Gallimard – 2024 – 464 pages
*
Deux frères se retrouvent à la mort de leur père. Ivan, vingt-deux ans, petit génie des échecs, différent et solitaire qui rencontre une femme plus âgée que lui. Peter, trente-deux ans, juriste renommé, qui broie du noir et se trouve tiraillé entre Sylvia, l’amour de sa vie et Naomi une jeune femme perdue.
Quel plaisir de retrouver la plume de Sally Rooney. Toujours aussi talentueuse pour nous immerger dans une réalité donnée ; on glisse dans la peau de ses personnages avec une facilité déconcertante. J’ai eu, encore une fois l’impression, au bout de seulement quelques pages, que les personnages m’étaient tous étrangement familiers.
Intermezzo nous parle des rencontres que l’on fait, du sens qu’elles donnent ou non à notre vie. Il y est question de deuil, bien sûr, mais aussi et surtout d’amour et de préjugés, d’attachement, et des barrières que l’on s’impose, inconsciemment souvent. L’autrice décortique et explore les liens familiaux, le regard des autres, leur jugement à travers un roman dense et sensible, qui m’a énormément touchée.
« Selon les bouddhistes, l’attachement est à l’origine de toutes les souffrances. On s’accroche à ce qu’on a, à ce qu’on a eu, à la vie qu’on a connue, aux quelques personnes et endroits qu’on a vraiment aimés, et on refuse de les lâcher. On ne fléchit jamais, on n’accepte jamais, on est de plus en plus empêtré, on s’agrippe toujours plus fort, on aime et on déteste toujours plus fort. »

