Héroïne
Dot Pierson
Éditions Abstractions
Roman
250 p., 17,99 €
EAN 9782492867774
Paru le 12/09/2025
Où ?
Le roman est situé, au fil des tournées et des amours un peu partout dans le monde, mais commence à Paris et se termine au Cap Ferret.
Quand ?
L’action se déroule de nos jours, avec des retours en arrière sur près d’un siècle.
Ce qu’en dit l’éditeur
C’est l’histoire d’Anna, une femme de quatre-vingt-neuf ans, ancienne gloire de la chanson et du cinéma au caractère volcanique. Un beau jour, celle-ci fait une mauvaise chute et se retrouve avec le col du fémur cassé. Cette diva, aux sept maris et deux enfants qu’elle déteste, est obligée d’aller vivre en Ehpad le temps de sa convalescence. Tout bascule quand on lui apprend qu’elle est malade et qu’il ne lui reste que peu de temps à vivre. Déterminée à ne pas croupir dans cet établissement, Anna va alors mettre en scène un plan pour mourir comme sa volonté l’entend.
Comment tirer sa révérence quand on a toujours eu le désir de vivre encore plus fort ? Avec son roman Héroïne, Dot Pierson met en lumière la soif d’absolu d’Anna, et compose le portrait d’une femme de la transgression, aussi féroce qu’émouvante.
Les critiques
Babelio
Bande-annonce du roman
Dot Pierson présente « Héroïne » © Production Éditions Abstractions
Les premières pages du livre
« CHAPITRE 1
« Norma », « Casta Diva » — Acte 1 — Bellini
Du plus loin qu’elle se souvienne, c’est sans doute elle qu’Anna avait préféré interpréter. Le film avait fait un flop : à peine quelques milliers de spectateurs avaient accepté de faire le déplacement pour la voir dans son plus beau rôle.
Norma, Casta Diva jouait dans ses écouteurs alors qu’elle marchait dans la rue de Rennes. Acte 1. Cette chanson qu’elle avait mis tant de temps à apprendre à chanter, mimant à la perfection les attitudes de la grande Maria, devint la bande-son de sa chute.
La grandiloquence musicale de l’instant n’avait d’égal que celle du drame qui se déroulait.
Cela faisait un an que Diego était décédé, et pourtant son premier geste fut celui de chercher son téléphone pour l’appeler au secours. Elle venait de basculer en avant, comme si plus rien ne la retenait en arrière. Anna s’était effondrée de tout son long sur l’asphalte chaud de cette journée d’été parisienne. Le trottoir était brûlant et lui dévora les mains, qui avaient tenté, en vain, d’amortir son destin. Elle portait une robe Valentino en taffetas trop épaisse pour la saison, mais certainement pas trop dramatique pour le moment. Sa tenue s’épanouit par terre et composa une flaque orange du meilleur goût sur tout ce triste gris. Le soleil renforça l’éclat de l’instant. Les yeux plissés, elle avait du mal à voir avec précision les visages de ceux qui s’étaient précipités pour aider. Quelques masses sombres dansaient devant elle en lui posant mille questions auxquelles elle n’avait pas de réponses pour le moment.
Elle fouilla donc frénétiquement dans le tissu pour trouver le précieux sésame qui lui ferait entendre son paradis perdu.
Il était tellement partout depuis qu’il n’était plus la. Sa peau, ses mains, le parfum de sa nuque à la naissance de ses cheveux. Elle avait frotté son propre corps pendant des heures depuis qu’il était parti, mais l’effluve était resté. Son odeur ne lavait jamais quittée, elle avait imprégné son corps.
Alors mon Diego, mon tout beau, ça y est, tu as eu ce que tu voulais ? Tu es rassuré ? Est-ce que de là où tu es ta peau te reproche d’être parti ? Arrives-tu à dormir en paix ? Sais-tu où mettre tes bras maintenant que tu ne me tiens plus dedans ? Qu’est-ce que tu leur dis ? Qu’est-ce que tu dis à tes mains qui te demandent ce que tu as foutu ? Qu est-ce que tu leur dis quand elles te demandent comment tu as pu partir ? Qu’est-ce que tu as fait Diego ? Mais tu sais quoi, je m’en fous moi, maintenant, de toi. J’ai repris du poil de la bête. Le « minotaure-même-pas-mort » ne courbera plus jamais d’échine, même sous tes fourches caudines, Tu ne me fais plus rien Diego. Plus rien. Je suis revenu du diable Vauvert. Ton diable au corps, c’est du passé. Tu es mort et bien enterré.
Une sirène. Beaucoup de bruit pour rien. Anna n’aimait pas se donner en ce genre de spectacle. Elle aimait les lumières artificielles, les scènes en bois et les clairs-obscurs. Anna voulait qu’on la mette en scène, pas qu’on en fasse une. Elle avait glissé comme n’importe qui empêtré dans une vie pleine de vide.
C’est que le rien, ça prend de la place, ça t’enlace et ça t’enserre. Ça te prend aux chevilles et ça te fait un croche-patte. Mais nul n’échappe à son destin, nul ne retourne la scène, nul ne choisit la fin.
La gorge sèche et les mains moites.
Et puis tout lui était revenu en pleine face : sa salive, son corps, sa façon qu’il avait de l’avaler avec sa bouche, son sexe et puis son cul Mais aussi les heures d’attente, les mois. Les hôpitaux, la charité mal ordonnée. L’éternité.
Ils s’étaient approchés au plus près. Ils lui avaient demandé son prénom et son nom. Ils avaient cru qu’elle faisait un AVC : forcément, « Anna Anna », ça porte à confusion sur sa propre élocution. Et puis, lun d’entre eux s’était écrié qu’il savait de qui il s’agissait, qui elle était. Sa grand-mère était une grande admiratrice, paraît-il. Connard.
Quelques prises de tension plus tard, ils continuaient à l’interroger, et puis un rideau tomba. Anna pensa que c’était sans doute le dernier.
Elle eut envie de s’applaudir elle-même, mais elle n’arriva même pas à joindre ses deux mains. Qui allait donc prier pour elle ?
La douleur. Forte, puissante, tenace. Une douleur sans égale. Quoiqu’à la réflexion, si Il y avait bien eu ses deux accouchements. Ça, ça lui avait vraiment fait mal On dit que les femmes oublient parce qu’elles sont terriblement heureuses d’accueillir leur petit et que leur cerveau est ainsi fait : il préférerait la perte de mémoire pour continuer à servir l’humanite. Tout cela est totalement faux. La souffrance est terrible et terrifiante. Elle a bien pensé y passer à chaque fois et elle s’en rappelait, comme de sa première épisiotomie. Celle-ci, de douleur, état vive, radiante et se situait dans le bassin aussi État-elle en train de mettre bas une fois de plus ? À quatre-vingt-neuf ans, pourquoi pas ? Elle était bien tombée enceinte par la volonté du Saint-Esprit, selon son gynécologue, à quarante et un et quarante-six ans. La « sainte verge ». C’est ainsi qu’elle aimait nommer le sexe d’Octave. « Grossesse gériatrique », qu’on lui avait dit. Elle en avait l’âge à présent Cela serait logique. Et puis Diego aurait bien été capable de l’engrosser de là-haut. Lui. Il n’y avait pas que sa verge qui était sainte. Mais non, l’infirmière qui s’affairait autour d’elle ne lui confirma pas qu’elle était en train de défier les règles de la conception, aussi immaculée soit-elle. Elle s’approcha et lui articula ces trois mots, qui lui mirent un coup de bambou immédiat sur la nuque — on achève bien les chevaux :
« Col.
Du.
Fémur. »
Et merde, elle était devenue vieille.
Ils s’échinaient à la manipuler dans tous les sens et ça, Anna n’appréciait pas. Elle n’aimait pas être bousculée, Anna. Elle aimait prendre le temps, c’est-à-dire le sien. Elle aimait faire les choses à sa manière. Et puis elle avait mal et pour elle, c’était encore pire. L’épreuve de la douleur physique ne faisait pas partie de son univers. Elle la rejetait en bloc. Elle n’aurait pas été une bonne martyre.
Le toubib lui demanda ce qu’elle faisait dans la vie pour occuper ses Journées.
Occuper ses journées… Comme si passé un certain âge, on devait obligatoirement trouver le temps long et qu’on devait à tout prix le remplir par l’accomplissement de basses tâches que seules les personnes matures, pour ne pas dire décrépites, avaient la lourde pénitence de réaliser, et ce, afin d’éviter à la jeunesse de s’inquiéter pour elles.
Mamie s’occupe des fleurs, Papy bricole. La faucille et le marteau, l’une pour le jardin et l’autre pour l’établi. L’ancienne Union des travailleurs communistes comme étendard des grabataires avec, comme manifeste, l’abolition de la propriété de soi en général, enlevant la capacité à conserver le pouvoir sur soi-même, en asservissant les vieux à grand renfort de cette obligation dégueulasse de non-travail.
Le bagne des vacances forcées.
Non, doc ! Sachez qu’Anna était toujours en activité et plus que jamais ! Elle travaillait encore. C’est-a-dire qu’elle gagnait son argent.
Elle avait commencé jeune.
Il fallait bien bouffer.
Vingt et un ans et le cabaret à bout de cœur et d’âme. Le Chat noir sur la butte et d’autres encore. Et puis la chanson, un disque ou deux, le cinéma bien sûr, les spectacles toujours et un drame, forcément. Son cinquième mari, Tommaso, un superbe Italien coupeur de feu et guérisseur, décéda brutalement en se faisant rouler dessus pat un train. Il avait la belle habitude de faire des balades le long de la voie ferrée. Un jour qu’il marchait sans se préoccuper d’autre chose que de ses pensées, il n’entendit pas la locomotive jouer du Klaxon. Le conducteur ne put l’arrêter à temps. Son beau Tommaso se vit avalé sous les roues. L’enterrement fut l’un des plus réussis qu’Anna avait organisés. Quelques jours après celui-ci, elle entendit des bruits. Puis, elle vit des formes. Enfin, elle sentit des odeurs Ses sens se développèrent au fur et à mesure que ceux de son ancien amant décrépissaient sous la tonne de terre qui l’ensevelissait à présent. Ses dons semblaient avoir déteint sur sa veuve.
En effet, Anna devint médium.
Force est de constater que le médecin ne vit pas son métier d’un bon œil. Pour lui, l’avenir ne se lisait que dans les probabilités, et celles qu’elle avait de guérir rapidement étaient quasi nulles. Il lui établit une longue liste de traitements à subir : médicamenteux pour diminuer les douleurs et les inflammations, puis chirurgical avec la pose de broches, d’une plaque vissée, d’un fixateur externe, voire d’une prothèse — évidemment orthopédique -, et enfin physique, avec un peu de kinésithérapie et de physiothérapie. Elle avait le droit à la totale : entrée, plat, dessert, café, pousse-café.
Cela étant dit, elle décida de se lever tant bien que mal et de retourner chez elle, mais le bon docteur l’arrêta dans son élan : elle devait être raccompagnée et un simple VTC ne suffirait pas à sa peine.
C’est là qu’elle dut faire la liste des personnes qui pourraient convenir au corps médical afin que celui-ci foute la paix au sien. Ses amis avaient eu la mauvaise idée de s’exiler au soleil pour recolorer leur peau bien trop pâlie par des dizaines d’années de nuits sans sommeil. Le bon temps d’alors.
Elle les voyait peu mais bien. La qualité avant la quantité. Sauf que, pour son affaire, elle en était bien embêtée. Elle pensa alors à ses voisins. Mais en plein été, ils avaient préféré partir s’ombrager ailleurs que dans la fournaise parisienne.
Il ne restait plus grand monde sur l’inventaire de ses possibles.
— Vous avez de la famille peut-être ?
Celui qui composait son cercle le plus proche avait eu le mauvais goût de ne plus pouvoir revenir. Il lui restait bien ses enfants.
Isabella, sa cadette, vivait avec un homme sans panache dans une lointaine banlieue. Elle ne travaillait pas. Elle élevait ses enfants.
Cléon avait maintenant vingt-huit ans et Adonie vingt-cinq.
Et, malgré tout, elle continuait à ne pas en foutre une. De toute évidence, elle l’avait ratée, tout comme son frère, dont Anna n’avait aucune envie de se rappeler a quel point il la décevait au quotidien, mais qui, heureusement, vivait au Pays basque. Bien trop loin pour pouvoir venir soulager l’angoisse d’abandon du traitant. Anna comprit qu’elle ne pouvait pas échapper à l’appel téléphonique.
Il lui fallait contacter sa fille si elle voulait, un jour, pouvoir sortir de cet enfer de javel et de naphtaline.
Alors elle composa son numéro.
La voix sucrée de sa descendante lui donna un haut-le-cœur. Entendre Isabella, c’était dégoulinant, mielleux, sirupeux, doucereux.
Bref, odieux.
Évidemment, Isabella s’inquiéta.
Forcément, elle se dépêcha de passer la lanière de son petit sac en bambou tressé autour de ses jolis cheveux lissés. Elle enfila ses ballerines et fila dans sa voiture hybride. Elle alluma le contact et pria pour qu’Anna ne soit pas trop en souffrance.
Isabella était une sainte.
Tout le contraire de sa mère.
Quand elle arriva, ses joues étaient rosies par l’angoisse et l’empressement. Anna lui reconnut du charme Beaucoup. Elle le devait à ses parents, enfin pas tant que cl: à son père. Octave était bel homme mais moins qu’Anna n’était sublime femme.
Dieu qu’elle était gentille et affairée, comme elle plaisait à l’équipe médicale lorsqu’elle prenait note de toutes leurs indications concernant les mesures à prendre !
Au bout de plusieurs dizaines de minutes de conversation qui n’intéressaient en rien Anna, une phrase traversa les lèvres d’un des protagonistes et revint comme un boomerang dans ses oreilles :
— L’Ehpad, il faudrait y songer. »
Extraits
« Elle, qui se voulait libre et volage, finit cependant par se marier avec lui. Elle eut envie d’être une belle-de-jour durant plus longtemps qu’une passe. Cela dura donc six mois.
Après cela, elle décida de mépriser les conventions et enchaîna les amants comme les succès musicaux, qui lui rapportèrent assez pour acheter une maisonnette au cap Ferret. Elle était tombée amoureuse de cette jolie petite presqu’île de dix villages pendant un week-end avec son premier mari, et s’était promis d’y habiter un jour. Sans pouvoir y vivre, car trop éloignée de la ferveur parisienne, elle souhaitait y installer sa résidence secondaire. » p. 38
« Cinq ans plus tard, naquit Isabella. Une fois de plus, ce fut une erreur et une douleur. Le miracle avait décidé de revenir frapper à la porte du cœur maternel d’Anna, toujours aussi peu enclin à s’ouvrir. Elle portait beau ses quarante-six ans et décida sur-le-champ de ne pas garder l’enfant. Mais la vie n’en faisant qu’à sa tête, la petite resta bien accrochée, pour de multiples raisons que celle d’Anna ne put négocier. Alexandre, fort heureusement, n’était pas un gamin pénible et la petite fut un bébé calme, presque effacé. Tant et si bien que les nourrices avaient parfois tendance à l’oublier. Il arrivait même qu’on appelle à la maison pour demander qu’on récupère le nourrisson, qui était resté posé près d’une caisse enregistreuse ou d’un bac à légumes.
La carrière d’Anna était de plus en plus en berne lorsque Octave mourut d’une overdose.
Quelques semaines après l’enterrement, elle rentra en studio pour enregistrer un album de disco. Ce fut un succès. » p. 64
« Ils n’étaient restés mariés que six mois, mais leur amitié continuait dans le temps.
Il avait donc tout d’abord vécu la rencontre avec Marcelin, le troisième épousé, marin pêcheur rencontré au cap Ferret. Celui-ci lui avait succédé peu de temps, car il était mort en mer l’année qui avait suivi leur union. Puis il y avait eu Octave, le père toxicomane de sa progéniture. Jean avait d’ailleurs été là à l’enterrement de ce dernier. De son côté, 1l était tombé follement amoureux d’Hélène, avec qui il avait eu quatre magnifiques enfants et une relation toujours plus tendre et complice.
Anna avait détesté cette femme dès la première seconde. Jean avait adoré la jalousie d’Anna dès la première minute. Cela lui plaisait qu’elle n’aime pas sa compagne — c’était l’assurance qu’elle avait encore un regain de possessivité à son égard. Il le garda pour lui, comme un secret que l’on chérit.
Quelques années plus tard, il n’avait pas bien compris pourquoi elle s’était éprise du coupeur de feu, qui ne correspondait en rien à ce qu’il savait d’elle, mais il dut reconnaître que la reconversion professionnelle qui suivit le rassura un peu, car il avait peur qu’Anna finisse par déprimer sans un travail qui la passionnerait. Il n’était pas convaincu par ses dons de médiumnité, même s’il avait été étonné par les quelques prédictions qu’elle avait énoncées.
Lorsque Tommaso décéda, écrasé par un train, il s’était dit que la mort accompagnait souvent les maris d’Anna, et il fut content que leur divorce ait été prononcé rapidement. » p. 89
« Lorsqu’elle rouvrit les volets et les fenêtres de sa villa, elle reconnut les odeurs, les couleurs, les sensations. Elle décida de changer toute la décoration et cassa même quelques murs. Au décès d’Octave, elle fit à même chose, ainsi qu’à celui de Tommaso.
À l’intérieur, c’était devenu un véritable petit manifeste de l’intime : au sein de son intérieur, d’une beauté précise et désordonnée, se cachaient quelques détails vivants et imparfaits. Une collection de théières, une passion pour les gris-gris et un amoncellement de livres et de disques révélaient toute la frénésie compulsive d’Anna pour l’accumulation. Des affiches de ses films se battaient avec des disques d’or accrochés aux murs. Des photos de lui et d’eux deux partout, car lorsque Diego mourut, elle ne voulut rien changer et tout resta figé. » p. 107
« — Non. Je ne mourrai pas ici. Je l’ai toujours dit. Je ne veux pas d’une mort comme ça. Dans un endroit pareil, qui pue le vieux, qui sent le désespoir, qui imagine la vie comme une perpétuelle activité thérapeutique à la con faite par des soignants qui n’en ont rien à foutre car eux n’ont de la mort qu’une vague idée conceptuelle du « ça sera pour plus tard ». J’ai toujours vécu avec panache, je ne crèverai pas sans être digne. Je veux la choisir, ma mort. Je veux la mettre en scène. Je veux qu’elle soit grandiose et mémorable. Je veux qu’on se souvienne de moi jusqu’à ma façon de rendre l’âme. J’ai joué la Callas, merde ! Je mourrai comme elle ! Je veux me suicider ! explosa Anna.
— Elle ne s’est pas suicidée, répondit Keyla.
— Bien sûr que si! Parce qu’elle était dévastée d’avoir perdu sa voix et son amour, le bel Aristote, rectifia la presque nonagénaire.
— Non, elle avait une dermatomyosite, insista-t-elle.
— Mais qu’est-ce que tu en sais toi, tu ne vois même pas de qui je parle, cracha Anna. » p. 134
« Anna avait été une femme affolante qui n’avait d’autre velléité que celle de profiter de tout : des corps, des expériences, des chemins de traverse.
Elle voulait tout posséder, tout ressentir, tout réaliser, tout expérimenter. Elle avait tout cramé par les deux bouts, chandelle comprise. Anna aimait l’alcool mondain et la drogue quotidienne.
Cela avait commencé avec le photographe, ensuite lors de soirées, puis la journée, et enfin ce fut routinier. Elle avait commencé par de la cocaïne, puis elle était passée à d’autres substances avant de faire un détour vers le LSD et l’héroïne mais cette dernière lui était trop violente. Anna ne voulait pas mourir, mais elle désirait s’en prendre à la mort, faire de celle-ci une ennemie visible.
Elle voulait continuer à vivre en faisant un pied de nez à sa conclusion. Elle s’engouffra donc dans ce combat, à risquer sa peau comme jamais pour se rhabiller d’elle-même. La drogue revêtit un aspect posologique. De son lever à son coucher, il fallait qu’elle s’accompagne de ses compagnes mortifères.
Le fait qu’Octave soit lui aussi toxicomane l’aida considérablement dans son désir de poursuivre dans cette voie. » p. 137
À propos de l’autrice

Dot Pierson © Photo Jean-Marie Marion
Dot Pierson est autrice, metteuse en scène et musicienne. Artiste multidisciplinaire survoltée, ses sujets de prédilection sont la féminité et l’intime, le rapport à l’autre et à soi, le corps et les relations humaines. Son écriture, viscérale et sensible, mêle humour noir, poésie et profondeur pour interroger les masques sociaux, les blessures familiales et les chemins de résilience. À la manière d’une conteuse moderne, elle convoque les voix invisibles, les archétypes et les mémoires pour faire surgir l’essentiel : une parole incarnée, libre, puissante. Après Douze : Petit précis de pornographie (Le Nouvel Attila, 2019), Dot Pierson signe son retour littéraire chez Abstractions avec Héroïne. (Source : Éditions Abstractions)
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