Éditions Le livre de poche, 2022 (345 pages)
Ma note : 17/20
Quatrième de couverture …
Richard Abernethie est mort d’une crise cardiaque. Alors pourquoi diable cette écervelée de Cora suggère-t-elle qu’on l’a assassiné ? Pourtant, le lendemain, on retrouve la bavarde tuée à coups de hache et sa dame de compagnie empoisonnée à l’arsenic…
La première phrase
« Le vieux Lanscombe traînait la patte de pièce en pièce pour relever les stores. De temps en temps, plissant ses yeux chassieux, il s’arrêtait pour regarder par la fenêtre. »
Mon avis …
Pour le clan Abernethie, le décès inattendu de Richard est une aubaine : qui donc héritera de la fortune colossale du patriarche ? Seulement, l’excentrique Cora en est persuadée et lance une réplique pour le moins glaçante le jour des funérailles. Son frère aurait tout bonnement été assassiné ! Pauvre Cora. Si elle avait su tenir sa langue, peut-être n’aurait-elle pas été retrouvée le corps sauvagement marqué par des coups de hachette. Totalement dépassé, Mr Enswithle, le notaire de la famille, fait appel à son ami Hercule Poirot pour dénouer les fils de cette sombre affaire. Car il en est persuadé : quelque chose ne tourne pas rond ! Du moins jusqu’au bouquet final où, comme à son habitude, notre détective belge réunira tous nos protagonistes (à Enderby, dans la propriété familiale) afin de confondre le coupable.
Quel bonheur de retrouver le talent de la Reine du crime ! Mes petites cellules grises auront tourné à plein régime. Publié en 1953, Les indiscrétions d’Hercule Poirot fait la part belle à une pléthore de personnages tous plus tordus les uns que les autres. Poirot est finalement relégué au second plan, puisqu’il n’apparaît qu’une fois l’intrigue bien entamée. J’avais déjà ressenti cela en ouvrant le roman précédent (Mme McGinty est morte). Agatha Christie semble se lasser de son détective moustachu. On ressent aussi plus de violence dans les crimes mis en scène. La guerre est passée par là. On assiste également au déclin de l’aristocratie (ainsi, le personnage du majordome fait ici tristement remarquer que le manoir familial ne trouvera sans doute plus preneur) ou encore à une jeunesse décrite comme plutôt délurée. Au fil de ses œuvres et du temps qui passe, Agatha Christie nous laisse donc accès au regard qu’elle porte sur la société de son époque. Et c’est tout bonnement passionnant !
Si Hercule Poirot se montre vieillissant, et plus en retrait, son génie pour résoudre les énigmes n’a lui pas pris une ride. Concernant l’épisode de la série (avec David Suchet dans le rôle-titre), j’avais été absolument bluffée par le twist final. Je connaissais donc déjà le dénouement de cette intrigue, oui, pour autant j’ai de nouveau applaudi le talent d’Agatha Christie pour ce qui est de nous mener de fausse piste en fausse piste, ou de nous dépeindre la nature humaine. Les indiscrétions d’Hercule Poirot se montre réussi tant le suspense reste entier. Bien malin qui réussira à dénouer les fils de cette affaire à partir d’un guéridon, de fleurs de cire ou encore d’un simple miroir. N’est pas Hercule Poirot qui veut !
Je me régale donc toujours autant à découvrir les enquêtes de Poirot en respectant l’ordre de publication. Je les déguste comme un carré de chocolat noir. Je leur trouve un réel pouvoir réconfortant, et j’angoisse déjà à l’idée d’arriver à la toute dernière intrigue : Poirot quitte la scène (c’est d’ailleurs le seul épisode de la série que je n’ai jamais réussi à regarder). Heureusement, les Poirot se relisent à l’infini. Ouf ! Sans compter qu’il me restera ensuite à découvrir, bien sûr, cette chère Miss Marple.
Extraits …
« – C’est ça, vos boniments, monsieur Poirot…, c’est monsieur Poirot, n’est-ce pas ? C’est drôle que je n’aie encore jamais entendu parler de vous.
– Ce n’est pas drôle, répondit Poirot avec sévérité. C’est lamentable ! Hélas ! L’éducation n’est plus ce qu’elle était. »