La maison noire – Yûsuke Kishi

Voilà un thriller dépaysant, d'une grande originalité et d'une noirceur sans pareille! Le sujet rébarbatif des assurances se révèle sous la plume de l'auteur japonais Yûsuke Kishi, étonnamment passionnant !

Shinji Wakatsuki est un jeune employé modèle d'une grande compagnie d'assurance : son travail consiste à vérifier les incohérences dans les avis de décès de personnes ayant souscrit à des assurances-vie, en somme il doit s'assurer que le décès est bien dû à une cause naturelle et que les bénéficiaires ont le droit de recevoir leur dédommagement. Un jour, l'un de ses clients, Shinegori Komoda, le sollicite pour un constat à son domicile. Sur place, outre l'odeur infecte qui a envahit la demeure, Wakatsuki découvre le corps du fils de la famille, un enfant de douze ans qui se serait visiblement pendu. L'assureur ne croit cependant pas à la thèse du suicide, le comportement du beau-père lui semble en effet assez étrange. Fermement décidé à éclaircir ce doute, Wakatsuki mène l'enquête, mais ce qui l'attend dépasse la raison.

Ce thriller m'a beaucoup plu pour diverses raisons. Tout d'abord, en me lançant dans un roman japonais, j'espérais un dépaysement, une découverte de la culture japonaise, éléments que j'ai obtenu même si finalement la vie dans les grandes métropoles est assez proche du modèle occidental. Ensuite, le sujet abordé est parfaitement dérangeant: les arnaques à l'assurance existent et pas seulement au Japon, la France a connu des cas de meurtre pour toucher la prime d'assurance-vie, mais là l'auteur va très loin et je ne sais si il s'est inspiré de faits réels ayant eu lieu dans son pays, sait-on jamais... Le fond est suffisamment réaliste pour y croire en tous cas, et puis l'auteur est un ancien agent d'assurance qui a de l'expérience, les anectodes dont il parsème le roman sont parfaitement réalistes. Le portrait qu'il tisse de la société japonaise, entre respect des traditions, rigorisme et dérives obsessionnelles, est ponctué d'une réflexion très intéressante sur le bien et le mal.

Ce roman se dévore, même s'il connaît quelques longueurs au départ, il faut un certain temps avant de trouver le réel intérêt du livre, mais une fois que l'on atteint ce passage, on ne peut plus quitter ces pages. Je n'en veux pas à l'auteur d'avoir utilisé quelques facilités narratives, (par exemple la maitresse d'école qui retrouve en quelques secondes dans la pièce voisine de son salon les rédactions de ses élèves rédigées trente ans plus tôt, ce qui est totalement surréaliste). Mais ce n'est qu'un détail car on est happé par une écriture quasi hypnotique, très cinématographique, dont quelques passages évoquent d'ailleurs les films d'horreur japonais. Une adaptation au cinéma serait bienvenue!

L'auteur a écrit un thriller encensé en 2022, intitulé La lecon du mal, que je compte découvrir prochainement. Je remercie les Editions Belfond via Netgalley pour cette lecture addictive.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois