Contrefeu

Contrefeu

En lice pour le Prix du livre court 2024

En deux mots
Quand un incendie détruit la cathédrale de Pontorgueil, le 15 avril 2010, l’évêque était absent, retenu par un rendez-vous galant avec l’une de ses paroissiennes. À partir de ce fait divers et des enquêtes qui suivent, on va découvrir qu’il n’est pas le seul dans ce coin de Bourgogne à s’accommoder avec la morale et les lois, écrites ou non. Et le contrefeu qu’il allume ne servira pas à arrêter le jeu de massacre.

Ma note
★★★★ (j’ai adoré)

Ma chronique

Il suffira d’une étincelle

L’incendie d’une cathédrale va provoquer un jeu de massacre au sein d’une petite ville de Bourgogne. Emmanuel Venet nous livre une savoureuse satire sociale où l’évêque est priapique, l’immigré bouc-émissaire et les édiles corrompus. On se régale!

Monseigneur Philippe Ligné a bien de la chance, car deux femmes s’intéressent de près à ses pulsions sexuelles. Il y a d’abord Sibylle Stoltz, sa gouvernante alsacienne qui considère qu’il faut bien que la nature exulte et s’offre à la levrette comme elle dit à l’homme d’Église. Mais il y a surtout Marie-Ange Mourron, une paroissienne dont la plastique provoque en lui des sensations inavouables. La jeune femme va jouer un jeu de séduction de plus en plus osé dans le confessionnal avant de tomber dans les bras de l’ecclésiastique. Sous couvert de formation, il va instaurer des rendez-vous clandestins pour assouvir cette passion brûlante qui va pousser Marie-Ange au divorce.
C’est d’ailleurs lors de l’un de ces rendez-vous qu’ils vont apprendre via une chaîne d’info que la cathédrale de Pontorgueil est en proie à un violent incendie.
Cet événement va ébranler bien des certitudes et remettre en cause la gestion de la sécurité de cet édifice patrimonial d’importance. Les historiens se penchent sur l’édification du bâtiment et ses modifications successives, sur l’architecture et sa stabilité. Les enquêteurs vont chercher à savoir si la société privée en charge de la sécurité et des alarmes incendie a tenu ses engagements, mais aussi si la municipalité n’a pas manqué à son devoir de vigilance en signant un peu vite ce contrat. Tous les édiles sont désormais aux abois.
Cependant, «au terme d’une inspection soigneuse des décombres de la cathédrale Saint-Fruscain menée entre le 19 avril et le 11 juin 2010 et d’entretiens avec les protagonistes de l’incendie à la même période, Valère Graunion, expert près la cour d’appel, conclut que, s’il était assez facile de reconstituer la chronologie du sinistre, il était impossible d’en déterminer avec certitude l’origine.» Des conclusions qui n’empêcheront nullement la population de désigner un coupable en la personne d’un immigré qui avait trouvé refuge dans le lieu de culte. À moins que ce ne soit un toxico. Après tout, il suffit de piocher dans les marges pour assurer sa bonne conscience.
La technique qui consiste à circonscrire un incendie en allumant un contrefeu peut s’avérer efficace. Ici, elle serait plutôt susceptible d’attiser les rancœurs, raviver les préjugés, ramener au jour des affaires soigneusement étouffées.
On l’aura compris, Emmanuel Venet se régale et nous régale avec cette satire sociale explosive. Avec ironie et un humour noir mordant, l’auteur fait voler en éclat les conventions sociales. Sur ce bûcher des vanités, chacun va en prendre pour son grade, entre petits arrangements et grandes négligences, entre soif du pouvoir et envie de faire rapidement fortune. De l’homme d’Église au politique, de l’architecte au journaliste, de l’entrepreneur à l’avocat, tous en prennent pour le grade. Ils s’imaginaient avoir un tempérament de feu mais constatent combien il leur est difficile d’entretenir une petite flamme, toute petite.
Saluons aussi la parution de Marcher droit, tourner en rond dans la nouvelle collection de poche des éditions Verdier. Ce roman retrace la confession d’un homme atteint du syndrome d’Asperger qui rêve de retrouver sa camarade de lycée.

