
Résumé :Quand la princesse des quartiers sud de Chicago débarque dans l’université la plus prestigieuse du pays pour débusquer l’ignoble violeur qui terrorise les étudiantes, ça provoque forcément des étincelles...
Elvira Petrova, dix-neuf ans, tombe des nues quand l’avocate de la très renommée King’s University lui fait une proposition des plus inattendues contre un « petit » service. Le deal est risqué, mais bien trop tentant pour qu’elle puisse le refuser. Et voilà qu’en échange de la remise en liberté d’Amon, son frère, elle doit accepter de traquer le responsable des horribles agressions perpétrées sur le campus.
Telle une apprentie détective, elle va se lancer à corps perdu dans cette enquête, entraînant ses voisins et membres de l’équipe de hockey dans son sillage. Et plus particulièrement leur capitaine qu’elle déteste, Abel Ryder.
Mais le temps presse, et Elvira va devoir faire des choix face à ses terribles découvertes. D’autant plus que l’étau se resserre autour de la jeune femme lorsque le coupable inverse les rôles et la contacte, faisant d’elle sa nouvelle proie.
Tic-tac, tic-tac...
« Que la partie commence, Détective Petrova. »
Mon avis :
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il convient de rappeler que ce livre s’adresse à un lectorat averti en mesure de mettre une distance entre ce qui est présenté et la réalité. Ici, il n’est pas question d’une quelconque apologie de la violence ou des relations toxiques. Cette fiction décrit des relations évidemment problématiques, où la violence est omniprésente, la notion de consentement est inexistante. Cela dit, il ne s’agit pas de la juger ou de la comprendre (autant stopper les vagues avec ses mains), il s’agit d’apprécier (ou non) la façon dont l’auteur imagine cette histoire et la raconte avec ses tenants et ses aboutissants. Ses enjeux et ses dommages directs et collatéraux.
TW = Viol (vidéos descriptives liées à l’enquête) ; Addictions diverses ; Maltraitance infantile ; Santé mentale (tentative de suicide, dépression, bipolarité) ; Langage vulgaire ; Scènes à caractère sexuel.
Trop-plein de tout, qui peine à trouver un équilibre : ce roman est un cocktail Molotov de drames en excès. L’addition est mal dosée et, sans sombrer dans le misérabilisme, on frôle le trauma porn. Par-dessus tout, la manière d’aborder les relations homosexuelles m’a paru déplacée, relevant davantage du fétichisme et du fantasme. D’un côté, ces relations sont brandies comme des étendards contre les clichés de virilité ; de l’autre, elles sont systématiquement utilisées comme un prétexte pour manipuler le protagoniste (il retient l’héroïne d’un baiser avec un homme, mais celui avec une autre femme lui semble terriblement « sexy » ?).
C’est dommage : l’enquête à base de faits de violences sexistes et sexuelles, motivée par une épée de Damoclès, suffisait largement. Évidemment, c'est à peine crédible... Et, pour aller plus loin dans le manque de véracité, l’autrice en rajoute des tonnes. Je crois que la touche yakuza m’a complètement fait perdre l’envie d’en savoir plus. Sans parler de l'écriture lourdingue, entre les punchlines pseudo-poétiques « m’as-tu-vu » et la vulgarité des provocations gratuites de l’héroïne… vraiment, ça ne l’a pas fait pour moi.
Par ailleurs, le plus sérieusement possible : il y a, dans ce roman, de nombreux sujets aux enjeux de taille (la dépendance, le suicide, la violence familiale, les violences sexuelles, la dépendance affective… Les trigger warnings sont là pour contextualiser la lecture) et, sincèrement, si on décortique tout, aucun de ces thèmes n'est abordé sans être hautement problématique.
Au plaisir.

Aux survivantes : On vous croit. Toujours. #MeToo.
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