Gabrielle Boulianne-Tremblay – La fille d’elle-même ***

Gabrielle Boulianne-Tremblay – La fille d’elle-même ***

JC Lattès - octobre 2023 - 322 pages

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En lisière de la forêt se trouve un petit village québécois. C'est ici que vit la petite fille qui nous fait entendre sa voix entre ces pages. Une petite fille que l'on force à porter des chaussures trop étroites qu'elle n'aime pas, à se faire couper les cheveux en champignon alors qu' elle rêve d'avoir la chevelure de Raiponce. Une petite fille qui cherche à apprendre à vivre avec des parents qui ne s'aiment plus.

Elle se sent différente, en marge du monde : tout le monde croit qu'elle est un garçon, mais elle n'ose pas leur dire qu'ils font erreur. On la traite de fille manquée. Avec son copain Mathias, ils font les quatre cents coups, fous d' imagination. Avec son frère Olivier, ils investissent les forêts de leurs jeux. Elle se découvre une passion pour les livres, dans lequels elle se réfugie. À l'adolescence, elle fume pour cesser de grandir, pour oublier ce corps qu'elle ne reconnaît plus, qu'elle n'accepte pas. Il y a les premières fois, le spleen lancinant, le flou qui la taraude. " Je ne sais pas comment dire aux autres que ce garçon qu'ils voient s'apprête à mourir. "

La fille d'elle-même est un roman qui me plaît beaucoup dès les premières pages. Puis par moment l'ennui s'insinue, il y a quelques longueurs, lenteurs. L'écriture oscille entre poésie et banalité. On sent le mal-être de cette enfant en grandissant, qui ne supporte plus d'entendre son prénom de garçon dans lequel elle ne se retrouve pas - prénom que l'on ne lit pas tout le long du roman. C'est un roman qui manque de souffle par moment et puis d'un coup, l'émotion jaillit, fulgurante. " Dans les cataclysmes, les gens emportent les choses qui leur sont chères avant de laisser leur maison au destin. Moi, je veux que mon enfance me tienne la main. " Un roman d'une douleur et d'une noirceur sans nom. Où la lumière finit par poindre. On plonge dans les méandres de cette belle âme torturée, qui cherche sa place dans le monde. " Je m'aperçois que je redoute la nuit, mais que lorsqu'elle part, je comprends que je l'ai aimée. "


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois