Les dernières heures – Ruth Druart

dernières heures Ruth Druart

Titre : Les dernières heures

Auteur : Ruth Druart

Édition : City

Genre : Historique

Pages :  410

Parution :  14 juin 2023 

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À l’aube de la Libération, Paris vit ses heures les plus sombres. Mais la jeune Élise n’hésite pas à braver les dangers et à partager le peu qu’elle possède avec un orphelinat juif.

Affamée de justice, elle va encore plus loin, exfiltrant les enfants avant qu’ils ne soient envoyés au camp de Drancy.
Un jour, elle fait la rencontre de Sebastian, un jeune soldat allemand. Chaque jour, pour le Reich, il traduit les lettres de dénonciation. Mais sa rencontre avec Élise va le confronter à l’horreur de ses actes et à un terrible dilemme : trahir son pays ou renoncer à l’amour de la belle Française.

Dix-neuf ans plus tard, une jeune femme, Jospéhine, découvre dans une vieille valise, une lettre qui remonte à la guerre. Un mot d’amour destiné à sa mère mais écrit par un autre homme que son père. Peu à peu, elle remonte le fil d’une histoire d’amour interdite. L’histoire d’une trahison et d’une vérité indicible qui va changer sa vie à tout jamais.

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Merci City

J’ai reçu ce livre grâce à l’opération de l’été de city sur une sélection de poche. J’en avais coché quatre pour deux réceptions, j’ai laissé le destin choisir. Et j’ai vraiment bien fait, parce que ce livre est juste incroyable. Ça fait un moment qu’un livre ne m’avais pas touché à ce point…

Ce livre est à double temporalité, une partie en Bretagne en 1963 et une autre qui commence en 1944 à Paris.

J’ai trouvé ces deux parties aussi intéressantes l’une que l’autre.

Nous commençons en 1963, Joséphine à 18 ans, elle rêve de liberté, d’aller en Angleterre, mais pour ça, il lui faut un passeport. Le problème, Joséphine n’a jamais vu son acte de naissance et quand elle en parle, sa mère Elise esquive le sujet. Elle va donc le chercher elle-même quand sa mère part travailler à la semaine. Ce qu’elle va découvrir va changer sa vie, elle qui croyait que son père était Frédéric, un français mort à la guerre, elle va en fait découvrir que son père s’appelle Sebastian et qu’il est allemand. Joséphine qui appelle encore les allemands « les boches » va se sentir trahit et salit par cette découverte. Elle va fuir à Paris chez sa tante Isabelle, la sœur cadette de dix ans de sa mère. C’est là qu’elle va découvrir toute l’histoire (ou presque) de son père et de sa mère pendant la Seconde Guerre mondiale.

Paris était devenue une ville d’uniformes sombres, de sinistres voitures noires qui passaient silencieusement, de bottes à clous qui résonnaient dans les rues vides.

Je ne savais pas à quoi m’attendre en ouvrant ce livre, n’ayant pas lu le premier  » l’enfant du train « . Une chose est sûre, je ne m’attendais pas à autant aimer, à autant vibré, à autant être touchée.

J’ai absolument tout aimé dans cette histoire.

Les héros sont très attachants, l’histoire entre Elise et Sebastian m’a profondément bouleversé.
Même séparément, leur histoire est prenante.

Élise travaille dans une banque, mais à côté elle est bénévole dans un orphelinat juif ou elle fait un peu plus que d’apporter des dons aux enfants. Élise les fait passer en zone libre grâce à des passeurs, elle prend beaucoup de risques, personne n’est au courant. J’ai trouvé cette héroïne très forte et courageuse. J’ai aimé sa façon de se rebeller contre les Allemands qui occupent Paris et les policiers français qui répondent aux ordres allemands. C’est une héroïne qui va mettre sa vie de côté pour la sécurité de sa fille. Sa solitude m’a tellement touchée, tout ça parce qu’elle est tombée amoureuse d’un franco-allemand… C’est une battante, elle m’a impressionné du début à la fin.

Du côté du héros, j’ai été autant conquise voir plus. Sebastian a été enrôlé dans l’armée de Hitler dès son plus jeune âge. Forcé de rentrer dans les jeunesses hitlériennes, il n’a jamais vraiment décidé de son sort. C’est ça qui l’a amené à Paris comme traducteur pour l’armée allemande. Traduire des lettres de dénonciation le dégoûte encore un peu plus des atrocités de cette guerre. Sebastian aimé profondément la France, parle français aussi bien que les Parisiens, mais son uniforme l’isole. Les Français vivent sous l’occupation et ne souhaitent même pas croiser le regard d’un de ceux qui les retiennent prisonniers dans leur propre pays. On ressent réellement sa peine, sa culpabilité. On voit bien qu’il n’est pas comme les autres, qu’il ne veut pas de cette guerre, qu’il a du mal à se regarder dans le miroir.
C’est un héros qui m’a extrêmement touché. J’avais déjà vu le point de vue de ces Allemands enrôlé malgré eux. Mais pas comme ça, là, la détresse du héros m’a pris aux tripes, j’ai eu tellement de peine pour lui. Sebastian est un héros ultra-bienveillant, gentil et altruiste, l’inverse de ce que renvoi l’image de l’armée allemande. Bref, c’est vraiment un point de vue très intéressant que j’ai adoré lire et découvrir qui m’a beaucoup touché.

Il était un fils obéissant qui est devenu un soldat obéissant. Cependant, il y a plus que cela, en lui. C’est une âme troublée.

Et la romance… Qu’elle est touchante cette histoire d’amour interdite. On le sait tous, les femmes françaises au bras des soldats allemands n’étaient vraiment pas bien vu. Souvent, elle le faisait par intérêt, pour obtenir des choses. Mais ici, ce n’est pas le cas, c’est un véritable amour, un coup de foudre qui dépasse tout le reste.
Pourtant, réticente, Élise va vite voir ce qui se cache derrière l’uniforme de Sebastian. Un homme bon, prêt à se mettre en danger avec elle pour sauver des enfants juifs.
Les moments qu’ils vont passer ensemble sont infiniment beaux, leur pique-nique, leurs moments intimes alors qu’ils savent que leur temps est compté. C’est un amour qui prend toute la place, qui est fort et profond, que le temps et la distance n’altère pas. Bref, juste wahou.

Il y a beaucoup de sujets abordés dans ce livre, principalement sur la Seconde Guerre mondiale.
L’autrice y parle de la vie à Paris sous l’occupation.
Avec les restrictions alimentaires et autres, le couvre-feu. Les Parisiens vivaient la peur au ventre, leurs moindres faits et gestes étaient scrutés par les Allemands, même les petits panneaux dans les jardins du Luxembourg…
L’ambiance de cette époque est très bien décrite, j’ai ressenti ce sentiment d’oppression et de peur avec les héros.

Elle parle aussi de ses relations entre les Françaises et les Allemands. Ce qui était très mal vu à l’époque. Là encore, on sait tous ce qui arrivait à ses femmes. À la libération, elles ont été humiliées, tondues et promenées dans les rues sous les crachats. Quelle horreur vraiment, j’ai eu tellement mal au cœur pour ses femmes. Mon côté féministe à hurler très fort. Surtout que l’autrice nous a montré que tous les Allemands n’avaient pas mauvais fond, beaucoup n’avaient pas le choix que d’obéir.

J’ai aussi aimé la partie dans les 1963, je l’ai trouvé très bien mené. Cette jeune fille de 18 ans qui ignorait tout de la vie passé de sa mère, de ce qu’elle a pu vivre, qui elle a pu aimer. Et surtout ce qu’elle a traversé pour qu’elle soit en sécurité. La grossesse d’Élise et la naissance de Joséphine m’ont touché, j’aurais voulu l’aider, lui apporter tout mon soutien…

Je ne vais pas le cacher, certains passages de cette histoire sont très durs, l’autrice ne nous épargne pas. Et c’est ça que j’aime, être confronté à ce qui s’est passé dans ces années-là. Il y a beaucoup d’émotions dans l’histoire, j’ai eu le cœur serré à de nombreuses reprises par toutes ces émotions…

La fin m’a rendue triste, j’ai espéré jusqu’au bout, mais cette fin est logique, vraie et réelle. Ce qui est, je trouve encore plus touchant, ce qui rend les choses encore plus réelles…

Cette guerre avait fait tomber les barrières sociales entre les hommes et femmes, entre les classes aussi. Nous étions tous dans le même bateau.

Un gros coup de cœur pour ce livre que je ne suis pas près d’oublier. Une histoire qui m’a profondément marquée. Une histoire à double temporalité, en 1963 quand Joséphine découvre qui est réellement son père. Puis, on remonte le temps à partir des années 1944, pour retracer le début d’histoire d’amour entre Élise et Sebastian. Une histoire d’amour interdite entre une jeune française et un soldat franco-allemand qui est incroyablement belle et touchante. Mais les horreurs de la guerre sont bien là, l’occupation de Paris, les restrictions, les rafles, les arrestations abusives… Et surtout l’après-guerre, ces femmes humiliées et jugées par les autres Français. Une héroïne forte et courageuse, une vraie battante. Un héros contraint d’être là, qui est courageux et vraiment très touchant.
J’ai aimé cette double temporalité très bien construite, les sujets abordés, cette ambiance oppressante des années d’occupation. Une plume belle et addictive, il y a beaucoup d’émotions dans cette histoire, j’ai eu le cœur serré, des larmes dans les yeux.
Si vous aimez les romances historiques, les secrets de familles et les doubles temporalités, n’attendez plus, ce livre est une sacrée pépite qui mérite d’être plus connue.