Il pleut sur la parade - Lucie-Anne Belgy

 Il pleut sur la parade  -   Lucie-Anne Belgy

pleut parade Lucie-Anne Belgy
Gallimard
Parution : le 21 août 2025
Pages : 256
Isbn : 9782073112651
Prix : 20.50 €
Présentation de l'éditeur
« Jonas se fichait que je ne sois pas juive et il ne croyait pas à la conversion. Pour lui, être juif n’a rien à voir avec Dieu. Il faut naître comme ça, sinon tant pis. Il disait : “Juif, ce n’est pas une religion, c’est une façon d’avoir peur, tu ne peux pas l’apprendre dans un cours du soir.” »
Jonas et Lucie s’aiment. Lui est juif, elle non, mais il promet que c’est sans importance. Pourtant, elle comprend vite que pèsent sur lui des obligations qui les dépassent tous deux et auxquelles elle va devoir s’adapter. Quand leur fils Ariel naît, toute la famille est aux anges. Mais peu après son deuxième anniversaire, il commence à se montrer brutal avec les autres enfants, plongeant peu à peu le couple dans l’isolement. Pourquoi Ariel frappe-t-il ? Que dit cette violence de son histoire et de celle de ses parents ?
L’altérité est au cœur de ce roman drôle et tendre, qui porte un regard singulier sur cette furieuse tendance des enfants à ne pas être ce qu’on veut qu’ils soient.
Lucie-Anne Belgy

pleut parade Lucie-Anne Belgy








Photo F. Mantovani © Gallimard

Mon avis
C'est un magnifique premier roman que nous propose Lucie-Anne Belgy, un roman que j'ai dévoré tellement l'écriture est fluide, dynamique, remplie d'amour, alternant l'humour et la gravité.
Ce roman c'est l'histoire d'un couple mixte, Lucie est d'origine catholique, Jonas est juif.  Ils s'aiment et malgré l'opposition du père de Jonas très religieux, ils se sont mariés et sont devenus parents d'Ariel, un petit garçon très difficile.
Ariel est très intelligent, il s'intéresse à beaucoup de choses mais il ne supporte pas le bonheur de ses potes, il se sent différent et depuis tout petit, il frappe, bouscule ses compagnons, leur gâche le plaisir.  C'est compliqué pour Lucie et Jonas qui sont obligés de faire appel à Françoise , une psychiatre pour les aider à voir plus clair.
L'origine serait-elle de leurs différences d'éducation, de passé, de religion ?  Souffrirait-t-il d'un trauma, de non-dits, du poids du passé?  Ce n'est pas tout à fait le sujet mais c'est le point d'entrée qu'a choisi Lucie-Anne pour nous raconter la complexité de la judéité, d'un mariage mixte et nous aider à comprendre.
C'est ce que j'ai aimé, découvrir le poids des traditions, l'impact de cette judéité sur leur couple, choisir une religion, c'est un peu renoncer à l'autre.  Tout commence à la naissance d'Ariel, une lignée qui s'éteint car Lucie est goy, une Shikse et pour Jonas faire des enfants c'est un devoir des survivants.
"On dit que les mariages comme ceux-là créent une deuxième Shoah.  La disparition progressive des juifs par l'amour des femmes.  Je suis l'holocauste qui transforme des spermatozoïdes juifs en enfants goys."
Complexe, viendra ensuite le choix de la circoncision ou non, avec le poids du passé, du devoir pour Jonas, et faire un choix implique forcément à Lucie de renoncer aussi à son histoire.   
J'ai aimé ce roman car il m'a permis de mieux comprendre la culture juive, des fêtes, des rites dont le sens est parfois plus profond et de voir les choses autrement pour une non initiée comme moi.  Comprendre pour mieux vivre ensemble. 
Dans ce roman il y a beaucoup d'amour, celui des parents, de la culpabilité, un problème d'identité et de trauma générationnel.  C'est plaisant car l'humour est toujours présent, un roman qui se dévore vraiment et que je vous conseille vivement. 
C'est un coup de ♥ de cette rentrée;
Les jolies phrases
Pour eux, tu seras toujours une Shikse, une goy démoniaque qui a volé un gentil juif à une gentille juive.
Ce sont les gens qui disent des choses méchantes sur les Juifs, volontairement ou non.
Jonas se fichait que je ne sois pas juive et il ne croyait pas à la conversion.  Pour lui, être juif n'a rien à voir avec Dieu.  Il faut naître comme ça, sinon tant pis.  Il disait : '"Juif, ce n'est pas une religion, c'est une façon d'avoir peur, tu ne peux pas l'apprendre dans un cours du soir." 
Jonas est une somme de choses inutiles.
De futilités merveilleuses.
Jonas voulait qu’on se soutienne. Pronom réciproque, comme on s’embrasse, comme on se parle, comme on s’aime.
Je voulais qu’il me soutienne. Pronom réfléchi. Comme je m’apitoie, comme je m’attriste, comme je m’en fous de toi.
Finalement c’est lui qui gagne. On se quitte, pronom réciproque.
Faites des gosses bizarres, vous aurez des joies simples.
La glaise d'Ariel ne vient pas des carrières, mais de l'amour d'un juif qui s'est marié contre les siens et d'une catholique fautive de mal comprendre les peurs de l'homme qu'elle a épousé et de celui qu'elle a fait naître.  La glaise d'Ariel est un bourbier de culpabilité.