Denis Infante – Rousse ou les beaux habitants de l’univers ***

Points – 2025 – 201 pages

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« Partout sévissait sécheresse, partout terre se craquelait, partout vivants souffraient dure soif, mobiles comme immobiles, peuple de sang ou peuple de sève. »

La sécheresse s’est abattue, l’eau est devenue rare. Les êtres humains semblent avoir disparu. Les animaux souffrent de la soif et les végétaux dépérissent. Rousse est une jeune renarde à la robe flamboyante qui se risque hors de Bois de Chet, sa forêt bien-aimée, son bois natal, où elle a toujours vécu, pour se mettre en quête d’eau. Elle sent le désir d’ailleurs qui fourmille dans tout son corps.

« Et puis désir est revenu. Avancer, avancer, découvrir, apprendre. Désir est revenu, comme insidieuse faim, comme desséchante soif. »

Le roman de Denis Infante est une odyssée animale toute en fulgurances poétiques, qui me faisait de l’oeil depuis sa sortie en grand format. En l’ouvrant, ce qui m’a frappée, c’est la beauté rugueuse de la langue. Une langue surprenante, unique, amputée de certains articles. Ça m’a déstabilisée et déroutée au début et puis je me suis laissée charmer par l’atmosphère qui s’installe, je me suis alors glissée dans les pas de Rousse et j’ai cheminé à ses côtés. De cette écriture singulière, il se dégage une poésie brute et sauvage. Rousse ou les beaux habitants de l’univers, à la fois fable écologique et conte initiatique, va laisser son empreinte en moi un long moment.

« Terre est créature immense, puissante vivante, terre est guérisseuse, terre est ventre fécond de multitude de peuples. »