C'est lundi, que lisez-vous? #452

Ce rendez-vous hebdomadaire consiste à vous présenter chaque lundi mes lectures passées, en cours et à venir en répondant à trois questions :-)

ALBUM

C'est lundi, lisez-vous? #452

Un jour, l'enfant de notre histoire a une idée. Il ne savait pas ce que c'était, d'où elle venait ni pourquoi, il ne savait qu'en faire mais elle le suivait, le poursuivait, il aurait voulu la laisser partir puis a préféré la chérir, surtout au vu de la réaction des autres.

Un album dans la lignée des autres de l'auteur, inspirant et optimiste, pour chérir ses idées (et opinions), pour les porter, les défendre, les laisser mûrir, avoir confiance en soi et ses capacités et en l'avenir, que l'on construit!

Le dessin de Mae Besom est tout en délicatesse, réalisé au crayon à la mine de plomb sur un papier grainé, il se pare de quelques couleurs ici et là.0 L'idée est représentée par un œuf qui grandit de page en page.

POESIE

C'est lundi, lisez-vous? #452

Ce poème est celui déclamé par Amanda Gorman lors de l'investiture du Président américain Joe Biden en 2021. Il est ici préfacé par Oprah Winfrey et en édition bilingue.

Son poème est une invitation à puiser dans le passé pour mieux aller vers l'avenir, en confiance et dans l'espoir. Pour savoir d'où l'on vient pour aller là où on doit aller. Se servir des leçons pour créer et construire en, réconciliation, en unité et en confiance.

Un poème à lire et relire assurément!

ROMANS / NOUVELLE / POLICIER

C'est lundi, lisez-vous? #452

Maya Van Hoerenbeck, psychologue, est envoyée à Sète par la cellule Cornelia pour établir une autopsie psychologique suite au suicide d'une jeune étudiante de la Rédemption, Ecole d'études supérieure.

Pauline Cassan était une jeune fille brillante, investie, élue au Conseil d'administration, active dans son association étudiante "Décroissance" en lien avec l'environnement. Mais, venant des quartiers non aisés, elle avait dû faire face à une ostracisation toujours plus étouffante et perverse.

Maya, qui revient dans la ville de son enfance et avec un passé douloureux non résolue, agit avec méthode, interroge la Directrice de l'établissement qui n'a pas agi comme il aurait fallu, qui s'oppose fermement à son enquête, redoutant que cela n'affecte l'image de son établissement, elle rencontre plusieurs professeurs aux profils variés, engagés, désabusés ou antipathiques, les élèves, plus ou moins empathiques, et bien sûr les parents, la famille de Pauline.

J'ai beaucoup aimé cet épais thriller psychologique malgré quelques longueurs et facilités. Deux enquêtes parallèles sont en réalité menées par Maya, celle concernant Pauline, et celle de Maya sur elle-même et son passé, et j'ai trouvé que ce dernier aspect aurait pu ne pas être, ou pas si lourd. L'autrice a voulu trop en mettre. D'autant que Maya se trouve seule à Sète, son coéquipier n'ayant pu l'accompagner car plâtré d'une jambe, un coéquipier bien intuitif qui se trouve être un très bel homme venu du Québec, et avec qui tout semble naturellement se délier.

Au-delà, j'ai trouvé particulièrement intéressant cette notion d'autopsie psychologique, que je ne connais pas. Elle concerne tous les aspects qui suivent un suicide: ici, la prise en charge psychologique, voire physique, des élèves et adultes, immédiatement après les faits, voire sur le long terme, les différents interrogatoires des différentes personnes pour cerner la personnalité et la psychologie de la personne décédée et comprendre, cerner ses décisions et la dernière en particulier, comme déterminer les responsabilités de chacun. Et ceci est particulièrement bien rendu.

Au-delà, l'autrice aborde aussi les différentes sphères sociales de notre société, les apparences, les faux-semblants, l'écologie et l'environnement, l'engagement des jeunes (ou plutôt de certains), le mal-être adolescent (et ses causes).

Nul doute que l'on entendra (re)parler de la Cellule Cornelia!

C'est lundi, lisez-vous? #452

Dans la cour des Tuileries, il y a foule et excitation, beaucoup se pressent pour voir la merveille: un ballon qui monte dans les airs pour planer dans les cieux de Paris. N'y vont pas ceux qui veulent, et seul le beau monde le peut. Alors une pauvre chaise dite de mauvais bois, comment pourrait-elle y parvenir? Et bien grâce à une belle demoiselle, Doña Sol qui la désigne pour son voyage du jour. En effet, elle affirme que l'air de là-haut lui fait grand bien. Voilà donc la chaise dans le ballon, avec Doña Sol et deux messieurs. Paris au petit matin est splendide, le ballon va au gré des courants, monte, descend, il faut lâcher du lest ou bien ouvrir la soupape. Notre chaise a failli connaître le vol plané à cause de la demoiselle capricieuse, elle est finalement accroché à l'extérieur...Et ainsi la journée passe mais il faut songer à redescendre, à atterrir, et pas à Paris. Le voyage de retour se fera en train... et si le petit matin a été merveilleux, le soir sera tout autre....

J'ai adoré cette petite nouvelle écrite de la main de La Divine après son voyage en ballon le 22 août 1878 lors de l'Exposition Universelle. Le langage est un brin suranné, les descriptions du ciel de Paris sont magnifiques, les interrogations de la chaise aussi candides qu'attendrissantes, et sa fin... ah...

C'est lundi, lisez-vous? #452

Dans un long monologue à peine chapitré (leurs intitulés sont géniaux), un adolescent puis jeune homme, raconte son but (unique) dans la vie et le moyen qu'il se donne pour y parvenir: séduire TOUTES LES FEMMES en acquérant du muscle par tous les biais nécessaires et possibles. Si lui est premier degré, le livre ne l'est absolument pas et permet de pointer toutes les injonctions faites aux hommes, les héritées, transmises, sociales. Insatisfait, désireux du toujours plus, candide parfois même idiot, sensible et pudique sur des sujets anodins, notre jeune homme est au contraire beaucoup trop ouvert voire indifférent sur ce qui crée d'ordinaire des hontes. Et ainsi se raconte-t-il, lui qui a découvert son but avec Conan le Barbare, qui idolâtre Schwarzenegger, qui expulse ses pulsions et frustrations par des masturbations excessives, qui se trompe dans tous les chiffres mais que plus yen a et mieux c'est, qui a une relation conflictuelle avec son père, l'anti modèle absolu.

L'ai lu ce premier roman de Victor Malzac (qui a auparavant publié deux recueils de poésie) comme en apnée tant ses phrases sont longues, ses pages remplies et les pensées de son narrateur en boucle. C'est une forme narrative assez particulière, parfois oppressante, mais qui pointe avec d'autant plus de force les obsessions virilistes masculinistes qui ont toujours cours, et malheureusement qui reviennent même.

Et puis quelle couv'!

C'est lundi, lisez-vous? #452

Paris, années 50.

Le grand frère de Camille est mort, sa mère en dépression, son père réfugié dan son entreprise de camions et elle, délaissée. Aussi quand un cousin venu de Vendée vient travailler en tant que mécanicien ,y place-t-elle une figure fraternelle. Il apporte au sein de ce foyer terne et triste la vie, il leur permet de sortir, de redécouvrir Paris et ses beautés, de rire, de s'amuser. Mais un jour, alors que Camille a grandit, que des formes se dessinent, le regard du cousin sur elle change. Dans sa candeur, la fillette ne voit pas, ne comprend pas. Son corps saisit le danger avant son esprit mais il est trop tard. Elle essaie de s'en prémunir, d'en réchapper, de séduire, de s'y faire, de s'écarter... jusqu'au jour où cela va clairement plus loin.

Dans un récit sans ambages, Michèle Aubrière se livre. Car si elle a choisi la fiction, il s'agit bien de son histoire. Elle décrit les différents mécanismes d'approche du Cousin de défense de Camille, comment le Cousin assure sa place dans la famille, s'assure son silence auprès d'elle et ce qu'il cache en réalité... Et bien sûr les conséquences sur le très long terme pour Camille. En parallèle, et en métaphore de son histoire, se fait le récit de la maison dans laquelle son père voudra rester jusqu'au bout, jusqu'à sa destruction en vue de la transformation de Paris. La disparition, destruction de la maison, apparaît comme une étape dans sa reconstruction à elle.

un récit évidemment fort, parfois cru, et qui, s'il est nécessaire, n'a pas su totalement m'émouvoir comme je l'aurais souhaité.

C'est lundi, lisez-vous? #452

Lyon
Nuit du 28 au 29 juin 1944, sept hommes, juifs, sont fusillés en représailles.
A leur côté, leur nom sur une feuille.
Sauf pour un... Devenu "L'Inconnu de Rillieux".
Cet Inconnu hante Murielle Szac depuis trois décennies, depuis qu'elle a découvert sa mort et son anonymat tragiques par hasard. Alors elle lui rend un vibrant hommage dans ce court, et inéluctable, roman qui retrace les dernières heures de sa vie et de ses compagnons d'infortune, enfermés avec deux jeunes Résistants.
Elle leur entremêle des paroles choisies de Tosca, l'opéra de Puccini que l'Inconnu (qui se fait appeler Ange) chante, des figures mythologiques à la sombre et honteuse histoire de la milice française qui a assisté, anticipé même, les demandes antisémites nazies
C'est un poignant "roman pour aujourd'hui" que Murielle Szac nous livre, tout en délicatesse et dramatique beauté.
"Pour que rien ne puisse recommencer"

C'est lundi, lisez-vous? #452

Premier volet d'une trilogie, Pirkko nous fait ici deux récits. Son enfance jusqu'à ses dix-douze ans en tant qu'enfant unique dans une famille athée et politisée avec l'adhésion au Finlande-URSS, le contexte social et sociétal d'alors, les avancées technologiques, les étés passés chez Papi et mamie puis son entrée à l'école, dans différentes écoles. Le tout avec ses observations à hauteur d'enfant et ses remarques d'une maturité toute candide et juvénile. Et la genèse de ce récit suite à la mort de son père dont on découvre les derniers jours.

Pirrko dit "je" quand elle est dans l'action et "elle" quand est en réflexion. Il n'est d'ailleurs pas toujours aisé de savoir à qui renvoie ce "elle" car il y a tant d'autres "elles" qui gravitent autour d'elle. Elle s'interroge aussi sur l'identité, sur ce qui la forme, et sur le genre, répétant souvent qu'elle voudrait être un garçon. Dans la forme, il y a des sauts de ligne après le premier mot de la phrase qui font comme des respirations avant de clamer la phrase, l'idée, comme s'il fallait prendre ou avoir du courage.

Un premier volet qui sera suivi des deux autres (quand ils paraîtront) car la dénomination de "grande gueule de Helsinki" qui décrit son autrice m'interroge beaucoup! et il me semble que la vie de Pirkko doit être très haute en couleurs!

2/ Que suis-je en train de lire en ce moment?

C'est lundi, lisez-vous? #452

Présentation de l'éditeur: " Je m'appelle Nekeli. Écoute bien ce que je dis, parce que je ne sais pas si j'aurai la force de te raconter une seconde fois. "
Un village loin de tout, le bonheur et l'insouciance de Soulaï et Nekeli - deux visages d'une même âme.
Une communauté anéantie, la terreur et le désespoir des jumeaux - forcés, brisés, séparés.
Un cœur dévasté, une enfance abîmée, une rage décuplée.
Puissante et déterminée, une guerrière est née.

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois