Ma note Ma chronique « À la faveur de l’épreuve et de ses abrasions, on fait connaissance avec soi-même et ce n’est pas la plus anodine des rencontres. » Quand Cédric Sapin-Defour voit son premier roman, Son odeur après la pluie, grimper en tête des ventes, peu de gens savent qu’il vit une douloureuse expérience. Il ne pleure pas la perte de son chien Ubac, mais se bat pour aider sa compagne à surmonter l’accident survenu par un jour d’été radieux, le 12 août 2022. Passionnés de parapente, Cédric et Mathilde se sont élancés depuis un sommet du Haut-Adige dans le ciel de la province de Bolzano. Mais brusquement Mathilde disparaît et Cédric ne voit plus que la toile du parapente en contrebas. Elle ne répond ni à la radio, ni à son portable. Commence alors une très longue attente. Les secours sont prévenus et l’hélicoptère se dirige vers les lieux de l’accident tandis que Cédric, qui a atterri en urgence en contrebas, tente de regrimper vers sa compagne. Il ne le sait pas encore, mais les minutes d’incertitude qui suivent marquent le début d’une année de lutte et de reconstruction. Car la seule information sûre, c’est que Mathilde est en vie, qu’il est trop tôt pour se prononcer plus avant. « À midi cinq et des poussières, tu es née. Tu as crié fort et sans réserve, âgée d’une seconde, cela ravit les grands. » Où les étoiles tombent Version audio « Où les étoiles tombent » lu par Samuel Charle Où ? Quand ? Ce qu’en dit l’éditeur Les critiques Les premières pages du livre J-8363 J-6218 J-5832 J-3826 J-2575 J-1856 J-29 J-1 Nous sommes sortis du fourgon, cette idée en tête, sept mois que nous vivions dans les dix-sept mètres cubes d’un Fiat Ducato et le monde n’avait jamais été aussi vaste. Nous menions la vie dont nous rêvions, nous errions dans les montagnes d’Europe à chercher ce que nous n’avions pas. Nous n’habitions nulle part, nous traversions. Partout nous ne faisions que passer, ce qui est assez lâche mais fiable en matière de bonheur. Nous allions de découverte en découverte, de petite chose en petite chose, une attirance farouche pour ces endroits où il n’y a rien à voir. Un classique pour un couple au mitan confortable de sa vie qui entreprend l’inventaire de ses richesses et de ses manques et parvient à la conclusion que les seules fortunes valables sont le temps et la liberté d’en disposer. Nous nous étions délestés de nos possessions jusqu’aux centaines de livres bien alignés, nous avions dit au revoir à nos carrières de profs de gym, soldé nos crédits, nous avions dit non aux mots d’ordres : accumuler, briller, réussir, prévoir. Et fait le choix d’une vie grassement nomade. Certains nous disaient audacieux, oubliant que seuls ceux ayant beaucoup peuvent s’offrir l’exploration du peu. Nous, nous ne parlions pas d’audace. Mener cette vie nous suffisait. Vendredi 12 août 2022 Extraits « Les livres, je m’en doutais, peuvent sauver une vie. J’ignorais qu’ils faisaient ça avant même d’exister. » p. 88 « Les soins intensifs, c’est donc fini. Ici se sont jouées les minutes les plus intenses de notre vie. Je me souviendrai de chacune d’elles, toi de rien. Mon esprit sera marqué pour toujours et toi ton corps, à nous deux nous ferons un être complet. » p. 112 « Vous avez fait le plus dur, reste le plus long. » p. 153 « Moi, je croyais que c’était le cœur qui pensait, qui aimait, qui frémissait, qui en faisait trop ou pas assez. Parfois il bat vite, d’autres fois on le secoue. En réalité, c’est le cerveau. Un cœur, c’est plus joli qu’un cerveau. C’est un oyas en peau d’argile blotti dans la terre et qui irrigue tout autour de lui, quand le cerveau, lui, on dirait le périphérique parisien. Mais c’est là-haut, dans ce lacis clignotant et selon un cadastre électrique rigoureux qu’habitent la gaieté, l’effroi, la tendresse, la poésie, l’émerveillement, la délicatesse, la possibilité de la joie, les douces mélancolies, les forces de l’espoir, le don de la nuance, l’arbitrage des peurs, l’accueil de l’autre, la tentation de la violence, la soif de découvrir, le doute, l’imaginaire, les rêves oubliés, les vérités fragiles et toutes ces folies passionnantes qui rendent la vie respirable. » p. 350 « Depuis des mois, nous vivons dans deux pays différents, nous avons tant à nous raconter. Mais nous parlons peu. Nous avons la vie pour ça. On dirait nos retours de montagne, de ces ascensions qui labourent le corps et l’âme ; nous buvions une bière, dans une retenue silencieuse, fatigués sans doute, conscients surtout de l’insuffisance des mots face aux heures passées. Les couples taiseux me font toujours un peu de peine. Peut-être reviennent-ils de loin. Peut-être qu’au fond l’amour véritable se reconnaît par le silence qu’il tolère. » p. 372 « À la faveur de l’épreuve et de ses abrasions, on fait connaissance avec soi-même et ce n’est pas la plus anodine des rencontres. » p. 384 « Puis sans mon accord, ma main ouvre ton carnet, s’empare d’un stylo et poursuit ton récit. Je m’y colle. Je ne suis pas certain que les plaies ouvertes soient le meilleur des encriers mais je n’ai que ça. Un jour, peut-être, voudras-tu savoir ce qui s’est passé, le vendredi puis le samedi puis le dimanche, et aide-mémoire, c’est une noble tâche. Un jour, peut-être nous demanderons-nous si nous avons vraiment vécu cela, si nous avons affronté cette chose. Et il n’y aura que les mots pour nous venir en aide. Parce qu’écrire, c’est lutter contre l’effacement et c’est s’offrir d’oublier. Parce qu’écrire, minutieusement, c’est m’assurer que rien ni personne ne vienne un jour corrompre ce que tu as vécu. Parce qu’écrire, c’est fuir le réel et l’enserrer tout entier. Parce qu’écrire, en cas de vie mouvante, n’est pas le moins sûr des ancrages. Parce qu’écrire, à ce moment précis, sous ses airs de supplice, est mon unique remède. Je ne dispose d’aucune autre substance pour redonner de l’ampleur à notre monde qui depuis ce matin ne fait que s’étriquer. » p. 394 À propos de l’auteur Cédric Sapin-Defour © Photo Philippe Matsas Cédric Sapin-Defour vit en montagne et la parcourt. Il est l’auteur, entre autres, de Son odeur après la pluie, qui fut l’événement littéraire de l’année 2023, traduit dans de nombreux pays, adapté en bande dessinée, au théâtre et en cours d’adaptation au cinéma. (Source : Éditions Stock) Page Wikipédia de l’auteur Tags
★★★★ (j’ai adoré)Tout pour faire gagner la vie
Après le formidable succès de « Son odeur après la pluie », Cédric Sapin-Defour nous revient avec le récit poignant de l’accident de parapente survenu à sa compagne en août 2022. Malgré l’épreuve et l’année incertaine qui a suivi, il célèbre la vie et l’amour. Une belle leçon de courage et d’espoir.
Car c’est bien une autre vie qui commence pour le couple, documentée avec une sincérité déchirante. Présenté sous forme de journal intime dans un désordre chronologique, alternant entre le jour de l’accident et les jours qui suivent sur une année entière, le récit instaure une tension narrative qui captive le lecteur. « On croit entrer dans une histoire par son début. On se trompe. Nos histoires nous cueillent par leur milieu. Une grande part s’est jouée sans nous, à peu près tout est en place, on nous l’a signalé mais nous n’avons rien vu venir. »
La prose est à la fois poétique et brutale, à l’image de l’ascenseur émotionnel que le couple a pris sans le vouloir. On passe de petits moments de grâce qui éclairent même les jours les plus sombres aux questions toujours sans réponse, à la mélancolie des souvenirs partagés qui ne reviendront plus à la tendresse que dévoilent les regards partagés à chaque petite victoire.
Car tout au long de ce voyage intime et poignant, c’est la vie qui est célébrée, l’amour qui est partagé, la force qui est transmise. Mais ce qui touche avant tout dans cette leçon de courage et d’espoir, c’est la distorsion du temps où chaque instant de douleur est aussi un instant de vie qui s’écoule, inéluctablement. Où il est question de semaines et de mois pour essayer de remettre un pied devant l’autre. Une attente qui peut se transformer en colère, en impatience, en renoncement même. Mais que Mathilde et Cédric combattent sans relâche, chacun à leur manière. Mathilde avec sa force de caractère, Cédric avec son stylo. « Je ne suis pas certain que les plaies ouvertes soient le meilleur des encriers mais je n’ai que ça. Un jour, peut-être, voudras-tu savoir ce qui s’est passé, le vendredi puis le samedi puis le dimanche, et aide-mémoire, c’est une noble tâche. Un jour, peut-être nous demanderons-nous si nous avons vraiment vécu cela, si nous avons affronté cette chose. Et il n’y aura que les mots pour nous venir en aide. Parce qu’écrire, c’est lutter contre l’effacement et c’est s’offrir d’oublier. Parce qu’écrire, minutieusement, c’est m’assurer que rien ni personne ne vienne un jour corrompre ce que tu as vécu. Parce qu’écrire, c’est fuir le réel et l’enserrer tout entier. Parce qu’écrire, en cas de vie mouvante, n’est pas le moins sûr des ancrages. Parce qu’écrire, à ce moment précis, sous ses airs de supplice, est mon unique remède. Je ne dispose d’aucune autre substance pour redonner de l’ampleur à notre monde qui depuis ce matin ne fait que s’étriquer. »
Il remplit des carnets pour dire ce que Mathilde a oublié. « Ici se sont jouées les minutes les plus intenses de notre vie. Je me souviendrai de chacune d’elles, toi de rien. Mon esprit sera marqué pour toujours et toi ton corps, à nous deux nous ferons un être complet. »
Oui, malgré les épreuves, la vie continue à offrir des moments de grâce et de beauté. Il faut alors savoir les saisir, car après le choc et les soins intensifs, une nouvelle étape attend le couple. « Vous avez fait le plus dur, reste le plus long. »
Cédric Sapin-Defour
Éditions Stock
Roman
400 p., 22,50 €
EAN 97800000
Paru le 13/08/2025
Le roman est situé au Chatelet dans le Beaufortain, dans le Haut-Adige, à Bolzano, à Grenoble, à Paris, à Villeneuve-sur-Auvers
L’action se déroule de nos jours, avant et après le 12 août 2022.
Le vendredi 12 août 2022, au bout d’une vallée étincelante dans la province de Bolzano, un couple affranchi de toute contrainte s’envole l’un à la suite de l’autre, en parapente. Cédric et Mathilde, deux passionnés de montagne, ont mille fois fait le geste de se jeter dans l’air pur.
Cédric se tourne, il ne voit plus Mathilde. Dans le halètement des minutes incertaines le menant jusqu’au lieu de la chute, seules des questions. A-t-elle survécu ? Que faire ?
Découpé en scènes à suspense, ce récit qui vous saisit à la gorge est roman-vrai d’un couple à l’unisson de son désir de liberté et mémoire d’une reconstruction qui prendra plusieurs années. Mathilde doit tout réapprendre. C’est une page blanche que l’amour imbibe, sur laquelle s’écrit une existence à réinventer et qui nous interroge. Tandis que l’autre renaît, qu’est-ce qui meurt en soi ? Comment ensemble se reconstruire ?
Ode à la beauté de l’instant, ce livre puissant est avant tout un hymne à la vie.
Babelio
Page des libraires (Maria Ferragu, Librairie Le Passeur de l’Isle à L’Isle-sur-la-Sorgue)
« J-16768
À midi cinq et des poussières, tu es née.
Tu as crié fort et sans réserve, âgée d’une seconde, cela ravit les grands. Ce n’est qu’après que ça les fâche. Tu pesais deux kilos huit cent vingt et ton ombilic était parfait, cocha le docteur Maurer. Rien par contre à propos de ton âme, en étais-tu déjà dotée ou est-ce la vie qui la fournit ?
Mathilde, c’est un joli prénom, il n’appartient à aucun âge, à aucune classe, c’est d’emblée que tu as choisi d’être libre. Tu es la dernière de la famille, nous partageons ce rang. C’est une bonne place, dernier, on nous demande moins et on nous pardonne plus.
Te voici déposée sur cette Terre. À ces latitudes et cet endroit du siècle, rien ne s’oppose à ce que les suites soient douces.
Ce fut notre premier rapprochement, la machine Selecta de l’amphi 13 en est témoin. Nous avons pris un crème, toi parce que tu es du camp du chocolat et moi de celui des cafés courts. Au début, on ne dit pas trop ses dégoûts, on préfère les penchants, et ce crème, il nous penchait l’un vers l’autre.
Il y avait foule autour, des centaines d’étudiants rêvant eux aussi du Capeps, à la fois il n’y avait personne, des êtres flous et toi nette, détachée de tous les vivants. Un brouhaha, à la fois du silence. C’est un effet que tu produiras toujours : quand tu es là, beaucoup du reste du monde disparaît. Les copains étaient à deux pas, en tendant l’oreille on percevait leurs rires éclatants, mais on ne la tendait pas. Ce lourdaud de Bubu me faisait des clins d’œil. En amour et parmi toutes les premières fois, il y a celle où l’on se parle à deux, rien qu’à deux, sans la diversion de la bande, et ce n’est pas la plus mince des premières fois. Car très vite, disons immédiatement, on sait si l’on s’entend sans le bruit joyeux des camarades.
Puis toute la promo est retournée dans l’amphi et nous derrière.
