Ma note
★★★★ (j’ai adoré)
Ma chronique
« Il est si simple de passer à côté de sa vie »
Avec ce roman Jérôme Aumont confirme les espoirs nés avec L’empêchement. Il y retrace la vie de Nicolas en quatre périodes, de 1978 à 2020. Entre secret et trahisons, entre espoirs et renoncements. Et de l’émotion à forte dose. Bouleversant !
Dans une petite ville de province, Nicolas s’ennuie. Heureusement pour lui, le garçon de douze ans trouve en Marc un ami qui l’entraîne dans des escapades qui l’émeuvent. Dans un vieux bâtiment abandonné, entre l’odeur de foin et la chaleur accablante, les corps se frôlent, les silences se font éloquents. « Marc ferme les yeux. Cela dure cinq minutes, une heure, une éternité. » Mais à l’heure des vacances, il s’en va. Nicolas, qui se sent trahi, choisit alors de passer l’été chez sa grand-mère. Un choix qui va vite s’avérer gagnant. S’il ne peut honorer l’invitation d’une chanteuse célèbre qui séjourne tout à côté et a invité les enfants du village à venir fêter l’anniversaire de sa fille, il trouvera une consolation auprès de Mme Burger, une veuve alsacienne un peu fantasque qui lui fait faire de menus travaux et « sait s’adresser à l’homme qu’il sera un jour plutôt qu’à l’enfant que les autres se contentent de voir. » Ce faisant, elle lui ouvre son petit monde et l’invite à jouer avec Thomas, le garçon de ses voisins parisiens qui ont une piscine. Cette fois, il sera autorisé à fêter l’anniversaire des grands jumeaux, ses frères de 15 ans. Mais la fête va virer au drame. Thomas est diabétique et s’écroule sur la piste de danse, mettant par là même un terme aux vacances de 1978, dont il ne reste désormais qu’un livre offert en guise de cadeau d’adieu par la vieille dame, Les Vagues de Virginia Woolf.
La seconde partie du roman s’ouvre douze ans plus tard, alors que Nicolas termine ses études de lettres aux côtés d’Irène, son amie et confidente, la première à laquelle il a avoué qu’il aimait les garçons. Il a rencontré Christian et une nouvelle vie s’ouvre à lui. Même si aux belles perspectives se mêlent des regrets, des trahisons, des absences. Puis le roman basculera en 2004, avant de se conclure en 2020 dans la maison de son enfance, bouclant en quelque sorte la boucle lorsqu’il trouve, « griffonné au dos d’une image jaunie, le mode d’emploi de son enfance, de cette famille qui a sous-traité le silence. »
Jérôme Aumont orchestre ainsi avec délicatesse la partition d’une vie dont l’existence s’écoule au rythme de la valse de Debussy qui donne son titre au roman. Autour de son amitié avec Marc, « qu’il suivrait n’importe où », le roman explore la lente évolution des sentiments, des deuils silencieux et des éloignements inévitables. L’amitié se mue progressivement en un vide, une absence. Il grandit avec « un sens aigu de la dissimulation ». Le regard sur la famille et l’enfance, d’une poignante subtilité, conforte Aumont dans sa place d’orfèvre des sentiments tus.
Ici, la musique du temps résonne en chaque page, une mélodie suspendue entre la nostalgie et l’inéluctable fuite des jours.
Explorer avec subtilité les méandres de l’âme humaine, l’auteur confirme les espoirs nés avec Un Empêchement, dont la finesse psychologique et la langue ciselée nous avait séduit. Sensible et exigeant, Nicolas Aumont joue sa partition, empreinte de nostalgie et d’une poignante humanité, avec maestria.
La plus que lente
Jérôme Aumont
Christian Bourgois Éditeur
Roman
152 p., 18 €
EAN 9782267054149
Paru le 3/04/2025
Où ?
Le roman est situé en Normandie, sans davantage de précisions.
Quand ?
L’action se déroule sur quatre périodes, en 1978, 1990, 20024 et 2020.
Ce qu’en dit l’éditeur
Nicolas a douze ans, en 1978, quand une voisine de sa grand-mère lui fait écouter cette valse de Debussy qui donne son titre au roman. Nous le quittons en 2020, toujours en Normandie, lorsqu’il doit vider la maison familiale. Entre ces deux moments, Nicolas a vécu, fait des choix. S’est éloigné de ses parents et de son ami d’enfance, Marc. Il a essayé de comprendre sa jeunesse solitaire, ses désirs, il a aimé et, parfois, il s’est juste laissé porter en espérant que les choses ne lui échappent pas trop.
Jérôme Aumont, en faisant le récit de quatre étés dans la vie d’un homme, comme autant de tableaux, parvient à faire entendre avec beaucoup de délicatesse les non-dits et les silences qui construisent un être humain autant que ses actes. La plus que lente emprunte sa douce intériorité à la valse éponyme pour nous offrir un livre beau et mélancolique.
Les critiques
Babelio
Les premières pages du livre
« 1978
Nicolas a douze ans et ne voit aucune raison pour que cela change. Il n’y aura pas d’autre enfant après lui. Être fils unique n’est pour lui ni une souffrance ni une promesse de privilèges. C’est un état qui lui a été imposé, avec lequel il compose. L’exemple de ses cousins lui a tôt fait entrevoir les contraintes afférentes à la fratrie, le partage forcé de tout et de son contraire, les fessées qui dérapent, l’obsession maladive d’équité. Lui peut à loisir disposer de l’espace disponible entre son père, Thierry, et sa mère, Évelyne, lorsqu’ils prennent place dans le canapé le samedi soir pour regarder un film à la télé. Sa mère a toujours plus ou moins les yeux dans le vague, comme si sa vie à elle n’était pas tout à fait là. Il ne devient pas ingérable lorsque vient l’heure d’aller dormir. Seule sa mère dépose un baiser sur son front tiède, son père déjà somnole ou fume une cigarette dans le jardin.
L’ennui est le quatrième membre de cette famille qui s’en accommode d’autant mieux qu’elle ne voit pas en quoi la vie des voisins serait plus enviable que la sienne. À peine Nicolas leur envie-t-il leur chien – un cocker –, on a pourtant tout fait pour le persuader que celui-ci n’était en rien le meilleur ami de l’homme mais plus volontiers son parasite servile. À peine sa mère leur envie-t-elle leur break de marque allemande. Plus pratique pour les courses. À peine son père leur jalouse-t-il leur portail flambant neuf, le premier motorisé du village. Même s’il y voit surtout la preuve qu’on se créé davantage de besoins que l’on a d’envies.
Nicolas passe ses mercredis après-midi avec Marc, le fils des voisins, près du cours d’eau qui délimite leurs jardins respectifs. Un léger dénivelé les y soustrait à la surveillance maternelle, obligeant leurs mères à pointer le bout de leur nez chacune leur tour, comme si elles avaient mis en place un obscur système de ronde. Leurs apparitions empruntées leur donnent des airs de maraudeuses, toujours à proposer un verre de quelque chose ou un paquet de biscuits. L’une et l’autre s’inquiètent surtout de savoir leurs fils si proches de cette rivière dont émergent ici ou là de grosses pierres glissantes sur lesquelles ils auraient tôt fait de se fracasser le crâne comme une coquille d’œuf. Elles préfèrent ne pas y penser, mais le moindre silence prolongé les fait rappliquer à la vitesse de l’eau sur la toile cirée.
Marc a un an de plus que Nicolas mais s’en prévaut rarement. Les choses seraient peut-être différentes s’ils étaient dans le même collège. Mais ses parents l’ont mis dans le privé. Un peu par conviction religieuse. Surtout parce qu’ils peuvent se le permettre, d’après la mère de Nicolas.
L’amitié qui unit les deux voisines s’accommode de menues jalousies (le physique du père de Nicolas, la situation de celui de Marc), quand les deux hommes ne parviennent qu’à se saluer du bout des lèvres, chacun derrière sa haie. Pas de soirée chez les uns ou les autres pour regarder une finale de Coupe du monde ou marquer l’arrivée des beaux jours, pas de partie de tennis en double le samedi après-midi. Il y a bien eu une ou deux tentatives (un barbecue d’un côté, un apéritif de l’autre), mais elles ne sont parvenues qu’à creuser le fossé que matérialise la haie vive. De la façon de faire rougir les braises au dosage du Martini, il y a mille manières d’orchestrer le dédain et mettre l’envie en scène. Il suffit de venir d’Alsace, avoir le verbe un peu trop guttural et porter un prénom à consonance germanique pour être regardée de travers à l’épicerie du village. Jardiner en sabots et tablier, laisser sourdre quelques notes de Beethoven par la fenêtre du salon ou préparer une citronnade « maison » au moindre rayon de soleil renforçant l’impression qu’on se la raconte un peu. Ces manières de parvenus ne vous valent que regards en biais à la descente du car de ramassage scolaire où Doris, la mère de Marc, se rend au volant de sa Mini, son cocker sur la banquette arrière. Souvent elle invite Nicolas à se glisser sur le siège passager à côté de Marc. On ne met pas encore de ceinture de sécurité. Les garçons se serrent et leurs genoux se frôlent sans que l’un ou l’autre n’en ressente de la gêne. Elle les enveloppe alors d’un Bonsoir mes garçons et jamais Nicolas ne touche d’aussi près le sentiment d’appartenir à quelque chose. Une famille. Un futur.
Parfois ils préfèrent rentrer à pied et Marc renvoie sa mère à son jardinage sur un ton que Nicolas ne s’est autorisé qu’une fois avec la sienne. Son père avait alors fait irruption dans sa chambre à son retour du travail, sourcils froncés et main levée. Les marches de l’escalier tremblèrent longtemps de son pas menaçant. Nicolas avait dû présenter des excuses, tête baissée et bras croisés dans le dos, laver la vaisselle tous les soirs de la semaine, et n’avait pas eu la permission de rejoindre son ami au fond du jardin le mercredi suivant. Si elle jugea la sanction disproportionnée, Évelyne se garda bien de s’en ouvrir à l’un ou à l’autre. Son vernis à ongles dura plus longtemps que d’habitude, mais elle vit une lueur nouvelle éclairer le regard de son fils. Elle ne sut pas tout de suite s’il s’agissait d’un défi éteint dans l’œuf ou de la promesse qu’un jour il lui ferait payer cette première trahison. Lui non plus n’a pas bien compris si, ce jour-là, sa mère le poussait un peu vivement dans le pédiluve ou l’immergeait sans ménagement dans le grand bassin, sans brassard, tête la première. Il lui pardonnera peut-être un jour sa duplicité. L’enfant qu’il est encore a simplement compris qu’il lui faudrait grandir avec discrétion et un sens aiguisé de la dissimulation.
Le mercredi suivant, il quitte la table du déjeuner à peine son dessert avalé, profitant de ce que sa mère est au téléphone ou aux toilettes. À elle la corvée de vaisselle. Marc est déjà là, assis face à la rivière. Il imagine son regard. Il a envie de le serrer dans ses bras comme parfois il voit leurs mères s’enlacer, le visage rougi par leurs conversations d’adultes. Marc lui demande pourquoi il n’est pas venu la semaine dernière. Nicolas lève les yeux au ciel et marmonne un ma mère… qui vaut tous les mots d’absence. Sans se concerter, ils enjambent les pierres glissantes et franchissent la rivière. Il est tôt, leurs mères vident encore leur mazagran de café brûlant. Elles ne viendront pas faire peser leur peur de noyades sur leurs épaules avant une heure ou deux. Ils partent à travers champs, une branche à la main pour coucher les hautes herbes sur leur passage. La parcelle est pentue. Marc prend de l’avance mais se retourne par intermittence. Alors, tu viens ? Nicolas suit comme il peut, inquiet de croiser une couleuvre, une ronce, ou songeant déjà à son père qui, cette fois, risque bien d’imprimer sa main sur sa joue ou sa cuisse. Tu étais où ? Ta mère s’est fait un sang d’encre ! Mais ça en vaut la peine. La nuque de Marc rougit sous les rayons du soleil. Il marche d’un pas assuré. Sait où il va. Sait où ils vont. Et Nicolas comprend qu’il suivrait n’importe où ce garçon qui le couvre de son regard dense. Le vieux bâtiment au toit de tôle approche. C’est la première fois qu’ils s’aventurent aussi loin. Marc enjambe l’escalier extérieur, dont les marches disparaissent sous un tapis de foin qui libère une odeur âcre sous ses pas. Longtemps Nicolas assimilera ce parfum au désir même. Cette chose alors inconnue de lui. Marc trébuche sur une balle de foin. Se laisse tomber en arrière et éclate de rire. Seule la fenière laisse passer un rai de lumière où dansent des millions de particules de poussière. Viens ! Nicolas s’assoit timidement. Plus près ! La main de Marc attrape son épaule, son cou, son bras. Les voilà allongés à quelques centimètres l’un de l’autre. Le silence se pose sur leurs lèvres. Leurs paumes, leurs coudes, leurs tailles s’effleurent. Il n’y a pas d’air. La poussière envahit le peu d’espace disponible entre les bottes de foin et le toit de la charpente. Le soleil chauffe à blanc la tôle ondulée, tout se démultiplie, la touffeur, les fines gouttelettes de sueur, les pulsations. Nicolas a du mal à respirer. L’obscurité l’angoisse. La claustration l’opresse. Mais son corps refuse de bouger. Seul son ventre se soulève. La main de Marc ne cille pas. Elle affirme sa place. Rien ne la délogera. Sauf si Nicolas décide de se lever. S’en aller. Nos mères vont s’inquiéter, non ? Marc ferme les yeux. Cela dure cinq minutes, une heure, une éternité. Il ne reste bientôt plus que l’empreinte de leurs corps sur le lit de fortune. Marc redescend le premier. Tend une main à Nicolas pour l’aider à enjamber la dernière marche, plus fatiguée que les autres. Ils reprennent le cours de cette journée devenue méconnaissable. Une fois couché, Nicolas n’attendra pas le baiser de sa mère sur son front. Mais que le sommeil ramène la main de Marc au creux de la sienne.
