En deux mots
La narratrice, son ami Jules et leur chien Loulou ont décidé de partir en voyage jusqu’au Bouthan. Arrivés au Pakistan, ils font la connaissance d’un compatriote, se lient d’amitié. En fait, ils vont tomber dans un terrible guet-apens.
Ma note
★★★ (bien aimé)
Ma chronique
Sur la route du Serpent
Basé sur une histoire vraie, Céline Debayle nous raconte comment dans les années 1970 un jeune couple de routards va se lier d’amitié avec un tueur en série. Une rencontre qui va virer au drame et qui se lit comme un polar.
Le goût de l’aventure, l’envie de découvrir le monde et sans doute quelques lectures et quelques films ont poussé la narratrice et son compagnon sur les routes. Dans les années 1970, ils prennent la direction du Bhoutan en passant par la Suisse, l’Italie, la Yougoslavie, la Turquie, l’Iran et le Pakistan. Mais ils n’atteindront jamais leur but. Après avoir essuyé une balle en traversant le Balouchistan, ils trouvent refuge à Peshawar. À l’hôtel Dean’s, ils vont pouvoir prendre un peu de repos, effectuer quelques reportages et retrouver de l’énergie avant de reprendre la route. Ils vont aussi se lier d’amitié avec Joël Phong, ingénieur dans les pétroles qui sillonne aussi la région.
« Nos longs trajets s’avéraient des traits d’union. Les distances nous rapprochaient, les frontières nous rassemblaient. Des goûts communs se bousculaient. Il raffolait du garam masala, ce méli-mélo d’épices torréfiées qui poudre d’or le riz. Nous aussi. Nous lisions le National Geographic. Lui aussi. Il admirait les photos de Paul Chesley. Nous aussi. »
Très vite, leur amitié va se renforcer, sans doute aussi parce qu’elle offre une récréation bienvenue. Il aura suivi de deux bières frelatées et d’un comprimé servant soi-disant d’antidote pour que le plan machiavélique conçu par cet ami fonctionne.
On sait depuis le préambule que ce récit est basé sur une histoire vraie, que la narratrice, son compagnon Jules et leur chien Loulou viennent en fait de croiser Charles Sobhraj. Un homme qui « droguait, volait et tuait des jeunes voyageurs étrangers ». Celui que l’on a surnommé Le serpent a été reconnu coupable d’une douzaine de meurtres et soupçonné d’une vingtaine d’autres assassinats, la plupart selon la même méthode, l’empoisonnement.
Mais pour le couple de Français et leur chien, une question reste en suspens : pourquoi n’ont-ils été assassinés ? Je vous laisse découvrir l’hypothèse de la narratrice…
Après Les Grandes poupées (2020) et Sous l’aile du lion (2022), Céline Debayle change à nouveau de registre pour nous offrir ce récit glaçant qui se lit comme un polar. On a beau connaître dès le début l’issue tragique de ce voyage, on n’en reste pas moins emporté par ce scénario diabolique. Avant de nous pencher sur l’énigme de la survie qui permet à l’écrivaine de coucher cet épisode sur le papier. Toutes les morsures de serpent ne sont pas mortelles.
Dans le jardin de l’hôtel Dean’s
Céline Debayle
Éditions Arléa
Roman
160 p., 19 €
EAN 9782363083913
Paru le 2/01/2025
Où ?
Le roman part de France pour nous mener au Pakistan, en passant par Suisse, l’Italie, la Yougoslavie, la Turquie, l’Iran. Au Pakistan, le séjour passe par Peshawar et Rawalpindi. On y évoque aussi Bandol.
Quand ?
L’action se déroule dans les années 1970.
Ce qu’en dit l’éditeur
En Asie, dans les années 1970, Charles Sobhraj droguait, volait et tuait des jeunes voyageurs étrangers. J’ai eu la malchance de le croiser et de le subir. Ce livre est une histoire vraie, inspirée de cette rencontre.
C’est par ces quelques lignes de préambule que Céline Debayle ouvre son livre, Dans le jardin de l’hôtel Dean’s. Comme si elle voulait lester ses mots d’un principe de réalité. Ce qu’elle raconte, elle l’a vécu et a mis beaucoup de temps à pouvoir le coucher par écrit. Alors, récit, roman, il y a des deux dans ce texte édifiant qui raconte en détail cette aventure terrible qu’elle a vécue avec son compagnon de l’époque et son chien, Loulou, qui, on le verra, jouera un rôle très important dans l’issue heureuse de cette aventure.
Voyageurs épris de liberté et de curiosité, Céline Debayle et son compagnon se lancent dans un voyage initiatique en Asie, dans les années 1970. Ils font partie de ces milliers de jeunes routards qui vont chercher dans ces pays encore mal connus et assez dangereux pour la plupart, une façon d’atteindre un idéal ou du moins l’esprit même de l’aventure.
Leur périple les mène à Peshawar, au Pakistan, où ils font une halte avant de continuer vers le Bouthan. C’est à l’hôtel Dean’s qu’ils décident de se poser et c’est là que leur route va croiser celle de Charles Sobhraj, dit le Serpent, qui hante les grands hôtels, des somnifères plein les poches pour endormir puis détrousser les touristes qui succombent à son charme.
Ce texte est le récit, par le menu, de cette rencontre. Dans le jardin de l’hôtel où ils ont l’habitude de se retrouver le soir autour d’un verre, peu à peu Charles Sobhraj mettra en place son plan habituel : les mettre en confiance, se rendre indispensable, les circonvenir en leur faisant miroiter une aide dont ils ont besoin pour continuer leur voyage. Mais c’est bien un plan machiavélique qui se met en place et qui finira par une agression qui aurait très bien pu mal finir.
Ce roman, dans la veine de ces textes relatant des faits divers connus, démonte avec une implacable justesse l’effroyable mécanique psychologique d’un tueur qui finira par être confondu et passera de longues années derrière les barreaux.
Pour info, l’incroyable histoire de Charles Sobhraj a été racontée dans une série, Le Serpent, qui a eu un grand retentissement sur Netflix en 2021. Céline Debayle et son compagnon font partie des très rares victimes françaises de ce tueur en série.
Les critiques
Babelio
Lecteurs.com
Les premières pages du livre
« Loulou s’approcherait du tueur, et ils joueraient., Les chiens détectent la coke, la dynamite et les ensevelis. Le nôtre ne détecterait rien, ni diable ni traquenard. Rien. Et nous, non plus.
Nous roulions vers l’Orient.
Le passé portait trop d’ombres, nous réclamions le soleil. Le premier, le tout neuf, le levant.
L’enfance de Jules avait pataugé dans la boue et l’insulte, l’âcre vin paternel. La poigne de fer l’avait rendu fluet, des épaules d’homme manquaient. Son poids de Christ en croix disait la malchance.
La mienne avait été gavée de cœur et de mouise. Les baisers maternels remplaçaient le père et le chocolat. Être adorée adoucissait tout, sauf les humiliations, coups de frein sur la croissance. J’étais petite, trop mince.
Quand on célébrait l’âge béni de l’enfance, nous nous regardions goguenards. Joujoux et bonbons fantômes fortifiaient notre amour, lui plantaient une solide oriflamme couleur passion.
Après ces débuts amers, le panache s’imposait. Pour nous, c’était l’infini de la géographie. Traverser les fuseaux horaires plutôt que les boulevards. Habiter les paysages, l’espace peint de palmiers, de buffles, de mandalas.
Nous roulions vers le Bhoutan verrouillé dans les nuées et le cristal des cimes. Un royaume interdit. Peu importait, on est dieu à vingt ans. Partir ne suffisait pas, il fallait défier. Aller au bout, atteindre l’au-delà en restant sur terre. Sonder l’inconnu pour mieux nous explorer. Nous aimer, seuls et ensemble.
Loulou rapporterait la balle que le tueur lui lancerait. Il lécherait ses mains.
Nous roulions vers notre rêve, l’aurore montrait le chemin. Face à la lumière rosée, nous exultions : le Bhoutan, c’est là-bas, c’est tout droit ! Et nos visages s’ouvraient comme les marguerites en été. Le soleil nouveau-né nous remuait, un délice. Peu éclatant dans l’enfance, en allumant la terre il nous berçait. Vers midi, il nous rattrapait. Éblouissant. Il avantageait le monde, pailletait une piètre piste, étoilait un dromadaire pelé. Sous un ciel de farniente, bleu quotidien, nous vivions un gentil conte. Ogres et sorcières semblaient loin.
Nous nous trompions.
Au crépuscule, le soleil rougeoyait dans notre dos, trop sanglant pour nous plaire. Nous l’imaginions mourir, égorgé. Cette pensée nous poussait un instant dans les ténèbres, avant celles qui gomment les steppes, font de ces terres nues des mers noires.
Nous cessions alors de rouler. La maudite rencontre était retardée, nous l’ignorions. Nous pouvions encore rire à fond. Enlacer nos langues alertes. Ajouter effervescence et utopie à notre jeunesse.
Loulou se coucherait contre le tueur, en toute confiance. Il le laisserait caresser sa fourrure du cou, là où les doigts peuvent étrangler.
Au premier soleil nous repartions, je chantais Mistinguett, Jules souriait, la vie était pleine. Nous roulions dans le beige piqueté de plantes vert-de-gris, captives d’un paysage revêche. Épines effilées et écorces coriaces. Des armures contre les vents pugnaces et le soleil qui tue à trop brûler.
Une terre si vaste, souvent plate, à faire douter de sa rondeur, Immensité soulignant notre insignifiance, offrant le plus précieux des trésors : la rage d’être avant de n’être plus.
Chaque jour, nous roulions ainsi vers notre projet fou, le mystérieux Bhoutan.
Le tueur le brisa dans les pleurs.
Finis la boussole rose lumière et les moines méditant dans le cri des aigles ! Il coupa notre route au Pakistan. À Peshawar, capitale d’une province au nom de western : la Frontière du Nord-ouest. À quelques galops du col de Khyber qui vit déferler le grand et l’implacable, Alexandre et Gengis.
Là, les humains valaient moins cher que les ânes, ils tractaient plus de charrettes. Le turban couronnait les hommes, les surélevait vers les orages et les démons. Le voile estompait les femmes, effaçait joues et mèches, les remisait à l’ombre comme le suif et le foin. Des rois ou des sujets dès la naissance, un événement toujours mouillé de larmes : de joie pour un garçon, de déception pour une fille.
Nous étions en juin. Le ciel avait perdu son pimpant myosotis. Étonnamment jaunâtre, il avait mauvaise mine. Un ciel gonflé d’eau immobile, fermé. La mousson ne soulageait pas encore la terre, n’ouvrait pas ses douches à gros jets. En boudant, elle favoriserait notre drame. Cela aussi nous l’ignorions.
La première fois que j’ai vu le tueur, j’ai remarqué sa casquette. Couleur guerre. Une casquette de soldat à large visière qui le masquait, tête baissée. Contre le soleil subtropical, j’ai cru… Elle m’a rappelée le napalm du Vietnam, les atrocités d’un cousin bidasse en Algérie. Et Jeannot, frère de ma mère, abattu à Paris par un collabo à casquette, le 25 août 1944. Chaque année, au lieu de fêter la Libération, elle sanglotait son mort en photo sur du papier glacé.
J’aurais dû me méfier à ces funestes souvenirs. Voir un indice, une alerte, un index levé signifiant « Attention !» Fuir, Fuir, Fuir, Puis j’ai pensé à une casquette de baseball, à des pom-pom girls, et le malaise s’est envolé.
J’en aurais un regret comme le déroulement de la mer, sans fin.
C’était le jour de notre arrivée à Peshawar. Au Dean’s, le meilleur hôtel. Les autres puaient la pisse et l’eau vieille, les oreillers logeaient des bestioles à antennes. Le paludisme voletait, le choléra fréquentait les robinets. Des auberges immondes mais sans risque d’y croiser l’homme à la casquette. Il ne sévissait que dans le confort où crépitait la douche et gambillait le ventilateur. Pas dans les clapiers à routards fauchés, camés et débraillés qu’il vomissait. Hasch pompé de bouche en bouche et jeans crados le dégoûtaient. Il fuyait le troupeau cool, prisait l’argent et surveillait ses manières.
Depuis longtemps, il ne se lavait plus au bol d’eau, accroupi à l’indienne. Ne bâfrait plus les samosas à coups de crocs. N’inondait plus les chapatis de graisse ovine, même chauds, aux parfums de blé tendre, braises d’eucalyptus et miel venu on ne sait d’où.
Un délicat hôtel blanc sur une herbe touffue de prairie normande. Le Dean’s pourrait s’appeler le Calvados, plaisantait Jules, qui retrouvait sa patrie d’enfance où seuls les pommiers étaient roses. Son nom était pour nous comme un cadeau, celui de notre idole, James le magnifique. L’acteur courtisant la mort, l’épousant à vingt-quatre ans. Cérémonie luxueuse et métallique dans une Porsche écrabouillée en Californie. Jules connaissait le modèle, une Spyder 550 grise, surnommée « Little Bastard ». Saloperie de bagnole, il disait.
Témoin de l’époque victorienne, l’hôtel aux vérandas et colonnes catapultait dans le temps. On s’attendait à y croiser des Anglais roses de gin/quinine. Casque colonial en moelle végétale et bacchantes en guidon de vélo. Un décor pour Kipling qui y séjourna, comme le spectral Gandhi, le jeune journaliste Churchill et le vénéré Jinnah coiffé d’astrakan, fondateur du Pakistan. Tout ce monde-là patientait à la réception, où ronflaient jadis les mythiques Bentley à trois phares. Des photos vieillottes sous un lustre vénérable, piétinées par des geckos qui se moquent du protocole.