Contrefeu
Emmanuel Venet
Éditions Verdier
Roman
128 p., 16,50 €
EAN 9782378561918
Paru le 18/01/2024

Où?
Le roman est situé principalement en France, en Bourgogne, dans les localités imaginaires de Pontorgueil, Verrières, Valsaunier, Champagny-sur-Tille, Mollard-sur-Vernon, Commenblais, Vilminay, Montarlier, Montvert-sur-Lyse et Saint-Yzaur. On y évoque aussi Dijon, Paris, Clermont-Ferrand et Ploërmel.

Quand?
L’action se déroule en 2010.

Ce qu’en dit l’éditeur
Le 15 avril 2010, à Pontorgueil, petite ville d’un triangle imaginaire dont les autres points sont Verrières et Valsaunier, la cathédrale brûle et s’effondre. S’agit-il d’un accident ou d’un acte délibéré ? On ne le saura pas mais, à l’occasion de cet événement, on découvrira que l’évêque entretient une liaison amoureuse avec une paroissienne. Pour le reste, on explore une vie sociale provinciale à souhait, dont chaque protagoniste cache ses turpitudes, soigne ses alliances et cherche avec plus ou moins d’obstination le pyromane: au choix, un migrant africain qui fait figure de coupable idéal, un fils de bonne famille qui a un mobile solide et aucun alibi, un marginal perdu dans les brumes de sa toxicomanie…
De l’incendie, l’évêque et son amante sortent dévastés. Radicalement séparés et désertés par la foi, ils allument avec plus ou moins de bonheur des contrefeux destinés à protéger ce qui en eux n’est pas encore consumé. Les autres chercheront plutôt à en tirer les marrons, entreprise beaucoup plus pragmatique et, donc, promise à meilleure fortune.
Succession de points de vue différents sur l’incendie et ses conséquences, le roman suit le fil rouge du feu: celui du désir, de la passion amoureuse, de la controverse ou de l’enfer – feu qui ravage ou régénère selon les cas. On y trouvera avant tout une jouissive chronique de la petitesse ordinaire et un discret éloge de l’indécidable.

Les critiques
Babelio
Lecteurs.com
Actualitté (Nicolas Gary)
RTBF (Sous couverture)

Les premières pages du livre
« Le premier incendie auquel fut confronté le père Philippe Ligné s’alluma dans sa culotte le dimanche 26 juin 1988, à l’occasion du baptême de Grégoire Mourron : Marie-Ange, la mère du nouveau-né, portait ce jour-là une robe d’été vert pomme au décolleté plongeant, et resplendissait comme une madone. Son petit ventre de jeune accouchée et son opulente poitrine affichaient son bonheur de présenter en public, au bras de son mari, le fruit de leurs ardeurs sexuelles. Subjugué, Ligné sentit naître un début d’érection qui lui valut des associations d’idées salaces au moment de faire renoncer l’assemblée à Satan, à sa pompe et à ses œuvres. À cette époque, il officiait comme simple curé à Sainte-Guénulphe, où il avait trouvé un équilibre de vie acceptable: Sibylle Stoltz, sa gouvernante, l’épaulait au quotidien et assurait tant bien que mal un rôle de trop-plein lorsque sa libido menaçait de déborder. Leur pacte s’était noué en douceur, un après-midi de printemps, alors qu’elle nettoyait les vitres dans le bureau où il tentait de rédiger son sermon de Pentecôte. Comme la bretelle de son soutien-gorge ne cessait de tomber sur son bras, il l’avait appelée pour lui murmurer à l’oreille que le diable lui envoyait de mauvaises pensées, à quoi elle avait répondu avec bon sens qu’il attribuait fallacieusement au diable de simples signes de bonne santé. Vite dénudée, elle lui avait demandé avec son fort accent alsacien de la prendre «à la levrette», à partir de quoi il avait suffi à Ligné de proclamer, de loin en loin, qu’il se sentait en excellente santé pour qu’elle lui donne le meilleur de son être, comme dit la chanson.
Après le baptême de Grégoire Mourron, Sibylle Stoltz eut fort à faire pour remplir sa mission d’exutoire à la vitalité de son curé. Ce brusque accès de fièvre surprit celui-ci, dans la mesure où il avait tranquillement accompagné Marie-Ange et son fiancé Guillaume au mariage, et les avait unis sous cette même nef en 1986. Certes, il l’avait d’emblée trouvée jolie et s’était dit in petto que Guillaume avait bien de la chance, mais sa vie pulsionnelle n’en avait pas été chamboulée. Aussi bizarre que cela puisse paraître, il avait fallu qu’elle devienne mère pour éveiller chez lui une passion charnelle qu’il calmait par des expédients. En 1990, il avait baptisé Garance Mourron, et en 1993 Géraud, qui se révélerait épileptique en raison d’une maladie génétique rare. Au fil des années, les Mourron formeraient une famille catholique de plus en plus typique. Sorti d’une école de commerce prestigieuse, Guillaume vendait avec profit du conseil optimisationnel en management délégatif, grâce à quoi Marie-Ange avait pu abandonner son emploi de professeure pour se consacrer à sa maisonnée. On les voyait souvent marcher bras dessus bras dessous dans Pontorgueil, encombrés de poussettes et de tricycles, indulgents et attentionnés envers leur progéniture – et ils ne rataient pas une messe dominicale à Sainte-Guénulphe. Tous les mois, Marie-Ange venait se confesser auprès du père Ligné, qui la repérait dès son arrivée dans le narthex et s’émoustillait au seul son de son pas. Elle avait péché, disait-elle, par colère contre Grégoire qui refusait de ranger ses jouets; par gourmandise lors de l’anniversaire de Géraud (elle avait repris deux fois du bavarois, qui certes venait de chez Bernichon mais était-ce une raison?); par paresse lorsqu’elle avait refusé d’accompagner sa mère chez le podologue, alors qu’il lui aurait suffi d’annuler son cours de gymnastique; par orgueil lorsqu’elle s’était surprise à mépriser le mendiant qui tendait sa sébile au portail de l’église. En revanche, si elle péchait par luxure, c’était surtout par omission. Dans un premier temps, Ligné en inféra que Guillaume était peu porté sur le sexe et nota que Marie-Ange s’en désolait : elle estimait avec bon sens que si Dieu lui avait rempli le bustier et ouvert des voies profondes, ce n’était pas à des fins purement décoratives. Elle aurait voulu s’en servir davantage pour croître et se multiplier, comme l’ordonnent les Écritures, et sans bouder son plaisir au passage, mais Guillaume ne voyait pas la sexualité du même œil. Curieusement, alors qu’il manifestait moins de piété qu’elle, il semblait craindre les voluptés de la chair et le démon de la lubricité. Elle en avait déduit qu’il était un homme continent, mais le considérait tout de même comme un bon mari. Sur quoi Ligné absolvait sa pénitente de ses peccadilles et la condamnait à dire trois ou quatre prières.
Puis il entrouvrait le rideau du confessionnal et la regardait prier, agenouillée, les fesses rondes, le corsage tendu: une madone.
Le coup de tonnerre arriva en l’an deux mille, quand Marie-Ange découvrit que Guillaume n’était pas aussi chaste qu’il voulait bien le faire croire. Il avait même une vie sexuelle débridée, mais avec des hommes. Cette révélation la peina d’autant plus que, durant leurs quatorze premières années de mariage, elle s’était interdit toute infidélité alors que le désir l’avait régulièrement taraudée et que les occasions d’y céder ne lui avaient pas manqué. Pas étonnant, avait songé Ligné : malgré la quarantaine elle restait un tel monstre de sensualité qu’elle ne pouvait laisser personne indifférent – hormis les homosexuels de stricte obédience, bien entendu.
C’était l’époque où lui-même s’activait pour devenir évêque et succéder à monseigneur Chaivre, diminué par la maladie de Parkinson, et lorsqu’il annonça à Marie-Ange qu’il serait nommé à la tête du diocèse au printemps 2001, elle lui fit promettre de rester son confesseur et son directeur de conscience.
Une fois qu’il fut installé à la cathédrale Saint-Fruscain, elle traversa la ville deux fois par mois pour le rencontrer à travers la grille du confessionnal. Guillaume souhaitait divorcer, elle s’y refusait pour protéger leurs enfants.
De toute manière, selon Ligné, ce que le sacrement avait uni sur terre resterait toujours uni au ciel, conformément au dogme. Mais cela n’atténuait pas l’anxiété de Marie-Ange, d’autant que Guillaume se faisait pressant: il voulait recouvrer sa liberté quitte à régler une pension alimentaire et une prestation compensatoire astronomiques. Une lettre d’avocat arriva au courrier fin 2001, puis une convocation au tribunal pour constater la non-conciliation, et une deuxième, dix-huit mois plus tard, pour prononcer le jugement de divorce.
Redevenue Marie-Ange Lamastre, elle réussit à garder sa belle maison de pierre à toit d’ardoise au bas du vieux Pontorgueil, avec ses fenêtres à meneaux blancs par lesquelles elle voyait, entre les lilas et le tilleul de son jardin, les tours asymétriques de la cathédrale dominant la ville – mais il lui fallut reprendre son métier de professeure à mi-temps.
Comme elle avait grand besoin d’un secours spirituel et comme son emploi du temps lui laissait de vastes plages de liberté, elle s’entendit avec Ligné sur une confession hebdomadaire à jour fixe. Lorsqu’une obligation empêchait leur rencontre, ils cherchaient ensemble un autre moment dans la semaine. S’ils ne se parlaient pas de quinze jours, elle s’en plaignait amèrement, et il en souffrait sans oser le dire.
Ces rendez-vous leur étaient devenus aussi nécessaires que l’oxygène ou l’eau.

La question de la luxure prit davantage d’importance. Dorénavant, Marie-Ange péchait aussi en acte, abondamment : elle éprouvait des sentiments pour un homme qu’elle n’avait pas le droit de compromettre. Elle s’interdisait donc toute manœuvre de séduction, mais à grand-peine car son intuition lui disait que cet homme éprouvait en retour du désir pour elle. Aussi, la nuit, quand sa maisonnée dormait, se caressait-elle en pensant à lui. Son désir charnel devenait impérieux, tenaillant. Elle demanda à Dieu de lui pardonner l’achat par correspondance d’un godemiché, et Ligné lui donna l’absolution pour ce péché en bafouillant d’émotion, son imagination en feu et son cœur battant la chamade. Il semblait à Marie-Ange qu’elle perdait pied et ne s’occupait plus assez de ses enfants ni de ses élèves, tant ses obsessions érotiques dévoraient sa vie. Pourquoi fallait-il qu’elle se soit éprise à ce point d’un homme interdit? Au lycée, en ville, partout des hommes la reluquaient, elle n’aurait eu qu’à s’inscrire sur un site de rencontres pour assouvir sa boulimie de sexe. Mais elle aimait un homme et un seul, que par malchance elle n’avait pas le droit moral de séduire. Un autre jour, comme elle s’accusait d’une voix lascive d’arriver au confessionnal avec des boules de geisha dans le vagin et de se trouver au bord de l’orgasme en demandant le pardon de ses fautes, Ligné lui demanda d’une voix altérée si l’homme qu’elle s’interdisait de charmer était ecclésiastique, et elle avoua dans un souffle que oui. En réponse à ses questions, elle confirma qu’il était évêque, qu’il exerçait son sacerdoce à Saint-Fruscain, et qu’elle espérait qu’il se masturbât pendant qu’elle lui avouait enfin sa flamme. C’est ainsi qu’en 2005 ils connurent leur premier orgasme simultané, bien que séparés par une grille.
À partir de ce jour, les séances de confession prirent une tournure affolante. Toujours se vouvoyant, ils se murmuraient les questions les plus crues sur leurs désirs respectifs, leurs fantasmes et leurs lectures pornographiques. Au sommet du plaisir ils étouffaient leurs cris de jouissance, et par ailleurs se gardaient de toute rencontre en dehors de la guérite, dans l’espoir de garder clandestine leur connivence.
Sibylle Stoltz, à qui n’avaient échappé ni la régularité de leurs rencontres ni certaines taches sur les soutanes et les caleçons, nourrit très vite des soupçons – d’autant que monseigneur ne lui parlait plus guère de sa bonne santé, malgré les effets de croupe qu’elle multipliait en récurant son plancher.
Mais impossible de pincer les deux tourtereaux sur le fait, et le dimanche à la fin de l’office, Marie-Ange saluait Ligné comme si de rien n’était. Elle-même, de simple gouvernante à Sainte-Guénulphe, était devenue une cheville ouvrière de l’activité diocésaine malgré la jalousie de ses nouvelles collègues. Elle changeait l’eau des fleurs, entretenait les napperons d’autel et les dalmatiques, et animait des cérémonies de funérailles.
Pour cela, elle avait développé un réel talent, tant pour se composer la mine de circonstance que pour filer des images qu’elle estimait consolatrices : certes, le défunt disparaissait de nos regards comme une voile à l’horizon, mais de l’autre côté il apparaissait à celui qui l’attendait; il entrait dans la maison du Père; Dieu l’avait rappelé à Lui; etc. Ce qu’elle perdait en volupté, elle le gagnait en prestige, mais il lui fallait ferrailler avec une demi-douzaine de bigotes acharnées à se faire mousser autour des cercueils : il n’était pas rare que monseigneur dût arbitrer en personne les querelles et répartir autoritairement les convois.
Soudain, après quelques mois de confessions torrides, Marie-Ange n’y tint plus : il lui fallait voir Philippe nu, le serrer dans ses bras, le couvrir de baisers osés et se faire prendre par lui de toutes les manières possibles. S’il ne trouvait pas un moyen de se libérer pour la rejoindre dans un hôtel de Verrières ou de Valsaunier, elle se ferait sauter par le premier imbécile venu, et n’aurait pas à chercher très loin.
Cette perspective ne souriait guère à monseigneur, malgré la culpabilité que lui inspiraient leurs péchés hebdomadaires.
Certes, ses tournées pastorales lui fournissaient l’occasion de s’absenter, mais en général il rentrait à Pontorgueil le soir, et s’il devait passer la nuit dans une autre paroisse, son agenda en indiquait toujours la raison. Mieux valait innover: en faisant jouer son réseau de connaissances, il réussit à obtenir l’attribution d’un cours de sotériologie – qui est la science du salut – à l’Institut catholique de Dijon certains jeudis soir.
Ainsi, il disposait d’un prétexte pour se damner en compagnie de Marie-Ange tous les jeudis dans un petit hôtel à Champagny-sur-Tille, bourgade charmante située à quinze kilomètres de la ville. Les premiers mois, ils y vécurent des nuits de Chine dont ils sortaient chancelants. Puis ils s’assagirent et trouvèrent un régime de croisière de vieux couple, aussi heureux d’aller dîner dans la salle d’auberge que de s’étreindre à l’étage. Ligné n’ayant pas de cours à assurer le 15 avril 2010, ils s’offrirent une fin d’après-midi coquine, et c’est le journal télévisé qui leur apprit, au moment où ils se rhabillaient pour aller dîner, qu’un incendie ravageait la cathédrale de Pontorgueil et ses trésors. D’après Ligné, très sombre, les ennuis allaient pleuvoir; selon Marie-Ange, rien ne servait de céder au pessimisme, on verrait bien ce que cet événement réserverait de conséquences. Ce soir-là, après un dialogue bref mais tendu, il repartit à toute vitesse vers Pontorgueil et elle ne descendit pas dîner dans la salle d’auberge. Inutile de préciser qu’elle ne ferma pas l’œil de la nuit, fascinée par les images passées en boucle sur une chaîne d’information, et meurtrie de voir et revoir à l’écran l’interview de celui qui, dans ce lit encore odorant de leurs ébats, lui manquait terriblement. »

Extrait
« Au terme d’une inspection soigneuse des décombres de la cathédrale Saint-Fruscain menée entre le 19 avril et le 11 juin 2010 et d’entretiens avec les protagonistes de l’incendie à la même période, Valère Graunion, expert près la cour d’appel, conclut que, s’il était assez facile de reconstituer la chronologie du sinistre, il était impossible d’en déterminer avec certitude l’origine. Il rappelait que la cathédrale, ayant été fermée à clé comme chaque soir à dix-neuf heures, était déserte lors du départ de feu. Aucun témoignage direct n’avait donc pu être recueilli. D’après la nature des dégâts, il était établi que le feu avait pris vers dix-neuf heures quinze au niveau de l’orgue, dans ou à proximité immédiate de la machine Barker. La grande quantité de poussière contenue dans le sommier s’embrasa comme une étoupe et en chauffa aussitôt le bois extrêmement sec. Celui-ci s’enflamma sans doute très vite à l’arrière du buffet et, par quasi-contiguïté, se propagea à la charpente proche. Il était presque certain que la combustion de l’orgue avait dégagé une épaisse fumée dans le transept nord où il était installé, ainsi que dans les différentes parties de l’édifice. » p. 55-56 »

A propos de l’auteur
ContrefeuEmmanuel Venet © Photo DR

Emmanuel Venet est psychiatre, il vit à Lyon, où il est né en 1959. Sept de ses ouvrages sont parus chez Verdier, dont Marcher droit, tourner en rond (2016), Virgile s’en fout (2022) et Contrefeu (2024). (Source: Éditions Verdier)

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