La longe

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En deux mots
Rose a 43 ans et vit traumatisée par la mort de sa fille Anna, fauchée par une camionnette. Une épreuve qu’elle partage avec son mari Camil, qui ne tarde cependant pas à ne plus la comprendre. Il va alors prendre des mesures radicales.

Ma note
★★★★ (j’ai adoré)

Ma chronique

L’insupportable perte d’un enfant

Sarah Jollien-Fardel confirme son talent découvert avec Sa préférée. Dans ce court et lumineux roman, elle raconte le drame d’une mère confrontée à la mort de sa fille et passe du roman noir à une lumineuse histoire d’amour.

Les éditeurs savent la difficulté pour nombre d’auteurs, qui ont connu le succès avec un premier roman, de réussir le deuxième. Pour Sarah Jollien-Fardel, auréolée du succès de Sa préférée, l’épreuve a été difficile à surmonter. Sabine Wespieser a refusé ce second texte, ne le trouvant pas abouti. Alors Sarah a repris la plume et a écrit La longe qui sera donc son second roman publié.
Disons d’emblée qu’il confirme le talent de la Suissesse, fidèle à ses thèmes de prédilection, la transmission et la violence, le traumatisme et la difficulté de le surmonter, le harcèlement et la colère.
Pour Rose, il va même s’agir d’un double traumatisme, puisqu’après avoir perdu sa mère, alors qu’elle n’avait que huit ans, elle va perdre sa fille, fauchée par une camionnette. Un drame qui va la laisser exsangue, avant que la colère – qui est mauvaise conseillère – ne la mène à vouloir solder ce lourd passif.
Dès les premières pages, on découvre qu’elle est attachée à une longe dans un mayen, sorte de cabane des montagnes valaisannes. En ressassant ses souvenirs, en déroulant le fil du drame qui l’a frappée, on découvrira comment elle en est arrivée là et qui la retient.
On verra aussi comment cette fille, bien décidée à s’émanciper, va suivre l’avis de sa grand-mère qui tient un bistrot en Valais et chercher à s’émanciper hors de son canton. À Lausanne, elle suit une formation d’ostéopathe, et retrouve Camil, un ami d’enfance. « Je le reconnais, (…) je retrouve le garçonnet aux pupilles moirées. Nous l’avons senti en une seconde. Nous ne nous étions jamais oubliés, malgré les années adolescentes sans nous revoir, la même intimité franche et simple qu’enfants. »
Leur mariage sera scellé comme une évidence et très vite la famille va s’agrandir avec la naissance de leur fille Anna. La vie s’écoule alors paisiblement jusqu’à ce que sa fille ne soit victime de harcèlement, jusqu’à ce drame insupportable qui va faire basculer son existence. « Dormir dans le lit d’Anna. Pleurer dans le lit d’Anna. Camil qui me rejoint. Qui pleure. Nous nous étreignons fort, l’un contre l’autre. L’absence comme un gouffre. La mécanique des gestes au travail. » Car il faut vivre, essayer de donner un sens à l’existence. La vengeance peut alors être un moteur.
Sarah Jollien-Fardel a cette capacité à dire la violence et la souffrance tout en restant sur une ligne de crête. On sait que sur l’autre flanc de la montagne la lumière est là, qu’il faut toutefois trouver le chemin pour s’y rendre.
La voix d’une mystérieuse visiteuse, celles de Charlotte Delbo, Marguerite Duras puis un souvenir heureux ou encore la poésie de Rainer Maria Rilke vont lui servir à baliser la route. Avec beaucoup de délicatesse, la romancière transforme son roman noir en histoire d’amour. Car comme le chante Antony and the Johnsons dans « Bird Gerhl », la chanson qui fait partie de la playlist du roman :
Parce que je suis une fille oiseau
Et les filles oiseaux vont au paradis.

Signalons la présence de Sarah Jollien-Fardel sur le plateau de La Grande librairie ce mercredi 15 janvier à 21h05 sur France 5.

Bibliographie et Playlist du roman
TEXTES
Delbo, Charlotte, Aucun de nous ne reviendra, Les Éditions de Minuit, 1970
Duras, Marguerite, La Pluie d’été, PO.L, 1990
Fante, John, Mon chien Stupide, traduit de l’anglais (États-Unis) par Brice Matthieussent, Christian Bourgois, 1987
Pessoa, Fernando, Le Livre de l’intranquillité, traduit du portugais par Françoise Laye, Christian Bourgois, 1988
Rilke, Rainer Maria, Lettres à un jeune poète, traduit de l’allemand par Claude David, Gallimard, collection « La Pléiade », Œuvres en prose, 1993

CHANSONS


Antony and the Johnsons, « Bird Gerhl », I Am A Bird Now, 2005
Radiohead, « No Surprises », OK Computer, 1997
Spiritualized, « Brocken Heart », Ladies and Gentlemen We Are Floating in Space, 1997
Neil Young and Crazy Horse, « Cortez the Killer », Zuma, 1975

La Longe
Sarah Jollien-Fardel
Sabine Wespieser Éditeur
Roman
160 p., 18 €
EAN 9782848055497
Paru le 8/01/2025

Où ?
Le roman est situé principalement en Suisse, dans les cantons de Vaud et du Valais, notamment à Lavaux, Épesses, Chexbres, Vevey, Lausanne et un village valaisan non précisé ainsi que Chandolin. On y évoque aussi Antibes et Nice et des voyages en Inde, Thaïlande, sur des îles, la côte Atlantique et amalfitaine, la pointe du Raz.

Quand ?
L’action se déroule de nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
Chaque jour, au réveil, Rose lutte pour ne pas être assaillie par la réalité, dans la chambre aux parois boisées où elle vit désormais attachée à une longe.
Tout a basculé trois ans auparavant, quand la police est venue lui annoncer l’accident : Anna, sa petite fille, a été fauchée par une camionnette. Depuis lors, Rose interroge le passé, tente d’élucider les circonstances du drame et, chemin faisant, nous révèle celles de son enfermement.
Avant, l’existence était simple et belle, scandée par la phrase gravée sur une poutre du bistrot de sa grand-mère adorée : « Tu es d’une espèce qui aime la lumière et déteste la nuit et les ténèbres. » Rose a grandi dans un village haut perché des montagnes valaisannes. C’est là, alors qu’ils étaient encore des enfants, qu’elle a rencontré Camil, devenu bien plus tard son mari et son indéfectible soutien. Leurs lectures, leurs promenades dans une nature âpre et complice, leurs retrouvailles bien plus tard à Lausanne, la naissance de leur fille, leurs métiers qu’ils aiment : Rose, évoquant ce quotidien heureux, s’efforce d’y traquer les failles. Elle cherche désespérément à comprendre quels excès l’ont conduite à sa situation de recluse.
Un jour pourtant, quand elle perçoit une présence inconnue derrière sa porte close et croit entendre la phrase d’un livre de Marguerite Duras lu naguère, nous, lecteurs, avons l’intuition que la lumière pourrait gagner.
Toute la force de ce roman est dans la manière dont son autrice parvient à domestiquer la violence de la situation et des personnages qu’elle a imaginés, construisant un magnifique portrait de femme et nous entraînant, à notre grande surprise, dans la plus pudique des histoires d’amour.

Les critiques
Babelio
Lecteurs.com
RTS (Philippe Revaz)
Canal 9 (Maxime Siggen)


Sarah Jollien-Fardel présente « La longe » © Production Librairie Mollat

Les premières pages du livre
« Tous les matins, pendant un quart de seconde, je suis bien. Un quart de seconde où je ne me rappelle plus qui je suis, ce que je fais, où je dors. Pendant ce quart de seconde, Rose n’existe pas, la Rose que je suis devenue n’a pas encore pris possession de mon esprit. Mon corps, passe encore, mais ma tête… Rose, cette Rose que je déteste, agglutinée à mes pensées, mes actes, tout le reste de la journée. Pendant ce quart de seconde, j’ai la vingtaine et je retrouve mon grand amour, j’ai huit ans et je défile à travers le village dans mon aube de première communiante, j’ai bientôt quarante ans et mon enfant vit encore. Il passe trop vite, ce quart de seconde. Droit derrière, Rose, quarante-trois ans, me dévore jusqu’aux os. Je me souviens que je n’arriverai pas à me lever, que je pleurerai sitôt que je comprendrai qu’une nouvelle journée commence. Que je devrai lutter pour chaque geste, chaque minute de chaque journée. Lutter pour me lever, lutter pour m’habiller, lutter pour regarder Camil dans les yeux. Lutter pour ne pas boire. Lutter pour continuer.
La Rose d’avant, celle qui transformait son lit en bateau de pirates, qui imitait le singe avec tant de perfection qu’Anna la regardait estomaquée, presque affolée, avant de rire, celle qui dansait dans le salon, dans le jardin, dans des fêtes, l’ostéopathe aux pantalons en lin blanc et aux tee-shirts immaculés, l’amoureuse aux ongles peints ou aux ongles noirs de terre du jardin, l’amie entière et sans concessions, celle qui lisait deux livres par semaine, est éteinte. Je ne lis plus, je ne ris plus, je ne plante plus d’oignons de tulipe, ne sème plus de graines de roquette. Je ne travaille plus. J’ai tout perdu. Sauf Camil et quelques amies éparses. Je languis dans le lit, ni par plaisir ni par paresse. Je ne suis pas paresseuse, je ne l’ai jamais été. Je suis combative. Une combative conciliante. Enfin, je l’étais. Le genre à entraîner sa famille pour une virée en Italie, un dimanche matin, sur un coup de tête. À grimper le long des pistes, en peau de phoque, à la tombée de la nuit, deux fois par semaine. À encercler le corps lourd d’un homme obèse, à peser sur lui malgré notre différence de gabarit, à lui dénouer son omoplate coincée, « Aaah ! merci, ça fait du bien ». Et à oser sans vexer : « Vous devriez vous mettre aux exercices que je vous ai donnés. Et arrêtez de boire et de manger n’importe quoi, Joseph ! » Le genre à pimenter de détails exagérés une anecdote molle ou à écouter précieusement sans interrompre, sans questionner. Le genre à aimer entendre Camil et son associé se prendre la tête autour de notre table de cuisine, entre les miettes de pain et les croûtes de fromage, pour un concours d’architecture, à ne pas leur dire que rien n’est grave. Le genre à aimer l’ivresse légère, à détester perdre le contrôle, mais à s’amuser quand même. Le genre optimiste, le genre à se relever sans déranger. Le genre bonne pâte. Le genre docile et confiant.
J’ai glissé. Pas tout de suite.
Quand j’ai ouvert la porte aux policiers, je suis restée droite. Quand j’ai entendu accident, voiture, vélo, j’ai fait face. J’ai appelé Camil, j’ai foncé à l’hôpital, j’ai insulté le personnel qui voulait me calmer. Non, je ne me calmerai pas, je veux voir ma fille.
Elle est où, Anna ?
Anna est morte.
Moi je suis retenue dans une chambre aux parois boisées, attachée à une longe. »

Première partie
ANNA EST ARRIVÉE par surprise. Devenir mère, pas envie, trop peur de mourir. Camil et moi n’en avions jamais parlé franchement. Il venait tout juste de remporter un concours d’architecture dans une des villes de notre canton d’origine, à une centaine de kilomètres d’où nous résidions. Une surprise, ça aussi. Avec Jean, son ami d’enfance, il avait passé des jours et beaucoup de nuits à plancher sur le projet d’un bâtiment administratif au budget astronomique. Notre quotidien a été chamboulé. Ils ont dû fonder une société, engager du personnel. Depuis, ils cartonnent, Sans fanfaronnade. Ils restent ceux qu’ils sont. Modestes, pragmatiques. Pas de postures, pas de blablas, pas de voitures neuves, ni montres, ni cigares. La vie un jour après l’autre, sans question ni certitude. Moi, je manipule des corps, dénoue des muscles dans un cabinet d’ostéo lausannois. En parallèle de la clientèle de danseurs qui n’écoutent pas leurs douleurs ou de footballeurs qui les entendent trop, avec mon amie Agathe, rencontrée la première semaine de nos études, je me perfectionne dans la rééducation périnéale. Pourquoi ? Un hasard encore, un besoin d’apprendre, aussi.
Camil cravachait dur pour gérer son nouvel atelier le défi du chantier colossal, les deux cents kilomètres aller-retour quotidiens depuis ce village de Lavaux où nous avions eu l’aubaine de louer un trois-pièces, au rez-de-chaussée d’une maison vigneronne, de plain-pied, un carré de jardin en friche que je m’entêtais à apprivoiser. Contrarié du peu de temps qu’il passait avec notre petite Anna et moi, il se sentait de plus en plus frustré, s’agaçait facilement, culpabilisait tout autant.
Un dimanche d’avril, nous nous promenons au milieu des parcelles de vignes aux sarments fraîchement taillés qui surplombent le lac. Longeons le coteau, depuis Épesses où nous habitons jusqu’à Chexbres peut-être même jusqu’à Vevey, si nous en avons le courage. Par tous les temps, les fins de semaine même les journées de flemme, nous flânons sur ce tracé bucolique depuis la naissance de notre bébé le 9 février. Même éreintés, la marche au grand air nous charpente, nous qui avons passé une enfance à vivre dehors le plus souvent possible, à nous perdre dans les méandres des torrents, à suivre les déambulations des papillons, à dévaler les pentes en luge ou sur des skis Nous cheminons silencieusement, savourons Je soleil tiède du printemps, nous régalons du paysage jamais monotone, entre les verts des ceps bourgeonnants et les bleus versatiles du lac qui élongent et ensorcellent la vue.
Nous marchons côte à côte, dans la familiarité amoureuse et tendre qui nous relie depuis qu’un après-midi de juillet Camil est entré dans le café de ma famille, dans un village haut perché, comme posé sur des rocs. Ï a commandé un Passaia, un soda typique de notre enfance, tout en lorgnant vers le banc où, genoux au menton, je me désennuyais en classant les clients selon leur provenance. Je séparais mentalement les habitués des autres. Les revenants, je les repérais à leurs yeux furetant à la recherche d’un indice connu et réconfortant — la silhouette de la patronne, ma grand-mère, ou un tableau familier sur les murs lamés de mélèze, qui détendait leur front. Les touristes, eux, facile de les comptabiliser, l’innocence de leur regard parlait pour eux. Lui, Camil, inclassable, des manières ni de chez nous ni d’ailleurs. Sa réserve touchante, ses pupilles noisette, son hochement gai lorsque, sans un mot, je lui ai souri avec les yeux, comme si j’avais su qu’il n’était pas de passage.
À partir de ce juillet-là, mes semaines estivales s’égayent sitôt que le père de Camil, toujours une cigarette au bec, parque la voiture. Que sa mère en sort, époustouflante, toujours en robe-chemisier, sous la pluie ou sous le bleu du ciel. Sitôt que Camil dévale les trois marches en bois du café où je l’attends, impatiente, sur la terrasse ombragée, mon cœur plein de lui déjà, mais comprimé par ma retenue naturelle. Il passe une partie de ses vacances chez sa grand-mère, dans ce village où je vis, sans ami comme lui, sans un ami qui partage et chérisse le dehors et le silence autant que moi. Il faut bien dire que peu de familles y habitent à l’année. Sitôt que les enfants naissent, beaucoup s’exilent en ville ou dans un des villages en aval, pour soulager le quotidien des trajets sinueux, des mois et des mois de neige, du manque de distractions ou de commerces. Vivre haut, dans une vallée montagneuse, semble rudoyer l’existence. Pas pour nous. Ma mère n’était jamais partie, mon père pensait que vivre là ouvrait notre esprit. Papa, qui en rajoutait toujours, d’sait que revenir là, aux origines rudes de ses aïeux, c’était revenir à l’essentiel. Il tenait à se débarrasser de ce que ses parents adulaient : réussir et le montrer. »

Extraits
« Entre l’écho des rires, des langues d’ailleurs, le charivari des bandes de tous les âges fourmillant sur les pelouses du Léman, je le vois. Je le reconnais
Je ne reconnais pas seulement sa fossette droite, ses oreilles joliment décollées et son regards noisette lorsqu’il se retourne, je retrouve le garçonnet aux pupilles moirées. Nous l’avons senti en une seconde. Nous ne nous étions jamais oubliés, malgré les années adolescentes sans nous revoir, la même intimité franche et simple qu’enfants. Sa main sans gêne sur le sommet de ma tête, avant les trois bises des retrouvailles… » p. 62

« Comment dire la désolation des désolations, l’absence comme un cratère. Ne pas avouer aux autres parents qu’on ne supporte plus leurs regards qui flanchent. Camil et moi ne sommes plus des parents. Comment raconter la détresse qu’un rire d’enfant provoque. Le cataclysme dévastateur d’une tresse d’écolière se balançant sur un sac à dos violet.
Se relever. Pas par courage. Par instinct. Dormir dans le lit d’Anna. Pleurer dans le lit d’Anna. Camil qui me rejoint. Qui pleure. Nous nous étreignons fort, l’un contre l’autre. L’absence comme un gouffre. La mécanique des gestes au travail. » p. 87

À propos de l’autrice
JOLLIEN-FARDEL_sarah_©mariepierrecravediSarah Jollien-Fardel © Photo Marie-Pierre Cravedi

Née en 1971, Sarah Jollien-Fardel a grandi dans un village du district d’Hérens, en Valais. Elle a vécu plusieurs années à Lausanne, avant de se réinstaller dans son canton d’origine. Journaliste, elle a écrit pour bon nombre de titres en Suisse. Tout comme son premier roman, Sa préférée, qui a rencontré un magnifique succès lors de sa parution en 2022 (prix Fnac, choix Goncourt de la Suisse, Goncourt des détenus), La Longe est ancré dans l’âpre et somptueux paysage de montagne où elle vit. Le roman est paru en janvier 2025. (Source : Sabine Wespieser Éditeur)

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