Fougeret, une porte vers l’au-delà • Cédric Gautier et Sébastien Mahé

Par Bénédicte

Éditions Marabout, 2025 (244 pages)

Ma note : 13/20

Quatrième de couverture …

Il existe des lieux qui semblent nous appeler, mystérieuse voix intérieure essayant de se frayer un chemin vers notre conscience. Pourtant, bien qu’inaudible et souvent incompris, cet appel est irrésistible. Fougeret est de ceux-là.
Au cœur de la Vienne, ce château réputé comme étant le plus « hanté de France » est devenu, au fil du temps, un lieu incontournable pour les amateurs de paranormal. Médiums, explorateurs ou simples curieux s’y sont succédés, pour essayer de capter un phénomène, être le témoin d’une quelconque séance médiumnique ou se faire leur propre opinion sur ce lieu si controversé. En compagnie des auteurs, Cédric et Sébastien, poussez les portes du château à la rencontre des propriétaires, de visiteurs et de professionnels du monde de l’inexpliqué pour apprendre à connaître Fougeret et ses « Invisibles ».

La première phrase

« Il existe des lieux qui semblent nous inviter, comme si leurs pierres chuchotaient des récits anciens, comme si leur histoire attendait d’être racontée. »

Mon avis …

Enquêteurs du paranormal, Cédric Gautier et Sébastien Mahé ont posé leurs valises au château de Fougeret, un domaine médiéval bien connu des réseaux sociaux pour être (soi-disant) hanté. Fougeret, une porte vers l’au-delà retrace leur parcours et leurs questionnements. Les auteurs ne cherchent ici nullement à nous convaincre. L’objectif de cet écrit rédigé à quatre mains est plutôt d’inviter le lecteur à se questionner face à l’étrange et aux phénomènes inexpliqués, le plus important étant de mêler habilement ouverture d’esprit et une certaine forme de recul (voire de scepticisme) afin de ne pas tomber dans les extrêmes.

Vous commencez peut-être à me connaître, je suis friande de récits qui ont trait au surnaturel, à l’ésotérisme. J’ai tendance à croire certains témoignages (pas tous) que l’on peut lire ici et là, et, s’il existe des biais scientifiquement reconnus (le biais de confirmation, l’effet groupal, ou encore la paréidolie qui pousse notre cerveau à reconstruire une image familière lorsqu’il fait face à l’inconnu), certains récits intriguent et laissent à penser qu’on ne peut pas toujours tout expliquer.

Découpé en plusieurs parties, cet ouvrage nous invite à pousser les portes de Fougeret. Cédric Gautier et Sébastien Mahé prennent tour à tour la parole, partageant avec nous leurs ressentis, mais aussi le cheminement qui leur est propre. Si l’un se décrit comme étant passionné de surnaturel et à l’écoute de ses ressentis, le second se définit comme cartésien, dans une forme de scepticisme, et davantage attiré par la théorie et tous les outils technologiques destinés à obtenir des preuves face à l’inexplicable.

D’emblée, les pièces du château nous sont plutôt bien décrites. De même que leur lien avec les personnes ayant vécu dans le domaine par le passé. Cette partie descriptive reste sans doute ma préférée. Malgré l’absence de photographies, j’ai réellement eu l’impression de franchir la porte de la chambre aux échauguettes, d’entrer dans celle de la petite fille comme dans toutes les autres (la chambre des maîtres, celle de la grand-mère ou encore celle de l’huissier). Le partage de ce que chacun a pu ressentir en ces lieux (auteurs comme visiteurs) est plutôt passionnant. Le Chevalier, Alice et Félix sont également mentionnés, et si je reste sceptique face à ce qui est parfois proposé au château (je pense surtout à l’expérience du guéridon que l’on peut facilement truquer), je crois à la sincérité de certains témoignages qui ne peuvent qu’intriguer.

J’ai donc apprécié suivre les rencontres de nos auteurs, de même que le fil de leur enquête à Fougeret. Je m’attendais cependant à y trouver davantage de témoignages. C’est en effet ce que je viens chercher en me plongeant dans ce genre d’ouvrages. Je suis plus dubitative, moins intéressée, lorsqu’il est question de théories, de raisonnements mêlant science et ésotérisme (état modifié de conscience, physique quantique, univers parallèle etc.). Et il en est énormément question ici. Dans la même veine, j’avais encore moins apprécié Les murs ont-ils une histoire ? (un essai rédigé par Véronique Geffroy, la propriétaire de Fougeret). Disons que je lui avais largement préféré Les invisibles de Fougeret, davantage tourné vers cet aspect témoignage que je recherche. Véronique Geffroy nous y décrit toutes les étapes qu’elle a pu vivre, de l’achat du château jusqu’à son ouverture au public, en passant par sa confrontation aux premiers phénomènes inexpliqués.

Fougeret, une porte vers l’au-delà reste une porte d’entrée intéressante pour qui souhaite découvrir le château et une partie de son histoire. Cet écrit permet de même de rencontrer Cédric Gautier et Sébastien Mahé qui partagent, sur les réseaux, des vidéos de leurs enquêtes.

Pour celles et ceux qui s’attendent à du sensationnel ou qui connaissent déjà Fougeret, il y aura sans doute des redites. Vous risquez donc d’être plutôt déçu(e). Cet écrit a en tout cas le mérite d’ouvrir la réflexion, et de laisser place aux opinions variées.

Extraits …

« Fougeret, avec ses récits d’enfants malades, de soldats blessés, de femmes enfermées, de drames familiaux, pourrait bien s’ancrer dans ce réseau mondial de lieux où l’intensité de la vie a laissé des cicatrices vibratoires. Ces cicatrices, comme les cicatrices du corps, peuvent se réveiller, se rouvrir ou appeler à être entendues. En définitive, si certaines constructions – qu’elles soient sacrées ou maudites – semblent capter l’invisible, ce n’est peut-être pas un hasard. »