Martin Eden – Jack London [30-30]

Nouvel article, nouvelle chronique pour mon challenge 30 livres pour mes 30 ans(oui, on sait, à ce stade, vous finissez mes phrases…). Aujourd’hui, parlons de : Martin Eden de Jack London.

Et pour lire ce grand classique de la littérature américaine, j’ai été accompagnée par la meilleure d’entre nous.

Martin Eden Jack London [30-30] Un tonnerre d’applaudissements pour L’ourse.

Elle supporte mes théories les plus fumeuses toutes droits sorties d’une copie de Licence 1 Lettres Modernes d’un élève pas très inspiré, elle met de l’eau dans mon vin quand j’essaie désespérément d’éventrer mon livre pour aller me mettre sur la gueule avec des personnages inblairables, et formule mieux que moi les vieux embryons d’idées qui germent dans mon cerveau de la taille d’un pois chiche… Merci d’applaudir bien fort la meilleure des copilotes de LC : L’ourse bibliophile !

Vous pourrez d’ailleurs retrouver la chronique de L’ourse en suivant ce lien.

Et promis, après on commence à parler dudit livre qu’on est venues chroniquer aujourd’hui, mais, au cas où vous vous demanderiez de quoi il est question quand on parle du challenge 30 livres pour mes 30 ans ; vous pouvez retrouver notre article consacré au challenge et toutes nos autres chroniques en rapport avec celui-ci en suivant ce lien !

PLACE A LA CHRONIQUE ! QUE LE PESTACLE COMMEEEENCE !

Martin Eden Jack London [30-30]

Et commençons déjà par dire que tout est mal qui commence mal puisqu’on s’est fait spoiler par Jean-Michel Préface dès la page 2 de notre édition… C’est-à-dire l’édition Folio de 2016 traduite et préfacée par Philippe Jaworski (OUI, vous êtes fin.es observateur.ices, ce n’est pas l’édition que nous avons mise en image d’illustration… On s’est dit qu’on allait épargner vos yeux délicats mes ami.es!! Ne vous inquiétez pas, on vous la met un peu plus bas, que vous puissiez constater les dégâts par vous-même).
Une édition qui, non contente de posséder une couverture hideuse issue de l’adaptation filmique des années 2010 (combien de fois il faut qu’on vous répète d’arrêter ça?!), ne nous fait donc pas cadeau, en sus, d’un spoiler au tout début de sa préface parce que, vous comprenez, c’est un classique donc TOUT LE MONDE en connait la fin *toussetousseBOURGEOIStoussetousse*. Un petit rappel à tous les préfaciers divulgâcheurs de classiques : il y a une place pour vous en enfer, et elle se situe juste à côté des éditeurs qui réimpriment leurs classiques avec des affiches d’adaptations filmiques contemporaines. Voilà, C’EST DIT !

Bon, on pète immédiatement notre introduction spectaculaire mais c’est mieux comme ça, ça va nous permettre d’enchaîner plus calmement (essaye-t-elle de se convaincre devant ses 35.000 caractères de notes et citations à reprendre (MAYDAY)) le reste de cette chronique, car il y en a des choses à dire.

Mais d’abord, la parole à l’éditeur (on lui laisse le micro 2 secondes et après il retrouve son spot en enfer, ne vous inquiétez pas.)

Martin Eden, ça parle de quoi ?

Martin Eden Jack London [30-30]

Martin Eden, un marin de vingt ans issu des quartiers pauvres d’Oakland, décide de se cultiver pour faire la conquête d’une jeune bourgeoise. Ce magnifique roman paru en 1909, le plus riche et le plus personnel de l’auteur, raconte la découverte d’une vocation, entre exaltation et mélancolie. Car la réussite de l’œuvre met en péril l’identité de l’écrivain. Comment survivre à la gloire, et l’unir à l’amour, sans se perdre soi-même? Telle est la quête de Martin Eden, le marin qui désire éperdument la littérature.

Et finalement on a même dû lui arracher son micro deux secondes puisqu’il racontait un peu trop de choses sur le dernier tiers du livre pour qu’on le laisse autant parler !

BREF, vous l’aurez compris, ce classique c’est un véritable terrain miné et vous avez intérêt à être sacrément souple si vous voulez slalomer entre toutes les informations et le lire en étant vierges d’a priori.

Martin Eden Jack London [30-30]

Si c’est encore votre cas, on vous invite à mettre cette chronique de côté (bah oui, quand même !) et de la garder pour plus tard parce qu’ici aussi, ça risque de spoiler très fort comme dirait l’autre !

C’est bon ? Ne reste que des yeux pouvant lire des informations extrêmement divulgâchantes sur Martin Eden ? Let’s begin !

Il était un petit marin…

… qui n’avait ja-ja-jamais navigué les mers bourgeoises ohé ohééééé.

Bon, promis c’est la dernière vanne naze, maintenant on s’y met sérieusement…

Martin Eden nous raconte donc l’histoire d’un jeune marin qui, après avoir pris la défense d’un homme des classes bourgeoises lors d’une bagarre dans la rue, va se retrouver plongé au milieu d’un univers qu’il ne connaissait que vaguement, de l’extérieur. Dès l’introduction, on comprend la forme de dépaysement que représente la découverte de ce monde bourgeois jusqu’ici inconnu de lui :

« Le type mit une clef dans la serrure et entra, suivi d’un jeune gars qui ôta sa casquette d’un geste gauche. Il portait des vêtements d’étoffe grossière qui sentaient la mer, et de toute évidence n’était pas à sa place dans l’immense vestibule où il se trouvait. Ne sachant que faire de sa casquette, il allait la fourrer dans la poche de sa veste quand l’autre lui pris la main. Le geste, calme et naturel, fut apprécié du jeune homme gauche. »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p.31.

Tombé immédiatement sous le charme de la jolie Ruth, sœur dudit bourgeois, il va tenter coûte que coûte de séduire la jeune femme. Pour ce faire, il va devoir se nourrir de sa « soif de connaissance » (p.165) pour se cultiver et finalement pouvoir prétendre épouser Ruth.

La déification d’une classe sociale…

Dès les premiers chapitres, on comprend toute l’admiration que Martin nourrit pour les membres de la classe bourgeoise. Lui, le marin mal dégrossi à la « démarche chaloupée » et incertaine sur terre comme la nôtre l’est sur mer, que peut-il attendre de la vie une fois rencontrée la belle Ruth Morse mis à part s’élever socialement pour pouvoir l’épouser ? Flatté par la manière dont les Morse le nomment Mister avec distinction et bienséance (p.35) et totalement aveuglé par ces gens doués d’un savoir qu’il ne possède pas, il a bien vite fait de les placer sur un piédestal. Et entre tous, c’est évidemment Ruth qui est si haute dans son estime qu’elle en côtoie presque le ciel. Martin la dépeint comme une sainte qui, à chacune de leurs interactions, le rapproche, lui, un peu plus de Dieu :

« Ses yeux brillaient comme ceux d’un ange ; il paraissait transfiguré, débarrassé de toutes les scories de la terre, purifié, sanctifié. »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p.157

Cette admiration excessive de la classe bourgeoise va, vous vous en doutez peut-être, inévitablement s’accompagner d’une forte dépréciation de la classe ouvrière à laquelle Martin appartient pourtant…

…Et la dépréciation d’une autre

De fait, une fois sa rencontre avec les membres de la classe bourgeoise survenue par le biais de la famille Morse, Martin n’aura de cesse de comparer ces deux mondes qu’il va devoir désormais côtoyer s’il souhaite séduire Ruth. D’un côté il nous décrit un monde d’élégance, de connaissance, de pureté et de propreté, de l’autre une classe ouvrière qui semble le répugner, leurs préoccupations basses, leurs lieux de vies sales. Nulle place pour la camaraderie pour Martin Eden qui n’a qu’une seule idée en tête : s’extraire, individuellement, de ce marasme.

« Les hurlements de l’enfant le transpercèrent comme un couteau. Tout cela – il le sentait fortement – était répugnant, sordide, jusqu’à l’air qu’il respirait… Et quelle différence, songeait-il, avec la beauté et le calme de la maison où vivait Ruth… Là-bas, c’était le règne de l’esprit ; ici, celui de la matière, la sordide matière. »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p.79

Des mots terribles, exprimant le dégoût et le mépris, sont employés par Martin pour désigner la classe ouvrière. On retrouve la « sordidité » qui revient à de multiples reprises immédiatement après sa rencontre avec Ruth, mais aussi le qualificatif de « troupeau » au détour d’une conversation avec Jim, l’apprenti de son beau-frère, pour désigner une classe ouvrière à laquelle il ne semble pas vouloir être associé :

« Comment pourrait-il jamais se rendre digne d’elle s’il se mêlait à pareil troupeau ? Le problème qu’il devait affronter l’épouvantait, sa condition d’ouvrier l’oppressait comme un incube. »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p.84

De même, les femmes de la classe ouvrière qu’il a connues souffrent de la comparaison avec la diaphane Ruth. À la page 37, les femmes se prostituant à Whitechapel sont qualifiées de « souillons bouffies de gin du quartier des bordels » et les femmes qu’il semble pourtant bien heureux de fréquenter à chaque port comme le veut la tradition marine deviennent des mangeuses d’hommes qu’il décrit comme un « immense cortège infernal [de] harpies sales et ordurières qui, sous l’apparence de femelles monstrueuses, s’abattent – raclure des ports, lie des bas-fonds du genre humain – sur leurs proies, les marins.»

Quand on découvre les pensées de Martin vis-à-vis de sa propre classe et celle à laquelle il aspire, on n’est jamais bien loin de l’hygiénisme tel qu’il a émergé au milieu du XIXème siècle et qui, sous couvert de raisons sanitaires, avait aussi pour vocation de « moraliser les masses ». L’hygiène et la pureté sont immédiatement associés à une bonne morale chez Martin et donc, évidemment, à la classe bourgeoise, construite en opposition avec la classe populaire qui semble engluée dans ses miasmes et sa crasse :

« En un sens, il subissait une révolution morale. La propreté et la pureté de Ruth avaient agi sur lui, et il se sentait un besoin impérieux d’être propre. Il fallait qu’il le fût pour être jamais digne de respirer le même air qu’elle. »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p.89

Au milieu de ce véritable « troupeau », Martin pense sérieusement qu’il fait tâche. Il n’est pas comme les autres, vous comprenez (là j’imagine que vous commencez à sentir poindre notre agacement à l’égard de ce personnage que nous avons, disons-le tout de suite, très peu apprécié… mais on y reviendra) ! On nous dit, page 126 « [qu’] il se sentait terriblement différent de ses camarades de bord, et eut la sagesse de juger que la différence entre eux et lui touchait aux aptitudes plutôt qu’aux réalisations ». En somme, Martin commence d’ores et déjà à se sentir comme un génie incompris, pas tout à fait à sa place dans la classe bourgeoise qu’il tente désespérément de rejoindre, mais CERTAINEMENT PAS dans la classe ouvrière dont il se détache par son talent inné pour l’apprentissage et la littérature. On ne sait pas vous, mais nous, le mythe du génie incompris, ça nous en touche une sans faire bouger l’autre.

« Pourtant, et je dis pas ça pour me vanter, je suis différent des gens que j’ai fréquentés. Je veux pas dire que je vaux mieux que les marins et les cow-boys avec lesquels j’ai voyagé […] mais j’ai toujours aimé les livres, je lisais tout ce qui me tombait entre les mains, et bon… voilà, je crois que je pense pas comme la plupart d’entre eux. »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p. 106-107

Face à une réalité qui refuse de se plier à ses souhaits les plus chers, il ne lui reste qu’une chose à faire, fuir la réalité à travers la littérature et l’écriture.

La littérature ou la vie plus vraie

C’est un des thèmes que l’on a apprécié voir Jack London filer au fur et à mesure de son récit. L’auteur met souvent en parallèle une réalité dure et froide avec une littérature qui apparait à Martin comme une vie plus vraie que la vraie :

« La réalité autour de lui, les odeurs de savon de lessive et de légumes desséchés, l’allure débraillée de sa sœur et les railleries de Mr. Higginbotham – tout cela n’était qu’un rêve. La vraie vie était dans son esprit, et les histoires qu’il écrivait autant de fragments de réalité issus de son cerveau. »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p. 147

La réalité devient ainsi une illusion et la littérature le monde dans lequel Martin Eden peut s’épanouir à son aise. Il n’aura d’ailleurs de cesse de voir les personnes qu’il côtoie à l’aune de ses préjugés et des fantasmes qu’il s’est créés à travers les livres. Mais il en est également de même avec Ruth. Leur relation démarre ainsi sur de mauvaises bases puisqu’ils ont, tous deux, une vision totalement fantasmée l’un de l’autre.