C’est le mois de mai. Nicolas est en classe de sixième au collège Louis-Pergaud à Dozulé. C’est un bon élève, même s’il peine un peu en cours de mathématiques. On lui reproche son manque de logique. Sa mère dit que son fils est un artiste. On ne peut pas être bon partout. Il nourrit une passion pour les cours d’anglais de Mlle Prieur. Agace la moitié de ses camarades avec son bras levé en permanence, prêt à articuler le moindre Brian is. Soulage l’autre moitié, dont le regard cherche refuge dans la muette contemplation de leurs pupitres avec des airs d’égyptologues déchiffrant des hiéroglyphes. Mlle Prieur a une trentaine d’années, est à peine plus grande que ses redoublants. On la trouve un peu masculine, avec son jeans de mécanicien et ses cheveux à la brosse. Rien ne semble l’atteindre ou la déstabiliser. Elle en a vu d’autres. Son aplomb protège Nicolas d’interrogations qui ne sont pas de son âge, quand certains mots déferlent du dernier rang et qu’il sent son visage s’embraser. In English please ! Des rires étouffés pour seule réponse. C’est bien ce que je pensais, alors repeat after me ! Interrogation jeudi prochain.
Son autre refuge, ce sont les cours d’arts plastiques de M. Soisson. Son chef-d’œuvre (un petit bloc d’argile façonné à l’ébauchoir jusqu’à lui donner la forme approximative d’un cocker) trône sur l’étagère en fer accueillant les plus beaux travaux de la classe, les pots de gouache, les feuilles Canson, les sacs de terre crue. Il espère le récupérer à la fin de l’année scolaire pour le montrer à sa mère et l’offrir à Doris. Mais n’ose pas en parler au professeur, qui s’est pris d’affection pour la figurine. Il pressent qu’il n’y a rien de bon à se faire remarquer. Les louanges ne font souvent que précéder la disgrâce.
Depuis le décès de son grand-père paternel, il dort un mardi soir sur deux chez sa grand-mère, à quelques arrêts de bus de la maison de ses parents. On y dîne tôt, la télé en sourdine, à la lueur d’un monte-et-baisse où de grosses mouches s’empêtrent dans les graisses de cuisson qui se sont installées là. La toile cirée – cloutée en périphérie sur de fins tasseaux de bois – s’anime d’une fresque à base de moulins et de grains de café donnant un air de petit déjeuner à chaque repas. Elle lui demande parfois de couper du bois pour alimenter le fourneau, où un fond de plat est toujours plus ou moins en train de mijoter, mais la manipulation de la hache suppose une dextérité qu’il n’a pas encore. N’aura peut-être jamais. Son cousin Antoine, qui assure la permanence le deuxième et le quatrième mardi du mois, montre davantage de prédispositions pour cet exercice. Il a quinze ans, des bras deux fois plus gros que les siens. Ses hormones se sont emparées des draps où leurs corps se succèdent d’une semaine à l’autre. Leur grand-mère néglige souvent de les laver. Nicolas s’y endort entre désir et dégoût. »
Extrait
« Maintenant tu comprends pourquoi je ne voulais pas que tu sois tout seul. Je savais que tu allais trouver quelque chose. Des papiers ou une photo. Comment tu te sens ? Nicolas se sent comme un homme de cinquante-quatre ans qui vient de trouver, griffonné au dos d’une image jaunie, le mode d’emploi de son enfance, de cette famille qui a sous-traité le silence. Il fait signe à Marc de le prendre dans ses bras et ils s’enlacent sans peur que leurs corps ne se retrouvent.
Tout ce que ses parents ont prétendu économiser gît là et va finir dans un container, une poubelle, une brocante peut-être. Il ne restera que leur tombe grise et les choses qu’ils n’ont pas dites, qui étaient là, suspendues. » p. 142-143
À propos de l’auteur
Jérôme Aumont est né en 1972 à Caen. Son premier roman, Un empêchement, a été publié en 2023. Il a reçu trois prix de lecteurs et vient de paraître dans la collection de poche Satellites. (Source: Christian Bourgois Éditeur).
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