Dessins de Saul Steinberg. (c) Sébastien Roberty
(c) The Saul
Steinberg Foundation, SABAM, Brussels, 2025.
On connaissait
Folon peintre et
sculpteur. On l'a découvert photographe (lire
ici). L'exposition "Drawing room" qui vient
de s'ouvrir à La Hulpe dévoile une autre facette de l'artiste (1934-2005). Le
dessin d'humour. Une pratique qu'il a intensément pratiquée dans les
années 1950, avant sa notoriété, sous l'influence de l'artiste américain Saul
Steinberg.
"Il y a eu un Folon qui fait du dessin d'humour avant le Folon que l'on
connaît", explique la Fondation. Tout jeune, Folon avait quitté Bruxelles et était
parti s'installer à Bougival, à 20 kilomètres de Paris. Pour survivre, pour ne
pas crever de faim, il dessine. D'abord pour "Moustique", "Paris-Match" et
"Pan" de 1955 à 1960 à raison d'un dessin par semaine. Il se forge ainsi son
univers graphique. Ensuite, il collaborera avec fruit au "New-Yorker" aux
États-Unis. Sa réussite américaine lui conférera son succès en Europe.
Le plus curieux de l'histoire des dessins d'humour de
Folon est que peu de
monde connaissait cette facette de son œuvre. En vidant son appartement de
Monaco, Stéphanie Angelroth, directrice de la Fondation, a découvert dans la
salle de bain une boîte contenant des centaines de dessins. Folon ne lui en
avait jamais parlé alors qu'ils étaient proches!
Dessins de Folon. (c) Sébastien Roberty
(c) Fondation Folon_ADAGP, Paris, 2025.
André François.
Le parcours est à la fois chronologique, thématique et chromatique: quelques cimaises pour chaque artiste, à chacun sa couleur. En fil rouge de ces séries d'œuvres représentatives, complétées de notices biographiques suffisantes et des mots de Folon y apposés, un petit bonhomme court sur les murs et sert de guide. "Drawing room" est une exposition pour le plaisir qui fait aussi réfléchir. La qualité du dessin d'humour. Elle enchantera l'amateur qui découvrira des merveilles comme l'érudit qui y reconnaîtra les artistes qu'il chérit. Elle propose le regard de Folon sur le dessin au XXe siècle. Elle démontre parfaitement que le dessin est un genre en lui-même, encore trop peu présent dans les musées d'Europe.
Ronald Searle. (c) Sébastien Roberty.
Dans la première pièce, dédiée aux dessins de Folon, on comprend combien l'artiste formait une famille d'esprit avec plein de dessinateurs. On y découvre cette forme de philosophie souriante, rappelant que l'humour est souvent la politesse du désespoir. Suivent les dessins à la plume experte de Saul Steinberg, "écrivain qui dessine" comme il se définit, dont celui sans relever l'outil qui figure sur l'affiche, les tableaux si reconnaissables d'André François, les affiches témoignant du sens de l'ellipse de Savignac, la ligne faussement hésitante de Ronald Searle, la férocité de Chaval, par ailleurs cultivateur d'absurdie. On continue avec les géniales créations de Topor, les dessins de Bara, le trait minimaliste et efficace de Bosc, les dessins de R.O. Blechman, tellement méconnu en français. On termine avec quelques œuvres de Sempé, toujours délicieuses, d'Alechinsky et de Milton Glaser, autre immense artiste américain que les nouvelles générations d'artistes ignorent malheureusement.
Topor. (c) Sébastien Roberty.
En complément des dessins réalisés en solo par leurs auteurs, on en découvre aussi plusieurs, réalisés en duo avec Folon. L'homme qui aimait les artistes, aimait les rencontrer et faisait tout pour parvenir à ses fins comme le raconte joliment l'exposition "Drawing room".
Milton Glaser en solo et en duo avec Folon.
Pratique Où? Fondation Folon, drève de la Ramée 6A, 1310 La Hulpe Quand? Jusqu'au 31 août, du mardi au vendredi de 9 à 17 heures, le week-end de 10 à 18 heures. Combien? 15 euros pour les +26, 12 euros pour les +65, 5 euros pour les 6-25 ans. Autres infos ici.