L’Honneur perdu de Katharina Blum d’Heinrich Böll

Me voilà repartie en direction de la Mitteleuropa avec un court roman, acheté il y a fort fort longtemps puisque je crois bien que j'avais découvert ce titre en cours d'allemand au lycée. Notre professeure nous avait fait voir le film, en allemand j'imagine, je n'en ai donc gardé que de vagues souvenirs... Et je suis certaine d'avoir acheté le roman mais de ne l'avoir jamais lu. C'est maintenant chose faite !

Voici la quatrième de couverture :

Dans l'Allemagne des années 1970, Katharina Blum est une jeune femme, droite, travailleuse et honnête. Impliquée malgré elle dans un sordide fait divers, elle devient le centre d'intérêt d'un journal à scandales. Son intimité fait la une, sa réputation est salie, les propos de ses proches déformés. Ne reculant devant rien, un journaliste la poussera à commettre l'irréparable...

Face à la brièveté du récit, ma chronique sera elle aussi plutôt courte. Cette histoire est sordide. De toutes les manières qu'une histoire peut l'être. Tous les personnages, absolument tous, sont condamnables. Certes, il y a ici une dénonciation du fonctionnement de la presse à scandale et de la mandoline dans laquelle elle passe tous ceux qu'elle croise sans se soucier des conséquences de ses mots, de ses torchons. Mais Katharina n'est pas que victime. Elle semble ailleurs, dans une autre réalité, insensible à presque tout, déterminée et glaciale. Ses employeurs, prêts à tout pour la défendre, ont pour ce faire des motifs douteux. Le vrai criminel est-il sincère ? Impossible de le dire. La marraine semble loyale, est-elle pour autant morale ?

J'ai vraiment le sentiment, après avoir terminé le roman, que l'auteur critique toute une société, au sein de laquelle les hommes et femmes brandissent des valeurs, comme des étendards voyants sous lesquels ils se permettent tout, prétextant une louable motivation, alors que ce sont leurs mauvais penchants naturels qui les guident. Constat amer donc...

L’Honneur perdu Katharina Blum d’Heinrich Böll

Mais ce que je retiendrai surtout de ce texte, c'est la voix du narrateur. La construction de ce roman est finement menée, le narrateur se présente comme celui qui sait tout mais qui cite ses sources, sans toutes les dévoiler. Il fait planer juste ce qu'il faut de doute. La chronologie est malmenée, entièrement vouée à nous embarquer, au point de nous faire dire à la dernière page que ça devrait ne commencer que maintenant. Et puis, il y a le ton. J'ai très souvent souri, j'ai même, je l'avoue, ri à la lecture de ses remarques acerbes et cyniques.

En bref, un roman qui se lit en une soirée et qui se savoure... Bien contente d'avoir enfin pris le temps de le découvrir. Peut-être me ferai-je bientôt le plaisir de revoir le film (en français cette fois...). Vous connaissez ce titre (livre ou film) ?

Priscilla


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