À lire au crépuscule (et autres histoires de fantômes) • Charles Dickens

Par Bénédicte

Éditions Folio, 2025 (112 pages)

Ma note : 12/20

Quatrième de couverture …

Une jeune mariée disparaît mystérieusement, un esprit frappeur s’amuse dans le ventre de sa victime, un homme assassiné assiste au procès de son meurtrier… Quatre nouvelles grinçantes où Dickens mêle habilement angoisse et insolite, non sans une touche de malice.

La première phrase

« Un… deux… trois… quatre… cinq. Ils étaient cinq.
Cinq guides de montagne, assis sur un banc, devant le couvent bâti au sommet du Grand-Saint-Bernard, dans les Alpes suisses, contemplaient au loin les pics qui s’empourpraient dans le soleil couchant : on aurait dit que l’on avait déversé sur les cimes un flot de vin rouge que la neige n’avait pas encore eu le temps d’absorber. »

Mon avis …

À lire au crépuscule rassemble quatre nouvelles mettant en scène des fantômes : À lire au crépuscule, La chambre de la mariée, Esprits frappeurs authentiques et Le procès pour meurtre. Je suis toujours friande de récits mêlant fantastique et surnaturel. Aussi, c’est avec enthousiasme que je me suis lancée dans cette lecture que je trouve parfaite pour la saison.

Ce court recueil à la qualité inégale signe mes retrouvailles avec la plume de Charles Dickens. En 2015, De grandes espérances me laissait sur un ressenti mi-figue, mi-raisin. Il me tardait donc de découvrir un autre écrit de ce grand auteur victorien, dans l’espoir de me trouver davantage conquise.

À lire au crépuscule

Direction les Alpes suisses où nous assistons à une discussion entre des guides de haute montagne. Pour se divertir, nos protagonistes se racontent des histoires destinées à déclencher quelques sueurs froides. Il est notamment question d’une jeune épouse, terrifiée par un visage aperçu au cours d’un cauchemar récurrent. L’apparition, vêtue de noir et portant la moustache, fixe notre héroïne d’un regard obsédant. Plutôt déroutant, non ?
J’ai beaucoup aimé cette nouvelle pour son atmosphère inquiétante. On se demande forcément si l’héroïne souffre d’un trouble quelconque ou si ses angoisses sont justifiées. Je regrette uniquement la brièveté du récit qui dessert, selon moi, la montée en tension que l’on s’attendrait ici à retrouver.

La chambre de la mariée

Cette nouvelle nous conte l’histoire d’un couple. Le mari n’espérait rien si ce n’est mettre la main sur la dot de sa fiancée. L’épouse semble quant à elle délaissée et malheureuse. Un évènement inattendu risque bien de rebattre les cartes.
J’ai peu apprécié ce récit dont j’ai déjà oublié les tenants et aboutissants, je dois l’avouer.

Esprits frappeurs authentiques

Cette troisième histoire nous fait rencontrer un écrivain qui semble subir ce que l’on pourrait appeler une possession. Il se réveille un matin avec l’étrange sensation qu’on lui assène des coups sur le front. S’engage alors un semblant de discussion entre le narrateur et l’entité, le tout non sans un fond de loufoquerie.
Charles Dickens semble faire preuve d’un certain humour, jouant ici sur l’absurde. J’ai cependant peu apprécié cette nouvelle plutôt étrange. Elle ne me restera pas franchement en mémoire.

Le procès pour meurtre

Après avoir aperçu deux hommes se poursuivre de sa fenêtre, quelle n’est pas la surprise du narrateur de reconnaître l’un des passants dans un contexte bien particulier : il se retrouve ici convoqué en tant que juré à un procès pour meurtre ! Le fantôme de la victime souffle quelques réponses, espérant voir son bourreau condamné par la justice.
J’ai plutôt apprécié ce récit, que je trouve plus approfondi que les précédents.

Malgré l’écriture élégante de Dickens, le charme n’a pas vraiment opéré. L’ensemble est bien trop court, et ne va pas assez au fond des choses, pour que l’on se délecte pleinement de cette atmosphère gothique surfant sur le surnaturel. Peut-être aurai-je plus de chance avec Un chant de Noël ? Petite, j’avais également une édition du Grillon du foyer. Je ne me rappelle pas l’intrigue, mais les gravures étaient magnifiques. Tout cela pour vous dire que je n’en ai pas tout à fait terminé avec la plume de Charles Dickens.

Extraits …

(La chambre de la mariée) « La maison avait ce charme très particulier qu’ont les maisons véritablement anciennes. Partout, ce n’était que moulures, poutres et lambris anciens. Un magistral escalier ancien menait au premier étage à une galerie, ou plutôt un palier, bordé par une curieuse balustrade de vieux chêne, ou peut-être de vieil acajou du Honduras. Aujourd’hui comme hier, et pour longtemps encore, une maison remarquablement pittoresque : quelque sombre énigme y semblait tapie sous les panneaux de vieil acajou dont les taches sombres évoquaient autant de lacs profonds (comme les lacs entre lesquels avaient poussé ces arbres) et qui, à la nuit tombée, lui donnaient un aspect fort mystérieux. »