Je suis fait de leur absence

Par Henri-Charles Dahlem @hcdahlem


 

En deux mots
Pierre a été élevé par ses grands-parents, aux côtés d’un oncle rongé par la culpabilité. On découvrira au fil du récit comment il a été privé de ses parents et combien ce drame continue de (de)structurer sa vie.

Ma note
★★★★ (j’ai adoré)


Ma chronique

L’enfant privé de ses parents

Tim Dup passe avec bonheur de la musique au roman. Ce premier opus, riche de promesses, met en scène un jeune homme qui a dû construire sa vie sans parents après un drame « de la vie ordinaire ». D’une construction originale, il marque au fer rouge.

En ce début d’année 2020, Pierre ne va pas bien. Il a envie de foutre le camp ou de se foutre en l’air. Ce qui reviendrait presque au même, lui qui est tant attaché à la maison familiale de Roseville-sur-Mer, sur la Côte normande, l’un de ses derniers points d’ancrage au côté de Victoria, l’amour de sa vie. Cette dernière dort paisiblement, dans l’ignorance des démons qui assaillent le futur père de leur enfant. « Une mère morte, un père impossible, voilà la laideur du tableau. Feu tout ça. De leur part, rien ne m’a été donné, et c’est là que tout se situe, précisément. Ils n’existent pas. Rien d’eux n’est perceptible. Je suis fait de leur absence. Je n’ai personne à maudire. C’est un supplice auquel il faut mettre un terme, pour que l’absence se taise enfin. »
C’est ce vide originel, cette douleur intransmissible, que le roman explore en profondeur. Loin d’une narration linéaire, Tim Dup construit son récit comme un puzzle éclaté, fragmentaire, où chaque pièce raconte un pan d’histoire. On passe ainsi de janvier 2020 à l’été 2019 – un été qui revient en boucle comme un motif obsédant – puis de juillet 1971 à mai 1988, du 5 janvier 2001 à octobre 2019. De l’acquisition du chalet familial par les grands-parents à la rencontre de Sophie et Henri, les parents de Pierre, jusqu’à sa propre histoire d’amour avec Victoria, le fil se tend peu à peu. Ce que l’on croyait dispersé commence à s’ordonner : il ne s’agit pas seulement de survivre à l’absence, mais de tenter, malgré tout, de lui opposer une mémoire.
Tout dans ce roman respire la tension souterraine, l’urgence de dire ce qui a été tu. « J’adore cette maison. Elle raconte ma famille comme personne ; d’où nous venons, nos enfances, nos miracles, nos aberrations. » La maison, les paysages, la mer, les tempêtes : le décor n’est jamais neutre, il est chargé, hanté. À travers les va-et-vient de la narration, le lecteur découvre un homme tenaillé entre la nécessité de transmettre et l’impossibilité de se construire sur des fondations inexistantes. La réapparition d’Henri, le père disparu puis emprisonné, ravive des blessures que Pierre croyait enfouies. « Sa sortie de prison, nous l’avions acceptée. Mais revenir vers nous, c’est plus que je ne peux supporter. »
Dans ce monde où les figures tutélaires ont failli, où l’enfance s’est faite sans garde-fous, seule l’amour semble encore tenir Pierre debout. Son attachement viscéral à Victoria, corps, peau, lumière, devient un point d’ancrage précaire. « Je suis fou de son esprit, de sa luminosité. Je suis mordu de ses poignets, de sa nuque, de ses grosses fesses et de sa peau. » Mais même cette intensité-là menace de s’effondrer sous le poids de la haine accumulée. Pierre ne sait plus s’il fuit ou s’il cherche. Entre un cimetière et un cabanon, un flingue rouillé et une bande-son artisanale, il avance, vacille, s’accroche. « Je tente pour ma part de construire une histoire qui se tient, de continuer à donner le change, et dans six mois me voici père. »
Je suis fait de leur absence est un texte bouleversant sur la mémoire et ses manques, sur la manière dont on fabrique une identité à partir de ce qui n’a pas été transmis. Le style de Tim Dup est tendu, nerveux, traversé de fulgurances lyriques, d’instants de répit suspendus et de phrases tranchantes comme des lames : « L’humanité est une salope. » Pierre n’est pas un personnage attachant au sens traditionnel : il dérange, il tremble, il brûle. Mais il dit quelque chose de fondamental sur la difficulté d’être fils, et sur la rage de ne pas reproduire ce qu’on a subi.
Un premier roman d’une grande maîtrise, aussi brut que bouleversant, bien dans la veine de Mélancolie heureuse (2017), le premier album de cet auteur-compositeur-interprète.

Sources indiquées par l’auteur
Le Monde, cellule d’enquête Féminicides », Une année d’enquête sur les féminicides racontée par les journalistes du « Monde », 2020.
Lorraine de Foucher et Jérémy Frey, Féminicides, une enquête du Monde, documentaire produit par Bangumi Productions et France Télévisions, 2020.
Mona Chollet, Réinventer l’amour, Zones, 2021.
Roland Barthes, Fragments d’un discours amoureux, Seuil, 1977.
Gaston Bachelard, L’Intuition de l’instant, [1932], Le Livre de poche, 2009.
Milan Kundera, L’Insoutenable Légèreté de l’être, [1984], Folio, 2020.
Association Women Safe & Children.

Je suis fait de leur absence
Tim Dup
Éditions Stock
Premier roman
240 p., 20,50 €
EAN 9782234095717
Paru le 3/01/2024

Où ?
Le roman est situé en France, dans les villes imaginaires de Roseville-sur-Mer et Franchonville. On y sillonne aussi la Côte normande, de Trouville à Caen. On y évoque aussi Bergen, en Norvège, un pavillon dans une ville de Seine-et-Marne, Chelles, Melun et Paris.


Quand ?
L’action se déroule de nos jours.



Ce qu’en dit l’éditeur
« La culpabilité, je la vois naître dans mes rêves. Elle prend toujours la même apparence, celle d’une grive, dont les ailes ne sont pas faites de plumes, mais de feuilles et de fleurs séchées. Les pétales s’en vont les uns après les autres, chaque fois que l’oiseau essaie de s’envoler. Il n’y parvient pas, me supplie de l’aider. J’ai beau lui dire qu’elle n’a pas les ailes qu’il faut, elle s’entête à  bondir, et retombe chaque fois au sol, ses ailes en fleurs s’évanouissant autour. Dans le ciel qu’elle tente de rejoindre, il n’y a qu’un noir épais. »
 Pierre s’est installé avec sa compagne Victoria dans la maison familiale de Roseville-sur-Mer, en Normandie. En attendant une offre d’achat, ils réagencent les pièces, éclaircissent les murs, habitent les lieux à la recherche d’un chez-soi rassurant. Pierre aime vivre sur cette côte, dans cette province maritime gouvernée par l’oisiveté et les heures des marées. Depuis ce refuge, il en oublie presque la balafre au fond de son cœur. Pourtant une tempête se rapproche. Henri son père est de retour et les souvenirs et les prénoms refont surface. Sophie sa mère, morte alors qu’il n’était qu’un enfant, Suzanne et Théodore ses grands-parents qu’ils l’ont élevé, et puis il y a Vincent, son oncle, et sa cousine Esther : autant de visages qui le ramènent aujourd’hui à ce terrible drame. Alors que le sable semble retenir la mer, Pierre tente une nouvelle fois, dans les bras de Victoria, de faire triompher la lumière sur les ombres. Pour que l’absence se taise enfin.
 À la fois vif et délicat, le premier roman de Tim Dup explore avec nuances la question des violences intrafamiliales, tout en reconduisant le lecteur dans la maison universelle de son enfance.



Les critiques
Babelio 
RTBF (Christine Pinchart) 
L’Avenir.net (Michel Paquot) 
Blog Vagabondage autour de soi 
Blog Domi C Lire 
Blog Mamzelle Potter 
Blog Les chroniques de Koryfée (Karine Fléjo) 
Blog Caloukili


