Tristesse est là • Lise Desportes

Tristesse Lise Desportes

Entre les pages, un cri silencieux s’élève : celui d’une femme qui cherche à redevenir elle-même.

╰☆ Résumé ☆╮

« Je croyais que les émotions me rendaient fragile, que l,intensité ne passerait pas par moi… Je ne vivais que des émotions légères et stables. Elles me laissaient disponible pour celles des autres. Il m’était ainsi facile de répondre aux attentes classiques du rôle de femme. »

À 38 ans, Alma traverse sa vie avec optimisme et avance sur cette route toute tracée que la société lui a toujours vendue. Mais lorsque deux séparations consécutives viennent bouleverser son équilibre, une profonde tristesse l’envahit, écrasante et inattendue. Le chagrin s’accroche à elle et devient son quotidien, réveillant des peurs enfouies et une colère longtemps tue.

Ce bouleversement émotionnel l’oblige à entreprendre un voyage intérieur : panser ses blessures d’enfance, se confronter à ses conflits intimes, interroger ses relations avec les hommes et renforcer ses amitiés… mais surtout se découvrir et transformer toute cette peine en un chemin de liberté.

✿ Mon avis ✿

Date de sortie : le 25 septembre 2025

Visuellement, j’ai trouvé cette BD splendide. Une véritable voix artistique traverse ces pages. Chaque page devient un miroir des émotions humaines, oscillant entre la douleur de l’enfermement sur soi et la force de la libération. A première vue, elle peut paraître sombre à cause de la palette en noir et blanc, mais malgré cela, on y perçoit la lumière, l’espoir et la joie, autant que la tristesse, la dépression et l’angoisse.

Le récit est celui d’une femme qui réalise qu’après des années passées à incarner le couple et la famille parfaite, la mère aimante… elle ne se reconnaît plus. Elle n’arrive plus à être elle-même et se perd dans un quotidien monotone où elle se sent bloquée, prisonnière.

Elle décide alors de briser ses chaînes et de partir, de reprendre sa vie en main. Quitte à y perdre sur certains aspects — surtout financiers, puisqu’une maman monoparentale doit au final assumer bien plus de charges et de taxes que si elle partageait tout cela avec un conjoint. Mais la douleur de la séparation devient nécessaire pour qu’elle puisse se réapproprier sa vie, son corps, son esprit de femme. Pas après pas, elle s’élance dans l’inconnu, essayant de remonter la pente de la tristesse et de la dépression.

C’est un récit qui, de prime abord, n’a rien de lumineux, mais qui se révèle essentiel. Pour que les femmes sachent qu’elles ne sont pas seules à ressentir cela. Pour que les hommes comprennent ce que peut devenir un quotidien lorsqu’on ne pense qu’aux autres et plus à soi. Porter sur ses épaules la charge mentale de toute une famille est épuisant. Et quand, en plus, on se sent coupable des rares moments de liberté ou de solitude qu’on s’accorde, la descente aux enfers peut être lente, silencieuse, mais redoutablement puissante.

Je l’ai lu d’une traite et j’ai trouvé ce récit à la fois touchant et magnifiquement illustré. Une véritable œuvre d’art en bichromie.

Même si le sujet ne me concerne pas directement, certaines scènes m’ont rappelé mon propre quotidien ou m’ont fait penser à des amies. Ce n’est pas un récit isolé, mais bien une expérience que beaucoup de femmes traversent, chacune à sa manière. J’espère de tout cœur qu’elles trouveront l’aide et le courage nécessaires pour sortir de ce tourbillon, et qu’elles parviendront à s’extraire de ce bain de tristesse.

Un récit fort et universel, qui touche par sa sincérité et par sa puissance visuelle. Une œuvre nécessaire, à la fois intime et collective.

Merci aux éditions Leduc pour l’envoi de cette nouveauté. Partenariat non-rémunéré – Livre envoyé par la maison d’édition. 

 CHRONIQUE 965 – Août 2025

  • Parution : à paraitre le 25 septembre 2025
  • Editeur : Leduc Graphic
  • Nombre de pages : 128 pages
  • Genre : Témoignage/récit de vie/BD