Éditions À pas de loups, 2021 (48 pages)
Ma note : 15/20
Figure féminine emblématique du Moyen-Âge, Christine de Pizan (ou Pisan selon les historiens) apparaît très peu dans la littérature jeunesse. C’est maintenant chose faite avec ce roman graphique signé Anne Loyer pour le texte, et Claire Gaudriot pour les illustrations.
Née à Venise en 1364, Christine de Pizan arrive en France dès son enfance, son père étant convié à la cour du roi Charles V en qualité d’astrologue. Elle reçoit l’éducation donnée aux jeunes filles issues de la noblesse, et démontre très tôt un goût prononcé pour l’étude. Mariée à ses quinze ans à Etienne de Castel, notaire du roi, l’union arrangée aboutira contre toute attente à une véritable histoire d’amour. Dix ans plus tard, Christine de Pizan se retrouve veuve, avec trois enfants à charge. Elle ne se remariera jamais, et fera le choix de vivre de sa plume. Un destin extraordinaire lorsque l’on s’imagine la condition féminine de l’époque !
Christine de Pizan est donc considérée comme la première femme de lettres française ayant vécu de sa plume. Elle rédige des traités de politique et de philosophie, tout en écrivant des poèmes. À la fin de sa vie, elle se retire dans un couvent. On lui doit d’avoir composé un poème en l’honneur de Jeanne d’Arc, mais également de s’insurger face au succès du Roman de la rose (Jean de Meung) qu’elle jugeait misogyne.
Cet ouvrage met donc à l’honneur une femme en avance sur son époque. Elle laissera un ouvrage à la postérité : La cité des dames. Celui-ci cite des figures féminines du passé qui ont réellement existé, ou qui sont issues de la mythologie. Toutes ont pour point commun de fasciner, d’inspirer.
Je ressors de cette lecture ravie d’en avoir appris davantage sur Christine de Pizan. Le texte est synthétique, mais suffisant pour se faire une première idée de cette femme qui aura su ouvrir une brèche dans un monde d’hommes, et ce en plein Moyen-Âge.
Si j’ai moins été séduite par les illustrations proposées par Claire Gaudriot, j’ai compris cette volonté de nous présenter Christine de Pizan comme un personnage moderne avant l’heure. Les couleurs sont tranchées, parfois pétantes, ce qui correspond tout à fait au message que les autrices souhaitaient sans doute faire passer. Le contexte historique n’est bien sûr pas oublié (on le retrouve au niveau des costumes, ou encore de certains détails rappelant des enluminures). Ce roman graphique est donc parfait pour les jeunes lecteurs de dix ans et plus mais s’adresse aussi à un lectorat adulte, l’idée restant avant tout de rencontrer cette femme érudite et engagée.