Ma note Ma chronique Commençons par avouer une subjectivité totale au moment de rédiger cette chronique. Enfant de Lorraine – j’ai grandi en Moselle, à la frontière allemande comme l’auteur – je ne peux qu’être sensible à l’évocation que fait Julien Thèves de cette région que j’ai quittée comme lui. Et comme lui, j’y retournai pour rendre visite à mes grands-parents jusqu’à leur décès. Enfin, comme lui j’aurais pu écrire à leur propos : « Comme les arbres, mes grands-parents ont donné leur sève, leurs histoires, leurs émotions, leurs secrets, leur capacité de résistance et leur allure à d’autres arbres, d’autres enfants, d’autres humains. Ils ont déployé leurs branches, leurs bras. Ils ont fertilisé le monde, à leur toute petite échelle, comme des milliards d’autres arbres, d’autres humains. Ils ont communiqué leur vie, leur énergie, leur souffle à d’autres vies, qui à leur tour ont continué à grandir, à aimer, à se reproduire, un peu similaires, un peu différentes. » Ils étaient de l’Est Où ? Quand ? Ce qu’en dit l’éditeur Les critiques Les premières pages du livre L’Est, c’était toujours le Nord-Est, pas le Sud-Est, à mes yeux, à mes oreilles d’enfant, entendre toujours « dans l’Est », « on montera dans l’Est », manquait de précision, « cet été on va dans l’Est », je me demandais pourquoi ce n’était pas Nice, ou Lyon – et toujours la Moselle, ou les Vosges, là-haut, dans l’angle nord-est, à l’autre bout de ce Sud-Ouest, où nous vivions. Nous, nous ne vivions pas dans le Sud, mais dans le Sud-Ouest. Eux, ils vivaient dans l’Est, contre toute logique, et pour toujours, ce n’était pas le Nord et ses corons, ni le Sud aux terrasses ensoleillées, aux platanes alignés, c’était l’Est aux routes verglacées, aux forêts profondes, à l’alcool fort et aux accents puissants, mélangés, l’ombre de l’Allemagne et de la grande histoire, l’Est salé et piquant, et gris, et triste aussi, et vaste. Un bout du monde, un monde dont on venait. Et où l’on retournait tous les étés. Enfance, traversée de la France par les petites routes, Guéret, Montluçon, Moulins, où ma mère avait eu son premier poste, en 68, elle qui venait de l’Est. C’étaient les routes longues, la journée de voiture, les cassettes qu’on retourne, Brel et Brassens incessants dans l’habitacle, la nuit qui tombe, l’approche de la Haute-Saône, plate et perfectible, nous étions dans l’Est. Ces vallées vosgiennes, écrasées de chaleur, tuées d’ombre, assombries par la nuit, arrosées de pluie. Plus haut, plus loin, c’était l’Est encore, le département de la Moselle. Le pays de mon père. Si tant est qu’il ait eu un pays, lui qui courait tout le temps, qui ne montrait aucun attachement, c’était là. Abandonnant la vallée vosgienne, où nous restions tout l’été, pour quelques jours nous partions là-bas, je ne sais si nous montions ou nous descendions – de toute façon, nous étions dans l’Est, Vosges ou Moselle, 88 ou 57, tout ça c’était la même chose –, nous suivions l’autoroute, dépassions Épinal, l’usine Thiriet, qui fabriquait des glaces, on montait, on piquait vers le nord, les vallées vosgiennes laissaient place à un paysage, que je dirais indistinct aujourd’hui, sans caractère, nous doublions la porte des Allemands, c’était Metz déjà, et puis le village de mes grands-parents, les parents du père, qui restaient là, petite ville de B. – eux vivaient à l’écart, dans une résidence ou une cité, ces deux mots sont conjoints, un ensemble de bâtiments petits (trois étages au plus), avec l’odeur de frais de l’escalier, une odeur qui me marque à jamais. Et le vol des chauves-souris l’été, à la nuit tombée, près des agrès, du parc à ours ou de cette espèce de machin arrondi sur lequel grimper, ayant vaguement la forme d’une soucoupe renversée, telles les piscines municipales d’alors, mais fait de barreaux d’acier. Derrière la cité, les trains passaient, ce n’étaient que des trains de marchandises. Nous y étions, on ne pouvait pas aller plus loin, ni dans le temps ni dans les lieux, l’Est se refermait sur nous, avec son grand air d’ennui, ces journées éternelles, infinies, interminables, cet ennui si puissant qu’il vous tétanisait, vous sidérait. On ne passait pas longtemps là, l’appartement était tout petit. Je dormais avec mon frère dans la chambre d’étudiant de mon père — je ne sais plus s’il avait grandi dans cet appartement, mais je sais qu’étudiant, il aimait cette chambre, ce Lit dont 1l disait qu’il y dormait si bien —, mes parents couchaient dans le salon, sur le canapé, simple banquette recouverte de coussins et de couvertures, s’il m’en souvient, juste à côté de la table, la grande table des repas. Je me souviens de l’exiguïté de l’espace, et de la chambre de mes grands-parents, ou nous n’entrions jamais, la petite cuisine, la toute petite salle de bains, le minuscule couloir, davantage un dégagement plutôt qu’un vrai couloir, tout était plus petit que chez nous, dans le Sud-Ouest, où nous avions une maison, plus petit que dans les maisons des Vosges, où nous passions l’été. Le souvenir, c’est ça, c’est la vie en appartement, surprenante, et le jardin de pépé, de l’autre côté de la route, étonnant, un lopin de terre éloigné de l’habitation. De l’autre côté c’était l’Allemagne. Trois, quatre maisons. Si vieilles. Pourries, à mes yeux, dans mes mots d’enfant. Impression de pauvreté, d’éloignement de tout. Je crois que si je vivais là je me ratatinerais sur place, je pleurerais d’ennui, mon ennemi, mon pire ennemi : peur d’y rester. Cet ennui heureux qu’on éprouve parfois, adulte — mais pas enfant. Trois, quatre maisons. L’une d’elles était familiale, ma grand-mère était née là, avait grandi à, entre ces quatre maisons, sur cette place terreuse, dans ce trou, ce vallon oublié, à l’écart de tout. La maison était une ferme. La toile cirée, l’ombre — encore — dans la grande pièce, le rouleau tue-mouches, l’odeur aussi, odeur fraiche, mais marquée, y avait-il des vaches derrière la maison ? Nous venions ici rendre visite à une grand-tante que mes parents aimaient. De l’autre côté c’était l’Allemagne, cela me fascinait. Nous marchions parfois, sur le coteau, au-dessus du village, un bout de forêt, des grands champs de blé. L’Allemagne, pas une once de frontière, rien qui matérialise ce passage d’un pays à l’autre. L’Allemagne, le Luxembourg, la France. Ces trois pays qui étaient dans la voix de ma grand-mère, elle qui était née là, à la confluence, près du village de Schengen qui, plus tard, définirait notre monde, celui des vols low cost, de l’euro et des transhumances fréquentes. Trois pays : la France bien sûr, le français, les racines, la langue, mais tout ça mouillé d’influence germanique, dans les mots différents, les R qu’on roule. Trom-born. Rouler bien les R. Les noms, les lieux s’échangeaient d’une personne à l’autre, racontaient les souvenirs, une cousine, un oncle remarquable. Sierck-les-Bains, Sœtrich, Apach, Schengen, les voitures allemandes avaient la plaque SLS, Sarrelouis, la grande ville locale. Et les françaises 57, dans ce bout de Moselle inanimé, humble, assoupi sous l’été continental. Oui, ces noms de lieux qui dansent encore dans ma tête dansaient dans les conversations, constellation familiale. Filstroff, Flastroff, encore des R et de drôles de noms qui se ressemblent. Launstroff. Hettange-Grande. C’était là. Ou par Là, en tout cas, noria de voitures, à peine quelques jours par an, rendre visite à un cousin du père, s’ennuyer dans le jardin pendant la discussion des adultes, les voir un peu éméchés à la fin du repas. Et repartir, se laisser trimbaler Chez mes grands-parents. Au pied de la cité. Je le revois — mon premier 45 tours, un disque de Frankie Goes to Hollywood, était devenu tout gondole, tordu, déformé, je le revois encore, de l’avoir lisse deux heures au soleil à l’avant de la voiture. Le disque foutu. B. : loin d’Hollywood. Loin de la pop, de tout ce qui animait un adolescent des années quatre-vingt. Moselle profonde. Donc c’était là ? J’avais du mal à vibrer aux souvenirs de mon père, faucher l’herbe l’été, les balades à vélo, je crois qu’il n’y en avait pas beaucoup d’autres, tout me paraissait si morne, rien ne m’enchantait. » Extraits « En Moselle, on ne parlait pas des Allemands, on ne les insultait pas, les familles étaient mélangées. Die Deutschen n’avaient qu’à traverser le champ et faire des enfants. « Mon père reprend la parole, « Ma mère avait épousé un douanier, elle avait une excellente vue, des yeux bleus comme moi » — il radote, excusez-moi, qu’est-ce qu’il pourrait dire encore — « si je n’avais pas fait d’études, j’aurais peut-être travaillé à la mine, moi aussi, comme mon grand-père elles fonctionnaient encore dans les années soixante, j’aurais travaillé à la sidérurgie, comme les parents de tes amis, en Moselle, là, ceux qui sont morts de l’amiante, d’un cancer de la plèvre ; c’étaient des vies dures ; à la place, j’ai préféré fuir. » À nouveau, il parle de lui. » p. 113 « Elle nous embrasse et puis elle se remet aux fourneaux. Ces femmes, à hauteur d’enfant, sont toujours debout dans la cuisine, devant les fourneaux, elles touillent, elles hument, elles goûtent. Elles émincent, elles râpent, elles écossent. Elles désossent, elles tranchent, elles dressent. Elles remuent encore et encore, elles couvrent, elles laissent mijoter. Elles ont le temps. Ça mijotera le temps qu’il faudra. De toute façon elles ne font que ça. En plus du reste. Elles sont dans la buanderie, à la cave, elles ont un lieu secret où elles ont rangé toutes les affaires du ménage, un peu sombre, avec les balais, les bocaux, c’est leur royaume, « n’entre pas !» on les suit discrètement, on a peur de déranger, de faire tomber quelque chose, c’est tout petit, tous leurs trésors ménagers sont là. » p. 149 « Comme les arbres, mes grands-parents ont donné leur sève, leurs histoires, leurs émotions, leurs secrets, leur capacité de résistance et leur allure à d’autres arbres, d’autres enfants, d’autres humains. Ils ont déployé leurs branches, leurs bras. Ils ont fertilisé le monde, à leur toute petite échelle, comme des milliards d’autres arbres, d’autres humains. À propos de l’auteur Julien Thèves © Photo Muriel Lacalmontie Julien Thèves est né en 1972 à Strasbourg, et vit à Paris. Il est auteur, journaliste à Le Monde et producteur radio à France Culture. Il a notamment publié Précarité (éditions Balland, 1999), ainsi que Les Rues bleues (éditions Buchet-Chastel, 2020). Julien Thèves a reçu le prix Marguerite Duras pour son roman Le Pays d’où l’on ne revient jamais (Christophe Lucquin Éditeur, 2018). (Source : Éditions Abstractions) Page Facebook de l’auteur Tags
★★★ (bien aimé)Vers les Vosges et vers la Moselle
Dans une évocation de sa jeunesse qui est aussi une exploration familiale et sociale, Julien Thèves raconte les vacances passées chez ses grands-parents vosgiens et ses grands-parents mosellans. Un récit tout en sensualité sur une terre chargée d’histoire.
C’est cet héritage que le narrateur veut célébrer à l’occasion d’un voyage, bien des années plus tard pour retrouver des lieux, des documents, peut-être des témoins. Si son entreprise est perturbée par la pandémie qui sévit alors et va l’empêcher de se déplacer à sa guise, il n’en retrouvera pas moins de nombreux souvenirs d’enfance, des paysages et des lieux, des couleurs et des odeurs. Car c’est d’abord à un voyage sensuel qu’il nous invite dans une région que l’on caricature parfois en la réduisant à un passé industriel ou à une identité ballotée par les soubresauts de l’Histoire.
Il y a certes tout cela, un ancêtre mineur mort trop jeune et dont la disparition reste un mystère, une aïeule allemande qui a les frontières bouger plusieurs fois entre son pays d’origine et son pays d’accueil. Il y a cette mémoire personnelle entrelacée avec celle de la région : guerre, exil, usines, langue, rites.
Mais l’auteur n’écrit ni un essai historique, ni un roman de terroir. Son texte relève plutôt de la prose poétique, quasi-méditative. À travers de courts chapitres, il évoque les paysages traversés en voiture, les villages aux noms germaniques, la langue « qui ressemblait à l’allemand, le platt, qui ressemble au luxembourgeois, « le pire du français et le pire de l’allemand », dit mon ami Grégoire. Ce n’est pas cette langue noble, germanique, structurée, gothique, ce n’est pas le français pur d’Anjou. »
Julien Thèves fait d’une part le portrait morcelé mais dense d’un territoire, la Lorraine frontalière – le long du Luxembourg et de l’Allemagne –, et de ces gens de l’Est et de l’autre celle de ses grands-parents vosgiens, plus aisés. Ici, il ne faut pas partager une minuscule chambre de cité, mais profiter d’un chalet au bord de la forêt. Et goûter à la douceur des jours d’insouciance, d’une classe sociale plus aisée. En hiver, les grands-parents vosgiens fermaient leur maison et partaient à Nice. En Moselle, en revanche, on ne partait pas. « En Moselle, on fauchait les blés l’été, on ramassait les mirabelles, on distillait le schnaps. Il ne me reste rien d’autre. »
Le trait d’union entre les deux familles se fait à la cuisine, avec les grands-mères : « Ces femmes, à hauteur d’enfant, sont toujours debout dans la cuisine, devant les fourneaux, elles touillent, elles hument, elles goûtent. Elles émincent, elles râpent, elles écossent. Elles désossent, elles tranchent, elles dressent. Elles remuent encore et encore, elles couvrent, elles laissent mijoter. Elles ont le temps. Ça mijotera le temps qu’il faudra. » Une enfance aux parfum de mirabelles et de brimbelles.
Il y a chez Thèves une grande pudeur et une volonté de précision, même s’il sait combien la mémoire est fugace. Chaque phrase semble pesée, comme si l’auteur voulait rendre justice à ceux dont il parle, sans emphase ni pathos. Il écrit sur les absents – les morts, les oubliés, les silencieux – avec une gratitude tranquille. Il redonne chair à des voix éteintes, à des présences qui persistent. Ce n’est pas un livre nostalgique, mais un livre d’enracinement, qui affirme que nous sommes les produits d’un sol, d’un climat, d’une histoire collective.
On pense bien sûr à Nicolas Mathieu et à Leurs enfants après eux, mais en plus méditatif. Le livre laisse une empreinte durable. Il donne envie de reprendre la route vers les lieux de l’enfance, de questionner les anciens, de transmettre à son tour. Il rappelle que la littérature peut encore, humblement, porter mémoire et présence, et qu’il est des livres discrets qui, sans bruit, nous bouleversent.
Julien Thèves
Éditions Abstractions
Roman
196 p., 19,99 €
EAN 9782492867682
Paru le 28/03/2025
Le roman est situé principalement en Moselle, du côté de la frontière allemande et dans les Vosges, en venant du Sud-Ouest. On y évoque aussi Nice, Sète, Isola 2000, Strasbourg, Paris. Et plus tard Zermatt, Bâle et Thonon-les-Bains.
L’action se déroule des années 1980 à nos jours.
Les années 1980, dans l’Est. Julien Thèves se souvient de son enfance où il se rend chaque été chez ses grands-parents paternels, en Moselle, et ses grands-parents maternels, dans les vallées vosgiennes aux forêts profondes. Souvenirs d’un sourire, d’un geste, d’un sentiment. Souvenirs qui demeurent alors que l’auteur retourne en Lorraine, en 2020, à l’occasion d’une résidence littéraire, et se remémore l’enchantement que lui procure l’évocation de ses grands-parents.
Avec Ils étaient de l’Est, son nouveau roman, Julien Thèves évoque les souvenirs pour livrer une profonde contemplation de l’intime. Du passé au présent, l’auteur explore le flux de la pensée pour écrire l’expérience du temps. Les mots tentent de faire revivre les absents d’un monde révolu, miroir de notre époque qui questionne notre propre histoire et le temps qui passe.
Babelio
Pro/Prose magazine (Karen Cayrat)
Prologue
« Ils étaient de l’Est.
☆☆☆
Un jour, nous prenions la voiture et nous roulions quelques minutes parmi les champs, les mirabelliers — ce serait bientôt la saison des mirabelles, avec leur couleur subtile, à la fois intense et douce, comme le goût, le goût du fruit dont on fait un alcool si prisé —, on roulait oh pas longtemps, soudain c’était là, une toute petite route, un chemin vicinal qui descend et se termine en impasse, au fond du vallon.
☆☆☆
☆☆☆
Près de la petite ville de B., la cité des anciens, un nom revenait souvent (comme celui d’un personnage à qui on n’a pas encore été présenté) : Tromborn. Un village qui roulait doucement dans la bouche de mémé, dont mes parents riaient je crois, tant la prononciation était particulière, rendue difficile aussi par la graphie du nom.
« En Moselle, on fauchait les blés l’été, on ramassait les mirabelles, on distillait le schnaps. Il ne me reste rien d’autre. » p. 49
Les Mosellans parlent une langue qui ressemblait à l’allemand, le platt, une langue qui ressemble au luxembourgeois, « le pire du français et le pire de l’allemand », dit mon ami Grégoire. Ce n’est pas cette langue noble, germanique, structurée, gothique, ce n’est pas le français pur d’Anjou. » p. 99
Ils ont communiqué leur vie, leur énergie, leur souffle à d’autres vies, qui à leur tour ont continué à grandir, à aimer, à se reproduire, un peu similaires, un peu différentes.
Parmi ceux qui ont poussé à leurs pieds, dans leur ombre, à la fois protectrice et parfois étouffante, deux êtres s’étaient rencontrés. » p. 186
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