Il y a quelques jours, j’ai eu l’occasion de découvrir une mini-série consacrée à une grande dame de la littérature anglaise : Jane Austen. Vous commencez (peut-être) à me connaître. J’apprécie plus que tout voyager dans le temps. Cette diffusion tombait de plus à pic, puisque je venais tout juste de refermer Emma. Après avoir lu et aimé les six romans les plus connus de l’autrice, il me tardait d’en apprendre davantage sur le vécu et la personnalité de Jane Austen. Miss Austen se penche ici sur le lien qui unissait Jane à Cassandra, sa sœur aînée. Cette série s’inspire du roman de Gill Hornby (dont j’ignorais tout à fait l’existence) pour aborder un mystère relié au décès de la romancière : la destruction d’une grande partie de sa correspondance.
Nous sommes en 1830. Cassandra Austen, désormais âgée d’une cinquantaine d’années, se rend chez des amis de longue date pour une mission bien précise : récupérer les lettres rédigées par sa défunte sœur avant qu’elles ne tombent entre de mauvaises mains. Ce point de départ nous permet d’effectuer des voyages dans le passé (en alternance avec des moments ancrés dans le présent) mais surtout d’explorer le lien complexe unissant les deux sœurs. Comme Jane, Cassandra n’a jamais eu d’enfants et n’a jamais véritablement vécu maritalement. En quatre épisodes, cette série nous permet d’entrer dans le quotidien des Austen, avec ses joies et ses peines.
J’ai plutôt apprécié cette mini-série qui, pour autant, ne plaira sans doute pas au plus grand monde. Le ton est feutré, intime, doux-amer. Il s’en dégage beaucoup de nostalgie et de mélancolie. Mais aussi une certaine lenteur au niveau de la narration. Pour ma part, c’est précisément ce qui fait que j’ai aimé me plonger dans cette adaptation ! Celle-ci sort des sentiers battus, et nous propose une vraie rencontre avec Jane Austen ainsi que sa sœur, Cassandra. J’ai aimé assister à leur complicité, mais aussi les voir détester leur belle-sœur (Mary Lloyd Austen). L’esprit austenien est bien sûr respecté avec, au programme, des amours contrariées, des portraits féminins évoluant dans une société où il est avant tout question d’héritage et de dot.
Les costumes, les décors, sont une fois de plus on ne peut plus soignés. J’ai aimé voyager dans cette Angleterre du XIXe siècle. Les lieux de tournage sont somptueux, tandis que l’on assiste à ce que fut sans doute le quotidien de Jane Austen, un quotidien que l’on découvre finalement assez austère, triste, solitaire, mais illuminé par l’amour et l’attachement que les Austen se portent mutuellement.
Souvent reléguée au second plan, car restée dans l’ombre, Cassandra devient ici l’héroïne de sa propre histoire avec ses douleurs, ses questionnements, mais aussi cette tendresse infinie qu’elle porte à sa sœur. J’ai trouvé Keeley Hawes touchante dans le rôle de Cassandra, on ne peut que ressentir de l’empathie à son égard tant elle se montre bienveillante, digne, mais également profondément blessée. La lecture des lettres permettra parfois de lever des secrets, ou pour Cassandra de découvrir avec surprise le regard (bien différent du sien) que pouvait porter sa sœur sur des événements de vie communs.
Je vous avoue avoir eu plus de mal avec l’actrice qui incarne Jane Austen : Patsy Ferran. Je ne m’imaginais pas du tout Jane Austen ainsi physiquement. Mais en y réfléchissant, le portrait que l’on connaît d’elle (le seul qui ait été authentifié) pourrait plus ou moins correspondre à ce qui nous est proposé. Patsy Ferran incarne en tout cas une Jane Austen qui ne prend pas de gants pour exprimer ses idées (elle se montre plutôt franche et directe), et qui semble occuper une certaine place dans la famille.
Si vous n’avez pas vu cette série, je ne peux que vous la recommander. Surtout si vous souhaitez en savoir plus sur Jane Austen et le lien qui l’unissait à sa famille. Le seul point négatif que je peux lui trouver : la multitude de personnages fait que l’on s’y perd un peu parfois. Mieux vaut rester bien concentré(e), d’autant plus avec ces allers-retours dans le temps. J’espère en tout cas que la BBC nous proposera d’autres adaptations mettant en scène de grandes figures de la littérature, ou d’autres classiques. En attendant, vous pouvez retrouver sur le blog mon avis sur plusieurs adaptations réalisées par la BBC : L’auberge de la Jamaïque ; Guerre et paix ; Au bonheur des dames (The Paradise) ; Le tour du monde en 80 jours ; La dame de Wildfell Hall ; La dame en blanc ; De grandes espérances ; La foire aux vanités ; Nord et Sud ; Parade’s end ; Jane Eyre, et bien sûr Orgueil et préjugés.