Ruth a une vision totalement romantique de la vie de marin et de celle des gens pauvres. Ainsi, lorsqu’elle découvre les conditions dans lesquelles vit Martin et l’état de maigreur dans lequel le plonge la faim, on comprend bien qu’elle est totalement hors-sol, la dame :

« Les amants faméliques lui avaient toujours paru romantiques, mais elle n’avait aucune idée de la façon dont vivent les amants faméliques. Elle n’aurait jamais imaginé que ce pût être comme ça. »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p. 309

Ou encore, un peu avant, au sujet de la pauvreté :

« Elle savait que Martin était pauvre et rapprochait mentalement son état de l’enfance d’Abraham Lincoln, de celle de Mr. Butler et d’autres hommes qui avait réussi. En outre, tout en ayant conscience que la pauvreté n’avait rien de particulièrement plaisant, elle pensait, comme la bourgeoisie installée dans son confort douillet, que la pauvreté était salutaire, qu’elle était un aiguillon pouvant inciter vigoureusement au succès tous ceux qui n’étaient pas de viles et incurables bêtes de somme. »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p. 291

On ressent également la fictionnalisation de Martin par Ruth lorsqu’il lui conte une histoire qu’il a vécue lorsqu’il était marin. Ruth l’écoute comme une enfant écouterait un de ses parents lui raconter une histoire d’aventure le soir, avide de connaître la suite de ses péripéties comme si elles étaient issues de la fiction et non d’une réalité qu’il a éprouvée :

«  » – Qu’avez-vous fait ? » demanda Ruth, haletante, et qui écoutait, telle une Desdémone, terrifiée et fascinée. »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p. 315

Dans un premier temps, Martin découvre peu à peu que les personnages bourgeois et élégants qu’il croisait au détour de ses lectures peuvent prendre une forme matérielle dans la réalité :

« Il s’oublia, dévorant la jeune fille des yeux. Il y avait là une raison de vivre, quelque chose à conquérir… une cause pour laquelle se battre, oui, pour laquelle mourir. Les livres disaient vrai : de telles femmes existaient, elle était l’une d’elles. »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p. 41

Dans un second temps, il prendra conscience qu’il est, lui aussi, une sorte de personnage de fiction dans cette vie d’illusions :

« C’était un homme civilisé, voilà ce qu’il était, dînant d’égal à égal avec des gens qu’il connaissait par les livres. Lui-même était dans ces livres, lancé à l’aventure dans les pages imprimées d’ouvrages reliés. »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p. 51

Tout ceci participe à créer un fort sentiment de décalage entre la réalité telle qu’elle est et telle qu’elle est envisagée par nos personnages. Mais la réalité est bien moins rose et le mariage entre Ruth et Martin bien moins envisageable que ce dernier voudrait bien le croire.

L’impossible ascension

En tant que lecteur.ices, on comprend bien vite que l’ascension sociale de Martin n’aura jamais vraiment lieu. Le fossé creusé entre son monde et celui de Ruth est bien trop grand à combler. Pourtant, nos deux personnages vont essayer, l’un comme l’autre, de faire fusionner leurs deux vies que tout oppose.

Dès les prémices du livre, on comprend déjà tout le poids des préjugés d’une classe sur l’autre. Si Martin tend à déifier totalement les membres de la classe bourgeoise, la famille de Ruth, qui en est une digne représentante, n’éprouve que répulsion à l’égard de Martin, phénomène de foire dans leur riche demeure :

« [Martin] ignorait que son silence démentait les propos qu’Arthur avait tenus la veille, quand il avait annoncé à sa famille qu’il allait amener un sauvage à dîner, et qu’ils ne devaient pas s’en inquiéter parce qu’ils trouveraient ce sauvage fort intéressant. »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p. 50

D’un côté, Martin rêve naïvement d’intégrer ce monde pour pouvoir faire de Ruth sa femme et n’y voit que peu d’obstacles :

« Il n’existait aucun obstacle à leur mariage. La seule différence entre eux était une différence de classe, extérieure à ce qu’ils étaient, et dont on pouvait venir à bout. »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p. 258

De l’autre, la famille de cette dernière envisage Martin uniquement comme une fine stratégie pour éveiller les sens de leur fille. Véritable « oie blanche », Ruth ne semble rien connaître des choses de la vie, de l’amour et du sexe. Martin ne sera qu’un moyen, pour ses parents, d’éveiller son intérêt à l’égard des hommes pour pouvoir, par la suite, la marier à un homme décent. La mère, fine stratège, se réjouira, finalement, d’être parvenue à ses fins et le narrateur de conclure :

« Ce rude marin avait bien joué son rôle d’instrument et, bien que Ruth ne fût pas amoureuse de lui, il l’avait éveillée au sentiment de sa féminité. »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p. 138

Dès leur première rencontre, on sent déjà que leur union restera impossible puisque London nous confirme déjà le comportement qu’adoptera Ruth vis-à-vis de l’autorité parentale :

« Cet homme venu des ténèbres extérieures était néfaste. Sa mère avait vu cela, et sa mère avait raison. Elle ferait confiance au jugement de sa mère sur ce point, comme elle l’avait toujours fait en tout. Le feu de cet homme ne la réchauffait plus, et la peur qu’il lui inspirait ne la troublait plus.
Plus tard, au piano, elle joua pour lui comme pour un ennemi, ou plutôt contre lui, agressivement, avec la vague intention de lui faire sentir le caractère infranchissable du gouffre qui les séparait. Sa musique était une matraque dont elle l’assommait avec violence ; et, tout étourdi et meurtri qu’il fût, ces coups l’excitaient. Il la regardait médusé. Dans son esprit à lui aussi, le gouffre se creusait, pas aussi vite, cependant, que ne croissait son rêve de le franchir. »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p. 57-58

Le piano devient alors un outil pour Ruth. Tout comme l’opéra, le piano et l’apprentissage du piano par les jeunes filles est quelque chose de très situé socialement à l’époque (et encore aujourd’hui ?). Rien d’étonnant, donc, au fait que ce soit son premier outil pour faire comprendre à Martin qu’ils n’appartiennent pas au même monde. En jouant rageusement elle exprime son rejet de cet homme dont elle sait que ses parents ne l’approuveront pas mais qui, pourtant, la trouble. Un trouble qu’elle va continuer à ressentir et qui va motiver son envie d’aider Martin à se hisser à sa hauteur.

Modeler l’argile : un mari comme une sculpture

Troublée par Martin mais affolée par ses manières rustres, lui qu’elle qualifiera de « bouledogue » à la page 237, elle devient obsédée à l’idée de modeler Martin à l’image du mari idéal. La comparaison avec une argile que l’on manipule et modèle jusqu’à lui faire prendre la forme souhaitée est employée à de multiples reprises par London.

« Il redevint aussitôt de l’argile entre ses mains ; il était aussi éperdument désireux d’être modelé par elle qu’elle l’était de le façonner à l’image de son idéal masculin. »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p. 136

Dans un premier temps, elle s’attaque à la terrible grammaire de Martin qui s’exclamait en écorchant la langue à leur première rencontre :

« Ils lui sont tombé dessus, alors moi je leur ai tombé dessus et j’en ai caressé quelques-uns. »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p. 54

Martin, bon élève, fait des progrès rapides :

« Il avait le goût de l’étude, et des dispositions pour apprendre qu’entretenaient une ténacité à toute épreuve et son amour pour Ruth. Il lut et relut la grammaire qu’il avait emportée jusqu’à ce que son cerveau en friche l’eût maîtrisée. »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p. 125

Constatant ensuite le goût trop prononcé qu’il commence à prendre à l’étude et à l’écriture, elle lui conseille d’arrêter d’écrire pour pouvoir se consacrer à un métier qui lui assurerait une forme de sécurité financière.

Dans sa volonté de modeler Martin à l’image du mari idéal, Ruth prend l’exemple de Mr. Butler, un ami de la famille Morse issu des classes populaires et qui s’est élevé socialement à force de travail et d’acharnement jusqu’à devenir l’avocat associé du père de Ruth. Dans ce roman, Mr. Butler fait figure du bon pauvre. Il est dépeint comme un homme honnête, sans ambitions extravagantes, et qui a su s’élever socialement en travaillant dur. On comprend au fil du roman que sa réussite est avant tout économique. Le choix du nom « Butler » de la part de London était d’ailleurs assez évident pour ce personnage qui n’est rien de moins que le « serviteur » du mythe de la méritocratie et de l’ordre bourgeois. Au sujet de Butler, on nous explique :

« Une vie comme la sienne est un modèle pour nous tous. Elle nous montre qu’un homme de volonté peut s’élever au-dessus de sa condition d’origine. »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p. 123

La méritocratie et l’American dream sont deux thèmes centraux du roman. Ils s’illustrent à travers le personnage de Butler, mais aussi à travers celui de Martin qui pense que tout est possible à qui a de la volonté. Il ne manque pourtant pas d’avoir un regard assez critique sur son beau-frère qui vit, à sa manière, son American dream. Le narrateur explique ainsi au sujet d’Higginbotham :

« Ce dîner lui était un moyen de proclamer sa réussite sociale et sa prospérité, et il l’accompagnait solennellement de laïus d’une rare platitude sur les institutions américaines et les possibilités que lesdites institutions offraient à tout individu travailleur de s’élever. L’ascension, dans son cas, ainsi qu’il ne manquait jamais de le souligner, l’avait mené de l’état de commis d’épicerie à celui de propriétaire du magasin Higginbotham. »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p. 139

Un mythe qui va progressivement s’effondrer au fur et à mesure que Martin multiplie ses efforts pour réussir, sans succès.

