Sombres secrets • Delphine Montariol

Par Bénédicte

Éditions Belle Époque, 2018 (188 pages)

Ma note : 13/20

Quatrième de couverture …

1890, dans un manoir de la campagne anglaise, Henry Worthington, chef de famille aussi redouté que respecté, découvre le corps sans vie de Mary, l’une de ses domestiques, morte étranglée. L’inspecteur en charge de l’affaire conclut sans délai à un crime de rôdeur. Peu convaincu par cette enquête bâclée, Henry décide d’appeler à l’aide son neveu, Stuart Spencer, fils illégitime de sa sœur Violette. Bien qu’il n’ait jamais rencontré Stuart, Henry connaît ses talents d’enquêteur. Pressentant un drame plus vaste que le seul assassinat de la bonne, Stuart prend le premier train en partance de Londres pour rejoindre le manoir familial. Le neveu rejeté se retrouve plongé en pleine réunion de famille où les tensions ne font que croître face à la détermination d’Henry de réintégrer Stuart et sa mère dans la succession. Sous la glace de la bonne société victorienne, un torrent de haine s’apprête à déferler et à détruire tous ceux qui se mettraient sur son passage.

La première phrase

« Au premier rayon du soleil, la bergeronnette déploya ses ailes et s’élança à la conquête du ciel. La campagne anglaise verdoyante, encore trempée des orages de la nuit, défilait sous ses plumes à toute vitesse. »

Mon avis …

Sombres secrets ouvre le bal d’une série de romans policiers dont l’action se déroule en pleine époque victorienne. Henry Worthington est un riche industriel, à la tête d’une illustre famille, lorsqu’il découvre le cadavre de son ancienne nurse, Mary. Sous le choc, le patriarche ne peut que constater l’incompétence de l’inspecteur de police en charge de l’enquête. Celui-ci conclut à un crime de rôdeur. L’affaire est classée, sans que rien ne soit véritablement approfondi. Henry Worthington fait donc appel à son neveu, Stuart Spencer, avec une petite idée derrière la tête. Si le jeune homme accepte de l’aider, le chef de famille lui promet de le réintégrer dans l’héritage familial (plutôt colossal). Fils illégitime de Violette, la sœur cadette d’Henry qui n’a eu d’autre choix que de s’exiler en Inde, Stuart connaît très peu cette (sa) famille qu’il n’a jamais vraiment côtoyée.

De fil en aiguille, Stuart Spencer accepte la proposition et prend le premier train quittant Londres en direction de la campagne anglaise. C’est un homme droit, intègre, ancien officier de l’armée des Indes. Malgré un accueil pour le moins glacial, il pourra compter sur le soutien de sa cousine, Elsie Worthington. Il semblerait bien que la police ait réellement fait fausse route… les semaines passant, une pluie de crimes s’abat sur le manoir ! Le coupable se pourrait-il être l’un des leurs ?

J’ai plutôt passé un bon moment en compagnie de ce whodunit à la sauce anglaise. Delphine Montariol prend le temps de poser son intrigue, et de nous présenter ses personnages. Ainsi, nous assistons ici à la rencontre entre Stuart et Elsie qui vont rapidement sympathiser avant de former un duo de choc pour enquêter. Stuart nous est présenté comme un jeune homme bien sous tous rapports, malgré un handicap de taille : une ancienne blessure lui cause d’atroces douleurs et l’oblige à se déplacer avec une canne. Elsie est quant à elle bien loin de ce que l’on pourrait attendre d’une héroïne victorienne. Grande et plutôt forte, elle se refuse à suivre le destin tout tracé de sa sœur ou de ses belles-sœurs (à savoir se marier et engendrer des héritiers). Elle est intelligente, dispose d’un fort tempérament et sait même manier le sabre !

Sur le papier, ce récit policier avait tout pour me plaire : une atmosphère so british se déroulant sous le règne de Victoria, la promesse d’une enquête à huis clos dans un somptueux manoir, ou encore la rencontre avec des personnages qui auraient très bien pu être rencontrés dans la série Downton Abbey. Sombres secrets fut une lecture distrayante. Je lirai très certainement la suite qui, si j’en crois les avis que j’ai pu lire, se montre meilleure que ce premier opus. Je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé. Les pages ont tourné à une vitesse folle. Certains passages sont bien trouvés et nous embarquent littéralement (je pense aux scènes où Elsie et Stuart prennent des risques pour confondre le tueur). J’ai en tout cas apprécié son ambiance à la Cluedo.

Néanmoins, le coup de cœur ne fut pas au rendez-vous. La faute à un nombre trop élevé de personnages, ce qui fait que l’on finit par s’y perdre dans les liens de parenté des uns et des autres. J’avais également deviné une partie du secret de famille, l’autrice nous mettant un peu trop rapidement sur la voie. Tout n’est pas parfait mais… j’ai plus qu’envie de retrouver Elsie et Stuart pour une prochaine enquête. Maintenant que j’ai enfin en tête l’arbre généalogique des Worthington, et que je dispose d’une série policière nous proposant des intrigues se déroulant dans les années 1890, hors de question que je lâche l’affaire !

Extraits …

« – Vous écoutez aux portes, cousine ?
Elsie eut un léger hoquet de contrariété. Comment osait-il la soupçonner d’un tel méfait ? D’un tel manquement aux bonnes manières les plus élémentaires ? C’était inadmissible… Vrai mais inadmissible ! »