Imaginons, ce matin-là, qu’une diseuse de bonne aventure soit venue se joindre à nous. Friands des bizarreries, nous l’aurions accueillie à bras ouverts. Elle aurait interrogé nos gobelets en plastique, gribouillé la mousse beige de ses ongles tortueux, baragouiné trois incantations et de notre avenir elle aurait dit :
– Vous allez lier vos vies, allègrement. Pas ce soir mais bientôt. Vos corps, vos cœurs, tout ce qui bat va se rejoindre. Il y aura vingt années d’une vie puissante et heureuse. Vous jouerez dehors, vous rirez et vous vous aimerez comme peu ont osé. Vous ne mépriserez aucune heure. La montagne sera votre royaume, les vertiges et les bêtes vos compagnons fidèles. Vous vous moquerez des peurs. Et de l’avis des gens. Mais un matin que rien n’annoncera, l’un de vous deux chutera et se brisera jusqu’à la moelle ; vous ne partagerez rien, l’autre sera indemne, mais de vous deux, une grande part s’effondrera. Et la suite, plus longue que la joie, ne sera que douleurs, doutes et regrets. Il vous arrivera d’attendre que les jours passent.
Elle n’aurait pas dit lequel, ni toi ni moi ne lui aurions demandé.
Qu’aurions-nous décidé ?
Je t’aurais proposé de retourner à ton véliplanchiste, moi à ma cavalière, chacun dans sa vie calme, douillette et devinable. Puis nous aurions ri de ces suggestions idiotes et serions passés à d’autres breuvages en compagnie de Madame Irma dont le turban violet aurait fini sur l’une de nos têtes de noix. Comme baguettes magiques, nos quatre-couleurs auraient fait l’affaire et comme abracadabra, notre goût têtu de vivre. Les copains auraient quitté la foule et seraient revenus se joindre à nous. « Ça en vaut la peine ! » aurions-nous crié tous en chœur. Aux élans et aux chutes, en somme au tout-venant de la vie, nous aurions dit oui. Enfin, pour s’assurer de nos corps vaillants, nous aurions dansé toute la nuit. Et le lendemain, trois pains au chocolat plus tard, tout compris et tout oublié.
Aujourd’hui que tu es meurtrie, car des deux, c’est bel et bien toi – et ce n’est finalement pas sans importance –, que ferions-nous ?
Moi, il m’arrive de rêver que nous ne nous soyons jamais rencontrés. Que tu n’aies pas mal. Pour épargner les douleurs, il faut parfois ôter la joie tout entière.
Tu es venue dans ce bout de maison que je louais au Revoiret, quel doux nom pour qui se languit des retrouvailles. Du hasard, il n’y en a nulle part. Nous avons dormi dans le même lit comme le faisaient à chaque fois les amis que nous étions. Cette pièce aux mille fissures était glaciale, les draps de véritables congères. Nous nous sommes frotté les pieds très fort comme en montagne on le fait face aux gelures. Il faisait si froid dans nos vies respectives que, pour la première fois, ce frottement s’est ouvert à l’ensemble de nos corps. Une seconde nous prîmes peur que l’amour brûlât tout le reste, mais nos éclats de rire balayèrent cette bêtise pour toujours.
Nous nous moquions assez des traditions. Mais celle du mariage, nous avons dit oui. Histoire d’avoir le même nom, ne s’était-on pas dit cent fois que nous semblions un frère et une sœur ? Dans la salle des célébrations, nous étions quatre plus l’adjoint au maire, c’était son premier mariage et nous notre dernier. Ubac était là, témoin nu, ravi et pas tout à fait peigné. Sylvain et Romain riaient de toutes leurs dents blanches, Jacques Chirac, de son jardin, nous observait et tu avais repassé ton polo. Nous nous sommes promis les évidences, avons signé les registres, la secrétaire de mairie nous a rejoints, a applaudi et Ubac a aboyé. Dans la 306 sans rubans roses, les affaires de canyoning attendaient, ça sentait bon le néoprène et ces vies ne prenant pas le temps de sécher. Nous sommes allés sauter dans l’eau de Montmin, une bouteille attendait dans la dernière vasque et c’était bien comme bain d’honneur.
On peut sourire sans prendre à la légère. Car l’air de rien, à la fin de l’article 212, l’adjoint zélé nous dit : cet engagement l’un pour l’autre, ça va loin, au-delà des joies. Entendez les casse-cou, jusqu’aux décisions finales. Il parlait des malheurs et nous avons fait semblant de ne pas comprendre. Il voulait nous dire que c’est au mari ou à la femme que le médecin demandera si l’on s’acharne ou bien si l’on débranche. Pas à la mère, pas plus au père qu’à saint Bernard. On a beau ne faire qu’un, il arrive d’être seul à décider.
Mais ce jour-là, les issues fâcheuses, on s’en fichait drôlement, ses propos étaient à ce point déplacés qu’ils nous passèrent au-dessus du front. En tête, nous n’avions que l’éternité.
L’avalanche s’est déclenchée à distance raisonnable de nos traces mais pas si loin que cela.
De retour au village, un de ses habitants à longue-vue nous dit :
– Un jour, il va vous arriver quelque chose et vous l’aurez bien cherché.
Il me semblait qu’il donnait ici la définition précise d’une vie valant d’être vécue.
Parmi d’autres de ses charmes, nous nous sommes installés dans le Beaufortain pour Le Chatelet. Nous étions tombés en évidence pour cette ferme de remue, blottie dans la forêt de Villard, versant sud, avec comme seuls voisins les cerfs, les renards et un couple de blaireaux fidèles. En bons fonctionnaires sans apport, nous avions signé pour une histoire d’amour de trente ans avec le Crédit Mutuel Enseignant et nous avions acheté la bâtisse. Armés d’outils branlants et de nos frêles compétences, nous en avions fait après plusieurs années une maison coquette. S’il n’y avait d’eau que de source, si le toit pissait les jours de pluie, si nous étions à des heures de route de nos boulots et si nous devions nous garer au village les jours de neige, c’était parfait. Là, entourés de nos chiens Ubac, Cordée, Frison et de nuits sans lampadaire, nous étions au bon endroit.
Et cet hiver, tu t’es blessée au genou. Lourdement. Diminuée, en béquilles pour de longs mois, tout est devenu laborieux. Le Chatelet nous montrait nos limites pour y vivre au quotidien.
Nous l’avons vendu, immensément tristes de le quitter.
Il faut croire que lui aussi. Quelques jours après notre départ, il a reçu la foudre et n’est plus qu’un tas de cendres.
Ubac, notre chien chéri, est mort.
Est-ce la réalité ou notre regard, mais il semble que depuis, la vie nous parle plus de déclins que d’éclosions.
On croit entrer dans une histoire par son début. On se trompe. Nos histoires nous cueillent par leur milieu. Une grande part s’est jouée sans nous, à peu près tout est en place, on nous l’a signalé mais nous n’avons rien vu venir. La vie n’attend pas que nous soyons prêts. Si c’est un train de bonheur que l’on prend en marche, ce n’est pas si fâcheux, nous ratons les joies premières, les annonciatrices, mais il restera pour les distraits de quoi s’égayer. En revanche, si c’est la souffrance dont on a ignoré les trois coups, nous aurons beau tirer le signal d’alarme pour que tout s’arrête, rien n’y fera, un malheur lancé freine interminablement.
Prédire le passé et le qualifier d’évident est un exercice commode, il suffit d’attendre puis de prétendre. Aujourd’hui, on peut le dire, le village de Falzes nous avait prévenus et nous n’avons rien écouté.
Ce matin-là, nous nous sommes extraits gaiement du van, six mois que nous étions en voyage et que nous faisions connaissance avec la grande liberté. Nous avons bu un espresso à l’auberge Jochele, l’unique bar ouvert tôt le matin dans Falzes. Ces Italiens du Haut-Adige, s’ils manquent de désordre et abusent des consonnes, nous les aimions de plus en plus car, passé le vernis rigide, se cache en eux un tas de fantaisie. Le chemin vers le mont Plat est un beau chemin, la lumière douce y est striée de grands épicéas et de grands mélèzes, là-bas les arbres aussi sont droits. Du dedans, cette futaie, on dirait un code-barres géant. Pour acheter quoi ? Du silence, du moins le bruit des hommes en sourdine, et de la paix. Il nous faisait marrer, ce nom de sommet, mont Plat, c’est absurde. Ça devait dire quelque chose d’évident comme toujours avec l’absurde.
Au sommet, nous avons déplié nos parapentes, là, au même endroit que la semaine d’avant, la brise était parfaite, le petit vent de sud aussi et la rubalise au bout de la branche nous disait allez-y sans crainte, c’est par ici. Nous allions décoller. Mais un nuage arriva de nulle part, en quatre minutes, gonflé, noir, tout droit venu des annonces célestes. Il a fondu sur nous, rien que nous. Avec lui, une pluie, forte, sévère, brève, chaque goutte distincte, décidée et qui tape les casques comme un pic épeiche. Nous nous sommes abrités sous nos sacs, nous avons protégé nos voiles à la va-vite, le nuage est parti comme il est venu, sûr de la clarté de son présage. Nous étions prêts à redescendre à pied.
Tu étais plutôt pour rentrer au camion ; ce n’est pas que tu avais peur, tu disais qu’il y aurait d’autres occasions et que le mont Plat, a priori, n’avait pas prévu de déménager. Je t’ai dit que les prévisions de tous les modèles météo étaient bonnes et qu’il fallait y croire. Nous avons discuté un peu, laissé du temps au retour des faveurs et nous avons décollé. Malgré tout. Moi en premier, pour voir, puis toi, c’est rare, habituellement je te suis. As-tu finalement décollé pour ne pas me décevoir ? Je prie que non.
En l’air, à la radio, je t’ai dit que ça allait, des turbulences mais rien de méchant, pourquoi le vent le serait-il ? Tournant la tête, j’ai vu ta voile formée dans le ciel. Vingt secondes plus tard, un autre coup d’œil et ta voile était au sol. Mon ventre a comme pris le jus. Mais vite, ouf vite, ma radio a grésillé : « Tout va bien. » Tu avais atterri tout de suite, pas en catastrophe mais de ces fois où l’on s’applique au doute. Ton premier geste, après t’être sauvé la peau, a été de me prévenir. Ce que tu ressentais l’avait emporté sur mes convictions, et c’est cela tenir son rang de vivant. Cette scène, jusqu’aux nœuds du sternum, je la revivrai un mois plus tard, une seconde fois sans deuxième chance. Tout sera semblable sauf que tu ne m’appelleras pas à la radio. En fait, rien ne se ressemblera. Quand la vie prend le soin de nous avertir et que nous en négligeons le prix, son châtiment redouble de fureur.
J’ai volé droit, atterri à la hâte et replié ma voile en une boule infâme.
J’ai couru dans ta direction. L’aubergiste m’a salué, se demandant où tu étais – tous les êtres font comme ça quand ils nous voient l’un sans l’autre – et j’ai couru encore plus vite. J’aurais pu courir des heures, fort et sans peine, d’où venaient ces silos de globules ? Je ne pensais à rien. Mais je pleurais. Inondé soudain, des sanglots continus, denses et qui gonflaient à chaque virage du sentier. Pour rien, tout allait bien. J’étais en train de te rejoindre, entière, sans frustration, comme souvent tu allais me dire : « Pas grave, s’il n’y a que ça », quant à remettre le dépit à sa place, tu as toujours été plus précise que moi. Il faut savoir perdre, me dis-tu, et à l’instant où nous n’acceptons plus cette règle, la vie cesse d’être un jeu. Nous allions nous retrouver, redescendre, céder à une bière, le présent disponible et le futur concevable. Tout allait bien. Et je pleurais.
Le sort m’avait hurlé la suite. Je me situais à ces instants de notre vie où l’on côtoie d’autres voix, où le corps sait avant le reste et nous avise. Mais nous autres, les hommes d’aujourd’hui, sommes comme inanimés, nous n’écoutons plus.
Je t’ai caché mes larmes. Il est rare que je te mente.
En voyage, on ne remet pas grand-chose à plus tard.
On pourrait croire le contraire : le temps s’étirant, les lendemains libres, attendre serait de bon goût. Presque une courtoisie. D’ailleurs, si l’on voyage, c’est aussi pour que cessent les empressements. Presque une résistance.
Mais en réalité, on reporte peu car en voyage rien ne se reproduit vraiment. On peut laisser passer l’occasion, c’est une idée noble car les regrets aussi sont beaux mais nous sommes voyageurs surtout par gourmandise. Alors on saisit tout ce qui se présente et que le présent n’offrira plus.
Rio Bianco est le bout d’une vallée étincelante, la vallée d’Aurina dans la province de Bolzano, au nord de l’Italie, l’Autriche à deux pas. Tout se parle ici en deux langues, on peut dire Weissenbach mais comme souvent à nos oreilles latines, on préfère chanter à rugir et l’italien l’emporte. Les prés sont bien fauchés, les gens disent bonjour et le vent est doux. Ici, on dirait qu’il n’y a que la joie calme, c’est un des mensonges du voyage.
S’il est blanc, c’est qu’il est froid le ruisseau, immensément froid. De retour crasseux de montagne, nous y avons plongé les pieds ; en entrant, on croit s’évanouir.
– Surtout pas bouger les orteils !
Sinon le froid revient, recommence et redouble ; se laisser endormir, après tu verras c’est presque chaud. Le premier qui sort les pieds a perdu et l’autre le hue pour rire. Puis on a fini tout nu dedans, c’est la faute à l’amusement. Se baigner nu dans les rivières, c’est comme dessiner dans la buée des vitres ou siffler l’herbe entre les pouces, un jour sans s’annoncer on ne le fait plus et on pense à l’imparfait. Les habitants d’ici, à maison, à douche et qui lavent leurs jantes au savon, nous regardaient bizarrement et si on les regardait aussi, on voyait qu’ils avaient envie de jouer, peut-être que rien ne s’éteint vraiment.
Puis nous sommes allés boire un verre de prosecco au Sportbar. La patronne et sa fille sont gentilles, elles nous ont servi deux verres d’assoiffés et un bol de chips débordant. Nous étions venus cet hiver, elles ont reconnu les petits Français au camion arc-en-ciel qui ressortaient des toilettes les aisselles pimpantes et les paupières décollées ; parfois le voyage fait des boucles, repasse, et pour un peu réclamerait son lot d’habitudes. Ici, le café est à un euro vingt, il n’y a pas indicateur plus fiable que le prix de l’espresso pour savoir si un territoire a vendu ou non son âme au diable.
Nous avons bu ces verres en trois gorgées pas si espacées que ça, torpillé le bol de chips, tu m’as demandé pourquoi le Nutri-Score s’arrêtait à E et la maman, heureuse des revoyures, nous a dit que c’était offert par la maison. Chez nous, il faut attendre mille venues avant un fond de bouteille. Grazie mille. Bitte.
– On en reprend un ?
– Tu crois ?
– C’est pas très classe de partir sur la tournée du patron.
– De la patronne.
– Mais elle va croire qu’on se sent obligés.
– On n’a qu’à revenir demain en redescendant. En plus, on pourra en boire plusieurs, samedi ils annoncent mauvais.
– Vendu.
De retour au camion, nous avons préparé nos sacs, plié scolairement nos voiles, vérifié nos radios et repris la météo.
Aux délices du présent, nous avons choisi l’après et son organisation. Nous avons fait le choix de repousser plutôt que de jouir, pourtant l’ivresse providentielle nous tendait les bras.
Dans la nuit, fichue soupe qui ne fait que passer, je suis sorti du camion. J’ai cherché jusqu’à la plus brillante des étoiles. Pas une seule. Tout était trouble, rien n’invitait au lendemain. Quand écouterons-nous enfin ce que le ciel a à nous dire ?
J – 6 h 45
Se lever tôt de son plein gré est un délice. En tout point, cela ressemble au réveil contraint : une chose métallique sonne, résonne et nous extrait d’une nuit durable, les pensées s’emmêlent et le corps grince. On grogne un peu. Puis on se souvient des raisons précises, l’excitation met de l’huile partout, des synapses jusqu’aux genoux, et on s’élance. En fait, ils ne se ressemblent en rien, les réveils choisis et ceux qu’on nous ordonne. Décider de sa propre vie, c’est comme en changer.
Nous nous embrassons, c’est le premier geste de chaque jour. Nous nous tapons le bout des doigts en disant Tchouk, c’est le deuxième, et nous inventons des phrases insensées que l’autre aurait criées dans la nuit, pour déjà rire. Je ne me rappelle aucun matin où nous n’avons pas fait cela. Je ne sais pas quoi penser des habitudes, elles resserrent, elles remplissent mais, en cachette, elles conspirent au manque. Je me redresse sur le lit, une fois sur deux je me tape la tête au plafonnier, hier j’ai dû le frôler. Je me plie puis je me déplie pour aller vers la cuisine, un demi-mètre à droite ; vivre dans un van, c’est se convertir à l’origami, on ne fait que plier, déplier et replier : les matelas, les cartes et les corps.
Je jette un œil par la baie coulissante. Plus le dedans est petit, plus on regarde tôt le dehors, quel ennui les châteaux. Le fond de l’air est humide, je me dis que c’est la faute au ruisseau. La nuit nous a rassurés, quelques gouttes sur le lanterneau mais rien de quoi empêcher. Que les conditions de la nature fixent le programme de nos jours est plaisant, cela suppose de dialoguer avec un autre qui décidera plus fort que nous, de croire en l’espoir et d’accepter le refus. Il paraît qu’un jour cela cesse et que tous les vieux alpinistes, marins et autres enfants élevés en plein air en ont assez de scruter les bulletins météo ou l’éclat des étoiles pour savoir quoi faire de leur vie ; ils se satisfont de découvrir le jour comme il vient et de faire avec, ainsi on n’est jamais déçu. C’est peut-être ça, la vieillesse, être las d’espérer. C’est peut-être ça, la sagesse, se féliciter du réel.
Nous buvons notre thé, toi il est vert, nous essuyons la buée qu’il tapisse sur les vitres. Nous avalons du pain autrefois moelleux tartiné d’un fromage de brebis autrefois frais. Il s’agit de croquer fort et de remettre bientôt la main sur une boulangerie. Tu fais semblant de perdre une dent dans la bataille ; le jour où ce sera vrai, ni moi ni la petite souris ne t’écouterons. Nous mettons un peu de chauffage pour nous habiller sans trembler, mais pas trop, l’idée de se recoucher rôde. On dispose de tout dans un camion : à manger si nous avons faim, à boire si nous avons soif, un toit s’il pleut, de la chaleur ou des courants d’air, un lit, des livres, des fleurs enfermées mais des fleurs quand même, de quoi s’ennuyer, rêver, et des fenêtres sur le monde. De la musique aussi. Et les photos des êtres aimés. À quoi sert le reste ? La seule chose manquante dans notre fourgon, c’est un pèle-pomme. On se le dit à chaque fois, on l’oublie à chaque fois. Il résoudrait nos paresses de compote et il est bon d’avoir près de soi un objet rappelant que tout s’invente pour qui s’ingénie à vivre.