D’une rive à l’autre

Malgré ses efforts démultipliés pour faire publier ses textes dans les magazines, Martin Eden peine à réussir. Alors que Ruth ne semble pas approuver son envie de devenir écrivain, Martin semble trop avancé dans son entreprise littéraire pour pouvoir revenir en arrière. Il continue alors de naviguer, d’une rive à l’autre, s’exténuant au travail pour tenter de vivre son rêve de devenir écrivain tout en essayant de maintenir un lien avec Ruth et son monde les week-ends. L’on assiste encore une fois à un dialogue qui nous rappelle tout ce qui les oppose dans un extrait qui m’a fichtrement donné envie d’hurler dans un coussin tant Ruth est une petite bourgeoise totalement à côté de ses pompes :

« Bien sûr, vous pourriez aussi continuer à écrire.
– Il le faudra, dit-il, l’air sombre.
– Pourquoi donc ? » Elle le regarda avec une certaine perplexité ; elle n’aimait pas beaucoup l’obstination avec laquelle il s’accrochait à cette idée.
 » Parce que si je n’écris pas, il n’y aura pas de collège. Il me faut bien vivre, acheter des livres et des vêtements, vous comprenez.
– J’avais oublié ce détail, fit-elle en éclatant de rire. Pourquoi n’êtes vous pas né avec une rente ? »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p. 136

Mais vu que la rente n’est pas une option envisageable pour Martin, il va devoir alterner entre les deux mondes entre lesquels il navigue depuis le début de ce roman ! Ouvrier le jour, il écrira le soir, dans le taudis qui lui sert de logement et qu’il loue à Maria Silva, issue elle aussi de la classe ouvrière. Un violent retour à la réalité s’opère lorsqu’Eden se rend compte de sa difficulté à écrire, lorsqu’il est déjà épuisé par une journée de travail à la blanchisserie.

Ces passages (ainsi que la fin, magistrale, il faut bien le dire) font partie de mes préférés tout simplement parce que c’était ce que j’attendais de ce livre, cela correspondant aux préjugés que j’avais de ce roman. Dans ces quelques chapitres, Jack London illustre parfaitement l’aliénation liée au travail. Celle qui nous empêche de faire quoi que ce soit sur notre temps libre ou ne serait-ce que de penser à autre chose qu’au travail.

« Le patron du bateau était seigneur et maître du temps de Martin ; mais ici, le patron de l’hôtel était seigneur et maître de ses pensées également. Celles-ci étaient entièrement vouées à ce travail nerveusement éprouvant qui détruisait son corps. En dehors de cela, penser était impossible. Il ne savait plus qu’il aimait Ruth. Elle n’existait même plus, car son âme assujetti n’avait pas un instant pour se souvenir d’elle. »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p. 219

Simple locataire de son propre corps et de son propre esprit, Martin Eden constate page 227 : « La maison de la pensée était fermée, ses fenêtres condamnées, et s’il gardait les lieux, c’était comme une ombre. Il était une ombre. »

Cette dure vie de labeur (le travail qu’il effectue à la blanchisserie aux côtés de Joe a l’air exténuant) ne laisse aucune place ni à la lecture ni à l’écriture. Martin manque de sommeil, se nourrit peu car tout son argent passe dans les timbres pour envoyer ses nouvelles à des magazines et tombe malade.

Dans ce contexte difficile, seule sa logeuse Maria Silva, fait preuve de solidarité à son égard. Tandis que Ruth s’étonne de découvrir dans son petit appartement ce à quoi ressemble véritablement la pauvreté, avec un manque d’empathie criant, London crée le personnage de Maria Silva en opposition à cette dernière. Elle est la seule à lire « une histoire différente dans les joues creuses et les yeux brûlants » de Martin (p. 292) et à lui faire parvenir de la soupe par le biais de ses enfants. London conclura :

« Martin en était reconnaissant : il savait mieux que personne comment vivent les pauvres, et que si la charité avait jamais existé sur cette terre, il en avait là un exemple. »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p. 292

De manière générale, les mouvements de générosité et de solidarité à l’égard de Martin Eden se trouvent toujours du côté des gens qui partagent ses conditions d’existence et appartiennent, de facto, à la classe laborieuse. Un constat évident dont il nous semble que Martin a conscience, mais qui n’affectera pourtant pas sa vision de la société…

Le temps des désillusions


Un véritable basculement s’opère à la seconde partie du roman. Tandis que Martin continue de faire grandir son savoir, il s’aperçoit soudainement de la vacuité de ses interlocuteur.ices du milieu bourgeois mais aussi de la cruauté de la grande machine éditoriale qui broie ses auteurs. Devenu amer, il cesse de déifier la classe bourgeoise à laquelle il aspirait jusqu’ici, mais n’en revient pas pour autant à s’identifier à sa classe d’origine.

