l’Atlantique : la librairie Marks & Co (le « Co » ayant été choisi comme abréviation de « Cohen » et non de compagny comme il est d’usage).

Des dizaines de lettres échangées entre un libraire et une lectrice… Mais de quoi pouvaient-ils bien parler ? De livres, évidemment ! Mais pas de n’importe quelle façon. Car Helene utilisait cette correspondance comme un « Amazon d’autrefois ». Elle passait des commandes et envoyait de l’argent avec ses lettres pour payer ses factures. Livraison à domicile et contact direct avec le bouquiniste responsable de l’envoi : que demander de mieux ? Attention, parfois, l’édition reçue ne correspondait pas à ses attentes et Mme Hanff n’a jamais eu peur de le faire savoir à son correspondant. Certaines de ses lettres commencent d’ailleurs tout en MAJUSCULES et dans un langage pas très catholique à travers lequel elle faisait passer son mécontentemment auprès de son receleur. Voyez plutôt : 

Je pense qu’il y a plusieurs volumes, envoyez-moi seulement ce que vous pourrez trouver et écoutez bien, Frankie : l’hiver va être long et froid et je fais du baby-sitting le soir donc J’AI BESOIN D’AVOIR DE QUOI LIRE, ALORS NE RESTEZ PAS LA ASSIS A NE RIEN FAIRE ! BOUGEZ-VOUS ET TROUVEZ MOI DES LIVRES. 

La vulgate (Bible), Orgueil et Préjugés, des essais de Charles Lamb ou encore les oeuvres de Virginia Wolf… Helene Hanff était une amatrice de très bonnes lectures .. et de très vieux livres. Sujets variés, éditions originales, auteurs célèbres et inconnus, ces désirs étaient tantôt raisonnables et tantôt un peu décalés. Mais son libraire était toujours au rendez-vous pour subvenir à ses envies livresques et passait parfois des semaines à rechercher l’édition précise que sa cliente désirait recevoir.

Par-delà les océans, des colis et des lettres s’échangèrent entre ces deux personnes. Mais pas que ! Car la librairie de Monsieur Franck Doel ne tournait pas toute seule. D’autres petites mains oeuvraient à sa maintenance et plus d’une fois, les autres libraires (et compagnons de ceux-ci) ont pris la plume pour correspondre avec l’américaine. Car, plus qu’une admirable cliente et une dévoreuse de bonnes lectures, Helene Hanff était avant tout une âme charitable, une personne qui a du coeur, une femme qui pense d’abord aux autres avant elle-même. D’ailleurs, elle a passé pas mal de temps entre 1949 et 1968 à envoyer des colis de nourriture à ses libraires favoris. Ces anglais qui avaient droit à un oeuf par personne par mois et un nombre de gramme de viande qui frôlait réellement le ridicule lors de l’après-guerre. Alors, lorsqu’une bonne âme vous envoie des oeufs et du jambon, il est difficile de ne pas aimer cette personne parvient à nourir toute une famille à l’occasion des fêtes.

Outre la bonté incommensurable de cette femme, voici une autre chose qui m’a particulièrement choquée lors de cette lecture. Il s’agit du rapport qu’elle a avec les livres. Helene Hanff n’achète que des livres qu’elle a déjà lu. Elle ne vas pas dépenser de l’argent pour un ouvrage qu’elle ne connait pas (car elle pourrait très bien le détester). De plus, elle n’est pas du tout collectionneuse. De temps en temps, elle fait un débroussaillage de printemps dans sa bibliothèque et jette / donne / revend les livres qu’elle ne lira plus jamais ou qu’elle n’a plus envie de voir. De cette manière, seulement les livres qu’elle apprécie vraiment reste sur sa petite étagère, libres d’être relus à n’importe quel moment.

Une lectrice pas comme les autres qui n’hésite pas à dépenser pour des éditions qu’elle désire vraiment posséder et à jeter les livres qu’elle ne veut même plus voir en peinture. Une femme qui a passé plus de 20 ans de sa vie adulte à discuter avec un libraire qu’elle n’a jamais rencontré mais qu’elle a considéré pendant le reste de sa vie comme un ami proche, très proche. Elle a longtemps repoussé son voyage jusqu’en Angleterre pour des raisons financières et elle l’a regretté car lorsqu’elle a enfin pris son courage à deux mains pour traverser l’Atlantique, la librairie avait fermé ses portes et la plupart des libraires (dont Monsieur Franck Doen) étaient décédés.

En résumé, une lecture qui m’a passionée et que j’ai lu quasi d’une traite (je me suis quand même arrêter pour un petit lunch à midi). Une correspondance qui m’a fait énormémement sourire (surtout lorsqu’on voit les prix désiroires des livres qu’elle payait) et qui m’a rendu un peu triste sur la fin. Mais surtout, une magnifique ballade littéraire entre les mots qu’elle nous écrit et ceux qu’elle a lu dans tous ces ouvrages merveilleux. Je ne peux que le recommander à tous les amoureux de littérature et de nouvelles épistolaires. <3"><3"><3"><3 <3"><3"><3"><3 <3"><3"><3"><3

#atouchofbluemarine


Saviez-vous que…

  • Le livre a été adapté en pièce de théâtre et en film (1987).

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  • Helene Hanff a écrit un second tome intitulé : La duchesse de Bloosmbury Street

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I just can’t stop reading… 

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