Le sourire du singe

Un grand merci aux Editions Esperluète pour ce partenariat.

 

Ludovic Flamant

Ludovic Flamant est né à Namur en 1978. Il se fait d’abord remarquer par le Prix International Jeunes auteurs en 1995 et 1996 et reçoit le Prix Geneviève Grand’Ry pour ses poèmes en 2006. Auteur d’un roman (Être Vera) et de deux pièces de théâtre pour les adultes (Peep Show, Il ne viendra plus personne), il se consacre toutefois surtout à la littérature jeunesse depuis 2005 chez Pastel / L’École des loisirs (Trop la honte, Les poupées c’est pour les filles...) mais aussi chez Thierry Magnier (Émilie Pastèque), Bayard ou Les fourmis rouges (Il était mille fois). Il s’engage encore actuellement sur de nouveaux chemins avec l’écriture de films (Mon cœur en arrière, Sarah Gouret, 2023).  Aux éditions Esperluète, Le sourire du singe est son troisième titre publié, après Princesse Bryone (2019, avec des dessins de Sara Gréselle) et Passagers (2018, avec des peintures de Jeroen Hollander). 

Hideki Oki

Hideki Oki trace des lignes au feutre de couleur vive. Verticales et horizontales, elles font jaillir du papier un animal magnifique, parfois représenté sur fond de verdure ou de ciel. Tapir ou cheval ? L’artiste, au visage doux, a entamé son dessin par une forme générale, qu’il a complétée par les traits destinés à la singulariser. Et soudain, à la suite de ses singes ou tigres, notre imagination galope, en grand format, avide de rejoindre ce bestiaire fantastique.

Hideki Oki fréquente les ateliers du Creahm, Création et Handicap mental, depuis 2018.

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Présentation de l'éditeur

Un jour, sans que je sache pourquoi,
on me mit dans la cage aux singes.
Je n’étais pas un singe.


Se retrouver enfermé par erreur dans une cage au milieu de singes, sans raison apparente, devient vite angoissant quand on tente de garder une dignité que l’on associe à l’humanité. Alors que faire si ce n’est observer ses nouveaux compagnons… pour leur découvrir intelligence, sensibilité, créativité, sociabilité. Le propre de l’homme ?

Avec humour et humilité, Ludovic Flamant pointe du doigt nos liens ténus aux autres, aux animaux, et l’animalité qui sommeille en chacun de nous. Le ton de la fable, léger et malicieux, convient parfaitement à cette réflexion sur notre condition humaine.

Le point de départ de cette nouvelle est la découverte du travail graphique de l’artiste Hideki Oki dont les traits francs et colorés esquissent des singes, tour à tour avenants, curieux ou farouches. Ils incarnent des individus, deviennent rapidement personnages.

La rencontre s’est faite dans l’atelier au Creahm – lieu bruxellois emblématique dédié aux artistes en situation de handicap mental.

À mi-route entre la courte nouvelle, la fable et le livre graphique, Le sourire du singe se lit et se partage aussi en famille !

« La rencontre avec Hideki s’est faite au sein de l’atelier du CREAHM, entouré de plein d’autres artistes au travail. Je lui parlais, moi, mais lui me regardait en souriant et c’est tout. Simon-Pierre, le directeur, a souri aussi et m’a dit : « Il va falloir trouver une autre façon de communiquer ». J’ai donc commencé à lire mes albums jeunesse à Hideki, avec une assez grande proximité physique. J’y suis retourné encore et encore, quasiment une fois par semaine. Il me regardait toujours droit dans les yeux, moi je le regardais dessiner tout en prenant des notes sur mes impressions et sur ce que j’observais. Je ne savais pas du tout où nous allions.

Au bout d’un moment, il a commencé à me faire parfois des câlins, à imiter les mouvements de spiderman devant moi et à me dire tout de même un mot, toujours le même, quand j’arrivais : « Mangé ? » Il s’inquiétait de savoir si j’avais faim.Il prenait soin de moi, en somme.

J’ai commencé à comprendre que je ne pourrais pas écrire un livre pour enfant, que j’avais envie de raconter ce que j’étais en train de vivre là. D’autant que les autres artistes présents interagissaient avec moi aussi, chacun à leur manière, me demandant ce que je faisais ou m’invitant à venir voir leurs œuvres de plus près. Ils interrogaient ma place tout en m’accueillant. Et moi qui continuais à me demander comment communiquer tout en ayant plus ou moins trouvé, c’est-à-dire en étant simplement présent à ce qui se jouait. À chaque séance tout semblait suspendu, hors du temps…

C’est toutes ces impressions que j’ai tenté de raconter à travers une sorte d’allégorie : celle d’un homme qui se demande où il est tombé, quelle place il a au milieu de ceux qu’il ne comprend pas, puis qui finit par accepter l’accueil qu’on lui fait, laissant tomber ses défenses, comprenant qu’il n’est en vérité pas si différent que ceux que l’on dit « différents » et reconnaît en eux ses égaux. »

Ludovic Flamant, été 2023

 

 

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Ma chronique :

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On croit d’abord qu’ils ne font rien.
Ils ne font presque rien, c’est vrai.
Mais avec une telle concentration !
Mettre un bâtonnet dans un trou.
Faire un trait dans la terre,
repasser sur le trait,
puis repasser sur repasser,
repréciser sur préciser…

Un très bel album que Le sourire du singe. Une fable qui parle d'identité, d'humanité, d'animalité, de différence et de ressemblance. Les illustrations m'ont tout de suite interpellées et j'ai eu envie de savoir qui était Hideki Oki. Sur le site de & Esperluète Editions, on nous dit que ce jeune homme fréquente les ateliers du Creahm, Création et handicap mental. Tout ce que je peux dire c'est que ses dessins ne laissent pas indifférent avec leurs traits énergiques entre gribouillage et art graphique. On sent derrière ce tracé particulier une grande liberté créative et beaucoup de spontanéité. Il se dégage de tous ces singes beaucoup d'émotions. Puis nous sommes portés par un texte incroyable qui nous parle de notre humanité et du fait d'être parachuté dans un milieu très différent de celui que nous connaissons. La rencontre entre l'homme et les singes évolue au fil des pages ouvrant notre esprit à une plus grande communion. Alors je ne sais pas si cet album peut-être mit entre les mains des enfants, ils auront un niveau de lecture différent de celui des adultes. Ils pourront profiter des magnifiques illustrations qui ne sont pas sans rappeler les dessins d'enfant et pourtant elles possèdent en elles une profondeur inattendue. Une très belle découverte qui n'en finit pas de me faire réfléchir. Chaque jour je viens feuilleter à nouveau et lire quelques lignes où le latin se mêle. Bonne lecture.

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois