Le journal d’aurore T3 : rien ne va plus

Par Litterature_blog
Résumer la vie d’Aurore est un pari bien insensé. Pensez-donc : une vie d’ado, forcément mal dans sa peau, qui en veut à la terre entière. Entre les copains, le lycée et la famille, elle trouve de nombreuses occasions de remplir son journal intime, et tout le monde en prend pour son grade. Ses relations avec sa mère son très tendues. Sa sœur cadette, Sophie est une petite peste qui a tout de la première de la classe. Quand à son aînée Jessica, elle vient de se marier et a eu une petite fille, Rosette. Pour Aurore, l’année de seconde n’est pas simple. Elle est nulle en histoire géo et déteste lire, d’où des soucis terribles avec ses profs de français. Il n’y a qu’en maths qu’elle se distingue : jamais une note en dessous de la moyenne dans cette discipline. Heureusement, il reste la musique. Aurore est chanteuse dans un groupe où tous les musiciens sont des garçons. Mais il n’est pas toujours facile de faire sa place parmi tous ces mecs. A 15 ans, c’est le moment des grands changements : premier concert, première cuite, premier véritable amour et première prise de conscience politique… la vie quoi !
Soyons honnête : j’ai attaqué ce livre la peur au ventre. 320 pages du journal intime d’une gamine de quinze ans en pleine crise d’adolescence. J’imaginais déjà les peines de cœur, les problèmes d’acné ou les heures de chat et de SMS avec les copines. Le genre de lecture pénible qui vos marque un homme durablement. Mais je me suis engagé, en tant que membre du jury du prix littéraire des blogueurs, à lire l’ensemble de la sélection. Et Le journal d’Aurore en fait partie. Il a donc bien fallu que je m’y mette. Verdict ?
Si je devais qualifier ce texte, je choisirais l’adjectif « gouleyant » : c’est rafraîchissant et ça coule tout seul. La forme du journal permet de lire en picorant. Quelques pages par-ci par-là, puis on repose le bouquin pour le reprendre quand on a cinq minutes. L’air de rien, on a lu 100 pages sans s’en rendre compte et surtout sans s’ennuyer une seconde. Aurore est souvent drôle, parfois insupportable. Ses réflexions sont à la fois naïves, futiles, profondes ou touchantes. Bien sur, on peut faire quelques reproches. Comment une élève si médiocre en français peut-elle si bien écrire ? Et puis quelques situations peuvent sembler caricaturales, notamment celles concernant les relations parents/ados. De toute façon, Marie Desplechin n’a sans doute pas cherché à faire d’Aurore l’archétype de l’adolescente du 21ème siècle. Ce n’est qu’un « spécimen » parmi tant d’autres. Et force est de reconnaître que la vie de ce spécimen-là vaut la peine d’être découverte.
Voila donc un ouvrage qui m’a beaucoup plu et constitue à l’évidence pour moi une bonne surprise. N’en déplaise à ma pseudo virilité !
Le journal d’aurore T3 : rien ne va plus, de Marie Desplechin, édition L’école des loisirs, 2009. 326 pages. 11 euros. Dès 12 ans.
L’info en plus : le prochain roman de Marie Desplechin, La Belle Adèle, sort la semaine prochaine. Petit résumé : au collège, Adèle, 14 ans, et Frédéric, son ami d'enfance n'arrivent pas à se faire respecter. Ils ont l'idée de se faire passer pour un couple pour mieux s'intégrer. Pendant ce temps, leur ami Brian prend les deux jeunes en photo pour un travail qu'il doit faire. Adèle et Frédéric s'aperçoivent que la photo a servi pour une campagne d'information sur la contraception chez les jeunes. Publié par Gallimard jeunesse, il sera dans toutes les bonnes librairies le 30 avril 2010.