Tim Du présente « Je suis fait de leur absence » © Production Librairie Mollat

Les premières pages du livre
« Janvier 2020
J’adore cette maison. Elle raconte ma famille comme personne ; d’où nous venons, nos enfances, nos miracles, nos aberrations. Roseville-sur-Mer. C’est là que tout s’est joué et que tout se joue encore.
Cet automne, par un curieux jeudi d’octobre, nous avons récupéré la maison avec Victoria. Un chalet en bois, incongru dans ce paysage d’aquarelle normande. À l’intérieur, nous avons éclairci les murs, agencé différemment les pièces, repensé la décoration, l’ameublement, comme une dénégation de la mise en vente, histoire de nous offrir un semblant de chez-nous avant de laisser l’endroit. Vincent, mon oncle, a acheté une nouvelle télé, que nous avons placée avec la bibliothèque, sur le pan opposé au vitrage du salon. Au rez-de-chaussée, il a aussi remplacé les toilettes de la chambre d’amis et le vieux canapé d’angle. Je m’avance devant la vitre du séjour, au bord du porche. Au fond du jardin, les maisons bourgeoises dissimulent la mer à mes yeux jaloux. À l’ouest, par-dessus le muret et la façade des voisins, s’ébauchent tout de même un morceau de marine, l’apparition du ciel et son enclume anthracite, le ressac et la plage brossée par les déferlantes. Les tempêtes se sont rapprochées, ces dernières années. Fataliste, j’attends.

Je me suis levé avec cet engourdissement des mauvais jours, l’humeur hostile, le visage fermé. Toute la nuit, je suis resté sur le dos, tendu, la couette relevée jusqu’à la poitrine, les bras au-dehors, le souffle tiède de Victoria au creux du cou. Noyé dans l’insomnie, j’ai repoussé les draps. Victoria dormait encore. J’ai descendu l’escalier à tâtons. Du couloir de l’entrée, les ombres dansaient derrière la baie vitrée. Dehors, il faisait noir et le bruit des rouleaux se confondait avec celui du vent d’hiver. Les yeux aimantés par la mer, j’ai pensé à ces gens du bout du monde, sur leurs îles prisonnières des barrières de corail, où rien ne semble pleurer, hormis les franges des filaos, ces épineux dont le seul souci est de prendre la courbe du vent. J’envie les hommes sans hiver, qui ne meurent ni de froid ni de faim, ne pensent ni au temps ni à l’épargne. Mais eux aussi traînent sans doute leurs spectres derrière eux…
Ce matin, je goûte une haine encore jamais éprouvée. J’ai de la peine à l’admettre, mais l’appel d’Esther, ma cousine, a fini de m’anéantir. Je pensais être préparé, le mental indéboulonnable, mais quelque chose s’est cassé. Depuis hier, je sens grandir la vibration, longtemps enfouie : la sale envie de péter les plombs. Tout me remonte à la gueule. Esther sanglotait. C’était désarmant, de l’entendre me dire, entre deux respirations, qu’Henri était venu chez elles, avait osé sonner. Sa sortie de prison, nous l’avions acceptée. Mais revenir vers nous, c’est plus que je ne peux supporter.
Je mets plusieurs secondes à prendre conscience que mon café est prêt. Oui, tout me remonte à la gueule. Mon père, ma mère, Roseville. Comment les uns et les autres se permettent-ils d’avoir un avis sur cette maison ? Ma cousine n’y a jamais vécu. Vincent, mon oncle, l’a quittée il y a des années. Toute ma vie est ici, je n’ai qu’elle. Aucune autre fondation, hormis ces murs. S’ils la vendent, je suis foutu. Je sais bien ce que le reste de la famille en pense : ils n’en peuvent plus de cette baraque, ils aimeraient la voir tomber, brûler, que ses cloisons se fissurent, se brisent et fassent déguerpir les fantômes qui s’y calfeutrent. Mais justement, ce foyer, c’était comme la possibilité de les contenir, de les choyer, nos fantômes. Je me sens salaud, salaud de ma trop longue sérénité, salaud d’avoir oublié de ne compter que sur moi-même. Les larmes ne viennent même pas. Tout est froid, comme le verre givré qu’imprime la vitre sur mon dos nu. La colère est blanche et résignée.
Sans but, je remonte à l’étage, à pas de loup. Dans l’entrebâillement, je vois son corps immobile, courbé dans les draps. Je la regarde et les choses s’apaisent un peu. Victoria est la seule qui me fasse du bien. Je suis fou de son esprit, de sa luminosité. Je suis mordu de ses poignets, de sa nuque, de ses grosses fesses et de sa peau. Hier soir, nous faisions l’amour, la même fièvre chaque fois, mes yeux plongés dans les siens d’un vert qui renverse le monde. J’imagine le jour où l’enfant sera là, dans la pièce à gauche, moi père à vingt et un ans. C’est irrationnel, des gamins qui ont des gamins. Cet enfant, notre amour avec Victoria, j’ai cru qu’ils m’offriraient l’opportunité d’échapper au morbide familial. J’observe Victoria. Elle a failli me sauver, mais failli seulement. Je me fais la réflexion que je tuerais pour elle, facilement. L’idée qu’on puisse lui faire du mal m’est insupportable. Mais c’est maintenant à mon propre mal qu’il est pénible de songer. Parce que cette rage, couvée silencieusement, n’est pas un trait de caractère auquel j’ai habitué mes proches. Où est le Pierre que les gens connaissent, gentil, subtil et attachant ?
Je respire moins bien, au bord de l’angoisse. Je redescends au rez-de-chaussée et me fous sur le canapé, la tasse brûlante à la main. Je pense à ma mère. Sophie et son absence éternelle. À mes grands-parents, avec qui j’ai grandi, eux qui m’ont élevé sans père ni mère. Suzanne, Théodore. J’irai au cimetière avant de prendre la route.
Je sors mon téléphone, parcours machinalement l’actualité. Rien ne va, et tout le monde s’exprime. Nous gagnerions pourtant du temps à nous épargner nos hypocrisies, à la fermer par moments. Disparition de la nuance, règne des ego et des discours bilieux. Je constate que nous sommes nombreux à chier sur la société, cette structure humaine qui a abandonné l’idée de tendre vers l’équilibre plutôt que la surabondance. Ce monde qui laisse couler des hommes au fond des mers, brûle et ne s’inquiète que des tendances à la une. Rien ne m’incite à participer à cette grande mascarade. Ceux qui tiennent le système, plongés dans leur mépris, se soucient si peu des gens, si peu de prendre soin. Dans ce monde-là, Sophie était perdue d’avance.
Je tente pour ma part de construire une histoire qui se tient, de continuer à donner le change, et dans six mois me voici père. J’apprends vite, mal, je cherche pour cet enfant à laisser quelque chose d’articulé. À faire mentir nos histoires, à ne rien reproduire. Et tout ça pour quoi, en définitive ? Balayer l’espoir d’un revers de haine ? Oui, la haine. Toute mon adolescence, j’ai vacillé, incapable d’avoir un tant soit peu d’orgueil. Toujours le profil bas. Mon grand-père m’a appris le doute. Mon cul, le doute. C’est terminé. J’ai perdu mes illusions quant à la marche de l’avenir. J’en suis la preuve tangible : l’humanité est une salope. Avec sa part de beauté et de poésie, comme le fusain libre d’un nu sur le Canson. Mais surtout son lot de mauvais sentiments, d’aigreur, de bêtise, d’inaptitude à se soustraire à la violence. Voilà où nous en sommes. Reste une question qui ne me quitte plus désormais, depuis que Victoria m’a annoncé la nouvelle : est-ce que ça a encore du sens d’aller au bout des choses ?
J’entends l’escalier craquer sous des pas molletonnés. Victoria entre, vient déposer un baiser du matin, les lèvres sèches, sur ma joue. Elle place une dosette dans la machine, enclenche le bouton de marche. Le ronron se fait entendre et Victoria se retourne. Elle s’est arrondie. Depuis un mois, elle a les cheveux courts. Brune en hiver, je l’avais connue presque rouquine en juillet. Je l’ai toujours trouvée irrésistible au réveil, Victoria. Le pli de l’oreiller imprimé au coin de ses yeux, les paupières encore mi-closes, son nez retroussé, la malice de son visage… tout me plaît chez elle. Elle me pose une question, je n’entends pas. Je retrouve l’idée sombre, évaporée l’espace de quelques minutes.
Seule la pensée d’un défoulement de colère me soulage. Je regarde mon amoureuse sans vraiment la regarder. Il faut partir.
Je suis le couloir, nauséeux, pour monter à la chambre. J’enfile une polaire, je passe mon blouson noir. Je tire d’un tiroir de la commode des gants de cuir et de sous le fauteuil attenant une paire de chaussures. Dans le bureau, je prends le vieux flingue familial, rouillé et inutilisé depuis des années. Je me persuade que ce n’est pas un problème, un pistolet obsolète. Après tout, il ne me suffit que d’une cartouche.
En bas, Victoria est adossée contre l’îlot de la cuisine. Elle commence à me connaître, bien sûr, mais cette fois-ci elle ne sait pas. Elle est au courant pour l’appel d’Esther, pour l’impardonnable, pour les tréfonds du drame familial, mais pas pour ma résignation. Son regard tente de comprendre ce qui se passe, mais n’y parvient pas. Mon visage à moi ne reflète plus grand-chose. Elle m’observe, étonnée.
« Mais qu’est-ce qui t’arrive, Pierre ? »
Elle lance cette dernière phrase avec appréhension. Elle devine quelque chose.

Il faut partir. Je détourne le regard, j’ouvre la porte. Se précipite un froid ennemi, détrempé. Je claque le battant derrière moi et, machinalement, je me dirige vers le cabanon où se trouve ma bécane, bâchée depuis ma suspension de permis. Je ne pense plus à rien, les mouvements de mon corps sont robotiques, les gestes réflexes. La clé de la Dirt Bike est au même endroit, au fond des clous, dans une caisse en bois. J’enclenche le contact. Après une dizaine d’essais, il fallait s’y attendre, elle ne démarre toujours pas. La rage vient, palpable, tellement séduisante. Les nerfs lâchent, les sanglots éclatent. Je catapulte ma colère et le casque contre la tôle. Je renverse d’un puissant coup de pied la 140. Je crache les insultes et je jette en tous sens les objets à portée de main. Cet enculé ne s’en prendra plus à personne, c’est terminé.
Je palpe mes poches. Je sens un trousseau, une clé de voiture. Je dois me casser d’ici avant de trop hésiter. La bagnole démarre en trombe. Personne sur le perron, pas une conjuration. Se brouillent dans le rétroviseur les sillons de mes pleurs et les lacérations ruisselantes, feu bleu de méthylène, des cordes tirées du ciel. Mais tout est cohérent, en place. Prendre la route, passer au cimetière, déguerpir enfin. Aligner les kilomètres. Le trouver. En finir. Déjà, braver la chaussée glissante et tempétueuse. Les larmes sèchent ma peau. Je retrouve dans la boîte à gants un disque du thème d’Eternal Sunshine of the Spotless Mind. Je grave des bandes originales sur des boucles d’une heure, et le même morceau se répète. Apparemment, Sophie aussi faisait cela. Voilà, la boucle est bouclée. Le motif de piano de Jon Brion angélise la scène. Je me trouve ridicule. Dans les fossés embus, l’andryale de Méditerranée commence à remplacer les plantes sauvages du pays d’Auge. C’en sera bientôt fini des grandes douves, des boutons-d’or, des gentianes ou des gratioles. C’en est déjà fini de l’enfance. C’en est fini du pardon. »

Extraits
« Je sais bien qu on idéalise Sophie. Moi la première. Mais ta mère n’était pas parfaite, Pierre. Ce n’est pas parce qu’elle est morte et qu’on ne dit pas du mal des morts, peut-être encore moins des mortes, qu’elle était absolument parfaite. Elle était comme toi et moi, foutraque, névrosée, angoissée, incomplète et défectueuse. Elle n’était pas simplement merveilleuse. Ne te force pas à devenir irréprochable. Sinon tu vas juste finir super-con, ou super-chiant. » p. 31

« À l’époque, Suzanne et Théodore trouvaient dans le regard de leurs amis et des gens du coin qui ne les connaissaient que par la triste célébrité de Sophie un mélange de gène et de compassion. Le pire, c’était sans doute la gêne. Je n’ai jamais su, au cours de cette période, ce qui a pu maintenir leur couple en vie. Je pense que c’est surtout la déchirure, incomprise du reste du monde, qui les lie d’une façon qu’eux seuls appréhendent. » p. 87

« Une mère morte, un père impossible, voilà la laideur du tableau. Feu tout ça. De leur part, rien ne m’a été donné, et c’est là que tout se situe, précisément. Ils n’existent pas. Rien d’eux n’est perceptible. Je suis fait de leur absence. Je n’ai personne à maudire. C’est un supplice auquel il faut mettre un terme, pour que l’absence se taise enfin. » p. 125


À propos de l’auteur

Tim Dup © Photo Hugo Pillard

Né en 1994, Tim Dup est un auteur-compositeur, interprète et musicien. Je suis fait de leur absence est son premier roman. (Source : Éditions Stock) 

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