J’hésite à faire un café, la Bialetti toute cabossée et cramée du dessous est prête mais, s’il semble infini, le temps presse. Pour sortir du van, nous passons sous le tableau où, à la craie, nous avons écrit : Che giorno è oggi? Quel jour on est aujourd’hui ? Notre slogan d’oisifs. Ou d’actifs. Ou de prisonniers. Car s’il est tentant de la gifler, cette vérité en est une : la quête immodérée de liberté, sous ses airs de grands espaces, porte en elle une dimension étouffante.
Dehors, vallée étroite, il fait sombre. Avec ta tête toute bronzée, je ne te vois plus puis tu te marres et je te repère. On enfourche les vélos, leurs selles trempées de rosée, tu essuies la tienne au chiffon et moi au pantalon. Il y a environ trente minutes à rouler, nous pédalons sans parler, ce qui n’est pas l’ennui ; bercés par ce geste d’automates, une partie de nous se rendort, l’autre guette les bêtes dont c’est l’heure du retour aux abris, nous sommes plus observés que l’inverse. Le calme est partout. Une journée, c’est comme un tracé d’électrocardiogramme, s’alternent des pics et des pauses, des creux volontiers et on recommence ; quand tout se dresse ou s’aplanit, c’est inquiétant. Dans les derniers mètres, tu accélères, tu franchis une ligne d’arrivée que toi seule as définie et tu lèves les bras au ciel. Puis j’arrive, tu me tends une branche de mélèze comme micro et tu me demandes si je suis satisfait de ma deuxième place. Gamine.
Nous sommes dans la combe. Ce n’est jamais moche, une combe, on la traverse avant et après les sommets, des envies à l’aller, des souvenirs au retour et on dort rétamés sur son herbe grasse, il y aura toujours un ruisseau pour nous bercer et une mouche pour nous réveiller. Le ciel s’est éclairci, la brise qui descend s’est calmée, tout va bien. Il fait frais juste ce qu’il faut, luxe des nuits à mille sept cents mètres d’altitude. Nous posons les vélos sur la palissade en bois de la Malga. Nous croisons le fermier, la traite des vaches est finie, l’heure des braves, c’est lui. Nous nous disons une poignée de mots, ça fait quelques fois qu’il nous voit, la première on se salue du menton, la deuxième de la main, la troisième on parle, la quatrième on boira. Tout à l’heure, sa ferme deviendra auberge, sa femme prendra la suite et accueillera les randonneurs pour déjeuner, leur amour se croise. Bière, canederli, strudel et sieste offerte. Nous en serons. Pour ce vol, on pourrait atterrir à deux pas du camion mais nous prétextons la présence des vélos pour nous poser dans le champ bordant l’auberge et à quelques mètres de midi. Nous retrouverons cette jeune fille aussi avec une fleur dans ses cheveux couleur paille, elle est la petite voisine qui vient donner la main pour le service, ça remplit ses longues journées d’été et les poches de son bermuda. Elle a des yeux si clairs, on voit tout ce qu’elle tait. Je crois qu’elle nous aime bien, elle nous met trois boules de glace et nous parle sans fixer ses sandales. On ne lui a toujours pas demandé son prénom, on ne sait pas si ça se fait ici, on sait juste d’elle que son rêve c’est voler. Et d’avoir un chien, un vrai, rien qu’à elle et pas aux vaches.
Nous nous mettons en marche. Encore une bonne heure d’un sentier moelleux, dans les bois puis les grands prés et nous serons au col, enfin à la cime.
Quand des copains sont morts en montagne, je n’arrivais pas à m’extraire cette question de la tête : le matin, en se levant, avaient-ils senti qu’ils allaient mourir ? Le vent dans les arbres le leur soufflait-il, l’humus reniflait-il la fin ? Étaient-ils plus sensibles au bonheur que d’habitude ? Ou à la peur ?
Ceux qui savent tout disent que non, qu’on ne voit rien venir. Ils ont raison. Et c’est tant mieux. Sinon on ne vivrait plus. »
« J’aimais quand nous étions cinq. Seb est l’expert du parapente et de nombre de mes questions, Sylvain le gardien de la mémoire heureuse, Jean-Michel est si disponible qu’il semble être fait de plusieurs et Soph est une mère. Elle a donné la vie et il me semble que cela lui rend plus intolérable encore l’idée que tu puisses la perdre. Chacun est différent de l’autre, l’un est taiseux, l’autre parle sans cesse, l’un est maître en logistique, l’autre en lyrisme, l’un résolument optimiste, l’autre foncièrement prudent, l’un engage sa bise joue gauche, l’autre joue droite et le tout fait harmonie.
Nous nous serrons fort. Leur van s’en va. Je leur adresse des signes de merci et d’autres pour se revoir. Au rond-point devant l’hôpital, j’ai le secret espoir qu’ils reviennent, mais ainsi on n’avancerait pas. Désormais, nous sommes deux. » p. 84
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