Éditions Rivages, 2005 (488 pages)
Ma note : 13/20
Quatrième de couverture …
Le 15 janvier 1947, dans un terrain vague de Los Angeles, est découvert le corps nu et mutilé, sectionné en deux au niveau de la taille, d’une jeune fille de vingt-deux ans : Betty Short, surnommée “Le Dahlia Noir”, par un reporter, à cause de son penchant à se vêtir totalement en noir. Le meurtre est resté l’une des énigmes les plus célèbres des annales du crime en Amérique.
La première phrase
« Vivante, je ne l’ai jamais connue, des choses de sa vie je n’ai rien partagé. Elle n’existe pour moi qu’au travers des autres, tant sa mort suscita de réactions transparaissant dans le moindre de leurs actes. »
Mon avis …
Avec Le dahlia noir (1987), James Ellroy nous propose une plongée dans les eaux sombres et sinistres du Los Angeles des années 40. La Seconde Guerre mondiale n’est plus. La violence des Hommes, qui frise parfois la folie, est ici retranscrite. Le meurtre barbare d’Elizabeth Short l’illustre bien. Survenu en 1947, l’affaire du Dahlia noir est resté à l’état de cold case. L’auteur mêle ainsi fiction et réalité, en brossant le portrait de deux policiers du LAPD, devenus amis : Dwight Bleichert et Leland Blanchard.
Le dahlia noir signe ma rencontre avec la plume de James Ellroy. Je l’ai trouvée puissante, magistrale. L’auteur nous propose ici un véritable récit coup de poing, impossible à oublier une fois lu. Je dois dire que je ne m’attendais pas à autant de violence, de folie, de noirceur. James Ellroy y aurait mis toutes ses tripes afin d’exorciser ses démons. Impossible en effet de ne pas faire le lien entre la manière dont nous est contée l’obsession de nos héros quant à résoudre l’affaire du Dahlia noir, et le meurtre irrésolu (survenu lui aussi dans des circonstances tragiques et barbares) de la mère de l’auteur, Jean Ellroy.
Au menu de ce polar noir : fusillades, scènes de torture, prostitution ou encore grand banditisme. Le système judiciaire nous est présenté comme étant peu efficient. Anciens boxeurs, nos deux policiers sont on ne peut plus investis dans leurs missions mais n’hésitent pas à contourner la loi pour espérer avancer dans l’affaire du meurtre de Betty Short. Tout cela pour que l’enquête piétine, et que des innocents paient le prix fort. La victime rêvait de devenir une star d’Hollywood, de briller dans des films. Or il est davantage question de nous montrer la misère humaine et sociale de certains quartiers du Los Angeles de l’époque.
Mon ressenti est on ne peut plus mi-figue, mi-raisin. J’ai aimé l’écriture de James Ellroy, ou encore la succession de rebondissements qui ne peut que nous tenir en haleine. L’auteur ne nous laisse pas non plus sur le carreau puisqu’il nous propose un vrai final, un dénouement (fictif, puisque l’affaire n’a jamais été résolue) avec des coupables. J’ai moins accroché à ce côté beaucoup trop noir pour moi. Cette lecture fut même parfois laborieuse car rien ne nous est épargné (détails crus dans les descriptions du meurtre, dans les scènes de torture etc). J’attendais une petite étincelle d’humanité, d’optimisme qui n’est jamais arrivée. Les derniers paragraphes auraient pu le laisser supposer. Mais l’on comprend finalement que quoiqu’il arrive, Dwight Bleichert restera hanté à vie par l’image qu’il a pu se construire du Dahlia noir (et ne pourra ainsi jamais accéder au bonheur. C’est du moins la manière dont je l’ai ressenti et interprété à ma manière).
Certains protagonistes me resteront longtemps en tête, tant ils apparaissent avec toute leur perversité (je pense par exemple au personnage de Madeleine Sprague) ou encore pourris jusqu’à la moelle.
Je ne regrette pas ma lecture de ce classique du genre. Cela faisait un moment déjà que je souhaitais découvrir Le dahlia noir, premier opus du Quatuor de Los Angeles. Si je ne pense pas lire les autres romans qui constituent cette tétralogie, je suis malgré tout contente d’avoir eu l’occasion de découvrir l’écriture de James Ellroy, et d’en avoir davantage appris sur ce cold case.
Extraits …
« C’était l’aube. Je sortis sur le perron et ramassai l’édition du matin du Hérald. Au-dessus d’un portrait d’Elisabeth Short, au beau milieu de la page, le titre du jour était : “Le meurtre sadique : on recherche les petits amis”. Le portrait portait en légende : “Le Dahlia Noir”, suivi de : “La police enquête aujourd’hui sur la vie amoureuse d’Elisabeth Short, 22 ans, victime du loup-garou sadique dont les aventures avaient transformé selon des amis une innocente jeune fille en délinquante folle de son corps, toujours vêtue de noir, et répondant au surnom de “Dahlia Noir””. »