
C’est finalement assez logique, puisqu’il s’agit tout de même de Detective Comics, que ce deuxième tome du Batman de Tom Taylor s’ouvre sur un épisode indépendant et une enquête : le premier annual de la série depuis l’apparition du nouveau cours DC Comics. On y aborde le meurtre d’un scientifique assassiné dans sa maison-bunker, un véritable cocon entièrement informatisé et robotisé, sans qu’aucune intrusion — ni sortie — n’ait été détectée. Batman se retrouve donc à jouer au détective (je vous l'avais dit) avec, sur les bras, un cadavre « à un milliard de dollars » et une série de révélations qui vont l’amener à affronter… une cuisine et ses couteaux animés, ainsi que des calculs vertigineux laissant entrevoir l’existence d’un monde nouveau. Comme si cela ne suffisait pas, quelques pages montrent aussi le Chevalier Noir qui vient en aide à un gamin dont l’établissement scolaire pourrait bien avoir servi, autrefois, de repaire à l’Épouvantail. Tout cela tient lieu d’apéritif, car ce qui intéresse vraiment le lecteur, c’est évidemment le plat de résistance : la poursuite de l’intrigue amorcée dans le premier tome, celle qui concerne Élixir, un groupe insaisissable qui semble tirer les ficelles dans l’ombre et détenir un pouvoir considérable à Gotham. Le tout possède un petit parfum de Cour des Hiboux : ce n’est pas la première fois qu’on nous présente une menace ancienne, opérant depuis des lustres sans que personne n’ait jamais pu en identifier les membres. L’association cherche en réalité à vaincre la mort, ou, du moins, à la repousser le plus possible. Elle offre une jeunesse perpétuellement renouvelée à ceux qui collaborent. On y croise politiciens et hommes d’affaires, qui, en échange de leurs basses œuvres, se voient gratifiés de quelques années supplémentaires au compteur.

Lorsqu’on tente de remonter aux origines d’Élixir, les informations se font rares. Pourtant, Harvey Bullock, flic incorruptible aligné aux côtés du commissaire Gordon, se souvient d’avoir croisé, au début de sa carrière, quelques membres peu recommandables du groupe. L’affaire s’était d’ailleurs très mal terminée à l’époque, et il avait fallu l’intervention providentielle d’un collègue ripou pour lui sauver la mise. Aujourd’hui, les rôles s’inversent : Harvey aide Batman à remonter la piste… avant de se retrouver kidnappé puis secouru par le Chevalier Noir. Au passage, même le Pingouin se retrouve embarqué malgré lui dans cette sombre affaire. Batman doit donc sauver les meubles dans un récit où se multiplient quiproquos, scènes d’action et révélations, jusqu’à l’identité du véritable maître du jeu. Le final, hélas, se révèle un peu petit bras, presque pathétique, et sans doute pas tout à fait à la hauteur de ce que l’on pouvait espérer. Le volume se conclut sur Detective Comics #1100, un pot-pourri hommage au Chevalier Noir plutôt réussi. On y trouve notamment un épisode muet touchant, où Batman et son chien viennent en aide à un jeune garçon privé de parole dont l’animal a été kidnappé contre rançon. On découvre aussi, à travers une virée aux urgences (là où atterrissent les malfrats que le justicier tabasse régulièrement) à quel point Batman permet, chaque nuit, d’épargner des vies. Côté dessin, c’est Lee Garbett qui officie sur les épisodes réguliers : un trait efficace, une mise en page énergique et très lisible, même si certains fonds de case paraissent parfois expéditifs. Le dernier épisode bénéficie quant à lui d’un florilège d’artistes comme Mikel Janín, Álvaro Martínez Bueno ou Bill Sienkiewicz, pour des planches souvent remarquables. Ghosts of Gotham n’est peut-être pas la publication la plus indispensable de cette fin d’année chez Urban Comics, mais elle demeure une lecture très agréable. Et si vous avez apprécié le premier tome, il y a toutes les chances que ce second volet soit fait pour vous.
Le tome 1 est chroniqué ici

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