Camille Cornu – Photosynthèses ***

Camille Cornu Photosynthèses

Cambourakis – 2025 – 225 pages

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Le Je de ce roman singulier, qui rapporte des plantes dans ses manches, aime observer les racines se déployer, regarder les plantes pousser, écouter le silence. Son appartement est envahi de plantes et d’arbres. C’est un Je qui aime sortir en boîte avec ses ami.es. pour le plaisir de se sentir connecté.e. aux autres. Un Je qui ne se définit ni homme ni femme. Un Je qui fait une rencontre qui lui permettra de découvrir la ville du nord.

Camille Cornu possède une écriture toute en pudeur, teintée d’onorisme qui me plaît. C’est un langage mouvant, qui ondule au fil de la narration. J’ai été touchée par la douceur qui se dégage dans ce milieu queer dans lequel iel évolue. « Le vertige de tout ce que nos désirs peuvent réinventer. » Iel cherche sa place, cherche un lieu qui l’acceptera comme iel est. Cherche à définir les contours de sa non-binarité. Y a t-il une place pour iel dans ce monde pétri de normes ?

« La réalité et la fiction sont deux risques de la même intensité qui se répercutent et se poursuivent. »

Un roman ovni, qui dit la puissance de ce qui grandit en silence, la puissance des petits riens qui nous aident à vivre. Il y est question du langage, qui tout comme le corps sont lieux de métamorphose(s). « Les repas de famille m’ont appris que les corps peuvent se métamorphoser, se contrôler et se rebeller. » Il y a la puissance du végétal aussi qui panse les traumas du passé, ceux de l’agression comme ceux d’une mère abusive et dans l’excès de contrôle. « J’ai choisi d’accueillir une tige de lierre qui s’enroule autour de mes épaules, j’ai choisi de la laisser se faufiler sous ma peau, son énergie vitale s’infuse à l’intérieur de moi. » Iel cherche la réinvention de son corps et la métamorphose des regards portés sur son corps. J’ai rarement lu un texte aussi sensible et beau.