La Guerre du pavot de R.F. Kuang

La Guerre du pavot de R.F. Kuang
Résumé : Deux pays s’affrontent depuis des siècles : l’immense empire de Nikara et une petite île voisine, Mugen. Jeune orpheline, Rin décide de tout faire pour échapper au mariage qu’ont arrangé ses parents adoptifs. Aidée d’un bibliothécaire qui s’est pris d’affection pour elle, elle se met à étudier en vue du concours Keju, qui ouvre aux enfants les plus brillants du pays accès à l’académie militaire de Sinegard, chargée de former les futures élites de l’Empire. Sous l’égide d’un vieux maître fantasque et mystérieux, elle s’éveille peu à peu aux pouvoirs chamaniques qui sont les siens, mais quand la guerre larvée éclate de nouveau, sous les coups de boutoir de Mugen, l’Académie est dissoute et ses membres affectés à l’une des douze divisions des Douze Provinces qui composent l’Empire. Rin rejoint les sicaires de l’Impératrice…
Mon avis : Canon !  
Une histoire incroyable, d’une grande intelligence, portée par l’intégrité que l’autrice place dans son récit. Elle est implacable avec ses personnages, intransigeante avec le cours de son histoire et maintient son cap quitte à faire tomber des têtes.
Elle nous parle d’émancipation, de filiation, d’identité. Elle aborde le poids de la reproduction sur le destin d’une femme. Elle nous parle de l’utopie de la méritocratie ; du déterminisme et du contrat social. Elle nous démontre sans rougir la reproduction des élites. Au détour d’une manifestation de comportement, elle nous parle des injustices du classisme et du racisme systémique et étatique. Elle nous parle aussi de génocide, de responsabilité, de lâcheté, de vengeance, de pardon et de colère. Elle nous parle de la manipulation de l’historiographie par les vainqueurs. 
Elle aborde le tout avec une justesse sans commune mesure, dans un récit initiatique raconté à la manière d’une aventure ordinaire. Le point de vue de l’héroïne néophyte ne donne pas l’omniscience aux lecteurs, ainsi, on avance à petits pas dans l’histoire sans perspective. Ce qui redoutable en termes d’additivité de lecture : on avance pour savoir, pour comprendre. J’ai adoré les méthodes d’apprentissages qui vont contraindre l’héroïne à beaucoup de réflexion personnelle et des prises de décisions qui entraineront des conséquences pour le meilleur et pour le pire. Il y a beaucoup de philosophies et de sagesse dans ce titre. Chaque détail compte. 
Ce livre illustre avec soin que non, les moyens ne justifient jamais la fin. 
J’ai passé un excellent moment de lecture, et je regrette amèrement que la suite ne sorte pas en français. Je suis persuadée que le whitewashing de la couverture proposée par Actes Sud est en partie responsable de la décision de l’autrice (que je respecte) de ne pas laisser traduire la suite par la maison d’édition. 
Au plaisir. La Guerre du pavot de R.F. Kuang

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois