Titre : Le book club des cœurs solitaires

Auteur : Lucy Gilmore

Édition : Eyrolles

Genre : Contemporain / feel-good

Pages : 464

Parution : 18 septembre 2025

Parce que partager un livre, c’est échanger bien plus que de simples mots… Bibliothécaire sans histoires dans une petite ville sans histoires, Sloane Parker mène une vie tranquille faite de petits rituels, comme des antidotes à la morosité. Ainsi, c’est toujours avec impatience qu’elle guette le passage quotidien d’Arthur McLachlan, un vieux grincheux formidablement attachant qui vient chaque jour à la bibliothèque parcourir ses rayonnages, râler, se plaindre, et l’embarquer dans des joutes oratoires d’anthologie. Ses visites sont même le point d’orgue de ses journées. Lorsqu’un matin, puis le suivant, Arthur ne se présente pas, Sloane, alarmée, part à la recherche du vieil homme, finissant par le découvrir chez lui, cloué au lit… et (secrètement) ravi de la voir. Pour insuffler un peu de gaieté à la vie morose d’Arthur, Sloane crée un club de lecture improvisé réservé aux « cœurs solitaires ». Peu à peu, tous les marginaux de leur petite ville sans histoires convergent autour de ce book club pas comme les autres, où ils se découvrent une improbable complicité. Car tout le monde porte dans son coeur un livre qui lui est cher – et dans les pages duquel on peut trouver de quoi se comprendre… et de quoi aller, enfin, à la rencontre de l’autre.

Merci Eyrolles

Avec la couverture et le résumé, je pensais lire un livre qui se passait principalement dans une bibliothèque. En fait, pas du tout, mais ce livre est bien plus que ça…

Dans ce livre, nous avons plusieurs parties sur différents personnages, je ne m’y attendais pas et j’ai été agréablement surprise d’ailleurs.

Nous suivons d’abord Sloane, bibliothécaire, passionnée de livres, fiancée à un chiropracteur (que j’ai détesté), qu’elle n’aime pas vraiment. Sloane va commencer à nouer des liens avec un vieux monsieur plus que grincheux (Scrooge peut clairement se rhabiller face à Arthur McLachlan) à la bibliothèque dans laquelle elle travaille. Leurs échanges, pleins de piques, vont devenir le quotidien de la jeune femme, un rendez-vous qu’elle adore. Mais un jour, Arthur ne va plus venir à la bibliothèque et Sloane est bien décidée à se rendre chez le vieux monsieur pour voir s’il va bien. À cause de ça, elle va perdre son emploi à la bibliothèque, mais elle va rester auprès d’Arthur qui a eu des problèmes de santé et qui est seul. Officiellement, elle reste pour trier les milliers de livres de cet ancien prof de littérature, officieusement, elle reste en tant qu’aide-soignante pour être certaine que tout va bien pour elle.

Va très vite se greffer à ce duo, la voisine, Maisy, une quarantenaire qui est un peu médium, qui d’ailleurs en a fait son métier, en réalité, elle est surtout très à l’écoute et à une forte intuition. Maisy à une fille qu’elle ne voit qu’un week-end par moi avec laquelle les relations sont très tendues. Maisy est finalement aussi seule qu’Arthur, alors elle est ravie de pouvoir faire à manger pour ce duo un peu étrange. Elle va de plus en plus se greffer à Arthur et Sloane, passant son temps libre chez le vieil homme.

Viens ensuite Greg, le petit-fils d’Arthur, avec qui il a très peu de lien. Mais il a fait une promesse à sa mère avant son décès alors quand il a reçu un appel de l’hôpital, il a tout lâché pour venir. Sauf que Greg n’arrive pas à franchir la porte de son grand-père, il reste dans sa voiture, à l’autre côté de la rue, à observer, jusqu’à ce que Maisy vienne le chercher et le fasse rentrer chez son grand-père.

Le dernier à rejoindre cet étrange groupe, c’est Mateo, l’ancien collègue de Sloane. Officiellement, il est invité à les rejoindre pour le book club, créé juste pour son arrivée, officieusement, il faut qu’Arthur ait un infirmier certifié pour s’occuper de lui.

Tous ces membres du club, ont leur histoire, leurs failles, leurs difficultés et grâce à leur point de vue, nous allons les connaître un peu plus chacun.

Si j’avais su que ma maison allait se transformer en décor de roman de Jojo Moyes, je les aurais laissés me mettre en maison de retraite dès le départ.

Difficile de choisir un des personnages de cette histoire que j’ai le plus apprécié, à dire vrai, je les ai vraiment tous aimés. Ils ont tous de grosses blessures qui les ont conduits à une certaine forme de solitude. Ils sont tous plus ou moins refermés sur eux-mêmes, ne se laissant pas approcher facilement.

Sloane à du mal à faire le deuil de sa sœur, de qui elle était très proche, même si cela fait des années, elle ne s’autorise pas complètement à vivre, elle survit, enfin jusqu’à sa rencontre avec Arthur. Elle est passionnée de livres, pour elle c’est un refuge, des mots qui font du bien, qui aident à s’exprimer. J’ai eu du mal avec sa relation avec son chiropracteur que j’ai eu envie de secouer à plusieurs reprises, un peu comme sa famille à lui d’ailleurs. Elle n’est pas aimée et respectée à sa juste valeur, mais plus parce qu’elle est « stable », toujours d’humeur égale, ne dit jamais rien. J’ai aimé la voir sortir de son cocon, s’épanouir et apprendre à se défendre et s’exprimer, principalement grâce à Arthur. Une jolie métamorphose pour cette héroïne vraiment très attachante.

Arthur, ce vieux grincheux, son point de vue n’arrive qu’à la fin du livre, c’est là qu’on voit vraiment ce qu’il cache derrière ces piques incessantes et sa façon d’être méchant avec les autres. Arthur n’a pas eu une vie facile, il a aimé, il a fait des erreurs. Il vit beaucoup dans les regrets, dans le manque d’amour et la solitude, plus il vit seul, plus il écarte les autres. Il m’a beaucoup touché, malgré le fait qu’il râle tout le temps et qu’il soit très condescendant, on voit qu’il aime être entouré. Il a finalement laissé ce petit groupe installer leurs réunions quotidiennes dans son salon. Ils font un peu comme chez eux, au plus grand bonheur d’Arthur, même s’il ne l’admet jamais. Son histoire m’a touchée et j’ai beaucoup aimé ce personnage.

« Scrogneugneu » Scrogneugneu, non masculin : manière qu’ont les vieillards irascibles qui savent qu’ils ont tort d’éviter de l’admettre.

Greg, le petit-fils d’Arthur, ce grand-père qu’il n’a quasiment jamais vu, brouillé avec sa mère depuis qu’elle l’attendait. Greg est en plein deuil de sa maman, et va devoir apprivoiser ce grand-père acariâtre. Mais le tempérament d’Arthur, s’est transmis de génération en génération. Sa mère était aussi comme ça, c’est pour ça qu’elle a claqué la porte et n’est jamais revenu. Greg aussi est comme ça, mais il ne peut pas se le permettre, trop de rage et de colère en lui pour sa taille et sa carrure impressionnante, il ferait fuir tout le monde. Alors sa mère lui a appris très tôt à rester calme et mesuré. Il est aussi très touchant ce personnage, on a l’impression qu’il ne sait jamais où est sa place, qu’il ne sait pas quoi faire de cette carrure imposante qui avait effrayé Sloane à leur première rencontre.

Mateo, le collègue de Sloane qui fuyait dès qu’il apercevait Arthur dans la bibliothèque. Mateo a, lui aussi, des difficultés à dire ce qu’il pense, surtout à dire qu’il aime. Presque un an qu’il est avec son conjoint qui est juste incroyable, mais il n’arrive pas à exprimer ses sentiments. Une mère trop voyante, trop exubérante, trop aimante. Il a été toute sa vie étouffée par cette maman qui pourtant l’aime de tout son cœur.

Personne ne dit rien. La solitude nous touchait tous d’un peu trop près.

C’est un livre qui aborde beaucoup de sujets difficiles grâce à sa multitude de personnages et donc de profils différents.

Le thème principal, pour moi, c’est quand même la solitude, elle est présente d’une façon ou d’une autre chez tous les personnages.

Il y a bien d’autres sujets abordés également, comme la maladie, le deuil, ils sont tous très bien abordés avec justesse, douceur et bienveillance.

Bien sûr, les livres ont une grande place dans cette histoire, tout au long de l’histoire d’ailleurs. C’est ce qui va rapprocher les protagonistes dès le départ, Arthur et Sloane vont se rapprocher en parlant littérature. Puis il y a ce club de lecture un peu particulier, qui regroupe plein de profils différents, mais qui va à nouveau rapprocher tous les protagonistes, peu importe leur niveau de lecture et de culture.

L’autrice fait référence à beaucoup de classiques, elle cite beaucoup de citations et certains classiques ont une place très importante dans l’histoire. Alors même si effectivement, nous ne sommes peu dans la bibliothèque, les livres et l’amour des livres ont une place très importante dans l’histoire.

Personne au sein du groupe de lecture ne frappait jamais. Tous entraient et sortaient de ma maison comme s’ils étaient chez eux ; ils dormaient et mangeaient là, réorganisaient l’espace à leur guise. Les cochons sauvages avaient plus de matières.

J’ai adoré ce roman choral qui, certes, ne se passe pas dans une bibliothèque comme je le croyais, mais qui est bien plus que ça. Cette histoire, c’est l’histoire de personnages écorchés par la vie, qui ont tous un point commun, la solitude. Elle ne se présente pas de la même façon pour tous, mais elle est bien là, parfois visible, parfois tapi dans l’ombre. J’ai trouvé les personnages tout aussi attachants les uns que les autres. Je ne m’attendais pas à avoir une partie sur chaque personnage avec le point de vue de chacun sur quelques chapitres et c’est une très bonne surprise. Ces différentes parties nous permettent de mieux comprendre leurs failles, leurs blessures, leurs difficultés de communication. Parce que ça, c’est un autre point commun entre eux, mais heureusement, les livres sont là pour les unir et les réunir chez Arthur. Dans cette histoire, les livres et les mots ont une très grande importante. Ils aident à exprimer les sentiments des héros, à l’aide de citation prise dans les grands classiques de la littérature. D’ailleurs, l’autrice nous parle beaucoup des grands classiques, cette histoire est clairement une ode à la littérature. Mais cette histoire, c’est surtout, de l’humanité, de l’amitié, de l’amour et beaucoup de douceur. J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce livre qui m’a fait du bien au cœur et à l’âme, je suis un peu triste d’avoir laissé derrière moi tous ces adorables personnages.