Chronique « Le ventre de la hyène » : Etre né quelque part…

Scénario de Baloup, dessin de Alliel,

Public conseillé : Adultes / Adolescents (à partir de 16 ans),

Style : Polar , Thriller Paru chez le Lombard, 20 juin 2014

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L’histoire

Talino, un jeune noir s’est enfermé dans les toilettes du club pour se donner du courage et affronter ses vieux démons. Il sort en trombe, bouscule quelques danseurs et fonce vers une table occupée par un petit caïd, nommé Roméo.
Manchette, coup de pied, Talino se débarrasse des gardes du corps et contraint Roméo, sous la menace d’une arme, à l’amener à son chef : Anouar (qui est aussi son grand frère)…
Quelques années plus tôt. Sur la place du village africain, Anouar interpelle son jeune frère Talino. Perché dans un arbre, il le convint de prendre sa place pour monter la garde. Talino accepte, mais les deux gamins se font attraper par leur oncle.
La nuit venue, Anouar embarque son petit frère dans la forêt. Direction : l’arbre où habite le sorcier. Avec une peintures de hyène, les frères sont liés à jamais. Ensemble, ils seront invincibles…

Ce que j’en pense

Dur, noir, intense, violent, les deux jeunes auteurs Christophe Alliel et Clément Baloup nous racontent la trajectoire dramatique de deux frères nés en Afrique centrale.
Sensibilisé aux problèmes des enfants soldats, comme tout un chacun avec le Rwanda, je me suis pris un coup de poing au ventre, du genre aussi inattendu que douloureux…
De la place d’un petit village africain, jusqu’à Marseille, en passant par différents pays en guerre, Alliel et Baloup racontent sans concession le destin tragique de deux frères, deux enfants-soldats.
Assez « détachés » de leurs personnages, c’est avant tout une description du système, aussi dérangeant que dramatique, auxquels ils s’attaquent.

Le scénario

Vendu par son oncle à un groupe de mercenaires, Anouar va devenir une vraie bête de guerre, qui tue sans réfléchir pour de l’argent ou juste pour assurer son pouvoir. Complètement aliéné par un discours sans fondement, il devient un exécuteur impitoyable, qui se croit invincible. Face à Anouar, Talino son jeune frère fait figure de lâche, de femmelette. Plus humain, mais surtout influençable et terrorisé par ce frère « gigantesque », il se laisse entraîner dans les mêmes dérives.
J’ai trouvé le scénario du « Ventre de la Hyène » très réussi. Sur fond de polar (Talino va-t-il réussir à assassiner son frère pour se libérer ?), Baloup raconte par flash-backs successifs la vie mouvementée des deux frères. Ce mélange entre présent et passé dynamise la lecture et accentue la tension. De cette violence initiale (l’envie de meurtre) Baloup nous amène doucement à en comprendre les raisons…
Seul petit bémol à mon avis, il évite l’empathie envers Anouar (qui est défini comme irrécupérable) et reste témoin de cet engrenage.

Le dessin

Christophe Alliel est au diapason< avec le scénario de Baloup/strong>. Son graphisme « classique » est travaillé avec beaucoup d’expressivité. Son trait, aux gros coups de pinceaux, rend palpable cette tension, cette violence souvent insoutenable. C’est fort, c’est énergique, c’est tendu, c’est vivant, c’est “Le ventre de la Hyène” !

Pour résumer

Alliel et Baloup nous offre un album inclassable et violent qui ne vous laissera pas indifférent. Eprouvant, percutant, dérangeant, vous allez prendre cher avec les trajectoires dramatiques de ces deux frères (Talino et Anouar) enfants-soldat. Laissez vous prendre au jeu de ce petit bijou, superbement mis-en-image.