Orgueil et Préjugés, Joe WRIGHT

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Orgueil et préjugés
2005, 2h07
d'après Orgueil et préjugés de Jane AUSTEN
Réalisé par Joe WRIGHT


Avec : Keira Knightley (Elizabeth Bennet),
Matthew MacFadyen (Mr Darcy),
Brenda Blethyn (Mrs Bennet),
Rosamund Pike (Jane Bennet),
Simon Woods (Mr Bingley),
Rupert Friend (Mr Wickham),
Donald Sutherland (Mr Bennet),
Judi Dench (Lady Catherine de Bourgh),
Jena Malone (Lydia Bennet),
Tom Hollander (Mr Collins),
Claudie Blackley (Charlotte Lucas),
...
> Fiche IMDb <
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Synopsis :
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              Un petit synopsis pour les novices ? Allons-y brièvement (pas sûre que j’en sois capable… de faire court, j’entends !).
              La famille Bennet n’est pas très riche. A la mort du père, la mère et les cinq filles se retrouveront sans le sou, quelle que soit la somme car celle-ci reviendra légalement au plus proche héritier mâle de la famille. Afin de sauver sa progéniture du désastre, Mrs Bennet s’évertue à trouver de bons partis à ses filles.
              Lorsque Mr Bingley, un riche jeune homme, emménage à Netherfield, une demeure voisine, elle s’empresse de les lui présenter. Lors du bal qui scelle leur rencontre, Mr Bingley n’a d’yeux que pour Jane, l’aînée et la plus belle des filles Bennet. La sœur et le meilleur ami de celui-ci, beaucoup plus réservés, ne voient pas cet attachement d’un très bon œil et n’auront de cesse, par la suite, de tenter de le détruire.
              Elizabeth, seconde des filles Bennet, intelligente et espiègle, se voit refuser impoliment la danse qu’elle « propose » à Mr Darcy, le riche ami des Bingley. Blessée dans son orgueil, elle promet de détester le personnage, mais le destin n’a de cesse de les mettre en présence l’un de l’autre…
Mon Avis : '
   Si je me souviens bien, avant de voir ce film il y a quelques années, Jane Austen n’était qu’un vague nom d’auteure pour moi (oui, j’ai honte…). A ce moment-là, ne connaissant pas l’œuvre d’origine et appréciant assez Keira Knightley (que je connaissais dans Pirates des Caraïbes), j’avais apprécié cette adaptation. Je n’avais pas été transcendée mais j’avais assez aimé pour avoir envie de lire le livre. En fait, cette version 2005 de Joe Wright a cela de bien : en modernisant l’histoire, elle la rend plus accessible et le côté très fleur bleue mis en avant ne pourra que séduire les jeunes filles (sauf mes élèves qui sont complètement imperméables à toute histoire d’amour un peu « intelligente » ; mais c’est une autre histoire…). Je remercie donc le réalisateur pour m’avoir fait découvrir cette histoire, aujourd’hui une de mes préférées !
   Après lecture de l’œuvre d’origine et surtout après la découverte de la version offerte par la BBC en 1995, je ne peux que revoir mon premier avis à la baisse. Avant de rédiger ce billet, j’ai revisionné cette adaptation, histoire d’avoir les idées claires… que c’était long ! Certes beau visuellement et musicalement mais d’une lenteur… ce qui est paradoxal quand on sait que les 5 heures de la version BBC passent comme une lettre à la poste ! Et je ne parle même pas de tout ce qui est effacé par Joe Wright : des scènes évidemment, des personnages également, sans compter l’incohérence de certaines choses (costumes, coiffures,…) et la maladresse de l’interprétation des acteurs principaux (a-t-on déjà vu une Lizzie si « futile » et un Darcy si fade ?)…
   Un film à réserver pour la découverte de Jane Austen et de ses histoires tout en gardant quand même en tête qu’il s’agit d’une adaptation approximative du roman. Quant aux fans, je ne peux que vous conseiller la version précédente, presque parfaite en tous points ; mais j’y reviendrai prochainement !
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http://bazar-de-la-litterature.cowblog.fr/images/Adaptations/matthewkeira.jpg   Ce que je reprocherais peut-être le plus à cette adaptation récente de Joe Wright, c’est de ne faire de l’œuvre de Jane Austen, qu’une histoire pour jeunes filles romantiques au détriment de toute l’ironie mordante que peut nous offrir l’auteure dans son livre.
   Outre cet aspect, je regrette que le côté « historique » soit si peu respecté. En effet, est-ce vraisemblable qu’une jeune fille de l’époque (fin du XVIIIème siècle) - certes d’une fortune modeste mais tout de même bien élevée - se retrouve en chemise de nuit au milieu de la campagne anglaise alors que le soleil se lève ? L’image est effectivement très belle et encore une fois très romantique, mais bien loin de la « réalité » du roman. De même avec les coiffures et costumes… Elizabeth se présente chez ses voisins échevelée ? Et qu’est-ce que c’est que ces robes tout droit sorties de l’imagination de la costumière ? Encore une fois, le cliché de la jeune fille romantique dans un univers champêtre est mis en avant au détriment de tout le reste.
   Je n’avancerai pas le ridicule de certaines scènes qui visent à montrer la modestie de la famille Bennet (le cochon dans la maison, les poules dans la cour boueuse devant la demeure,…). Il aurait peut-être suffit de choisir un batiment plus « modeste », comme dans la version de 1995. Je ne parle pas non plus de l’absence, que dis-je, la suppression complète de certains personnages, notamment la sœur aînée de Mr Bingley et son mari… Bref, vous l’aurez compris, niveau fidélité avec le roman, on repassera.
   Cependant, le film possède cette esthétique très préraphaélite que j’adore alors oui, visuellement, c’est beau. Les paysages, les prises de vues à l’intérieur (je pense notamment au passage d’une pièce et d’un personnage à l’autre lors du bal de Netherfield)… je le reconnais, c’est magnifique.
   Splendide est également la bande originale du film, signée Dario Marianelli. Envolées de piano sur le thème de base et violons sont de la partie, on ne peut pas faire plus doux et plus romantique. Liée à la beauté des images, j’approuve.
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   Vous l’aurez compris, je peux pardonner des faiblesses au niveau de la fidélité et de la vraisemblance au nom de l’esthétisme général ; mais je ne peux pas pardonner la « médiocrité » des acteurs principaux.
   Elizabeth est censée être un personnage espiègle, assez « rebelle » pour l’époque, je suis d’accord. De là à la transformer en glousseuse frisant l’impolitesse, il y a une marge. Keira Knightley est jolie mais je la trouve fade. A mon goût, elle ne fait pas une bonne Elizabeth Bennet. Il lui manque cet éclat dans les yeux et dans le sourire qui ferait de son personnage la figure charismatique du roman.
   De son côté, je reconnais un certain charme à Matthew MacFadyen mais je le préfère largement dans le rôle du Prieur Philip (dans les Piliers de la terre) qu’en Darcy. Mr Darcy est LE héros austenien pour moi. Charismatique, élégant, d’apparence taciturne mais en fait bouillonnant à l’intérieur… Darcy quoi ! MacFadyen est encore plus fade que sa partenaire, il ne se passe rien dans ses yeux, sur son visage…
   Brenda Blethyn alias Mrs Bennet et Jena Malone alias Lydia (la plus jeune) me déçoivent car sont trop dans l’excès à mon goût. Oui, ce sont des personnages futiles et ridicules mais pas des poules caqueteuses !
   Le Mr Collins de cette version (Tom Hollander) n’est pas non plus parfait mais il s’en sort plutôt bien, de même que Talulah Riley (Mary Bennet), Kelly Reily (Caroline Bingley), Claudie Blakley (Charlotte Lucas) et Simon Woods (Mr Bingley). Rupert Friend incarne physiquement le Mr Wickham de mon imagination mais reste un peu fade dans son interprétation.
   Quant à ceux que je trouve vraiment parfaits dans leur rôle, je note en priorité Rosamund Pike qui incarne une Jane douce et belle, ainsi que Judi Dench, parfaite en horrible Lady Catherine de Bourgh !
   Au final, on pourrait garder presque tous les acteurs, sauf les deux principaux… dommage !
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   Niveau bonus on est assez gâté et c’est le gros point fort de ce DVD.
   Mis à part les commentaires audio du réalisateur (très intéressants) on peut profiter de quelques mini-documentaires sur Jane Austen et son époque, sur « L’art du rendez-vous » à la fin du XVIIIème siècle et sur la famille Bennet, dans lesquels participent l’équipe technique et la plupart des acteurs.
   Notons également un arbre généalogique qui peut être utile aux « novices » et une jolie carte qui nous montre l’emplacement des demeures utilisés pour le tournage.
   Enfin, et non des moindres, le DVD offre une fin alternative d’un peu moins de trois minutes. J’avoue que je suis contente de l’avoir découverte, mais encore plus qu’elle n’ait pas été ajoutée au montage, car bonjour la « niaiserie », sans compter l’addition de tout ce que j’ai pu dire plus haut (invraisemblances « historiques » et par rapport au texte d’origine). Il s’agit en fait d’un passage se situant après le mariage d’Elizabeth et de Darcy. On les découvre la nuit, sur la terrasse de leur belle demeure, en chemise de nuit et pieds nus, se déclarant mutuellement leur amour… plus kitsch tu meurs !   Les sous-titres français sont disponibles sur tous les bonus (ce qui n’est pas toujours le cas) et c’est bien agréable !
   Sinon, pour un film anglophone, adaptation d’une œuvre anglaise, je ne peux que vous conseiller la VOST !
Les Petits [+] :
Pour ceux qui ne connaissent pas Jane Austen, cette adaptation, malgré de nombreux défauts, est un bon moyen de s’y mettre (en gardant des réserves, évidemment). Visuellement et musicalement, ce film est magnifique (et me fait penser aux tableaux préraphaélites du XIXème siècle). Rosamund Pike et Judi Dench font respectivement une Jane Bennet et une Lady Catherine de Bourgh très convaincantes ! Des bonus nombreux, intéressants et sous-titrés ! 
Les Petits [-] :
Beaucoup de défauts au niveau de la fidélité du roman : que ce soit dans le caractère des personnages ou l’absence de certains, le changement de certaines scènes ou le respect des convenances de l’époque… En voyant cette adaptation, on a l’impression qu’Orgueil et préjugés ce n’est qu’une énième histoire à l’eau de rose, c’est très réducteur et ne rend pas hommage à l’œuvre d’origine ! Les acteurs principaux, Keira Knightley et Matthew MacFadyen, sont médiocres et n’incarnent pas une bonne Elizabeth Bennet et un bon Mr Darcy, à mon goût. Malgré la « brièveté » du film, je le trouve paradoxalement beaucoup plus long que la version de 5 heures de 1995 !

 

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois