Kintsugi

Ma note
★★★ (bien aimé)

Angèle a cinquante ans. L’âge où l’on peut encore refaire sa vie. Aussi décide-t-elle de prendre le large, au sens propre autant qu’au sens figuré. À Brest, elle s’embarque sur le trois-mâts du Père Jaouen pour une traversée de l’Atlantique. Dans son sac, elle cache un secret, symbole de ses blessures intérieures. À bord, elle rencontre d’autres âmes en peine, chacune porteuse de ses propres fêlures : Louise, Gino, Manuela, Lucas, Maud et Romain. Ensemble, ils forment une communauté de destins brisés, cherchant à se reconstruire à travers le partage de leurs histoires et de leurs souffrances. « Se peut-il que nous ayons peur de nos secrets, propres, entiers ? Ce serait un paradoxe, puisque nous serions, alors, la source même de notre peur. Pourtant, il me semble que cela existe. La peur de ce que personne ne sait, de cette intimité profonde sertie de diamants que nous cajolons comme un trésor. Mince alors, il vaudrait mieux que ça sorte. » Alors, avec plus ou moins de réticence et d’appréhension, ça sort. L’équipage apprend à s’accepter et au-delà à transcender ses fêlures en source de richesse. Comme le suggère le titre, c’est dans l’art japonais qui consiste à réparer des objets brisés avec de l’or, mettant en valeur leurs cicatrices plutôt que de les cacher, que réside la véritable beauté de l’existence.
Isabel Gutierrez célèbre la complexité et la beauté des âmes humaines. Elle les observe et les capture dans toute leur profondeur, : « Je regarde les visages. Des concentrés d’âme. Ce que chacun offre au monde. Mais aussi des hommes et des femmes tels qu’ils sont, traversés, imbibés, lourds et lumineux des effluves, des influences du chant du monde. »
Méditation délicate et poétique sur la reconstruction de soi, le roman explore aussi les thèmes de la perte, de la souffrance et de la renaissance.
Pour ce faire, la romancière utilise une technique narrative audacieuse, alternant entre les voix des différents personnages et des extraits du journal de traversée d’Angèle. Cette polyphonie donne au roman une richesse et une profondeur particulières, permettant au lecteur de percevoir les multiples facettes de la douleur et de la guérison. Chaque personnage, avec ses failles et ses espoirs, contribue à cette mosaïque humaine, où les cicatrices deviennent des lignes d’or, symboles de résilience et de beauté retrouvée.
L’écriture sensible et poétique d’Isabel Gutierrez touche droit au cœur. Elle parvient à capturer les nuances des émotions humaines avec une justesse remarquable, évoquant tour à tour la mélancolie, l’espoir et la solidarité. Les paysages marins, décrits avec une grande finesse, servent de toile de fond à cette quête intérieure, ajoutant une dimension presque mythique à l’histoire.
Ce beau roman, à la fois intime et universel, nous rappelle que nos cicatrices sont aussi précieuses que l’or. Il nous rappelle aussi Ubasute, le premier roman de l’autrice, dans lequel un fils entend exaucer le vœu de sa mère, décidée au terme d’une ultime ascension, à mourir au sommet d’une montagne. Ici aussi la quête se fait par un voyage, par le mouvement vers l’autre autant que vers soi.

Kintsugi
Isabel Gutierrez
Éditions La Fosse aux Ours
Roman
132 p., 18 €
EA2N 9782357071834
Paru le 19/01/2024

Où ?
Le roman est situé à Brest, puis aux Canaries. On y évoque aussi Paris et Canfranc.

Quand ?
L’action se déroule de nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
UN SOIR DE VIE un peu triste, Angèle, la cinquantaine célibataire, décide de prendre le large. Elle embarque sur le trois-mâts du Père Jaouen. Dans son sac à dos, dissimulé sous ses vêtements, un secret.
Commence alors la traversée, celle de l’Atlantique, mais bien plus encore. Car, pour Angèle, c’est le temps de la rencontre avec Manuela, avec Louise et avec Gino qui hurle les bras dressés vers le ciel. Chacun est venu abandonner ou retrouver un peu de soi.
À la manière d’une odyssée, le roman rend hommage à tous ceux qui osent, un jour, recouvrir d’or leurs blessures, les partager, et se sentir ainsi plus riches, à la manière de l’art japonais du Kintsugi.

Les critiques
Babelio 
Blog Mémo Émoi 
Blog Les livres de Joëlle 
Blog Lectures et plus 

Extraits
« Manuela, c’était un sourire , c’était mon homme, c’est ton père. Un soir, je l’attendais, il n’est pas remonté, ils sont venus me dire qu’il ne reviendrait pas. Mais toi, ma jolie petite fée, tu es venue, et lorsque je te regarde, je sais qu’il est un peu là, avec nous. » p. 43

« Se peut-il que nous ayons peur de nos secrets, propres, entiers ? Ce serait un paradoxe, puisque nous serions, alors, la source même de notre peur. Pourtant, il me semble que cela existe. La peur de ce que personne ne sait, de cette intimité profonde sertie de diamants que nous cajolons comme un trésor. Mince alors, il vaudrait mieux que ça sorte. » p. 64

« Je regarde les visages. Des concentrés d’âme.
Ce que chacun offre au monde.
Mais aussi des hommes et des femmes tels qu’ils sont, traversés, imbibés, lourds et lumineux des effluves, des influences du chant du monde. » p. 96

À propos de l’autrice

Isabel Gutierrez  © Photo DR

Isabel Gutierrez enseigne la littérature et le cinéma à Grenoble. Après Ubasute, son premier roman paru en 2021, elle a publié Kintsugi en 2024. (Source : Éditions La Fosse aux Ours) 

Page Facebook de l’autrice 

Tags
#kintsugi #IsabelGutierrez #editionslafosseauxours #hcdahlem  #secondroman #68premieresfois #roman #RentréeLittéraire2024 #litteraturefrancaise #litteraturecontemporaine #booktok #livre #lecture #books #blog #parlerdeslivres #littérature #bloglitteraire #lecture #jaimelire #lecturedumoment #lire #bouquin #bouquiner #livresaddict #lectrice #lecteurs #livresque #lectureaddict #litterature #instalivre #livrestagram #unLivreunePage #writer #reading #bookoftheday #instabook #litterature #bookstagram #bookstagramfrance #lecturedumoment #bibliophile #avislecture #chroniqueenligne #chroniquelitteraire #jaimelire #lecturedumoment #book #bookobsessed #bookshelf #booklover #bookaddict #reading #bibliophile #bookstagrammer #bookblogger #readersofinstagram #bookcommunity #reader #bloglitteraire #aupouvoirdesmots #enlibrairie