Le personnage de Martin, déjà assez antipathique de par sa haute estime de lui-même et sa propension à cracher à la gueule de son milieu d’origine, en devient d’autant plus insupportable que son nihilisme teinté d’amertume fait du monde entier un vivier à gens méprisables tandis que lui s’affiche comme un génie incompris (on vous a déjà dit plus haut que ce narratif ne prend pas une seconde avec nous).

Il est appréciable de voir les goûts et l’esprit critique de Martin s’affûter, sa capacité à s’opposer au « bon goût » de la classe bourgeoise (le passage du roman où il est question d’opéra est en cela remarquable et le choix de cette expression artistique pas anodine encore une fois car très bourgeoise…) grandir, mais s’il faut pour cela mettre de côté toute forme d’humilité, ça nous fait décrocher, pour notre part. Toujours est-il que c’est un passage vraiment brillant du roman qui nous fait sentir à quel point le rapport de force entre Ruth et Martin s’inverse. Elle est purement et simplement bousculée dans ses certitudes forgées sur des années d’éducation et d’obéissance aux bonnes mœurs :

« Ruth jugea ses opinions selon des critères purement formels, en se fondant sur sa foi dans les valeurs établies. Qui était-il pour avoir raison contre toute la société cultivée ? »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p. 289

C’est le temps des désillusions pour Martin qui prend conscience de la vision fantasmée qu’il avait de la classe bourgeoise à laquelle il rêvait d’appartenir :

« « Vous savez… je croyais autrefois que dans un milieu tel que celui-ci, où l’on jouit de tous les avantages de la culture… » (Il s’interrompit un instant pour regarder le fantôme de sa jeunesse, en Stetson et veston croisé, passer la porte et traverser le salon en roulant les épaules.) « … je croyais, disais-je, que dans ce genre de milieu tous les hommes et les femmes étaient brillants, rayonnants. Mais aujourd’hui, le peu que j’ai vu d’eux me persuade que la plupart d’entre eux ne sont que des serins, et quatre-vingt-dix pour cent du reste, des raseurs. »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p. 334

Le retour à la réalité est brutal et l’on sent qu’il vient nourrir une forme d’animosité et de lassitude de Martin à l’égard de ses contemporains dans leur ensemble. La vie en perd tout à coup son sens, lui qui voyait en cette ascension sociale et en la perspective du mariage avec Ruth une bonne raison pour laquelle se battre :

« Il avait sottement cru, jadis, que toutes les personnes qui se distinguaient de la classe ouvrière par le vêtement possédaient intelligence et goût de la beauté. A ses yeux, la culture et le faux col allaient de pair, et il s’était trompé en pensant que la formation universitaire et la maîtrise du savoir étaient une seule et même chose. »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p. 350

De notre côté on n’a pu qu’approuver le dégoût que Martin ressent pour les bourgeois qui feignent d’être détenteurs d’un savoir et d’une culture supérieure. Voir ce marin exprimer envers eux « un dégoût tel que Circé dut en éprouver pour ses pourceaux. » (p.359), on ne va pas vous mentir, ça a quelque chose de libérateur. Mais notre problème, c’est vraiment que ça s’accompagne d’un sentiment de supériorité tout à fait assumé par Martin Eden, qui fait qu’on n’arrive vraiment pas à avoir de l’empathie pour lui. Il est juste détestable ce garçon avec ses petits airs de supériorité :

« A tous, à coup sûr, manquait ce je-ne-sais-quoi qu’il avait trouvé en lui-même et dans les livres. Les Morse lui avaient montré ce que leur condition sociale offrait de mieux, et il n’en était pas impressionné. Il était pauvre, certes, esclave du prêteur sur gages, mais il se savait supérieur aux gens qu’il rencontrait chez les Morse […]»

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p. 351

Martin devient un homme seul, génie incompris de tous, qui n’a pas réussi à intégrer la classe bourgeoise mais qui n’a pas pour autant réintégré sa classe sociale et ses préoccupations. Grand nihiliste, il devient l’incarnation du Surhomme de Nietzsche dont il se fait fervent défenseur.

Nihilisme et darwinisme social

Dans la seconde partie du roman, Martin Eden prend un peu plus conscience des lois injustes qui régissent notre monde. On aurait pu espérer de sa part un sursaut de bon sens, une prise de conscience politique rendant évidente la nécessité d’une lutte collective contre une société fondamentalement inégalitaire et injuste… MAIS NON ! Totalement désabusé et plein d’amertume, Martin met ses nouvelles connaissances au service d’un individualisme crasse qui ne le mènera finalement qu’à la solitude et à l’incapacité de supporter ses contemporains, toute classe confondue.

Il envisage ainsi le socialisme comme un « microbe »(p. 432) et développe des idées qui ne sont rien d’autre que du darwinisme social justifiant justement l’existence du monde tel qu’il est. Appliquant les lois de la nature à la société des hommes, il explique :

« Comme je l’ai montré, dans la lutte pour l’existence les forts et leur progéniture tendent à survivre, alors que les faibles et leur progéniture sont écrasés et tendent à périr. En conséquence, les forts et leur progéniture survivront, et tant que la lutte durera la force de chaque génération s’accroîtra. »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p. 442

Un peu plus tôt déjà, il se qualifiait déjà lui-même « d’individualiste », ajoutant :

« Je crois que la course est gagnée par le plus rapide, la bataille par le plus fort. Telle est la leçon que j’ai apprise, ou que je crois avoir apprise, de la biologie. Comme je vous l’ai dit, je suis un individualiste, et l’individualisme est l’ennemi héréditaire et éternel du socialisme. »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p. 354

Le narrateur (Jack London donc) lui-même conclut que Martin Eden est défenseur d’un individualisme réactionnaire, qu’un journaliste assistant à une assemblée confondra bêtement avec la pensée anarchiste. Finalement, c’est le personnage de Brissenden qui résumera au mieux tout l’intérêt de ce roman lorsqu’il dira à Martin :

« Vous voyez, j’aimerais vous voir devenir socialiste avant de disparaître. Cela donnera une justification à votre existence. C’est la seule chose qui vous sauvera de la désillusion qui vous guette. »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p. 439

Seule une prise de conscience politique et une forme de conscience de classe aurait pu sauver Martin du désastre que sera sa vie. Dommage qu’il ait préféré garder son égo démesuré, son individualisme et son darwinisme social puant plutôt que de troquer tout ça contre une capacité à lutter pour l’acquisition de conditions de vie plus dignes pour lui et sa classe… !

J’ai finalement un avis mitigé sur ce livre de par ma détestation de son protagoniste et globalement de la majorité des personnages qui le peuplent (Maria, Joe et Brissenden exclus, le reste…). Je pense que ce livre ne correspondait tout simplement pas à l’image que je m’en étais forgée. Je n’en avais lu que des avis dithyrambiques faisant de Martin un personnage héroïque, courageux et que sais-je encore, alors que ce n’est absolument pas ce que j’ai ressenti à l’égard de ce personnage méprisant et méprisable…

D’un autre côté, si j’ai haï ces personnages, c’est le signe incontestable de la réussite de ce roman. C’est en tout cas ce que je crois. Jack London voulait, selon moi, montrer avec Martin Eden, l’illusion que représente la méritocratie et les envies d’ascension sociale impossibles à assouvir. Son personnage se perdra finalement dans son individualisme et s’oppose, en ce sens, au socialisme en lequel croyait London. Finalement, London aurait probablement réagi de la même manière en me voyant lire son livre que Martin en voyant Ruth découvrir l’un de ses récits. Se frottant les mains de voir que son roman, provoquant mon exaspération, parvenait à ses fins :

« Il nota avec une secrète satisfaction la pâleur de son visage, son regard interdit, ses mains crispées. Il avait réussi. Il avait rendu palpable pour autrui le fruit de son imagination et de sa sensibilité. Il avait fait mouche. Peu importait que l’histoire lui plût ou non ; elle l’avait empoignée et ne l’avait plus lâchée, et elle était restée assise à écouter en oubliant les détails. »

Martin Eden, Jack London, trad. Jean-Phillipe Jaworski, édition Folio, 2016, p. 187


Cette chronique n’est évidemment que le reflet de mon opinion (personnelle donc) et de mon interprétation de ce livre. L’avantage étant que vu que c’est un classique, vous devriez trouver pléthore de chroniques proposant un autre regard sur ce livre !

Pour découvrir des avis différents du mien, vous pouvez déjà aller lire pêle-mêle les chroniques de : La tournée de livre, Le blog de Yuko, Deliresetdeslivres

Et bien sûr, je vous invite également à découvrir l’avis de L’Ourse Bibliophile qui devrait, je pense, différer du mien sur certains points ! 🙂