Titre : La fugue
Auteur : Aurélie Valognes
Édition : JC Lattès
Genre : Contemporain
Pages : 277
Parution : 12 mars 2025
On a tous un jour eu envie de partir, de claquer la porte, de tout quitter.
Inès, mariée, deux enfants, arrivée à la moitié de sa vie, se sent arrivée nulle part. Elle porte, gère, s’oublie. Et on l’oublie. Emprisonnée dans une existence qui ne lui correspond plus, un jour, elle part.
Dans la solitude d’une nature sauvage, elle trouve un lieu à elle : une maison, où le temps semble s’être arrêté, et qu’elle décide de retaper. En pansant les cicatrices de la maison, Inès va commencer à soigner les siennes. Et si le meilleur chemin pour aller vers soi passait par les autres ?
Un hymne à la vie qui peut toujours recommencer. Le nouveau roman d’une écrivaine qui ne cesse de se réinventer pour mieux nous raconter.
Il y a des livres qu’on choisit par hasard. Celui-ci, je l’ai croisé d’occasion dans ma librairie, il n’y pas longtemps. Puis je l’ai choisi là dans ma pal un peu au hasard, il m’intriguait, finalement, il est arrivé pile au bon moment dans ma vie.
Comment décrire ce que j’ai ressenti pendant ma lecture ? Comment vous expliquer à quel point ce livre à raisonner en moi, à quel point il m’a marqué ?
Je me suis lancé à l’aveugle dans ce livre, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre, même si les premières pages m’ont fait un peu peur. Il y a beaucoup de description au départ, notamment de la maison que vient d’acheter l’héroïne Inès, des paysages, de son environnement. Mais j’ai su qu’il fallait que je persiste, cette histoire avait quelque chose de particulier qui m’appelait. Mais je n’aurais jamais pensé qu’il serait autant fait pour moi.
Elles n’ont pas peur. Elles sont libres. Elles agissent, sortent du système, cassent les codes, ne sont pas là où on les attend, s’engagent dans des causes plus grandes qu’elles, animées par un feu intérieur qui les dépasse et embrase celles et ceux autour d’elles. Et moi, j’ai envie d’être comme elles.
Cette histoire a raisonné en moi du début à la fin, Inès, c’est beaucoup moi, j’ai les mêmes peurs, les mêmes doutes, les mêmes questionnements qu’elle. Je me suis beaucoup reconnue dans cette héroïne qui se cherche, qui cherche à révéler la femme qu’elle est, qu’elle a caché trop souvent. En achetant cette maison, elle a été appelée par elle, comme moi avec ce livre. Une maison qui a un vécu, une histoire, une bibliothèque un peu particulière, un mur entier de livre d’autrices qui offre une amitié au moment où on en a le plus besoin.
Mais je suis aussi un peu Servanne, avec son appareil photo en bandoulière et sa détermination à lutter pour l’environnement. Aussi un peu Sacha, avec son désir de non-maternité assumé qui a préféré partir parce qu’elle n’était pas comprise, le mouton noir de la famille.
C’est une histoire qui parle de femmes, de la place de la femme, des attentes, des espoirs, des rêves parfois enfouie pour faire plaisir aux autres, ne pas être jugées et rentrer dans les cases. Mais toutes les femmes de cette histoire ont à un moment ou un autre fugué, pris le large même pour certaines. Elle s’assume, comme elles sont, tampis si ça plaît ou pas. Je les ai admirées ces femmes, j’ai réfléchi à ma propre vie, à mes désirs, mes envies, mes rêves. J’ai eu un poids en moins sur les épaules, comme si je m’autorisais enfin à envisager des choses.
Nous avons toutes fugué. La fugue, c’est une lignée de femmes qui s’envolent.
L’autrice aborde beaucoup de sujets difficiles à travers ses héroïnes, elle nous parle de maladie, de deuil, de violences conjugales et autres coups durs de la vie.
Aurélie Valognes nous parle aussi de la Bretagne, ce que j’ai trouvé très réaliste. Le Finistère, le bout du monde parfois, ou des petits villages sont isolés, se retrouvent face aux tempêtes et doivent les affronter comme les tempêtes de la vie. J’ai aimé voir le soutien, principalement des femmes dans ce petit village du bout du monde. J’avais l’impression d’y être, sentir le vent et l’écume, regardé les couchers de soleil…
L’art est également très présent dans cette histoire et j’ai beaucoup aimé. L’art sous toutes ces formes, la peinture, la photographie, la broderie, la littérature. D’ailleurs la littérature a une grande place dans cette histoire (j’ai rajouté quelques livres dans ma wishlist du coup). J’ai aimé cette histoire de bibliothèque 100 % féminine, avec ces messages adressés aux futures lectrices selon ce qu’elles ont besoin de lire.
Ça fait un moment que je n’avais pas lu de livre d’Aurélie Valognes et je dois dire que j’ai beaucoup apprécié sa plume dans ce dernier livre. Je trouve qu’elle a beaucoup évolué, c’est vraiment très beau, poétique, tout est bien décrit, les paysages, les sensations, les émotions. Je crois que je n’ai jamais relevé autant de citations dans un livre, tant ses messages m’ont parlés.
La vie, ce n’est pas une question de légèreté, mais d’équilibre. Les vents sont forts, ils nous poussent, surtout ici dans cette région, il faut rester droite, résister, s’adapter à l’autre.
Comme Inès qui trouve les livres dont elle a besoin dans sa bibliothèque. J’ai trouvé celui-ci dans la mienne quand j’en avais le plus besoin. Je ne savais pas à quoi m’attendre en ouvrant ce livre, je l’ai pris par hasard, j’en ressors chamboulée. C’est un immense coup de cœur pour moi, ce livre était clairement fait pour moi, il m’a touché, m’a fait du bien. Moi qui ai en ce moment les mêmes questionnements, doutes et peur que l’héroïne, j’ai trouvé dans ce livre beaucoup de magnifiques messages qui vont m’aider au quotidien. M’aider à m’accepter, à être celle que je veux, non pas celle que les autres attendent de moi. C’est de ça dont on parle ici, c’est une histoire d’acceptation, d’envies, de rêves et d’espoir. Un livre qui parle des femmes, de liberté, de choix, de rêves. Les femmes ont une grande place dans cette histoire, elles vont s’entraider dans ce village au bout du monde, là où la vie peu parfois être rude, des tempêtes au-dehors comme au-dedans. C’est une histoire d’entraide, d’amitié, de sororité. Un livre qui a raisonné au plus profond de moi, un livre dont les messages me sont allés droit au cœur, j’ai envie de prendre exemple sur ces héroïnes incroyables qui, un jour, ont décidé de fuguer pour trouver le bonheur, le vrai, le leur. Un livre qui va me rester en tête, que je relirais certainement dans les périodes les plus sombres.