Purge (Myriam Boscher)

Auteur : Myriam Boscher

Éditions : BeetleBooks Publishing

Parution le : 16 mars 2021

362 pages

Thème : Fantasy/Dystopie/YA

disponible sur le site de l'éditeur

et sur FNAC Amazon


J'ai adoré !

 Résumé 

  «Un curieux mal frappe le continent d’Aslopha. Issues du néant, de redoutables créatures surgissent de la forêt d’Eben et traquent toutes formes de faiblesse. Phobiques. Infirmes. Malades. Tous deviennent la cible de leurs attaques meurtrières. Afin de protéger la population dite vigoureuse, les réprouvés sont écartés puis rassemblés dans des zones formant une barrière entre la forêt et le reste du continent. Sur place, ceux dont la santé physique le permet sont entraînés au combat et tentent au péril de leurs vies de repousser les assauts intempestifs de l’ennemi. Elisha, 15 ans, souffre d’anxiété sociale. Terrifié par le regard des autres, sa peur fait de lui une cible privilégiée des Trakker. Après que sa présence a provoqué une attaque dans le village où il résidait, il se voit contraint de quitter le foyer de sa tante. Il rejoint alors le camp d’entraînement de la zone B aux côtés de sa petite sœur Sylva. Affecté à l’escouade numéro 47, Elisha sera très vite confronté à ses démons et forcé de choisir entre les deux uniques options envisageables pour une personne de sa condition : vaincre sa faiblesse ou mourir. »

 Ma chronique

Rien que le résumé étant terrible, alors la lecture... disons qu'il ne faut pas s'attendre à du tout rose et c'est vraiment bien amené. Merci à Beetlebooks Publishing pour l'envoi de ce titre. Je suis heureuse de les découvrir, aussi bien la maison d'éditions que l'auteur et je suis plus que ravie. Dès le départ, nous suivons deux adolescents, Elysha qui est un réprouvé et sa petite soeur Sylva qui est une vigoureuse. Les réprouvés sont des êtres humains qui ont une peur si profonde qu'elle attire les fameux Trakker (ou un "défaut" quelconque comme si un défaut était mauvais, mais passons, l'auteur ne le pense pas et moi non plus, bien entendu, il ne s'agit que d'une histoire) et les vigoureux et bien eux en sont véritablement tranquille. Après la perte de leurs parents, protégés par leur tante, ils vont devoir partir malgré tout de leur village, car Elisha est un danger pour les siens et il ne veut pas devenir un poids pour eux. Nous sommes sur la barque qui les dépose dans la zone B, celles où les réprouvés se retrouvent (comme d'autres zones) afin de devenir des combattants malgré leurs peurs. Ils ne sont bien entendu pas seuls, des vigoureux sont avec eux pour les aider et protéger les villes plus grandes de ces monstres assoiffés de chairs humaines (si, si, ils adorent en manger) et des entraineurs qui sont là pour les aider dans leur apprentissage.

  15 ans, c'est l'âge de notre jeune homme qui a choisit de combattre et de partir de chez lui pour sauver les siens. Il ne manque pas de courage malgré ses peurs, mais comme beaucoup d'autres que nous allons découvrir dans cette enceinte, tous ont cœur à protéger les leurs, quitte à en mourir. Et avant de lancer des papillons dans le vent, sachez que si vous êtes comme moi à vous attacher aux personnages, vous allez souffrir, car des morts, nous allons en suivre en direct et ce n'est franchement pas beau, ni à voir  ni à comprendre. L'injustice est difficile dans ce monde où les "bien-portants" sont protégés par les autres parce que ces derniers attirent les monstres. D'où ils viennent ? Personne ne le sait, des recherches sont effectués. En tant que jeune adulte, il sera plus compliqué d'imaginer d'où ils proviennent, en tant que "vieille" adulte comme moi, j'avais un aperçu déjà de leur provenance et forcément des idées totalement farfelues, qui au final ne sont que le haut de l'iceberg. L'auteur cache bien son jeu avec des personnages travaillées, des explications données au compte-goutte afin de nous poser des questions, de rager, de  ronger nos ongles et de nous dire non, c'est trop gros. Et pourtant ce trop gros n'est rien en comparaison de ses idées qu'elle nous lâche entre ces lignes. La vérité est difficile à concevoir, et les combats du début ne sont que des peccadilles. Chaque membre de son escouade a un secret plus ou moins éventé. Si certains ont une double personnalité ou double-jeu, d'autres ont des capacités physiques hors-normes malgré un handicap visible et d'autres sont si ancrées en eux, que ces peurs restent cachées par peur de se dévoiler de trop et de faire croire qu'ils sont vigoureux.     Une peur, une normalité qui ne l'est pas. C'est quoi la peur ? C'est un sentiment d'angoisse éprouvé en présence ou à la pensée d'un danger, réel ou supposé, d'une menace. Nos personnages tremblent de peur et nous avec. qu'ils soient vigoureux ou réprouvés, adultes, enfants ou adolescents, le danger est présent et être sans peur sur l'instant ne signifie pas qu'ils n'en ont pas. L'adrénaline fait ce qu'il faut pour ne pas rester stoïque, transi ou tremblant de peur. Bien entendu certains le seront, le cri inhumain d'un monstre, son apparence qui laisse les créatures d'Aliens pour de simples poupées, la manière dont ils mastiquent leur nourriture sans se cacher (ne pas oublier leur nourriture principale, c'est dit plus haut) bref, même en tant que lecteur certaines scènes sont susceptibles de faire trembler d'effroi n'importe lequel d'entre nous, alors eux qui sont au cœur même de cette vie, ou plutôt survie, il ne faut pas imaginer qu'ils sont sans peur ni reproche. Vaillants, oui, c'est certains, mais pour autant ils restent des humains avec leur capacité de réflexion qui va avec ce qu'ils sont. Un réprouvés ne sera jamais suicidaire au point de se positionner face à un de ces démons en puissance pour sauver les autres, pas vrai ? Dans certaines scènes, car j'ai vraiment eu l'impression d'être dans un film par moment, les personnages nous font sourire, nous apportent la tristesse de la perte d'un être cher, le cœur se soulève lorsque nous comprenons que le sacrifice sera celui d'une vie pour tant d'autres. La peur peut naître d'une expérience désagréable, voire méchante. Il suffit d'un souvenir, d'un déclic, d'un lieu familier, d'une odeur, peu importe pour qu'elle se déclenche et devienne incontrôlable, malgré le travail effectué. L'auteur nous positionne les personnages dans certaines conditions, afin que nous comprenions mieux ces mécanismes et la façon dont ils vont devoir passe au-delà de ce sentiment ou pas. Et puis les secrets, ces fameux secrets qui semblent s'étirer en longueur, qui ne veulent pas se montrer, qui se cachent derrière d'autres secrets pour mieux nous avoir.     Être un réprouvé n'est pas une fatalité, même si l'issue semble incertaine. Elisha va devoir apprendre à surmonter ses mécanismes de défense en se cachant, car il veut combattre, montrer qu'il n'est pas rien. Ses rencontres vont l'aider et son escouade, celle dans laquelle il va se retrouver va lui permettre, non pas de devenir un vigoureux, mais il va apprendre à contrôler en partie ce qui lui fait peur, ce qui le rend aux yeux de certains un simple adolescents qui ne fera qu'apporter des Trakker dans les parages. Une escouade qui devient des amis, de la famille, des supports et un peu plus aussi. Esteban, Svania, Lasky, Isaïa/Toran, sont les laissés pour compte, en quelque sorte. Leur escouade se renforce avec ELisha et nous allons apprendre sur chacun d'entre eux. Les liens sont forts, les piques aussi. Pour survivre dans un monde qui n'est pas fait de Bisounours mais de plus terribles que des dinosaures, nous les suivons dans leur entrainement, dans leur avenir qu'ils imaginent pour certains. Astral, Etheldyr, Sœur Héloïse, Dalya, Arizona, Esméra , Gabriel sont des personnages qui arrivent doucement, mais surement. Certains sont là pour leur apprendre à se battre, à se défendre, à rechercher les points faibles des Trakker, à pourvoir les tuer les uns après les autres de manière à ce qu'ils disparaissent de la surface de la terre. Derrière ces bestioles de mauvais augures, il y a forcément quelque chose de magique. Ils arrivent à débouler dans les enceintes, à entrer dans les forets sans que quiconque les voient. Bien qu'il y ait des tours de guet, des hommes et femmes prêts à protéger ces enclos. Qui est vraiment parqué, l'homme ou les créatures ? L'auteur nous laisse dans le doute durant de longs chapitres. Je dis longs dans le sens où nous sommes dans le flou total. Nous savons que l'époque s'approche des temps médiévaux, où la magie, les mages et autres magiciens seraient existant. Il y a quelque chose de magique là-dedans et c'est au lecteur de découvrir tout cela, je n'en dirais pas plus.     J'ai adoré les relations entre les personnages, qu'ils soient bons ou mauvais, qu'ils changent de camp ou non, car de toute manière nous avons toujours des gens qui désirent plus, toujours plus que ce qu'ils ont, alors ici, cela ne fait pas exception et vous aller les trouver bien vite. Un personnage m'a bien eu, je n'avais pas imaginé cela, tandis que deux autres si. Les handicaps physiques ou non sont maitrisés et surtout ils démontrent que chacun d'entre eux est capable de faire plus, bien plus qu'un basique, pour ne pas utiliser un autre mot. Tant qu'il y a la volonté, le reste suit. Nous en sommes convaincu jusqu'à la derrière phrase de ce récit, avec Elisha. Le sujet en lui-même n'est pas simple, si par moment je me suis sentie un peu perdue (d'où le pas loin du coup de cœur pour ce récit), le fil conducteur est renforcé à chaque instant, à chaque page tournée. Bien qu'il y ait un soupçon de magie dans le texte, il n'est pas la base du récit. Les épreuves sont difficiles aussi bien pour surmonter soi-même que les autres. Les peurs les plus profondes ne disparaissent pas d'un coup de baguette magique et au contraire, nous voyons évoluer les personnages, dont certains sont déjà dans l'approche d'une réalité plus saine, malgré le contexte. Avec tout cela, nous avons de l'action, beaucoup, surtout que dès le départ nous comprenons bien que les Trakker ne suivent aucune loi, aucun moment. Ils peuvent apparaitre comme cela, attaquer dix fois dans la journée pour les laisser tranquille une semaine. C'est complètement aléatoire et pour être toujours performant, il faut s'entraîner sans relâche. Aussi bien dans l’arène que dans la forêt, d'où ils viennent la plupart du temps. DANGEREUX ! Tout est malheureusement hors de contrôle contre des bêtes du diable, de l'enfer ou dont ne sait où tant que le livre n'est pas terminé.     Les révélations tombent les unes après les autres dès que plus de la moitié du livre est avalé. Certaines sont vues de loin, d'autres sont bien plus complexes à découvrir et c'était vraiment un très bon moment, malgré l'hémoglobine qui a découlé par moment. Purge, porte bien son titre, pas besoin de vous faire un dessin sur ce que cela signifie. Des conditions de vie parfaite dans un monde parfait... Ici la dystopie est montrée dans toute sa splendeur, la fantasy un peu (beaucoup) cachée pour être plus dévoilée par la suite. La plume est coriace, les termes par moment virulent, mais point de cru, seule notre imagination ainsi que les planches des scènes décrites offertes nous permettent de visualiser l'horreur. Si au début Elisha m'énervait de sa façon d'être avec sa sœur, plus les moments forts arrivaient, plus je le comprenais. On ne peut que s'attacher à ses deux-là et même aux autres, comme Svania. Toran m'a fait sourire à plusieurs reprises, tandis qu'Esteban ne m'a pas fais pitié, par contre je comprends mieux toutes les zones d'ombres à ses côtés au vu de tout ce que nous apprenons. Le récit porte essentiellement sur Elisha, malgré tout nous suivons les autres par moment et cela nous donne plus de poids sur certains points. Difficile de dire autrement sans dévoiler. J'ai encore plein de choses à dire, comme les retournements de situations, les contraintes, les valeurs à respecter, les anges de la mort, les médisances, les trahisons même familiales. L'auteur ne lâche rien et s'amuse à nous terrifier. J'ai l'impression d'entendre encore le cri du Trakker à mes oreilles par moment.     En conclusion, j'ai adoré découvrir cette auteure ainsi que cette maison d'éditions. Le livre est beau, le récit complexe aussi bien pour les jeunes adultes que les "vieux", avec des thèmes, forts, percutants, difficiles à faire passer habituellement qui au contraire sont montrés, dévoilés et bien amenés. La psychologie du personnage principal est bien mis en avant et nous avons même un peu de celles des autres. Le côté dystopie se retire doucement pour laisser la place à la fantasy. Les scènes sont par moment cruelles, mais nécessaire pour comprendre leur instinct de survie, ou non. Quant aux méchants, pas besoin de les chercher, vous allez les trouver très vite ! La peur, le handicap, l'auteur nous embarque dans un monde où rien n'est impossible, il suffit d'y croire et d'avoir du courage. Le reste suivra, peu importe les épreuves, les survivants sauront pourquoi ils se sont battus. N'hésitez pas pour le découvrir ! Au fait c'est un one-shot, mais je ne serais pas contre une petite suite, je dis ça, à tout hasard...


 Extrait choisi :  

« Au lieu de l'exclure, sa condition de Réprouvé lui avait ouvert des portes qu'il pensait inaccessibles. Ses faiblesses l'avaient propulsé dans un monde hostile en apparence, mais lumineux sous la surface. Ce soir-là, Elisha prit conscience qu'elles ne représentaient pas une fatalité. Elles étaient une opportunité. Celle de s'améliorer, de partager et de tisser des liens. Avec le temps, Elisha avait la certitude qu'il arriverait à les surpasser. »

Purge (Myriam Boscher)


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois