J'ai beaucoup aimé découvrir La Passeuse de Mots il y a plusieurs années. J'ai adoré le relire le mois dernier avec Magali. Mais je ne parviens pas à trouver le mot qui résumerait ce que j'ai ressenti en découvrant le tome 2. Un festival d'émotions... Mon cœur a été très souvent malmené, s'est parfois retrouvé en miettes, mais que c'est bon de vibrer de cette manière.

Pourquoi ? Premièrement parce que... Killian Nightbringer ! Définitivement, un personnage inoubliable, dont le côté solaire m'impressionne d'autant plus qu'il est nimbé d'obscurité. Il est froid, manipulateur, cynique, sans aucune pitié, ni même sympathie pour personne, à première vue. Et pourtant, il est celui qui reste, toujours, quoi qu'il arrive, il est le Sacrifice personnifié. La Loyauté incarnée. La phrase de clôture du tome 1 " Je dois retourner chez moi " m'avait semblé, lors de la première lecture, une déclaration de rupture. A ma seconde lecture, non, c'était forcément un détournement de trajet, rien de plus, impossible !

Ce second tome nous invite à Sol Zar et l'on y découvre l'enfance terrible, l'autre face de Killian. Je ne peux même pas dire le vrai Killian : il avance toujours masqué. A partir de ce moment, il est le personnage le plus malmené, dans tous les sens du terme. Il brouille les cartes avec la colère, la violence, le cynisme mais il m'a terriblement touchée. On sent son extrême souffrance du début à la fin. Le jeune homme fier et sans attache auquel Arya reproche sans cesse de ne pas se livrer semble dans ce tome ne faire que ça, se livrer par bribes, par phrases d'une charge émotionnelle incroyable et Arya ne comprend pas, ne voit pas, ou refuse de voir.

Il faut arriver à la fin pour comprendre pourquoi elle est si aveuglée et pourquoi ses sentiments nous échappent complètement. Elle semble déchirée entre son attirance et sa foi en Killian et son amour pour Aïdan qui semble étonnamment apparaître sans raison et grandir alors même que leurs entrevues ne laissaient pas deviner quoi que ce soit de ce genre. Les deux personnages de Killian et d'Arya se construisent donc dans la douleur, dans l'affrontement, dans la violence mais ils sont profondément liés l'un à l'autre et on commence tout juste à sentir à quel point.

Avancer avec eux (et quel bonheur, vraiment !), c'est aussi progresser avec Alric que j'apprécie de plus en plus et qui évolue énormément dans ce tome et avec Saren dont nous apprenons tout, très violemment. C'est aussi, ici, rencontrer les voleurs, leur langue, leurs coutumes, leur chef. Teslan, Reina, Démétra, Mégara, Khamsin, ils sont tous profondément attachants. Les univers sont toujours aussi riches, même ceux où l'on ne fait que passer, comme celui des Insoumises. Et puis, il y a le twist final. Je m'attendais à des choses, mais pas à tout (déjà parce qu'à ce stade, on ne sait pas tout) mais surtout, et c'est ce qui fait de ce roman un petit bijou, l'art de la narration est incroyable, on est scotchés, je ne vois pas d'autres mots. Impossible de fermer ce livre une fois à Hélianthe... Pour toutes les raisons citées plus haut : Aïdan, Arya, Killian, les voleurs, les Mots... Une tension incroyable dont je ne me suis toujours pas remise et dont je ne veux pas me remettre, puisque j'ai bien l'intention de me jeter dans Le tome 3...

Je termine à l'instant ce tome 2 et c'est un KO total, une parfaite continuité du premier tome et pourtant totalement différent, nous reprenons à l'endroit exact où nous avions laissé nos héros lors des derniers mots du tome 1 . C'est une expérience bien plus forte que nous font vivre les auteurs, ils nous emmènent dans l'univers de Killian, cet ange gardien si énigmatique, froid et ironique, il prend ici une incroyable profondeur et nous le découvrons encore plus attirant. Il est décidément l'un des personnages les plus emblématiques qu'il m'ait été donné de rencontrer au travers de mes lectures. Mais la surprise est encore bien plus intense que ce que j'imaginais car c'est une véritable épopée que nous vivons ici, un ascenseur émotionnel.

Arya et Killian vont vivre des bonheurs mais surtout de terribles souffrances physiques et morales, des incompréhensions, des erreurs que le lecteur ressent grâce à une incroyable immersion. Nous vivons à leurs côtés, de merveilleuses rencontres et amitiés qui vont leur permettre de garder le cap et qui m'ont ravie au fil des pages. Alric qui comme je m'y attendais, va prendre une importance et une profondeur dans le coeur d'Arya, son passé et sa détermination à retrouver ce qu'il reste de son humanité, sont autant d'émotions qui m'ont séduites. Parlons également de Saren, ce général au grand coeur qui joue le rôle d'un père, d'un protecteur et d'un guide auprès de notre passeuse de mots, les souffrances personnelles du doyen, mais aussi sa fidélité à la famille royale, les sacrifices qu'il est prêt à faire pour retrouver les princes et le souverain démontrent la puissance de l'amour qu'il porte à sa patrie, Arya lui confie sa vie sans hésitation.

Je n'irai pas beaucoup plus loin dans mes explications, car cette lecture est d'une richesse sans fin, des situations plus surprenantes les unes que les autres avec des rebondissements qui mettent nos petits cœurs en souffrance constante mais qui nous rendent totalement accroc, des sentiments que l'on ne comprend pas toujours et qui demanderont de la patience pour être expliqués. Une saga qui fera indéniablement partie des plus marquantes que j'ai lues, notamment par la qualité de son écriture et qui signe pour Priss et moi le début d'une nouvelle aventure! Celle de Tiktok.