Critique de comics : Preacher tome 1

Attention : comics pour public averti ! L’étiquette qu’Urban Comics a pris soin de coller sur Preacher annonce la couleur… Oui vous aurez du gore, oui vous aurez des jurons, du trash et des blasphèmes à chaque page. Mais c’est aussi une histoire intrigante, des personnages charismatiques et des dessins d’une efficacité redoutable !

Preacher, ou prêcheur en français, a pour héros Jesse Custer, un pasteur texan à la foi vacillante. Il noie ses doutes dans l’alcool en attendant qu’un signe lui redonne la foi. Un jour, tous les membres de son église meurent dans un accident, sauf lui. Il se retrouve habité par une force spirituelle appelée Genesis, qui lui donne des pouvoirs, comme la voix de Dieu. Lorsqu’il utilise cette voix, tout le monde lui obéit instantanément ! Accompagné par son ex-petite amie Tulip et par Cassidy, un vampire cool, Jesse va parcourir les Etats-Unis pour trouver Dieu, pour lui poser deux-trois questions…

Je vous l’avais dit dans mon article sur les meilleures sorties comics de janvier 2015, j’attendais la réédition de Preacher depuis très longtemps. Il y a eu plusieurs éditions en France il y a quelques années, mais difficiles à trouver à un prix correct aujourd’hui ! De toutes façons, on sait maintenant qu’il vaut mieux attendre une sortie chez Urban Comics, qui nous gâtent à chaque fois avec de nombreux bonus. Cette fois encore, ils ne nous déçoivent pas avec le courrier des lecteurs de l’époque entre chaque épisode + une galerie complète des couvertures avec les commentaires de leur dessinateur, Glenn Fabry. Parue entre 1995 et 2000, cette série est vite devenue culte, un des incontournables de la collection Vertigo, la partie adulte/fantastique/non-super héroïque de la maison d’édition DC Comics.

critique de comics : preacher tome 1

Le scénariste de Preacher est Garth Ennis, le dessinateur Steve Dillon. Ce duo est aussi à l’origine d’une collaboration d’anthologie sur la série Hellblazer, aujourd’hui renommée Constantine, qu’Urban Comics va d’ailleurs rééditer en février 2015, mais aussi sur la série Hitman et The PunisherBref, que des sujet provoc’ ! Qu’est-ce qu’ils ont ces Anglais, à vouloir jouer avec des sujets brûlants ? Entre Garth Ennis, Grant Morrison et Alan Moore, on croirait que tous les British/Scottish/Irish (oui je les mets tous dans le même sac, american style) sont de fervents athées anticléricaux ! Quand on voit ce qu’il produisent comme chef-d’œuvres grâce à ces idées, on ne peut que les encourager.

L’idée de Genesis ainsi que la manière dont cette nouvelle entité a été créée n’est pas inédite, la preuve en lisant le courrier des lecteurs, Garth Ennis avait lui-même déjà utilisé ce ressors scénaristique ! Mais le tout est très bien amené, il y a une réelle sensation de renouveau malgré tout, par exemple avec la représentation des anges et des saints… Pour le moins surprenante ! Les personnages sont la force de Preacher, le trio Jesse – Tulip – Cassidy est traité de manière assez subtile. L’auteur a un vrai don pour donner tout de suite du relief à ses créations. Evidemment, le reste de la galerie de personnages est moins sophistiqué, mais j’admire l’imagination de Garth Ennis, les situations dans laquelle il met certains des policiers sont vraiment hilarantes. Les personnalités les plus perverses et les plus tarés défilent sous nos yeux. Trash, mais tellement drôle !

critique de comics : preacher tome 1

Cependant, le problème avec l’utilisation du trash, c’est que la frontière est très mince avec le mauvais goût. J’imagine que c’est une frontière très personnelle, moi par exemple j’ai peu apprécié le personnage de Tête-de-fion. Oui, c’est le seul nom qui lui est donné. Pour de vrai ! C’est l’histoire d’un ado tellement fan de Kurt Cobain qu’il décide de mourir de la même façon que lui… Il rate son suicide, mais son visage lui, il ne l’a pas loupé… Jugez plutôt en images.

critique de comics : preacher tome 1

Sans être une grande fan de Nirvana, j’ai trouvé la blague moyenne à partir du moment où j’ai compris que ce personnage allait rester dans le coin un moment. Il semblerait que beaucoup de lecteurs trouvent cette tronche à mourir de rire, moi depuis le CM1 je rigole pas plus de 2 minutes devant un dessin de moche…

Cet exemple montre bien qu’il faut prendre Preacher au millième degré. Humour très noir, provoc’ parfois gratuite mais contrebalancée par des moments graves, intenses et qui font « vrai ». Mine de rien, entre deux blagues, un scénario solide se met en place ! La fin de ce premier tome, composée de quelques épisodes racontant la jeunesse de Jesse et son histoire familiale, est par exemple une bonne grosse claque qui fait comprendre que malgré l’excès de violence, il y a bien plus que ce que l’on voit au premier abord dans cette BD. Il y a une vraie histoire, des idées intelligentes et des personnages qu’on a envie de suivre jusqu’au bout. Preacher sortira en 6 tomes, j’ai hâte de tous les lire !

Critique de comics : Preacher tome 1

Dans mon article sur les comics adaptés en séries TV, Preacher était annoncé pour 2014 sur la chaîne AMC, qui diffuse Walking Dead. Maintenant que je l’ai lu… J’ai vraiment du mal à croire qu’une chaîne adaptera fidèlement cette histoire pour le moins polémique. Un pilote a pourtant été commandé, finalement pour la saison 2015. L’équipe à la tête du projet a déclaré qu’elle tenterait de rester le plus proche possible de l’histoire du comic book. Mouais. Keep dreaming !

En résumé, je recommande absolument la lecture de cette séries hors du commun ! Preacher est sorti le 23 janvier 2015 chez Urban Comics, 28 euros pour 352 pages.

On se quitte avec les couvertures de Glenn Fabry !

preacher-1
preacher-3
preacher-4
preacher-5
preacher-6
preacher-7
preacher-21


wallpaper-1019588
Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois