La journée de l’amour et de la lessive – Fanny Gayral

journée l’amour lessive Fanny Gayral

Titre : La journée de l’amour et de la lessive

Auteur : Fanny Gayral

Édition : Eyrolles

Genre : Contemporain / Feel Good

Pages : 310

Parution : 13 mars 2025

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« Hier soir, j’ai tapé « De quoi les femmes ont-elles peur ? » dans un moteur de recherche. »

En apparence, la famille Bordier a tout du foyer modèle : une mère aimante qui gère le quotidien, un père tendre et bricoleur, une grande sœur étudiante à Paris, une jeune sœur passionnée par la nature. Mais à bien y regarder, la mère rumine en silence des idées noires, le père, Lucien, est accro au travail et ne sait pas faire une lessive, la grande sœur cache son agoraphobie à ses parents, tandis que la cadette joue les intermédiaires pour tout le monde.

Lorsque Lucien découvre que sa femme a réservé en secret un aller simple pour la Guyane, les langues commencent petit à petit à se délier… Par l’action conjointe du nettoyage de la salle de bains, de podcasts de déconstruction féministe, de psychanalyses de palier et autres explorations des forêts locales, les Bordier s’apprêtent à mettre au jour des vérités parfois douloureuses, mais aussi les clés de leur bonheur futur ensemble.

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Merci Eyrolles

Avec le livre, sa couverture pétillante et son titre plutôt drôle, je pensais m’embarquer dans un bon feel-good. Mais j’ai vite compris que ça ne saurait pas du tout le cas. Il y a de l’humour bien sûr, mais les sujets sont très profonds.

Dans cette histoire, nous suivons la famille Bordier, une famille complètement normale, des monsieurs et madames tout le monde. Mais on va vite comprendre que les apparences sont vraiment trompeuses dans cette famille…

Il y a Joyce, l’aînée des filles, qui vient de partir pour Paris pour ses études, elle qui rêvait de la Sorbonne et des études littéraires. Mais depuis quelques semaines, Joyce souffre d’une grave agoraphobie et ne peut plus sortir de chez elle. Elle refuse d’en parler à sa famille, son unique soutient est sa psy, son seul appui.

Il y a Jessica, la maman, dès le départ, on voit l’ampleur de son mal-être psychologique, on sent qu’il s’est passé quelque chose dans sa vie sans vraiment savoir quoi. Jessica est effacée, toujours gentille et souriante, elle fait toujours passer les autres avant elle.

Lucien, le papa, un homme qui a grandi à la dure, avec un père violent et qui le rabaissait sans cesse, un frère aîné de la même trempe. Il ne s’est jamais posé la question de la charge mentale de sa femme, jusqu’à ce qui tombe sur un billet d’avion sans retour pour la Guyane au nom de sa femme. Un électrochoc pour cet homme qui se demande bien à côté de quoi il est passé pendant toutes ces années. J’ai adoré son évolution, il a été formaté dès son jeune âge à la masculinité, les hommes ne pleurent pas, les hommes ramènent l’argent et ne s’occupe ni des enfants ni des tâches ménagères, c’est réservé aux femmes. D’ailleurs le père et le frère de Lucien, vraiment, j’ai eu envie de leur botter les fesses pendant toute ma lecture. Lucien va complètement se remettre en question et comprendre qu’il faut qu’il change, qu’il prenne part aux tâches ménagères et à ce qui touche à ses filles.

Et puis il y a Emma, la petite dernière, clairement le soleil de cette histoire. Emma est passionnée par les plantes, la nature, la forêt… Elle a une façon de penser bien à elle, elle m’a fait beaucoup rire. Ses passages apportaient beaucoup de légèreté dans le reste de l’histoire, qui était plus axé sur la santé mentale. Emma est bien dans ses baskets, elle est très perspicace, c’est même la plus perspicace de la famille du haut de ses quinze ans. Je l’ai tellement aimé la petite Emma, mon vrai coup de cœur de cette histoire.

Franchement, entre le règlement intérieur du collège, les diktats de la mode, les aberrations écologiques du milieu du prêt-à-porter et les remarques assassines que m’a balancées Éva, s’habiller quand on a quinze ans est plus compliqué qu’inventorier les insectes de la canopée d’une forêt tropicale.

Dès les premières pages, j’ai senti que ce livre serait un coup de cœur. Déjà, je me suis beaucoup reconnue dans le personnage de Joyce, ces angoisses sont un peu les miennes, même si elles n’ont pas la même origine.

Ce livre tourne beaucoup autour de la santé mentale, de la dépression, des angoisses, des stress post-traumatiques. Et je dois dire que j’ai trouvé ça vraiment bien traités, tous les sujets sont abordés avec bienveillance, poésie et douceur.

Dans cette histoire, il est aussi beaucoup question de féminisme, de charge mentale, d’éducation. Encore une fois, c’est super bien traité. J’ai adoré suivre Lucien dans sa prise de conscience qu’il aurait dû faire un peu plus de choses à la maison. L’autrice nous lance des petits messages féministes à travers certains personnages comme Cédric, l’ami de Lucien ou encore la médecin qu’il va croiser pour Emma. Lucien va se rendre compte de l’ampleur de ce qu’il y a à faire dans une maison et avec les enfants.

La famille est bien sûr très présente dans l’histoire. De l’histoire familiale des parents et de leur enfance pas si heureuse que ça à la famille qu’ils forment actuellement. Et ce qu’elle est touchante cette famille. L’autrice nous rappelle qu’il ne faut pas avoir de secrets pour notre famille, que c’est un soutien sans faille et beaucoup d’amour. Parce que les Bordier se cachent beaucoup de choses finalement, ils tentent de se protéger les uns les autres en cachant leurs failles, leurs faiblesses et leurs détresses. Mais ce n’est clairement pas la solution et la cocotte-minute va déborder.

Ce ne sont pas les féministes qui sont dangereuses. Ce qui est dangereux, ce sont les mecs violents, les agresseurs, les misogynes convaincus qu’il existe une hiérarchie au sein de l’humanité, et tous ceux qui pérennisent cette manière de penser.

Un coup de cœur pour cette histoire qui ne m’a clairement pas laissé de marbre. Une couverture pétillante et titre plutôt drôle qui cache bien plus qu’une histoire feel-Good et ça m’a clairement surprise. La santé mentale est très présente dans ce livre, entre la dépression, les angoisses, les stress post-traumatiques,, c’est vraiment le thème central du livre. Enfin ça et un peu (beaucoup et j’adore) de féminisme, de répartition des tâches et de charge mentale des femmes. Un roman choral avec des personnages tous plus touchants les uns que les autres. Une mère présente physiquement, mais absente mentalement, un père dépassé qui se rend de ce qu’il a manqué, une fille aînée qui croule sous les angoisses et la fille cadette qui est le rayon de soleil de l’histoire. Une famille qui paraît tout à fait normal mais qui finalement cache bien des choses. De l’humour et de la nature grâce à la petite Emma que j’ai adoré, des sujets très touchants qui m’ont beaucoup parlé pour les adultes. Je ne m’attendais pas du tout à ça en ouvrant le livre, je me suis pris tout ça de plein fouet, j’ai été tellement touché par ses personnages aux failles qui débordent. J’ai adoré la plume de l’autrice qui est hyper poétique, ce qui a aussi contribué à mon coup de cœur. Bref, un sans-faute pour moi, une sacrée belle surprise que je recommande les yeux fermés. C’est beau, touchant, bouleversant, c’est la famille, c’est de l’amour, c’est brillant.