Pension Vanilos • Agatha Christie

Pension Vanilos Agatha Christie

Pension Vanilos Agatha Christie

Éditions Le livre de poche, 2023 (287 pages)

Ma note : 14/20

Quatrième de couverture …

Dans une pension de famille où logent des étudiants, quelqu’un s’amuse à commettre de menus larcins et de petits actes de malveillance. Des délits bien trop insignifiants pour prévenir la police… et bien indignes du génie d’Hercule Poirot. Pourtant, le célèbre détective belge s’interroge. Et les choses se gâtent…

La première phrase

« Hercule Poirot fronça les sourcils.
– Mademoiselle Lemon ?
– Oui, monsieur Poirot ?
– Il y a trois fautes dans cette lettre.
Le ton du détective exprimait son incrédulité. Car Mlle Lemon ne faisait jamais de fautes. Elle ignorait superbement la maladie, la fatigue, la nervosité, l’imprécision et, à plus forte raison, l’erreur. »

Mon avis …

Au 26 Hickory Road, une pension de famille qui accueille en majorité des étudiants, vols et disparitions en tout genre se succèdent et inquiètent. S’il s’agit, pour la plupart, d’objets insignifiants qui n’attirent pas la convoitise et ne nécessitent pas de prévenir la police, un sac à dos ainsi qu’une écharpe se trouvent tout de même lacérés. De quoi mettre les nerfs de Mme Vanilos, propriétaire du lieu, en pelote ! Pensez-vous, si cela finissait par se savoir, on en arriverait à un véritable scandale. De fil en aiguille les choses se gâtent, jusqu’au prétendu suicide d’une pensionnaire.

Une fois n’est pas coutume, l’intrigue s’ouvre sur une conversation entre Hercule Poirot et sa secrétaire à l’orthographe et au sens du classement irréprochables, miss Lemon. Chose hautement improbable, Felicity Lemon semble distraite. Elle finira par confier que sa sœur, Mme Hubbard, est confrontée à bien des soucis à la pension Vanilos où elle occupe une place de gouvernante. Poirot prend alors connaissance de la liste des objets dérobés : des ampoules, un escarpin, une bague de fiançailles, un tube de rouge à lèvres, un stéthoscope, un briquet, un pantalon de flanelle, de l’acide borique ou encore un livre de cuisine. Pour notre détective belge à moustaches, ces vols ont forcément un lien (même ténu) et ne sont pas le fruit du hasard. Ni une ni deux, Poirot se rend sur le champ à Hickory Road, pressentant le drame arriver.

Rapidement, la thèse du suicide est écartée. La victime ne venait-elle pas d’apparaître, quelques heures auparavant, quelque peu gênée mais tout sourire à l’idée de prochainement se marier ? Chargé de l’enquête, l’inspecteur Sharpe dresse une liste des potentiels suspects. Mme Vanilos semble cacher quelques secrets, et se montre nerveuse aux dires de son entourage. Mais un étudiant aurait très bien pu faire le coup !

Comme toujours, je suis ravie d’avoir retrouvé tout le talent de la Reine du crime qui réussit, comme à son habitude, à brouiller les pistes et à totalement me mener en bateau. J’ai cependant été moins embarquée que d’habitude. Il m’aura manqué l’humour et la maniaquerie de ce cher Hercule Poirot. Depuis quelques romans déjà, notre détective est moins mis au premier plan (même si ses petites cellules grises continuent de tourner à plein régime et ne cessent de nous épater, entendons-nous bien) ! On ressent bien que Dame Agatha se lasse de son héros à l’ego surdimensionné.

Pension Vanilos (1955) reste un bon roman policier. Les fausses pistes se multiplient, et l’on se plaît à deviner les affinités mais surtout les inimitiés des uns et des autres, toujours avec cette idée de mettre la main sur le coupable. À travers les lignes, on apprécie également rencontrer Agatha Christie. Sans doute en effet partage-t-elle son regard sur la vie et sur l’évolution de la société lorsqu’elle fait dire à l’un de ses personnages que le mariage est rarement amené à durer plus de quelques années, ou encore que la jeunesse actuelle use de stratégies farfelues dans l’espoir de tisser un lien amoureux (à entendre ici que ce n’est bien sûr plus comme avant).

J’ai d’ores et déjà hâte de poursuivre mon tour d’horizon des enquêtes de ce cher Poirot. Je les déguste comme un carré de chocolat. La prochaine fois, je lirai donc Poirot joue le jeu qui signera mes retrouvailles avec Mrs Ariadne Oliver (aperçue pour la première fois dans Cartes sur table).

Extraits …

« Poirot se leva et se mit à parler, avec son aisance naturelle. Le son de sa voix lui était toujours agréable et son exposé dura trois bons quarts d’heure. »

« Ordre et méthode, c’était depuis des années la devise du détective. Grâce à George, son parfait valet, et à miss Lemon, sa parfaite secrétaire, l’ordre et la méthode gouvernaient son existence. »