Un hôtel de légende pour une histoire invraisemblable. La nôtre.
Cette première fois, j’ai remarqué aussi sa belle gueule d’une douceur de fille. L’Asie y chantait un air d’Inde et de Chine. Un Bhoutanais, peut-être ? Heureux présage, j’ai pensé, le royaume interdit nous laissera entrer.
Un pantalon grège d’une élégance de dandy. Une chemise blanc net, classique, manches aux poignets. Homme d’affaires en casquette de troufion, c’était bizarre. Et à Peshawar, les affaires n’étaient pas palpitantes. Import d’insecticides et de cuvettes de W.-C., moins gymniques que les chasse-mouches et les toilettes à la turque. Export de tapis tissés par des gamines et de babioles d’onyx polies par des gamins.
Les trafics, eux, se portaient à merveille. Armes, or, drogues, rubis et émeraudes. Bouddhas du Gandhara volés aux sites archéologiques de la Route de la Soie, revendus en toute impunité en Occident, dans les prestigieuses maisons d’enchères.
Trafic de femmes et d’enfants aussi, le bruit courait au bazar mais plus vite que la police à cheval.
Le tueur flânait dans le luxuriant jardin du Dean’, coloré de corolles. Solitaire. À l’heure où les papillons de jour plient les ailes. Le tapis d’herbe semblait déroulé pour lui et les chauves-souris le saluaient bas. Moi, je savourais la tiédeur parfumée à pleine bouche. Le brûlant avait déguerpi avec le soleil, restait cette grisante essence de pétales, plus remarquable qu’un Guerlain.
Aussi bichonné qu’un géranium de balcon, ce jardin était un monde autre. Un refuge de chlorophylle dans le bitume citadin, sans cavalcades de poussières ni poubelles sautillant au vent. Un bout d’hier dans la modernité qui ne l’était pas vraiment à Peshawar. Le galbe des voitures disait l’âge du siècle, presque quatre-vingts ans. Mais le salwar kameez — le costume ancestral — et les ânes exploités depuis des millénaires ne le disaient pas. C’était l’époque où la jeunesse d’Occident cherchait en Inde la paix intérieure, parmi les vaches osseuses et les miséreux intouchables.
Je me rappelle sa silhouette claire et déliée dans le crépuscule. Ses haltes devant les massifs fleuris, admirés telles des toiles champêtres de Gustav Klimt. Le jardin de l’hôtel, son musée des Beaux-arts. Il le visitait en piétinant, yeux posés sur un paysage de tagètes ou un pastel de lilas des Indes.
Il a aperçu Loulou. Un chien venu d’aussi loin, c’était singulier. Un étranger aux côtes pleines, poils lustrés et collier de cuir à médaille, comme les trottoirs d’Europe en promènent.
Il a longé notre maison de voyage, un Dodge aménagé qui dévalait les pistes pierreuses avec une agilité de skieur. Une ancienne ambulance de l’US Army kaki d’origine, repeinte en paix, couleur colombe.
Il a vu l’immatriculation avec le « F » de France et, sur la galerie, les jerricans et les plaques de désensablement. »
Extrait
« Il courait l’Asie de la Malaisie au Pakistan. Nous avions franchi la Suisse, l’Italie, la Yougoslavie, la Turquie et l’Iran. Nos longs trajets s’avéraient des traits d’union. Les distances nous rapprochaient, les frontières nous rassemblaient. Des goûts communs se bousculaient. Il raffolait du garam masala, ce méli-mélo d’épices torréfiées qui poudre d’or le riz. Nous aussi. Nous lisions le National Geographic. Lui aussi. Il admirait les photos de Paul Chesley. Nous aussi.
Nos voix ajoutaient des vibrations à l’orphéon des insectes, des inflexions, des rires. Égayaient la touffeur, lui ôtaient une couche, on retrouvait la saison des coquelicots en France. Le tabac indien de Jules enlaçait les senteurs tropicales. Loulou respirait vite, il rêvait. » p. 56
À propos de l’autrice
Céline Debayle © Photo Jean-Claude Cintas
Céline Debayle est née à Nice et vit aujourd’hui entre Paris, Venise et la Grèce. Après des études de Lettres classiques à la Sorbonne et un doctorat en philosophie, elle a été grand reporter et journaliste. Elle a publié une quinzaine d’ouvrages, dont Sur les traces de Lawrence d’Arabie (Séguier, 1989), Grèce (Flammarion, 1993), puis chez Arléa (collection 1er Mille), trois romans très remarqués, Baudelaire et Apollonie, le rendez-vous charnel (2019), finaliste du Prix du Premier Roman, Les Grandes poupées (2020) et Sous l’aile du lion (2022). (Source : Éditions Arléa).
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