Les aventures de Sherlock Holmes • Arthur Conan Doyle

Par Bénédicte

Éditions Archipoche, 2024 (393 pages)

Ma note : 17/20

Quatrième de couverture …

Lorsqu’un inconnu vient le consulter sur une étrange affaire dont dépend le destin de l’Europe, Sherlock Holmes n’a même pas besoin de l’écouter pour aussitôt reconnaître le roi de Bohème… Nul mystère, il est vrai, ne saurait résister au génie déductif du détective anglais. 
Paru en 1892, Les aventures de Sherlock Holmes regroupe douze des enquêtes du célèbre résident de Baker Street.

La première phrase

« Pour Sherlock Holmes, c’est toujours la femme. Il ne parle jamais d’elle sous cette dénomination ; à ses yeux elle éclipse le sexe faible tout entier. Ne croyez pourtant pas qu’il ait eu de l’amour, voire de l’affection pour Irène Adler. »

Mon avis …

Deux ans après avoir lu Une étude en rouge ainsi que Le signe des quatre, il me tardait de retrouver l’incroyable talent de déduction de ce cher Sherlock Holmes. Je ne l’ai pour le moment rencontré que sur un format roman (j’avais d’ailleurs adoré Le chien des Baskerville). Ce recueil de nouvelles me permet donc de renouer avec notre détective pour le moins atypique, mais cette fois-ci sur des récits beaucoup plus courts. Cette quatrième rencontre avec Sherlock Holmes fut encore une fois un coup de cœur !

Publiées en 1891 et 1892 dans le Strand Magazine, les douze nouvelles réunies dans Les aventures de Sherlock Holmes ont parfois un point de départ étonnant, ou une chute inattendue. Holmes brille évidemment par son sens aigu de l’observation (il est bien le seul à faire des déductions qui s’avèrent véridiques à partir d’un simple chapeau). Il lui arrive pourtant de se fourvoyer, ou bien encore de tomber sur des adversaires plus rapides que lui. J’ai en tout cas adoré découvrir ses courts récits qui mettent en scène des vols de bijoux, des disparitions mystérieuses, un étrange décès survenu en chambre close, ou encore (plus amusant) un diamant littéralement gobé par une oie !

Les aventures de Sherlock Holmes comprend les nouvelles suivantes : Un scandale en Bohème ; L’association des hommes roux ; Un cas d’identité ; Le mystère de la vallée de Boscombe ; L’aventure des cinq pépins d’orange ; L’homme à la lèvre retroussée ; L’escarboucle bleue ; L’aventure de la bande mouchetée ; Le pouce de l’ingénieur ; L’aristocratique célibataire ; Le diadème de béryls, ainsi que Les Hêtres pourpres.

Silhouette longiligne et pipe à la bouche, Sherlock Holmes continue d’enquêter depuis son fauteuil, au 221B Baker Street, où flambe généralement un bon feu de cheminée. Personnages royaux ou simple gouvernante, ses talents sont connus dans le tout Londres par le bouche à oreille. Mais qu’on ne se fie pas à son flegme tout britannique ou encore à son côté casanier, il lui arrive subitement de sortir de chez lui pour ne revenir que bien des heures plus tard (au grand dam de son ami, le docteur Watson, qui réussit malgré tout à l’attendre patiemment). Par le déguisement ou tout autre subterfuge, le voici qui revient avec… la clef de l’énigme.

En renouant avec l’univers holmésien, j’ai plus que tout adoré retrouver le fog londonien ainsi que l’atmosphère de ce Londres de la fin du XIXe siècle. L’amitié qui unit Holmes et Watson est bien évidemment un autre point fort et l’on se plaît à suivre l’évolution de leur lien, ou encore les désaccords qui opposent nos deux personnages. Désormais marié, Watson prend toujours cette place de narrateur auprès du lecteur pour nous conter les aventures les plus marquantes du détective. Mes nouvelles préférées de ce recueil sont L’aventure des cinq pépins d’orange, L’aventure de la bande mouchetée ainsi que Les Hêtres pourpres.

L’aventure des cinq pépins d’orange

Un soir d’orage, John Openshaw vient confier à Holmes son inquiétude quant à une malédiction qui semblerait peser sur sa famille, et ce depuis plusieurs générations. Avant le décès de son grand-père, puis celui de son père, un unique indice : une enveloppe contenant exclusivement cinq pépins d’orange ! Or Mr Openshaw vient justement d’en recevoir une… J’ai aimé cette nouvelle pour tout le mystère qui s’en dégage, ainsi que les questionnements qui ne peuvent que traverser le lecteur. Et, surprise, Sherlock Holmes se voit échouer, d’une certaine manière. J’ai été embarquée dans ce voyage entre l’Inde, les États-Unis et Londres. Si le format très court peut ici s’avérer frustrant, je retiendrai surtout l’atmosphère angoissante de ce récit.

L’aventure de la bande mouchetée

Il s’agit sans aucun doute de ma nouvelle favorite de ce recueil ! Hélène Stoner, une jeune femme de bonne famille, consulte notre détective à propos d’étranges événements survenus à Stoke Moran, le manoir de son beau-père (le docteur Roylott) où elle-même réside. Sa sœur y a en effet trouvé la mort la veille de son mariage. Or le soir du drame, celle-ci se confiait sur des sifflements entendus au cours des dernières nuits. Je ne m’attendais pas à un tel final, et je dois dire que le caractère violent de Grimesby Roylott ajoute encore une certaine tension à ce récit on ne peut plus réussi. Questionné sur le sujet, Arthur Conan Doyle a d’ailleurs exprimé qu’il s’agissait de sa nouvelle préférée du cycle Holmes.

Les Hêtres pourpres

Les intrigues se déroulant dans des manoirs ont décidément ma préférence. Alors qu’elle vient d’accepter une place de gouvernante, Violet Hunter se questionne sur les attendus inhabituels relatifs à sa prise de poste. Les Runcastle lui demandent en effet de se couper les cheveux, mais également de porter une robe bleu électrique. Plus inquiétant encore, un féroce mastiff est lâché chaque nuit dans le parc, empêchant alors à quiconque d’entrer ou de quitter le domaine. Je pense avoir tout apprécié concernant cette nouvelle (de la mise en place de l’intrigue à sa résolution). Holmes et Watson en viennent à s’installer aux Hêtres pourpres pour tenter d’aider la jeune femme. Un récit plutôt glaçant, que j’ajoute à mes favoris du canon holmésien.

Ma découverte progressive des romans et nouvelles mettant en scène Sherlock Holmes est donc une réussite totale. Je n’ai qu’un regret : avoir attendu la trentaine pour sauter le pas ! Sans doute craignais-je que notre détective ne fasse de l’ombre à une autre figure de la littérature policière qui occupe une place de choix dans ma vie de lectrice : Hercule Poirot. Or je me rends compte qu’on peut bien sûr les apprécier tous les deux, de manière différente. J’ai en tout cas hâte de poursuivre l’aventure, et me donne pour objectif de lire l’intégralité des enquêtes holmésiennes. La prochaine fois, place aux Mémoires de Sherlock Holmes !

Extraits …

« – Souvenez-vous, dit Holmes, qu’en règle générale, plus une chose est bizarre, moins elle est mystérieuse. Ce sont les crimes communs, sans traits distinctifs, qui sont vraiment énigmatiques ; de même un visage banal est plus difficile à identifier qu’un autre. Mais il faut que je me hâte d’en finir avec cette affaire.
– Quel est votre plan ? demandai-je.
– Fumer d’abord, répondit-il ; il me faut bien trois pipes pour résoudre ce problème, et je vous demande de ne pas me parler pendant cinquante minutes.
Sur ce, Holmes se pelotonna sur sa chaise, en remontant ses genoux étiques jusqu’à son nez d’aigle, et demeura ainsi longtemps, les yeux fermés, sa pipe de terre noire à la bouche ; on eût dit, en le regardant ainsi, un de ces étranges oiseaux de proie au bec extraordinairement recourbé. »